Naître, c’est commencer à mourir. La plupart des gens vivent en niant cette cour patiente de la mort jusqu’au moment où, parvenus à un âge avancé et criblés de maux, ils s’aperçoivent qu’elle est assise à leur chevet.
En fait, Mitchell Rafferty aurait pu dire à quelle minute exacte il se rendit compte du caractère inéluctable de sa propre mort : le lundi 14 mai à 11h43, soit trois semaines avant son vingt-huitième anniversaire.
Jusque-là, il avait rarement pensé qu’il mourrait. D’un optimisme congénital, charmé par la beauté de la nature et amusé par le spectacle du genre humain, il n’était guère enclin à se demander quand ni comment lui serait fournie la preuve de sa mortalité, et n’avait pas de raison de le faire non plus.