Toutes ces remises en question auraient dû intervenir depuis longtemps. L’attention exclusive accordée à la « sphère extérieure » a provoqué une grave fracture entre la dimension personnelle de l’expérience humaine et le monde officiel de la science. Les scientifiques ont délaissé certains concepts d’une valeur humaine primordiale, tels que l’espoir et la notion de sens. La rupture entre objectivité et subjectivité a été sommairement traitée de « non-problème » ou de problème réservé à la religion mais étranger à la science.
Ce clivage a également entraîné de fâcheuses erreurs technologiques ainsi qu’une défiance croissante du grand public à l’égard de la science. Ce qui est fort regrettable car les méthodes scientifiques offrent des instruments inégalés pour surmonter les limitations personnelles et essayer d’appréhender la vérité.
Depuis fort longtemps, ce fameux « sens commun » suppose qu’objectivité et subjectivité appartiennent à deux mondes bien distincts et sans aucun rapport. Ce qui est subjectif se déroule « en moi, dans ma tête », et ce qui est objectif se passe « à l’extérieur, dans le monde ». Au lieu de cette stricte dichotomie, les phénomènes psi suggèrent plutôt un spectre continu : l’habituelle dissociation entre l’espace et le temps est probablement trop restrictive.
Le mental affecte-t-il directement le monde physique sans aucun intermédiaire ? Les philosophes s’interrogent depuis des millénaires à ce sujet.
« Paranormal » signifie pratiquement « au-delà des phénomènes acceptés actuellement par la science ». […]
Cela revient simplement à dire que la science fait partie, comme bien d’autres choses, d’un processus évolutionniste : le paranormal devient normal quand il a reçu des explications scientifiques satisfaisantes. D’où l’axiome qui fera certainement frémir certains scientifiques : toute recherche consiste à explorer et expliquer systématiquement le paranormal !
L’esprit est-il seulement une masse de neurones capables de traiter mécaniquement l’information ? Un « ordinateur de chair », comme le croient certains neuro-biologistes ou épistémologistes ? Ou est-il davantage ? Tout un faisceau de preuves suggèrent que, si de nombreux aspects du fonctionnement mental sont sans aucun doute liés à la structure du cerveau et à l’activité électrochimique, il se passe aussi autre chose, et d’un immense intérêt.
Le plus grand mystère de la science demeure la nature de la conscience. Ce n’est pas que nous n’en ayons que des théories mauvaises ou imparfaites : nous n’en avons pas du tout ! Nous savons, au mieux, que la conscience a quelque chose à voir avec la tête plutôt qu’avec les pieds.
-Nick Herbert-
Les mécanismes mentaux sont ainsi faits que le souvenir des événements passés est modifié, voire reconstruit en fonction du présent. Quand nous découvrons que telle chose est vraie, nous avons volontiers l’impression que « nous l’avons toujours sue » et que nous aurions immédiatement donné la réponse juste si la question nous avait été posée.
On a peine à reproduire certaines expérimentations, parce que les finesses des protocoles sont difficiles à décrire avec des mots. Le psychologue Michel Polanyi a introduit le concept de connaissance tacite pour ce type d’information que les mots traduisent mal.
De même que les neurones individuels auraient peine à croire qu’ils participent du phénomène complexe nommé « conscience », de même les êtres humains ne sont peut-être que des neurones dans le cerveau de Gaïa, ce que nos expériences détecteraient.
Il peut paraître étrange qu’il ait fallu tout ce temps pour passer de la recherche systématique sur les phénomènes de survie à l’étude de la télépathie, puis de la clairvoyance, avant de réaliser que la question fondamentale, dans tous les cas, était la nature de la perception psi. Mais ce n’est qu’un exemple des difficultés que l’on doit affronter quand on explore ce domaine.