je trempais la main dans l'eau : elle était chaude. Ah, si je pouvais m'y replonger une minute et sentir cette douce chaleur ! Mais je me souvins des requins.
Je respirai profondément, goûtant l'odeur chaude et épicée du bois de teck chauffé au soleil. Aucun parfum au monde ne peut rivaliser avec une telle senteur!
Des ports, j'en avais vu des quantités depuis trois ans, mais celui-ci était sans doute l'un des plus jolis, avec ses eaux tranquilles d'un bleu saphir et son rivage frangé de grands pins, tapi au pied de montagnes en courbes douces.
Le crépuscule tomba. Je regardai la lumière s’évanouir, et l’espoir avec elle. Dire que là-bas à l’ouest ; le soleil était encore haut dans le ciel, au-dessus d’une terre chaude et riche de parfums…. Il y avait de la vie là-bas, sur la Terre. Mais sur notre petite planète de caoutchouc régnait le malheur, la puanteur et le froid glacial. Jamais je n’avais vi si noire, ni éprouvé un tél désespoir.
Avec l’obscurité, le désespoir se fit plus palpable, la solitude plus grande. On savait qu’on allait rester invisibles pendant douze heures et qu’il faudrait se battre contre le froid perçant de la nuit. J’aurai voulu pouvoir retenir la lumière du jour, l’installer à nouveau sur le toit du monde.