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3.79/5 (sur 76 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Delphine Arbo Pariente est une écrivaine française.

Elle est la fondatrice et directrice artistique de la marque de bijouterie parisienne intitulée Nouvel Amour.

Son premier roman intitulé "Une nuit après nous" est publié aux éditions Gallimard en 2021.

Instagram : https://www.instagram.com/delphinearbopariente/?hl=fr

Source : http://www.librairiemaruani.fr
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Delphine Arbo Pariente vous présente son ouvrage "Une nuit après nous" aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire automne 2021 Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2543556/delphine-arbo-pariente-une-nuit-apres-nous Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
À trente-deux ans, j’avais émacié mes rêves jusqu’à en dépeupler mon existence tout entière, j’étais aussi perdue qu’une photo mal cadrée prise entre les pages d’un dictionnaire.
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Je m'échappais de ce que nous étions, je plongeais malgré la baignade interdite, je rallumais la lumière d'une chambre fermée à clé, au bout d'un couloir long comme l'habitude.
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Pendant le cours, je me laissais distraire, j’évaluais son corps sous l’ampleur des vêtements, j’imaginais son odeur, un mélange de verdure et de bois, peut-être la campagne, quelque part en Italie. Tout ce que disait Vincent semblait m’être adressé. Il parlait de créativité, d’enfance, il était question de l’importance de bien respirer, de laisser l’air entrer, sortir, de reprendre son souffle. Un jour, il a pris mes poignets et doucement a dessiné un huit dans l’air, de gauche à droite, c’était une danse lente, presque érotique. Cela a duré quelques secondes, je sentais sa force me traverser.
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(Les premières pages du livre)
Il ne vient pas me chercher à la gare, il ne m’appelle pas pour mon anniversaire ni pour savoir si je vais mieux à cause du rhume qui m’a clouée au lit. Il ne m’écrit pas de cartes postales de là où il est, jamais il ne me laisse de message téléphonique. Nous n’allons pas au restaurant ni au cinéma, faire les magasins, prendre un café. Je ne lui demande pas ce qu’il fait en ce moment, ni ce qu’il fera l’été prochain, ni s’il s’ennuie depuis qu’il est à la retraite. Je me couperais la langue plutôt que de prononcer son prénom.
J’ignore s’il s’est remarié ou si une femme partage sa vie. Il ne connaît pas mon mari ni Rosalie. Il ne voit pas grandir mes aînés, jamais ils ne s’enquièrent de lui. Je ne sais pas à quoi il ressemble maintenant, je me souviens du visage qu’il avait lorsque mon frère est né, il n’avait pas quarante ans, de ce visage je me souviens parfaitement. C’est un visage impossible à déloger de ma mémoire, c’est un visage de tôle froissée sur une bande d’arrêt d’urgence. Toutes les fois qu’il revient sans prévenir, c’est ainsi qu’il surgit, comme un platane. Trente-cinq ans me séparent de cette image de lui, je ne peux pas imaginer ce que le temps a fané. Pour moi, il restera cet homme assis près d’un cendrier rempli de mégots, le corps flouté par les volutes de Gitanes bleues, dans sa bouche l’haleine de tabac froid, dans ses yeux le feu, dans le corps l’épine. Dans ses bras manque l’enfant dont c’est la place et qui attend qu’on la porte sur les épaules ou qu’on l’embrasse, espérant une sucrerie ou une poignée d’amandes. Il dure malgré moi comme un œillet, hantant de sa grammaire chaque cage d’escalier à l’odeur de bois ciré, chaque papier peint fleuri, au fond du corps comme un foret. Cette histoire, c’est une tache de vin sur un chemisier blanc. J’ai pourtant fait le nécessaire, tout ce que j’ai pu, j’ai effacé son nom de mon répertoire, celui de ses amis aussi, j’ai jeté toutes les photos, j’ai brûlé tous les dessins, je ne dis jamais papa.
J’ai commencé à comprendre le jour où j’ai commencé à écrire, arrêtant de courir sur les tommettes. Il y avait ce que j’étais prête à donner et ce que j’étais vouée à retenir. Mon histoire était emballée dans du papier journal, parfois quelques lettres s’en échappaient, formant des mots, rarement des phrases, je confondais aimer avec marié, écrire avec crier. Je m’empruntais de temps en temps puis retournais là où l’on m’attendait, le corps devant un évier ou au-dessus d’une poussette, j’étais une femme, une mère, jamais une fille.
J’ai cru que l’événement de ces dernières semaines, c’était ma rencontre avec Vincent, mais sur ce chemin qui me menait à lui j’ai retrouvé la mémoire, remis les mots à leur place. Et en ouvrant la trappe où j’avais jeté mes souvenirs, la petite est revenue, elle attendait, l’oreille collée à la porte de mon existence. Elle faisait des bateaux en papier, jouait avec des noyaux d’abricot, sans jamais se plaindre. J’ignore combien ses silences ont traversé les miens, elle a eu la grâce de me laisser vieillir, de me laisser le temps d’aller la chercher pieds nus sur la passerelle. Je ne lui avais pas dit au revoir, je l’avais quittée et elle savait que je reviendrais, que je n’aurais d’autre choix que de déchirer le dais des nuits denses. J’ai longtemps cru que loger mon corps dans d’autres corps l’éloignerait, je l’offensais davantage. Même l’amour de Paul n’a pas suffi à l’étouffer totalement, j’entendais sa respiration par-delà les hublots, il restait encore un embrun d’elle. Elle avait pour moi cette patience obèse et intraitable. Je gardais partout où j’allais la mémoire de son corps, des intonations de sa voix et de son air à tomber.
Si j’entendais parfois les murs percés de cris, je mettais ça sur le compte du voisinage mais au fond, je savais la petite qui appelait. J’avançais jusqu’à elle sans jamais pouvoir l’atteindre, j’avais sur la rétine un voile de tulle accroché à une branche, flottant dans le vent.
Je distingue déjà un peu ses traits, même si elle est encore loin, longeant cette plage, dépassant les cabines de bain. Elle est comme je m’en souviens sur ce polaroid pâlissant, un râteau et une pelle à la main. Avec Vincent, j’inverse les saisons, je pars en voyage, il me vide de mes silences sans forcer les tiroirs. Et dans les mots qui viennent, puisque la vie sait des choses que nous ne savons pas, c’est elle que voilà, dans son petit maillot rouge retenu par un nœud sur les hanches, debout, devant moi, parfaitement nette.
Cette enfant, c’est moi, je viens te chercher.
Je m’appelle Mona, j’ai quarante-six ans, je suis en couple avec Paul depuis douze ans, j’ai trois enfants dont deux d’un précédent mariage, et il y a quelques mois j’ai rencontré Vincent. J’aime mon mari, qu’il s’endorme à mes côtés chaque nuit, en glissant sa jambe sous ma jambe comme une cale, qu’il gère le quotidien en sifflotant parce que cela ne lui pèse pas comme à moi, qu’il suspende son manteau à côté de mon manteau dans l’armoire et l’imprègne de son odeur, qu’il laisse ses chaussures près de la porte d’entrée à côté des miennes et de celles de Rosalie, j’aime l’homme qui m’a donné son nom, son temps, ses hivers, je l’aime ; et j’aime le temps que je passe avec Vincent, dont je ne sais presque rien et qui entre ici les mains nues.
La première fois que je l’ai vu, c’était l’été. Je m’étais inscrite à son cours de tai-chi, nous étions une dizaine à l’attendre dans la salle aux murs blancs, je me souviens d’un fond sonore d’aquarium, un léger clapotis de bord de mer comme sur les plages de la Côte d’Azur. La porte s’ouvre, laissant entrer les rayons du soleil sur le parquet, une explosion de blanc et de lumière, le voilà.
Je perçois d’abord sa démarche de félin, quand il se déplace dans la pièce ses pieds ne semblent pas toucher le sol, on croirait qu’il avance sur un escalator ou un tapis de mousse. S’il m’arrive de revoir ce moment où il entre dans ma vie, je l’assimile à un temps simple, comme de glisser sous une couette disposée sur un lit, dans une chambre fraîche. Il doit avoir une quarantaine d’années, son visage est doux, les traits sont fins, pas une beauté spectaculaire, je ne crois pas que je l’aurais remarqué dans d’autres circonstances et pourtant, le regarder me serre le cœur, sans trop savoir jusqu’où. Lorsque je pense à lui, des mois après ce jour, c’est bon comme de plonger dans une source claire. J’ai beau comprendre les flots et la foudre, j’ai beau sentir la force du courant qui m’emporte, je promène mon automne dans cet instant d’été, ces quelques secondes qui ont effacé la vie d’avant, là où j’avais pied, comme une gomme magique.
En sortant de son cours, le ciel était si bleu qu’il brûlait mon visage comme l’éclat d’une lame et j’entendais encore les mots qu’il venait de m’adresser, j’ai l’impression de vous connaître. Il me regardait de ses yeux bruns, dont je percevais les nuances pour la première fois, des petites touches de vert autour de l’iris, comme la peau d’un crocodile. Je n’ai pas su quoi répondre, j’ai répondu merci, à bientôt, et je suis partie au plus vite, comme pour fuir un drame ou éviter un accident.
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J’ai compris soudain ce que venait faire cet homme dans ma vie. Il m’a semblé être celui à qui je pouvais confier l’origine de tous mes errements. J’allais poser ce fardeau, cette fiction de moi-même que je traîne comme un vieux chiffon d’enfance.
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J’aimais cette vie simple avec Paul, je dormais enfin tranquille, moi dont le cœur ne connaît pas le repos des transats. Il y avait du soulagement à être aimée ainsi, dans le calme des promesses tenues, loin du vertige, préférant depuis Paul la paix à l’étoupe. Cela faisait douze ans que je n’avais pas pensé à un autre homme qu’à mon mari, cela ne m’avait pas effleuré l’esprit. Avant Vincent, je n’avais aucune raison d’attendre un homme dans un café, de regarder mon téléphone vingt fois par jour, d’inventer des rendez-vous à la dernière minute, d’avaler des pastilles pour l’haleine, des capsules pour la peau.
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Pour moi, il restera cet homme assis près d’un cendrier rempli de mégots, le corps flouté par les volutes de Gitanes bleues, dans sa bouche l’haleine de tabac froid, dans ses yeux le feu, dans le corps l’épine. Dans ses bras manque l’enfant dont c’est la place et qui attend qu’on la porte sur les épaules ou qu’on l’embrasse, espérant une sucrerie ou une poignée d’amandes. Il dure malgré moi comme un œillet, hantant de sa grammaire chaque cage d’escalier à l’odeur de bois ciré, chaque papier peint fleuri, au fond du corps comme un foret.
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J’aime mon mari, qu’il s’endorme à mes côtés chaque nuit, en glissant sa jambe sous ma jambe comme une cale, qu’il gère le quotidien en sifflotant parce que cela ne lui pèse pas comme à moi, qu’il suspende son manteau à côté de mon manteau dans l’armoire et l’imprègne de son odeur, qu’il laisse ses chaussures près de la porte d’entrée à côté des miennes et de celles de Rosalie, j’aime l’homme qui m’a donné son nom, son temps, ses hivers, je l’aime ; et j’aime le temps que je passe avec Vincent, dont je ne sais presque rien et qui entre ici les mains nues.
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Je crois qu'il s'est toujours dit que je disparaîtrais un jour, aspirée par une autre passion, enlevée par mon désir irrépressible de liberté, à cause de l'enfance sans doute, qui me  roue le cœur comme des giboulées. Il sait le chien qui aboie dans ma tête mais il ne sait pas pourquoi, il ne pose jamais de questions,  personne d'ailleurs jamais ne m'en pose et je ne donne  aucune raison à  ces ombres lancinantes ; je n'ai jamais trouvé  la force de trahir ce que je laissais croire jusque là.
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— J'habite en Ardèche, une grande maison avec des pommiers, un cerisier, des saules pleureurs. Je viens à Paris trois jours par semaine et je retourne à la nature, près de ma femme et de mes fils. Ils ont quatorze et douze ans. Vous avez des enfants?
— J'ai deux fils de vingt-trois et vingt ans nés d'un premier mariage, et puis Rosalie que j'ai eue avec Paul, elle est à l’école primaire, elle a six ans.
— Quand j’ai rencontré ma femme, en rentrant des États-Unis, j’avais à peine vingt ans. Avant de me lancer dans la pratique du tai-chi, j’ai étudié le piano, à Boston, je voulais composer. En venant, je me suis demandé quel métier vous faisiez, j’ai pensé que peut-être vous travailliez dans la mode.
— Je suis architecte d’intérieur.
Il a marqué une pause, nous savions maintenant l'essentiel, il me semblait que nous avions fait le plus dur, ouvrir la porte, écarter les rideaux, pousser les meubles, laisser le passage.
J'ai observé ses mains posées sur la table, des mains fines, quelques taches de rousseur, des mains de pianiste, j’ai fermé les yeux une seconde, j’ai imaginé une vie. p. 39
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