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"_Tu as dit tout à l'heure que si tu avais pu aider Maman à sortir de la dépression, rien de tout cela ne serait peut-être jamais arrivé. De quoi voulais-tu parler ?
_C'est du passé, ma Ninie. Avec des "si", la vie serait tellement facile."
"_C'est difficile pour une femme de tout concilier, compatit Janelle. Reprendre le sport, cela voudrait dire t'astreindre à un horaire auquel tout le monde devrait se plier.
_Je ne vois pas quand...
Connie enchérit :
_La différence entre un homme et une femme, c'est qu'une femme va garder du temps pour elle quand tout le reste sera fait, alors qu'un homme s'occupe du reste quand son temps pour lui est écoulé."
"Il n'y a pas de hasard dans la vie. Que des signes, disséminés çà et là, qui montrent le bon chemin."
"Ensemble, ils lui ont rendu un dernier hommage et Connie a murmuré en caressant son cercueil :
_Vous voyez bien que vous comptez pour des gens. Le cimetière est peut-être rempli de personnes qui se croyaient indispensables, mais vous nous manquerez, Paco."
"_Poinsettias en nombre, amaryllis, œillets, crocus, roses de Noël...Tout est là pour vous satisfaire, vous et vos clients, gente dame.
_Firmin, soyez gentil, arrêtez votre badinage.
_Quel badinage, mademoiselle Connie ? On ne badine pas avec les fleurs !"
Qu'on le veuille ou non, nous sommes toutes liées les unes aux autres. Les histoires des générations précédentes nous poursuivent et nous façonnent.

À cet instant, qu’est-ce qui pousse Rachel à lever les yeux et à tourner la tête sur la gauche ? Lorsqu’elle y repensera, encore et encore, les jours qui suivront, elle ne trouvera pas de réponse à sa question. L’intuition féminine, peut-être.
En tout cas, mue par cette espèce de force de la nature
– le destin ?
– Rachel regarde dans la direction des beaux immeubles en pierre datant du XIX ème siècle. Une porte s’ouvre au même moment. Avant même de distinguer nettement la personne qui sort du bâtiment, elle devine de qui il s’agit. Elle le reconnaît… d’instinct.
C’est lui…
Et son cœur cesse de battre un instant, puis repart à une cadence effrénée. Les Parisiens qui la frôlaient jusqu’alors la bousculent à présent. Elle s’est arrêtée en plein milieu du trottoir, sans crier gare. Pour autant, elle ne bouge pas. Parce que, tout simplement, elle ne peut pas. Ses pieds refusent d’avancer. Ses jambes ne lui obéissent plus. Son cerveau est figé lui aussi sur une interrogation qu’elle a envie de hurler :
Pourquoi Vincent est-il ici, alors qu’il était censé être mort ?
Le sang reflue de son visage, ses oreilles bourdonnent, ses jambes flageolent. Le monde autour d’elle devient flou. Il est le seul qu’elle voit nettement. De sa démarche chaloupée, il avance tout en remontant frileusement le col de son pardessus, la dépasse puis continue sa progression, sans même s’apercevoir qu’il est observé. Elle est incapable d’esquisser le moindre mouvement. Comme dans un mauvais rêve où elle serait devenue muette, elle ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. L’état de choc. Les interrogations. L’incapacité de penser que tout cela puisse être vrai. Puis la certitude. Cette intuition profonde et puissante qui lui souffle qu’elle ne se trompe pas. Que malgré toutes les questions suscitées par cette résurrection, c’est bien lui qui déambule dans les rues de la capitale. Et l’espoir. Le sang qui rosit de nouveau ses joues. L’air qui emplit ses poumons en gonflant sa poitrine d’espérance.
La vie reprend son cours autour d’elle, avec un goût un peu différent. Les gouttes d’eau glacée sur son visage et ses mains,
les coups de klaxon, le vrombissement des moteurs. Tout lui parvient de nouveau avec netteté. Et ses pieds avancent l’un après l’autre, se mettent à courir, à voler, presque.
En jouant des coudes, elle se précipite vers ce passé ressurgi de nulle part, vers cet impossible devenu possible…
"Toutefois, elle ne peut s'empêcher de se demander pourquoi un si petit incident a pris de telles proportions dans son esprit...Peut-être parce qu'elle n'a partagé sa peur avec personne pour l'instant. Parler permet d'évacuer les choses, de les faire sortir pour mieux les apprivoiser."
"Un adulte l'accusait et cet adulte, c'était Annie, la nourrice qui prenait soin d'elle depuis qu'elle était bébé. En plus, sa mère ne prenait pas sa défense, elle donnait tacitement raison à Annie. Les grandes personnes savaient ce qui était bien ou mal. Elle, elle était trop petite, elle ne se rendait pas compte. Si Annie soutenait qu'elle avait renversé Mat, alors c'était vrai. Elle était coupable.
C'était à cause d'elle qu'Annie avait poussé Mat."
"Phil se rembrunit. Il n'a pas les moyens de débourser tant d'argent, le loyer mensuel du Phénix lui prélève déjà uns somme non négligeable sur son salaire, bien que la Sécurité sociale et sa mutuelle en prennent une partie à leur charge. En plus de tous les inconvénients qu'on peut imaginer, cela coûte cher d'être handicapé."