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Citations de Delphine de Vigan (4403)


Toutes ces vidéos obéissent au même ressort dramaturgique : la satisfaction immédiate du désir. Kimmy et Sammy vivent le rêve de tous les enfants : acheter tout, tout de suite.
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Mais Big Brother n'avait pas eu besoin de s'imposer. Big Brother avait été accueilli les bras ouverts et le cœur affamés de likes, et chacun avait accepté d'être son propre bourreau. Les frontières de l'intime s'étaient déplacées. Les réseaux censuraient les images de seins ou de fesses. Mais en échange d'un clic, d'un cœur, d'un pouce levé, on montrait ses enfants, sa famille, on racontait sa vie. Chacun était devenu l'administrateur de sa propre exhibition, et celle-ci était devenue un élément indispensable à la réalisation de soi.
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Depuis quelque temps, il lui semble vivre au revers du monde, dans un repli impossible, en marge de ces réseaux supposément sociaux, saturés de factices amours et de haines authentiques, en marge de cette Toile d'illusions, gavée de selfies et de phrases lapidaires, en marge de tout ce qui circule à la vitesse du son.
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Elle étouffait.
Elle n'avait plus de place pour exister, dans le regard de ses parents, dans ce désir de leur plaire, dans cette quête de réussite, de perfection qu'elle avait faite sienne. Au début, elle voulait seulement rétrécir un peu, pour se soustraire de cette emprise, et puis un jour elle avait voulu disparaître. Parce que c'était tellement facile.
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Sa vie n’est rien d’autre que ça : une vue imprenable sur l’ampleur du désastre.
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Mais les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s’effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants.
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Tout auteur qui a pratiqué l'écriture de soi (ou écrit sur sa famille) a sans doute eu, un jour, la tentation d'écrire sur l'après. Raconter les blessures, l'amertume, les procès d'intention, les ruptures. Certains l'ont fait. Sans doute à cause des effets retard. Car le livre n'est rien d'autre qu'une sorte de matériau à diffusion lente, radioactif, qui continue d'émettre, longtemps. Et nous finissons toujours par être considérés pour ce que nous sommes, des bombes humaines, dont le pouvoir est terrifiant, car nul ne sait quel usage nous en ferons. Voilà exactement ce à quoi je pensais, gardant le silence pourtant.
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Sur une photo prise quelques jours avant son hospitalisation, elle découvre ce rictus qu'on ose maintenant lui décrire. La fixité de son regard, son visage tiré, sa presque transparente. Une copine lui raconte un jour les stratagèmes dont elle usait lorsqu'elles avaient rendez-vous, pour voir Laure d'abord à son insu, cachée derrière un pilier ou un Abribus, avoir le temps de s'habituer.
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Fatia sait qu'elle reviendra, le temps de perdre tous ces kilos qu'on lui a collé sur le corps. Elle est anorexique, un mot qui n'existe pas dans sa langue, ni dans sa culture, un mot qui s'accroche à elle, dans l'humidité de sa cuisine, porte de Clignancourt.
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Dans ce wagon qui la ramène chez elle, elle prend la mesure de son corps en abîme. Elle a pris sept kilos qu'ils ne remarquent même pas, invisibles, comme sept kilos de honte.
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Est-ce que c’était ça, être amoureux, ce sentiment de fragilité ? Cette peur de tout perdre, à chaque instant, pour un faux pas, une mauvaise réplique, un mot malencontreux ? Est-ce que c’était ça, cette incertitude de soi, à quarante ans comme à vingt ? Et dans ce cas, qu’existait-il de plus pitoyable, de plus vain ?
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- On n'en est pas loin, crois-moi. La fin c'est dans pas longtemps, Marie, tu sais. Je veux dire la fin sans la tête, perdue, pfffuit, avec tous les mots envolés. La fin du corps, on ne sait pas, bien sûr, mais la fin sans la tête, ça a commencé, les mots se font la balle et puis hop.
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Si elle y réfléchit, elle ne tient pas à cette vie penchée sur un écran, à dialoguer avec une intelligence artificielle, où on ne lui demande de relever la tête que pour obéir aux exigences de la reconnaisance faciale. Elle ne veut pas s’asseoir comme les autres au fond de son canapé, le portable greflé au doigt, au poignet, dans la paume, en quête de sensations fortes, à guetter sur son écran le drame, l'attentat et le héros du jour, oubliés dès le lendemain.
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Elle ne veut pas perdre le contrôle. La vie d'avant n'est qu'un souvenir anesthésié et la vie d'après se chuchote comme une promesse impossible. Elle ne veut pas guérir parce qu'elle ne sait pas comment exister autrement qu'à travers cette maladie qui l'a choisie, cette maladie dont on parle dans les journaux et les colloques, une quête aveugle et obscure qu'elle partage avec d'autres, complices anonymes et titubantes d'une crime silencieux perpétré contre soi.
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Ses jambes ne la portent plus. Plus comme avant, quand elle engloutissait des kilomètres le ventre vide et qu'elle montait les escaliers comme d'autres enfoncent des aiguilles dans leurs veines.
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La lueur de victoire et de sauvagerie qui dansait ce soir-là dans son regard, je ne l'avais jamais vue.
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"Même dans les drames les plus terribles, les apparences ont leur mot à dire !"
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Le monde d’après, évoqué lors de la pandémie de Covid en 2020, n’a pas eu lieu. Comme le prédisait à l époque un écrivain célèbre, le monde est resté le même, en pire, et plus que jamais aveugle à sa propre destruction.
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Nous négocions sans relâche, nous pratiquons la concession, le compromis, nous protégeons notre progéniture, nous obéissons aux lois du clan, nous louvoyons, nous mijotons notre petite cuisine.
Mais jusqu'où ?
Jusqu'où peut-on être le complice de
l'autre ?
Jusqu'où doit-on le suivre, le protéger, le couvrir, voire lui servir d'alibi ?
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Oui l' écriture est une arme, Delphine une putain d' arme de destruction massive. L' écriture est même
bien plus puissante que tout ce que tu peux imaginer. L' écriture est une arme de défense, de tir, d'alarme, l' écriture est une grenade, un missile, un lance- flammes, une arme de guerre.Elle peut tout dévaster, mais elle peut aussi tout reconstruire.
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