Fanie Demeule

MC1R est le nom de mon gène, de ma race.
Je fais partie du 2% de la population mondiale.
Mes cheveux sont plus épais que ceux des blondes et des brunes.
Mes cheveux ne grisonneront pas - ils blanchiront d'un coup, très tardivement, comme ceux d'une sage.
Mon teint clair me permet de produire ma propre vitamine C.
Je suis plus sensible à la douleur (l'un des aspects que tu préfères).
Je suis plus sensible au froid. Mes dents surtout.
J'ai besoin de trois fois plus d'anesthésiant chez le dentiste.
Je détecte plus rapidement les changements de température.
Je suis plus sexuelle.
J'attire davantage les abeilles.
Comme elles, je suis en voie d'extinction.
Mes cheveux seraient difficile à colorer.

Un mois de purification. Mon cerveau s'apaise tout en restant éveillé. Je commence à être seule avec ma tête. Telle une marée descendante, les bruits du monde s'éloignent, en sourdine. Je m'enfonce dans une grotte d'où je ne veux plus sortir.

Ta lecture est tout aussi valide que celle de la prof qui t’a critiquée. Aussi valide que la mienne. Ce que tu as lu est vrai, cela t’a habitée et tu l’as habité d’une certaine manière. C’est simplement qu’il existe d’autres façons de voir les choses, d’entrer dans un texte et de le faire sien. On entend souvent que ce qu’on pense d’un texte en dit plus long sur nous que sur le texte lui-même.

Je mesure alors l'immense fluidité du réel. Je comprends que les mots changent tout, et qu'il m'appartient de les combiner à mon avantage.

Dans le ventre des mères, tous les enfants ont le crâne nu, ce sont des boules de gélatine similaires. Dans le ventre des mères, ils sont tous égaux, jusqu'à ce que leurs cheveux poussent et les séparent.

Est-ce que la vérité cesse d'être la vérité quand plus personne n'y croit?

A force de sédentarité, la maison m'assimile à petit feu, me fait éprouver l'impassible humeur des meutes, avec qui je partage mon existence végétative.

EXTRAIT 1: Certains noms de lieux exercent sur moi une attraction puissante.Quelque chose dans leur sonorité,dans leur rythme,résonne en un appel irrésistible qui me hante jusqu'à l'assouvissement du désir à coups de billets d'avion.
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EXTRAIT 2: Afin de me garantir une euphorie maximale,j'ai adopté depuis longtemps un code de conduite à la fois simple et rigoureux.Je m'interdis de regarder les photos de l'endroit avant d'être sur place,de même que de lire une ligne à son sujet.Le décompte des jours en est d'autant plus souffrant.Mon ventre se dechire d'une voluptueuse langueur chaque fois que je prononce son nom.Lorsque je me trouve dans cet état,je suis comme hora de moi; je voudrais ne rien voir,ne point parler,que je considère comme une gloire bien supérieure à toutes les gloires créées.
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EXTRAIT 3: Je le lui répète: "Ici,il n'y a que des fantômes.Et je les sens,ils ne sont pas mauvais,seulement infiniment mélancoliques."Enfants,lorsque nous avions peur le soir dans nos lits,notre mère nous berçait d'une petite comptine.
Trouble est vain,
Peur est vaine,
Tout s'achève.
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Je comprends alors que je suis aussi quelqu'un d'autre. Et sans doute plusieurs autres. Je suis une image qu'on peut démultiplier à l'infini.

La peur est l'ennemie de l'amour.