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Citations de Denis Drummond (54)


J’entends l’océan tout proche. Il s’accroche aux vents d’ouest pour mieux se faire entendre. Je veux le laisser me parler, écrire ce qu’il me raconte pour qu’un jour, peut-être, Tom entendant ces mots, se mette à voir autrement qu’avec ses yeux, sans angoisse. J’aimerais qu’il puisse accueillir cette musique pure, apaisante, pleine d’images et de sons, se laisser saisir par elle avec la promesse qu’elle déliera ses peurs et lui permettra de goûter enfin à la beauté du monde.
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Les catastrophes déchirent le réel et laissent le monde dans un silence sans force, tracé par la frayeur et le chaos. On leur attribue le signe du divin, la puissance incommensurable de l’ordre naturel qui nous est rappelé depuis la nuit des temps, avec un don de répétition que nous feignons de remarquer.
Certaines, pourtant, affectent profondément le cours des choses, dans l’univers et dans nos vies. Les catastrophes sont un sursaut. Elles nous tiennent un moment en éveil.
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Les grands récits cherchent des bouches pour les dire, tout comme l’information contenue dans l’ADN est en quête d’un hôte pour pouvoir être transmise.

p 232
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Son autisme...il est né avec lui,comme entre les mains d'un potier qui aurait utilisé par mégarde du bon argile mêlé de terre. Cette pièce, sortie du four, marbrée ici et là d'humus et de débris divers, contenait en elle la fragilité et l'apparence singulière que nous savons...les progrès prodigieux de Tom ont transformé ces veines de terre impropre en or.
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Je crois que cela fait des lustres qu'on aime la nature de même que certains hommes aiment les femmes, pour eux-mêmes et jusqu'à la destruction.
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Les lumières naissantes s'accompagnent toujours de leurs cortèges d'ombres.

p.121
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C'est la première fois qu'on la filme. Elle ne cache pas sa honte. À défaut de larmes, elle égrène ses silences entrecoupés de mots hésitants, que la journaliste commente abondamment.

p.24
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De Vincent à Théo Van Gogh, son frère
Arles, 23 septembre
(extrait)

Mon cher Théo,
[...]
Si on étudie l'art japonais, alors on voit un homme incontestablement sage et philosophe et intelligent qui passe son temps à quoi ? À étudier la distance de la terre à la lune ? Non, à étudier la politique de Bismarck ? Non, il étudie un seul brin d'herbe.
Mais ce brin d'herbe lui porte à dessiner toutes les plantes, ensuite les saisons, les grands aspects des paysages, enfin les animaux, puis la figure humaine. Il passe ainsi sa vie, et la vie est trop courte à faire le tout.
Voyons cela, n'est-ce pas presque une religion ce que nous enseignent ces Japonais si simples et qui vivent dans la nature comme si eux-mêmes étaient des fleurs.
[...]
t. à t.
vincent

p.252
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Aimer la nature ne veut plus rien dire. On confond tout. Les opinions règnent en maitresses et les petits royaumes s'affrontent comme aux heures les plus obscures. Je crois que cela fait des lustres qu'on aime la nature de même que certains hommes aiment les femmes, pour eux-mêmes et jusqu'à la destruction.

p.185
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Akira était comme un arbre dont la forme, chétive et courbée, racontait des histoires de vent.

p.95
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Notre savoir est le reflet de nos découvertes. il en est la carte très partielle, mouvante, à l'image d'un relevé effectué dans la brume, ou trop loin de la côte pour en distinguer tous les traits.

p.81
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Tout en déchiffrant les pas de l'eau sur la grève, Sandra laisse venir ses souvenirs, l'installation provisoire dans la ville de Rosemère, en périphérie de Montréal, au bord de la rivière des Mille-Îles, non loin du centre d'autistes de Terrebonne où, pour la première fois, elle entendit quelque chose de sensé à propos de la maladie de Tom. On ne lui parlait plus de trouble de l'attachement ou de faute des parents, de déficience intellectuelle ou de carence émotionnelle, mais de connexions cérébrales affectant gravement le traitement de l'information.
La langue indéchiffrable des comportements autistiques trouvait sa pierre de Rosette dans les neurosciences. Tom n'était pas coupé du monde, mais coupé du sens de l'information que recevait son cerveau. Celui-ci, mal connecté, ne fonctionnait pas comme les autres.

p.22
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Cela vient comme une clameur. Une clameur qui monte au loin. Une vague s'effondre là-bas avec le bruit sourd d'un train qui approche à vive allure. Ici, la nappe bouillonnante de l'écume laisse place au silence. Le ruissellement cesse. La mer déglutit son reflux, d'où s'échappent quelques clapots qui s'espacent avant de disparaître. Un instant, quelque chose s'est évanoui. Dans ce vide, la vague semble gonfler vers moi. J'entends sa masse s'arracher à ce qu'elle va frapper de nouveau d'un coup. Précédée de bruits de verre pilé, de gravier et de perles, elle se rend à elle-même. Elle s'abat, s'effondre et claque. On dirait du linge battu au lavoir avant de s'émousser sur les contreforts du rivage.
J'entends sa venue toute proche, son effervescence qui éclate en milliers de bulles. Elle crépite tel un feu de broussaille, lance ses bruits d'osselets ramassés paume ouverte, saisis puis rejetés. Alors seulement reviendront en même temps le reflux et la clameur au loin. Le silence aussi, cet évanouissement secret où l'eau parle sans attendre de réponse.

p.28
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Il peignait les étoiles comme on troue une histoire, en laissant le néant, pas plus grand qu'une tête d'épingle, se remplir du tout pour briller à jamais. Je me souviens qu'assis à sa table de travail, dans son atelier, tout en passant ses brosses de couleur sur le bois gravé, il s'interrogeait parfois à voix haute, posant toujours la même question. Je ne l'ai comprise que bien plus tard en remplaçant le mot "esprits" par Dieu. Il disait : "Dieu et le néant ne sont-ils pas le plein et le vide l'un de l'autre?"

p.253
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La création est devenue de plus en plus silencieuse. Nous serons peut-être un jour les derniers bruits de nos forêts. Et c'est déjà devant des sentiers en 3D que nous courons sur les tapis roulants des salles de gymnastique.

p.286
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Sur des étagères, il y avait son travail. Les céramiques réparées avec des épissures d'or se hissaient bien plus haut qu'une œuvre de potier ou son usage domestique. Cet art de trouver la beauté dans la cassure, de l'exaucer par la réparation, me touche au plus profond, je ressens avec une grande émotion la puissance de souligner la fêlure plutôt que de la cacher. p.236
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Je crois profondément, ou plutôt je sais que les variations génétiques et la sélection naturelle sont des forces matérielles totalement aveugles. On leur prête bien plus, c'est très humain. Je prends conscience que la capacité des hommes à adopter une théorie dépend de sa compatibilité avec la représentation qu'ils se font du monde et de la place qu'ils y occupent. Darwin en a fait les frais avant d'être finalement reconnu. Voilà que cela recommence. Nos découvertes passent de main en main, ballotées, craintes, adorées, rejetées selon leur concordance avec les images du cosmos et de nous-mêmes que nos rêves et nos peurs ont façonné inlassablement au cours de notre longue migration dans l'espace et le temps. L'homme ne peut s'empêcher de rapprocher le discours de la science sur la création du récit qu'il s'en est fait. Et c'est toujours le récit qui prime. p.179
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Dans l'exaltation qui a suivi la conférence de presse, j'ai mis vingt-quatre heures à retrouver mon journal, pour réaliser que je n'y avais presque rien consigné depuis des mois point
Cela m'a attristée. J'étais comme prise en défaut, accabler tout à coup par un sentiment de culpabilité vis-à-vis de Tom, de Marc et peut-être de moi-même, l'écrasante tâche d’Atsuma m’ayant détournée de mon devoir bien au-delà de ce que j'avais imaginé.
Il m'a fallu un peu de temps pour accepter les choses telles qu'elles étaient, reconnaître ma négligence et régler la question de manière utile : je ferai un résumé des éléments les plus marquants de cette première année, en prenant la distance dont, la frénésie des derniers moments passés j'avais tellement besoin. p.123
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Sur le chemin, suivi par Makoto et Kenji, Sandra parle à Tom des dates sur lesquelles il l'avait questionnée la veille. En discutant avec lui, elle prend conscience qu'il cherche à comprendre pourquoi son père n'est pas né après lui et s'il serait toujours en vie si Tom était né plus tôt. Sandra est émue. C'est la première fois qu'il évoque son père. Se rapprochant de la falaise comme on ouvre un grand livre, Sandra explique le caractère immuable de la chronologie. Elle prend pour exemple les strates de couleurs différentes qui se superposent dans un ordre permanent, inchangeable, qui est le cours du temps : ce qui est au-dessus est plus récent, ce qui est en dessous est plus ancien ; on ne peut revenir en arrière, ni projeter ce qui a été dans un futur qui n'est pas encore. Tom se tape la paume de la main sur le crâne, s'agite, gémit puis, pointant du doigt une large couche ou deux couleurs se mêlent et se superposent, il s'exclame : « Ça, c'est papa et moi ! » p.60
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Nous avons tous été abasourdis, choqués, en apprenant l'immolation de cet homme près de l'entrée du site. J 'ai eu du mal à contenir ma colère. Nous ne sommes pas là pour ça. Pourquoi la recherche de la lumière suscite t-elle toujours une obscure folie ? Quelle est cette force qui vient assombrir toute clarté nouvelle ?
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