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Citations de Denis Nuñez (75)


Le silence n'est jamais seul, il règne en maître et décide du moment où il délivre la musique étrange du vent dans les arbres, parfois douce, parfois violente comme le bruit d'une averse naissante ; de temps en temps, il laisse passer le sifflement lugubre d'une buse invisible ou le cri éraillé d'un canard coléreux.

(p. 62)
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Qui n'a jamais pleuré en entendant une foule chanter à l'unisson ?

(p. 116)
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C’était ça aussi notre Algérie, une réalité translucide, sucrée et irisée, pleine de bulles d’air comme le caramel des piroulis de la bonbonnière.
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Un tissage méticuleux de ciel et de nuages donne à la fin de journée une atmosphère oxydée que l’on ne peut décrire tant elle varie à mesure que le tisserand empile sur les lisses des fils dont les couleurs grises et roses changent à la lumière tombante du soleil.
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Mon oncle, père de quatre enfants, qui possédaient chacun une bicyclette, avait mis au point un astucieux stratagème pour leur faire croire que le Père Noël leur apportait un nouveau vélo chaque année. Comme par enchantement, tous les vélos disparaissaient vers le début décembre. Ils se retrouvaient chez nous, dans le magasin de matériel. Là, mon oncle révisait chaque engin et les repeignait entièrement de façon à ce que chacun de mes cousins trouve, le matin de Noël, un nouveau vélo, plus grand, plus brillant, plus beau que celui qu'il avait utilisé pendant l'année écoulée.

p. 105
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Éléonore avait grandi dans cet esprit de révolte et de rébellion. Son esprit critique encouragé par l’éducation de ses parents, sa mère était également institutrice, s’affirma tout au long de sa scolarité au grand désespoir de certains de ses enseignants, tandis que d’autres s’émerveillaient de sa maturité et d’un sens de l’à-propos dévastateur.

(p. 33)
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Un riff de guitare venu de loin occupe l'espace s'élargissant jusqu'à combler le moindre interstice. Il tourne sur lui-même comme un mantra.

(pp. 29-30)
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Le grand chêne, à mesure qu’il avance en âge, craint l’arrivée de l’automne, peureux de ne pas retrouver ses feuilles au printemps.
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[…] il ne se satisfera jamais d'un système inique excluant les déviants, fussent-ils des rejetons de la classe dominante.

(p. 106)
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Nous sommes passés au travers du printemps de mai, sans nous soucier de ce qui agitait le pays. Trop jeunes, peut-être. Il faut dire aussi qu'à Bourges, l'encéphalogramme de la ville est resté plat comme d'habitude. En y repensant, je dirai que nous avons créé notre révolution à nous. Profitant de la fermeture du lycée, nous restions des journées entières à parler, parler, parler. Sans la contrainte du temps minuté des emplois du temps, des repas familiaux, des heures de rentrée obligatoires. Finalement c'est cela que je retiendrai de cette période agitée, le temps libre. Le temps defaire ce que nous avions envie de faire.
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Il imagine des personnages et les baptise des noms lus sur les panneaux routiers.
Durch Hannover est un trafiquant hollandais, Zenek Kulda un scientifique tchèque spécialiste de physique nucléaire, Roman Salzgitter le brillant éditeur est allemand, Aleksandra Weldbater une patineuse médaillée olympique à Sapporo...
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Ils portaient en eux le vertige du migrant qui n'est rien dans son pays d'accueil, réduit à des tâches viles, et redevient un être humain à chaque retour, adulé mais jalousé comme l'enfant prodige.
Qui peut trouver le bonheur dans une telle partition de sa vie? Pas Juan Manuel, et il enrageait d'en être réduit à cela.
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Les jours de fête religieuse musulmane comme l'Aïd Kebir, des musiciens noirs, les Ghenaouas, descendaient des montagnes pour accompagner, de leur musique tribale, l'égorgement du mouton. Les darboukas et les flûtes formaient un tissu de musique épais et cotonneux. Le son modulé des flûtes s'envolait dans les airs comme les rubans rouges que les enfants agitaient vers le ciel, tandis que la rythmique implacable des peaux frappées de baguettes recourbées maintenait les danseurs sous pression. Ils s'agitaient autour de l'égorgeur qui dansait avec le mouton pour l'enivrer avant de lui porter le coup fatal. Le sang jaillissait sous les yous yous des femmes. Le boucher s'était levé, les bras au ciel, le couteau ensanglanté dans une main. Le mouton tombait doucement sur le sable rougi. La fête continuait avec plus de sérénité.
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Ils emménagent portes ouvertes. Paul sort d’une de ses valises un nombre incroyable de 33 tours et les range sur l’étagère au-dessus de la tête de lit. La petite valise grise dont il se saisit ensuite est un électrophone Teppaz Mono, modèle OSCAR. Il retire le couvercle contenant le haut-parleur et branche le tourne-disque sur le secteur.
Il choisit, en prenant son temps, un 33, le pose sur le plateau et le laisse tourner en passant une éponge humide sur la cire pour retirer les poussières avant de poser le bras sur les sillons.
Les premières mesures de Transylvania Boogie de Frank Zappa retentissent entre les plaques de béton. La batterie de Ansley Dunbar porte le solo de Zappa qui s’enroule et s’engouffre dans le couloir étroit, bute contre la fenêtre à son extrémité et revient pour repartir. Une pédale wah-wah la bride sur le cou. Des portes s’ouvrent sur des visages étonnés. L’orgue de Ian Underwood cherche en vain à s’imposer, fébrile derrière le chant obsédant de la rythmique.
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L’humeur à la voiture

"Il y a un grand charme à quitter au petit matin une
ville familière pour une destination ignorée."
Julien Gracq, « Le Rivage des Syrtes »
.
Je me suis levé tôt ce matin. Le jour l’était déjà. En regardant la ville baignée de cette lueur neuve, j’ai eu envie de la quitter. J’ai jeté un œil à la cuisine en désordre, au lit défait dans la chambre, j’ai pris un sac à la hâte, rempli d’affaires au hasard. La porte a claqué doucement. J’étais dans la voiture avant que le froid ne me fasse frissonner. Elle a démarré lentement.
En me doublant, les motos se rabattent dangereusement et déclenchent l’avertisseur des radars d’approche.
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[La réalité] montre que dans les circonstances les plus extrêmes, les hommes valent parfois, et souvent, beaucoup mieux que l’histoire qui s’écrit malgré eux.
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Dans des circonstances qu’il appartiendra au narrateur de dévoiler, Edmond Le Palestel décida de s’établir à Bourges, avant dernière étape de son tour de France de compagnon maçon vers Paris.
Ce cadet d’une famille d’éleveurs de bovins viande à Commentry dans l’Allier se vit contraint de quitter la ferme familiale pour tenter sa chance à Bourganeuf puis à Guéret, ville dans laquelle un compagnon maçon du nom de Charles Rochard l’initia au métier de bâtisseur.
Le garçon était taciturne, autiste dirait-on maintenant. Il déclaraun jour à son tuteur : « Mon père fait pousser de l’orge et de l’avoine, moi je me contenterai de faire sortir des maisons de terre ! ».
Le compagnon Rochard et son épouse Ninette virent en lui le rejeton qu’ils n’avaient pu concevoir. Charles la Sagesse, réputé pour la justesse de ses sentences, n’eut alors de cesse de faire d’Edmond son digne successeur. La recommandation de son maître en poche, Edmond partit faire son tour de France. Un séjour profitable auprès des compagnons du devoir sur les bords de Loire à Tours, rue des Trois Ecritoires aux bons soins de la mère Jacob, le décida de monter sur Paris, fort de son savoir tout neuf et de son patronyme d’Edmond la Constance. Il aurait préféré Edmond la Conscience ou Edmond la Technique, mais les assemblées de compagnons du devoir plaisantent rarement avec les patronymes et ne goûtent guère les mystères de Paris, leurs énigmes mystérieuses et leurs personnages ombrageux.
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Il savourait à l’avance le moment où son corps fatigué se détendrait et salivait à l’idée du verre de vin de Jumilla qui accompagnerait le jambon sec au goût salé.
Il ferma les yeux. A peine assis, une impression de déjà-vu le troubla. Il eut, une fraction de seconde, la sensation d’appartenir à cet endroit depuis très longtemps. Il se servit à boire sans pouvoir chasser ce sentiment étrange et dérangeant. Quelqu’un l’observait, il se retourna.
Un vieil homme s’approcha, habillé de neuf, la barbe faite. Il tenait une drôle de canne à la main et une chaîne en or barrait son gilet.
- Je suis Juan Manuel De Haro Albarracin. Le café commençait à me manquer, ce fainéant de Miguel ne voulait plus travailler. Au village, on vous dira de moi que j’ai tout pris et rien laissé aux autres. C’est peut-être vrai mais je ne le crois pas. J’ai eu de la chance. Simplement.
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Face à la lumière, j’avançais lentement, de peur de tomber, sur les pierres lisses de milliers de passages. Je ne voyais pas sa main tendue. Elle prit mon bras juste au-dessus du coude et me tira doucement à l’ombre d’un cyprès centenaire. L’arbre avait perdu des dizaines de coques fendues comme des grelots, elles craquaient sous nos pas, révélant notre présence aux gros oiseaux toujours perchés au-dessus de nos têtes. D’un même mouvement, la main en visière devant nos yeux, nous avons regardé les volatiles, puis vers la vallée et le fleuve paisible, enfin vers la ville en contrebas où nous voyions nos vélos côte à côte contre le gros orme incendié. Les heures ont passé ainsi jusqu’à ce que le soleil fonde dans l’eau devenue noire.
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19 mai 1974 : Le poète et le financier
La France avait changé, ou du moins comme le laissait entendre le jeune énarque de quarante-huit ans que les Français avaient porté au pouvoir suprême, elle allait changer, elle devait changer et lui se chargerait de la faire changer.
Il prenait une succession difficile. Celle d’un ancien banquier de la banque Rothschild, introduit dans le milieu des affaires, riche d’une expérience réussie de Premier Ministre.
« Un juif » disaient certains contempteurs du Pompidolisme renouant avec un courant de pensée que l’on croyait à jamais disparu après le 8 mai 1945. Parodiant le nom du village de naissance de l’infortuné Président prématurément disparu, Montboudif, ils l’avaient rebaptisé « Mon bout d’juif», illustrant s’il en était besoin le caractère nauséabond de leur humour.
Cet homme à l’allure de Français moyen, le crâne dégarni, lesté d’un honorable embonpoint, avait l’air d’un pingouin endimanché.
Une éternelle cigarette au coin de la bouche lui donnait ce sourire ambigu des fumeurs compulsifs, l’obligeait à garder son œil droit à demi clos comme celui d’un vieux matou toujours à l’affut.
Les Français l’aimaient bien, même si quelques-uns lui reprochaient son anthologie de la poésie française qui déparait dans le paysage politique, de même que la silhouette filiforme de son épouse, une grande perche blonde au sourire de madone.
Après le slogan « Charlot, des sous ! » les syndicalistes avaient entonné sur l’air d’Il était un petit navire « Ohé ! Ohé ! Pompidou, Pompidou navigue sur nos sous ! » Ce qui dénotait un sens rare de l’à-propos et une reconnaissance courageuse des qualités de « l’ennemi ».
Giscard avait poussé Charlot dehors avec son « Oui, mais ! » et attendait son tour dans l’ombre, justifiant le surnom de Christopher Lee de la politique qu’on lui donnait dans certains bars populaires acquis à la Gauche qui montait dans le pays.
La disparition de l’homme de Montboudif lui apparut comme un signe du destin qu’il ne refuserait pas.
Il parvint au pouvoir en réussissant le mariage politique de la carpe et du lapin, lui dans le rôle du lapin, Chirac dans celui de la carpe. Ou l’inverse selon les opinions politiques des analystes.
Le destin lui fut cruel. Son concept pourtant audacieux et attractif de Société Libérale Avancée se fracassa sur un premier choc pétrolier. Choc que les pays producteurs prirent un malin plaisir à répéter.
Son septennat fut celui des plans de relance dont aucun ne produisit les effets escomptés.
De la Société Libérale Avancée supposée apporter l’aisance économique aux Français il ne restait que les apparences. Plus de queue de pie, col roulé sous la veste, accordéon et dîner impromptu chez le citoyen moyen. Les mauvaises langues ajoutent retour à l’heure du laitier par les portes dérobées du palais.
Une autre réforme majeure du septennat fut, pour rester dans le domaine musical, le ralentissement du tempo de la Marseillaise passant de 9 à 7 temps par minute, laissant ainsi aux oreilles et aux yeux des Français, le loisir de s’imprégner de la majesté de la marche présidentielle.
Son gros coup fut le passage de la majorité de vingt-et-un à dix-huit ans. Mais il recula devant l’obstacle en refusant la demande de grâce de Buffet et Bontemps qui aurait pu préfigurer une abolition de la peine de mort. C’est aussi derrière Simone Veil qu’il s’est abrité pour légaliser le droit à l’avortement.
La France de VGE vivait d’espoirs déçus alors qu’elle voyait se profiler la fin des années de vaches grasses. Toute une génération avait pourtant cru au projet de société libérale avancée qui allait propulser le pays aux avants postes des nations qui se préparaient à entrer dans le XXIème siècle.
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