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Critiques de Denis Podalydès (55)
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Célidan disparu

Et si vous vouliez inventer votre propre langue, avec vos propres mots et votre propre accent ? Tâche ardue que l’acteur, metteur en scène et écrivain Denis Podalydes entreprend à l’adolescence. Bien sûr on peut inventer n’importe quelle langue surtout quand on possède une imagination aussi débordante que celle de Denis , sauf que si on n’a pas d’interlocuteur votre langue sert à que dalle 😁! Et c’est ce qui finalement arrive à Denis qui se retrouve bien seul dans sa langue impossible 😊.



Dans ce livre autobiographique où il livre ses lubies, fantasmes, rêves et autres secrets de son personnage complexe , comme nous tous 😊, Podalydés semble avec ses propres termes « se monter constamment le bourrichon », expression qu’il qualifie des plus sympathiques, bien qu’elle le ridiculise volontiers. De magnifiques passages éclairent une enfance heureuse mais avec un fond d’angoisse permanent, comme la veillée du retour des parents partis en ville dîner ou la relation à la foi , une énergie qu’il n’a pas, et une énergie dont il doute fort vu qu’aussi sa Mamie fervente croyante fait disparaître Dieu de son existence vers la fin de sa vie, comme s’il n’avait jamais tenu la moindre place. La Mamie c’est Odette Ruat , dite Minnie, propriétaire de La Librairie Ruat , et qui lui enseignera celle qui deviendra sa seule religion , La Littérature 😊 !

Les anecdotes ne manquent pas de croustillant aussi par la suite, à l’adolescence, à la jeunesse…. et à la maturité. Le passage à l’hôpital psychiatrique où il se retrouve en voulant se faire réformer est particulièrement hilarant, vu que la situation au fond parti d’une banale demande, à cause d’un détail de hasard , bascule dans un piège qui se referme sur lui…. Quand à Celidan, il sera le personnage qui scellera définitivement son destin d’acteur , « Célidan est le nom de cet acteur heureux, de cet homme heureux d’être acteur. Je le suis toujours . » Quelle chance n’est-ce-pas ? Quand à la mise en scène, oh là là , là aussi grandiose aventure qui débute avec « le projet qui sent la merde »😁!

Podalydes est non seulement un excellent acteur et metteur en scène, mais aussi un superbe conteur dont l’humour cynique me plait particulièrement, «  Je joue merveilleusement le rôle du jeune homme intelligent, quand je ne suis que malin comme un singe et incorrigiblement limité ». C’est son troisième livre que je viens de lire, et encore une fois je me suis régalée avec ce personnage engoncé dans son étrange métier d’acteur 😁!



« Si on m’attache les jambes, je continuerai à faire du théâtre avec mes bras, si on m’attache les bras, je continuerai avec mes mains, si on m’attache les mains, je continuerai avec ma langue, si on me coupe la langue, je continuerai avec la tête, les yeux, un seul œil, je continuerai. »

Giorgio Strehler
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Les nuits d'amour sont transparentes - Pend..

"Ce fut une rupture, une modification dans ma mémoire et dans mon goût du théâtre : Hedda Gabler, d'Henrik Ibsen, aux Gémeaux9 le premier spectacle que j'ai pu voir d'Ostermeier. Mon souvenir est très net. Rarement la pièce m'était apparue aussi claire et profonde. » paroles de Denis Podalydès, dont je partage la dernière phrase. Même ressenti à la fin du spectacle de « John Gabriel Borkman » d'Henrik Ibsen , le premier que j'ai pu voir de Thomas Ostermeier en avril 2009 au théâtre de l'Odeon à Paris. Etant une fervente admiratrice du théâtre de Peter Brook et d' Eimuntas Nekrosius, metteur en scène lituanien vénéré en Italie malheureusement décédé , là j'avais devant moi un autre génie, du même calibre. du travail très humain , très profond, d'une clarté incroyable qui approche le spectateur au plus près du dramaturge et de son oeuvre. Podalydès étant aussi un acteur de théâtre et de cinéma que j'apprécie énormément , vu le sujet de son dernier livre où il parle justement de son admiration pour Ostermeier et l'expérience des répétitions de «  La nuits des rois » du grand William où il le dirigea dans le rôle d'Orsino, je ne pouvais pas passer à côté.



Podalydès à travers les répétitions et exercices déployés par Ostermeier à la réalisation de cette oeuvre de Shakespeare, en décrit les mécanismes improvisés, d'autres explicitement structurés par le metteur en scène, en passant par la dynamique de la troupe et la trame d'émotions qui le régit au quotidien. « En travaillant deux heures avec lui j'en ai appris plus qu'en 25 ans de rêveries autour de cette pièce » nous dit-il , son préféré de Shakespeare et qu'il aurait voulu mettre en scène lui-même jusqu'à l'apparition d'Ostermeier. Des répétitions qu'il considère comme une plongée au coeur de son métier, où la coexistance de la peur et du plaisir est ce qui dans le fond l'attire le plus . Un texte aussi intéressant pour qui connaît déjà cette pièce de Shakespeare, car l'analyse faite à travers l'interprétation d'Ostermeier est passionnante. La confusion des sexes, qui se balance entre comédie et tragédie, célèbre un jeu carnavalesque des grands retournements, « Toutes les évidences se dérobent ,se diluent dans la clarté paradoxale de ces nuits d'amour ». Podalydés gratifie l'ensemble de l'entreprise d'une très belle métaphore maritime , «  Rien n'est plus satisfaisant que de se sentir au coeur d'une entreprise justement fondée, acteurs d'un spectacle qui nous emporte autant qu'on le porte, marins d'un navire qui, larguant ses amarres en douceur, prend la mer avec aisance, chacun à son poste, sachant ce qu'il fait, prêt à tout affronter. ».

J'aimerais terminer ce billet par un extrait d'une conférence prononcée par Thomas Ostermeier sur Shakespeare,

« J'ai le sentiment que la force motrice des personnages de Shakespeare est précisément de découvrir qui sont les autres, ce qui se cache derrière leur apparence physique, quels sont leurs véritables motifs. C'est la force motrice de leur auteur : découvrir comment sont les êtres humains. […] Et pour mieux les comprendre, il ne se contente pas de simplement mettre des personnages en scène ; mieux, il les met en scène pour qu'ensuite ils se mettent en scène eux-mêmes. La reconnaissance de cette situation doublement théâtrale est pour moi la clef essentielle pour mettre en scène Shakespeare ».

Will le magnifique et Thomas Ostermeier sous la plume de Denis Podalydés, un livre à ne pas manquer pour tous les passionnés de théâtre. Je constate par cette occasion que la langue de Shakespeare est très dur à traduire, et qu'elle perd de son aura même avec la meilleure traduction, si « meilleure traduction » existe.



“Une passion qui veut se dissimuler se trahit plus vite que la culpabilité d'un meurtre – les nuits d'amour sont transparentes.”

(A murderous guilt shows not itself more soon / Than love that would seem hid : love's night is noon.)



*Au faites grâce à ce livre j'ai appris deux nouveaux mots du vocabulaire théâtrale :

L' italienne »😊, qui consiste à dire le texte sans l'action ni les déplacements. On peut la pratiquer en étant parfaitement immobile.

La couturière, l'avant-dernière répétition avant la première représentation qui a pour objectif de tester la pièce avec tous les costumes, de fixer les dernières retouches, d'optimiser les changements et l'habillage. le nom vient du fait qu'elle permettait aux couturières de faire les dernières retouches aux costumes.
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Fuir Pénélope

Gabriel est un amoureux de cinéma, lui-même acteur, il aime les mots, leurs résonnances, leurs musiques. Il est aussi amoureux de Marianne. Hélas, la belle vient de le quitter. La proposition d’un certain Juan Karlowitz de tenir le premier rôle de son premier film, tombe à point nommé. Direction la Grèce pour notre déprimé, qui découvre à la fois la barrière de la langue et son plaisir à la déchiffrer, et une équipe aussi éclectique que bizarroïde.

Denis Podalydès nous raconte sa première expérience avec le cinéma, et le résultat est plutôt sympathique. Entre humour et poésie, plaisir des mots (ceux de Rabelais que Podalydès inclus dans ces réflexions), ce tournage assez extravagant est un road-movie dépaysant. Entre découverte, surprise et scènes improbables ou iconoclastes, Gabriel se laisse porter par cette expérience formatrice.

Pourtant l’ennui vient pointer son nez en plusieurs occasions, comme si Podalydès perdait le fil de son récit (et Gabriel celui de sa vie). Mais l’ensemble a assez d’allure pour que seul le plaisir prédomine au final. 3/5.

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Célidan disparu

Je n'aurais sûrement pas lu Célidan disparu s'il ne m'avait été offert et ce fut une jolie découverte.

C'est une expérience intéressante que de lire un livre écrit par un acteur dont on connaît parfaitement la voix et de se laisser guider, bercer, étreindre par le flux des souvenirs et moments de vie. le plaisir de la lecture est comme augmenté, voire décuplé par le son qui nous vient à l'oreille.

Elle est particulière, cette voix, dont il a fait son instrument de travail, et qu'il sait magnifiquement traduire en mots sur la page. Chaude, douce, enveloppante, mais aussi plus fluette, légère, presque cassante, distante, et surtout ironique. On en retrouve les variations, les intonations, dans ses écrits.

De quoi nous parle-t-il ? De son enfance versaillaise dans une famille de quatre garçons qui se suivent par paires, auprès de sa grand-mère qui tient la plus grande et célèbre librairie de la ville, de ses parents désunis, des vacances en Bretagne et à Oléron, de son frère Bruno, le plus proche, avec lequel il partage les aventures du quotidien, de son petit frère Eric, suicidé, dont il porte en lui le désespoir.

Il nous fait partager son amour des livres, de la littérature, de la langue, des langues car, enfant, il en invente une, inversant les lettres des mots, une langue-monde qui le ravit mais le coupe des autres.

Il raconte ses débuts hésitants dans la profession, son manque de confiance en lui, ses doutes, ses échecs, ses fragilités. Il ressemble ainsi aux personnages qu'il incarne, des hommes sensibles, timides, un peu rêveurs et décalés.

Il rend hommage à quelques grandes figures de la scène théâtrale et cinématographique, et les pages qu'il consacre à Maurice Pialat sont parmi les plus déchirantes.

Denis Podalydès parle de lui simplement, honnêtement, avec humilité, et c'est ce qui fait le charme de ce livre émouvant qui nous fait parcourir les grands jalons de sa carrière.
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Fuir Pénélope

Alors qu'il peine péniblement à obtenir son permis de conduire

alors que Marianne vient de le quitter et qu'il est éploré

Gabriel est sollicité par un réalisateur grec qui lui propose le premier rôle dans le film qu'il est en train de monter.

Et c'est le début de la grande aventure, de la Grèce à l'Espagne, en passant par l''Italie, il découvre tout de la réalisation d'un film, et on participe comme si on y était.

Dans « Les nuits d'amour sont transparentes », l'auteur nous ouvrait les coulisses du théâtre.

Dans « Fuir Pénélope » », il nous ouvre celles du cinéma.

Et c'est ma foi très intéressant.

Je découvre de plus en plus Denis Podalydès.

Je ne connaissais de lui que l'acteur.

Dans ses livres il se découvre et nous fait partager ses passions.

De plus, c'est bien écrit.
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Célidan disparu

Lecture audio par l'auteur lui-même



Intéressante écoute d'une autobiographie d'un comédien féru de littérature et qui paraît très secret, introverti. Il se révèle d'une grande sensibilité, révélant des faits parfois tragiques, d'autres plus nostalgiques de son enfance, de son travail également en tant que comédien (comédie française) ou acteur au cinéma sans s'épargner, se racontant avec une sincérité touchante.
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Célidan disparu

Une autobiographie écrite avec le recul des années explique l’acteur d’aujourd’hui.



Côté famille : jeunesse versaillaise / Sa grand-mère libraire et sa mère pour son amour des mots / La foi / L’armée / Vacances en Bretagne / Ses idées sur Badinter, de la peine de mort, sur des causes politiques de gauche / Sa fratrie / Relation difficile avec son père pied-noir, de droite / Son service militaire (à ne pas manquer : follement épique) / Le divorce des parents / Ses amours avec Céline et Valérie.



Côté théâtre : début Hernani / Jean Marais / acteur / metteur EN scène / Comédie Française.



MON AVIS

L’acteur Denis Podalydès cache bien son jeu, car outre la comédie, il œuvre aussi dans l’écriture. Avouons que ses études littéraires à Hypokhâgne le prédisposent à l’exercice, il n’en est plus à un coup d’essai avec plusieurs livres à son actif. Voici un artiste aux multiples visages qui tient son succès en se faisant remarquer par les rôles qu’il incarne à merveille. De son style très agréable à lire, il se raconte à travers ses racines, ses amours, et dans une autre mesure, donne corps à des personnages fictifs de théâtre.



À la ville…

Je m’intéresse à la carrière cinématographique de Denis depuis ses premiers tournages avec son frère Bruno avec « Versailles Rive-Gauche ». Alors, quand j’ai trouvé sa biographie au hasard des rayons de la librairie, cela m’offrait donc l’occasion de mieux le connaître. Il déroule ses souvenirs de manière chronologique. Ses tragédies et anecdotes privées (ne manquez pas ses trois jours à l’armée !), familiales et professionnelles sont passées au crible, sans oublier sa relation privilégiée avec Bruno. En abordant avec sa pudeur habituelle ses réflexions sur divers thèmes, l’auteur confie tout un pan de sa vie intime et personnelle. Fidèle à son image sur les écrans, il livre sa vérité sans panache et avec recul.



… à la scène

Mais côté théâtre, D. Podalydès se remémore avec modestie ses déconvenues, à commencer par ses premiers engagements. Ainsi, avec ses déboires détaillés sur son principal rôle de la pièce d’Hernani, on relit par la même occasion la tragédie de Racine. Puis arrivent des satisfactions, le fruit de beaucoup de travail. Elles se révéleront d’ailleurs avec Celidan (un personnage de Corneille pour ceux qui l’ignorent).



Il décline aussi son cheminement professionnel, notamment jusqu’à la Comédie-Française. Ce que j’apprécie chez lui, c’est son apparence de anti-héros dans les comédies. Avec son incertitude naturelle, son allure préoccupée et son apparence sérieuse finalement, il fait sourire ou rire malgré lui. Ou du moins, c’est ce que son jeu laisse penser au spectateur. La feinte du comédien : avoir l’air de ne rien faire.



Si l’acteur vous plait, je vous recommande la plume fluide et érudite de l’écrivain. Son écriture aisée à rendre vivants les personnages suscitera l’envie de relire les pièces classiques. Mon seul regret est que ses prestations ne s’adressent qu’à une certaine classe intellectuelle… qui se limite à un parisianisme parisien.
Lien : https://lesparolesenvolent.c..
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Fuir Pénélope

Un jeune homme timide et amoureux en pleine rupture se voit proposer le premier rôle dans le premier film de l'assistant du grand Théo Angelopoulos. Denis Podalydès raconte ses premiers émois au cinéma, dans un univers littéraire, artistique et extrêmement touchant, où les travellings sont audacieux, les actrices des vraies stars, l'équipée du tournage vraiment aventureuse. Une belle romance, un beau roman où la sensibilité de l'acteur nous donne des frissons. A lire!
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Les nuits d'amour sont transparentes - Pend..

Je ne suis pas experte en théâtre, pas très fan non plus.

Je n'y suis allée que quelquefois, pas toujours concluantes.

Mais après avoir lu ce livre, je regrette de ne pas avoir vu La nuit des rois, pièce de Shakespeare mise en scène par Thomas Ostermeier et jouée entre autres par Denis Podalydès.

D'une plume claire et précise, il nous fait entrer dans les coulisses, des premières répétitions à la première représentation.

Les détails pullulent, tant matériels qu'humains.

Peur-être un peu trop pour moi, mais les amateurs de théâtre doivent se régaler à la lecture de ce livre.

C'est vraiment d'une grande richesse.

Du coup je me rends compte de la complexité d'une mise en scène et du jeu des acteurs.

Quel travail en amont avant que ne soit présenté au spectateur une œuvre quelle qu'elle soit..

On voit l'investissement, le bonheur, la fierté que cette pièce a représenté pour l'auteur.

On voit aussi tout l'admiration qu'il porte à Thomas Ostermeier.
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Les nuits d'amour sont transparentes - Pend..

Cette immersion dans la genèse de la création théâtrale m'a emballé alors que les planches m'indiffèrent en général. Je n'aurais jamais imaginé quelle somme de travail, d'engagement, de risque, représente un rôle au théâtre. Denis Podalydès nous raconte cela avec légèreté, enthousiasme et érudition (cfr les notes explicatives sur le jargon de la scène). Il mêle journal de répétition et carnet intime, les thèmes de la pièce résonant avec les souvenirs d'une existence bien remplie, à la ville, côté cour et jardin et au cinéma.

Si l'exégèse de chaque réplique lors de la lecture préalable du texte noie un peu le lecteur, celui-ci apprend énormément sur les exigences du metteur en scène, d'ailleurs secondé par un conseiller littéraire. Les demandes dépassent la technique, invitant l'acteur donner une livre de chair, c'est-à-dire, à puiser dans la part sombre de son être pour donner corps au personnage attribué. L'acteur doit également porter la dominante du personnage, à savoir son secret, une chose qu'il devra protéger, garder pour soi.

C'est passionnant, décrit avec élégance et précision, jusque dans les ressentis éprouvés par l'auteur au contact du texte et de ses partenaires. Au fil des jours, apparaît une communauté d'esprit, la conscience d'un travail collectif, levain de ce que sera la représentation.

J'ai rarement lu un témoignage aussi prenant et vibrant pendant cette que Nuit des rois dont j'ignorais la trame et les enjeux.








Lien : https://cinemoitheque.eklabl..
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Les nuits d'amour sont transparentes - Pend..



Non content d'être l'un des plus grands acteurs de théâtre et de cinéma du moment, Denis Podalydès est également l'un des rares comédiens qui sait relater avec grâce et style les affres et les coulisses de son métier de comédien.



Quelques années après un excellent livre Voix off il nous le prouve à nouveau en cet automne 2021 avec « Les nuits d’amour sont transparentes - Pendant “La Nuit des rois” », un livre qui tient autant du récit de voyage que d'un carnet de bord sur la préparation d'une pièce.



Denis Podalydès raconte ainsi la folle aventure de la créatiion en 2018 du spectacle La Nuit des rois ou Tout ce que vous voulez, de Shakespeare (1602), par le grand metteur en scène allemand Thomas Ostermeier. Réputé pour ses mises en scène alliant fidélité à la situation dramatique et liberté d’interprétation, le directeur de la Schaubühne de Berlin montait alors en scène une omédie excentrée, toute en abîmes, blagues et jeux perpétuels, avec un Denis Podalydès qui tenait le rôle du duc Orsino.



Le lecteur, captivé, assiste ainsi à toutes les étapes, au jour le jour, de la naissance de ce spectacle pas comme les autres.



"Poda" y mêle avec gourmandise et la passion qui le caractérise, ses impressions de répétitions de la pièce de Shakespeare qu'il mêle avec un brio certain à des réflexions sur son métier, ses admirations à des souvenirs plus personnels sur son frère suicidé ou sa mère qui vieillit à petits feux.



Un récit aussi passionnant qu émouvant et superbement écrit !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Voix Off

Ce sont par leur voix que Denis Podalydès nous présente ceux qui ont compté : sa famille, des amis, les comédiens avec qui il a travaillé, les rencontres professionnelles ou amoureuses.

Il a toujours été sensible aux intonations qui, selon qu’elles sont justes ou non, modifient le sens d’une phrase, lui donnent toute sa profondeur ou bien la rendent ridicule. Il écoutera des enregistrements de textes dès la cassette audio et s’enregistrera comme on écrit son journal intime. Ensuite, il s’essaiera aux enregistrements de livres audio et vivra la terrible déception de découvrir que sa voix qu’il entend quand il parle n’est pas celle que les autres perçoivent.

A l’origine de cette passion, une phrase remarquée par un de ses amis : « Que le jour est lent à mourir par ces soirs démesurés de l’été. » (Albertine disparue, Marcel Proust).

Denis Podalydès a eu une révélation après l’avoir lue à voix haute, l’avoir répétée encore et encore.

Et lorsqu’on l’a vu au théâtre ou au cinéma, qu’on l’a entendu, on connait la perfection de sa diction qui donne une âme aux textes. Eh bien, on comprend dans ce récit, que rien n’est dû au hasard. Un passage est exceptionnel : la répétition de la scène du nez dans Cyrano de Bergerac par Michel Vuillermoz.



J’avoue que j’ai sauté beaucoup de pages. Autant écouter Fabrice Luchini nous expliquer la petite musique des phrases de Céline est un pur régal, autant se faire une idée par l’écrit est laborieux. J’en suis restée à la famille, car l’on sent la tendresse dans la description des voix, et aux acteurs dont je connais bien la voix.

Et j’ai été récompensée d’aller au bout du livre. Il se termine par un court roman appelé Voix de l’empoté. Il y décrit le handicap d’un jeune homme victime de nausées irrépressibles à chaque fois qu’il s’apprête à avoir une relation sexuelle, plus précisément, sa première relation sexuelle. Le contraste entre le sujet et la qualité du style vaut le détour. J’ai beaucoup ri.



Alors si cet essai passe entre vos mains mais que votre intérêt vous semble d’intensité moyenne, je vous encourage néanmoins à le feuilleter et à prendre quelques minutes pour lire ce très court roman qui le termine.

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En jouant, en écrivant. Molière & Cie: Molière & ..



Denis Podalydes m’est toujours apparu comme un acteur rare. Je l’ai découvert au cinéma où il traîne son étrangeté de rôle en rôle avec cette légère inquiétude comique. Rare aussi car si les rôles se proposent à lui au cinéma, c’est au théâtre qu’il a décidé de consacrer sa vie. Par amour. Par sacerdoce. Par respect et engagement pour la comédie française, la maison de Molière dont il détaille dans ce merveilleux livre sa relation.



Denis Podalydes n’est pas un artiste, c’est un très grand artisan.

Un artisan qui remet chaque jour son métier sur l’ouvrage, qui polit le diamant du texte pour le faire briller de toutes les facettes de ce qu’il a à nous révéler de l’humaine nature.

Et l’on découvre tout au long de ces pages magnifiques, la simplicité et la singularité de sa passion sans cesse renouvelée pour le grand auteur qui n’est pas un classique, mais un éternel.

Et on le comprend mieux ce monsieur Poquelin à travers les yeux et le cœur de Monsieur Podalydes qui évite parfaitement l’écueil de se mettre en avant tandis qu’il ne cesse de chercher humblement et sans cesse, sachant pertinemment que face à Molière, il n’y aura jamais de version définitive, peu importe les génies qui se frotteront à lui.



Pages magnifiques également quand il admire les écrits des anciens, Jouvet, Copeau, Vincent et presque encore plus belles quand il parle des actrices et acteurs dont il tombe théâtralement amoureux quand Molière apparaît à travers eux.

Car ce sont eux qui continuent à le faire vivre.



Je n’avais jamais lu de paroles de comédien sur son métier et je dois dire que je suis tombé avec chance sur ce livre qui transpire l’amour et donne envie de retourner au théâtre chercher cette émotion qui n’est disponible nulle part ailleurs.



Molière est toujours nouveau.

Podalydes l’a compris et nous le transmet merveilleusement



«Se confronter aux pièces du passé, c’est un peu se forcer à parler d’autre chose que de soi-même, à l’heure où chacun tend à se refermer sur sa propre biographie.»
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Fuir Pénélope

Très beau titre en forme d’oxymore pour ce premier roman de Denis Podalydès, acteur de théâtre et de cinéma, dans lequel il raconte, de manière à peine déguisée et sur le mode de l’autodérision, son premier tournage en 1989 sous la direction d’un assistant de Theo Angelopoulos.



Le film s’appelait « Xenia ». Il devient « L’étrangère » dans le roman. Une simple traduction, donc…



C’est cette distance à la fois temporelle et ironique qui permet à cette autobiographie de s’intituler « roman ». Le passé est réinventé, à défaut d’être réenchanté, comme on le verra.



Denis Podalydès avait eu l’idée d’un autre titre : « Petit roman comique » en hommage à Scarron. « Fuir Pénélope » suggère mieux une des failles de l’acteur : ne pas s’attacher, devenir autre sans cesse.



Dans le roman, Gabriel (qui est le deuxième prénom de Denis), chagriné par une rupture amoureuse, est embarqué dans un roadmovie qui le mène en Grèce, en Espagne et en Italie sous l’égide d’une équipe de cinéma inexpérimentée. Les chambres d’hôtel deviennent de plus en plus minables à mesure que le tournage avance. Gabriel est même oublié à Fiesole. Le matériel est volé. L’actrice principale ne sait pas son texte et l’ânonne phonétiquement, ce qui donne lieu à des scènes très drôles.



Il y a de l’épopée homérique dans ce roman et de la truculence rabelaisienne.

Les personnages sont désignés par des épithètes, comme chez Homère (Ulysse aux mille ruses), mais les qualificatifs évoluent avec les variations d’humeur des protagonistes. Il y a Reina la Souriante, Vassilis le Vieux, le Résigné, Yórgos le Courroucé, Themis l’Indifférente, Milena l’Âcre animal.



Gabriel nourrit son goût des mots en lisant Rabelais qui est abondamment cité (parfois trop). Il se retrouve dans le personnage de Panurge, perdu et dépassé.



Denis Podalydès a beaucoup de talent. Il manie l’autodérision à perfection, mais ne craint pas de s’aventurer sur le terrain du chagrin, lorsqu’il évoque la rupture de Gabriel avec Marianne et les lettres qu’il lui écrit.



Ce livre est un bonheur d’écriture. Il est intelligent, gourmand. Le lecteur savoure les mots, comme Gabriel s’extasie en découvrant des mots grecs comme kourasménos (fatigué). Beaucoup de révélations aussi sur le métier d’acteur. Une vraie réussite.



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Fuir Pénélope

J'adore l'acteur alors j'ai craqué mais n'ai pas été longtemps séduit et je n'ai pu finir ce livre, malgré tous mes efforts. Un ensemble de souvenirs entièrement écrit au présent. Les premières pages sont un peu amusantes mais très vite, on plie sous l'effet d'accumulation. Les anecdotes se suivent sans autre lien que la chronologie.
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Célidan disparu

Denis Podalydès dévoile en cinq parties des souvenirs de sa vie. Écrit de ci de là, à la lumière d'un évènement, il se rappelle des choses qui ont marquées finalement son caractère.

À la fois angoissé et peu sur de lui , aujourd'hui il accepte mieux qui il est devenu.

Parfois très cocasse, ce texte nous livre un personnage fragile, attachant et sincère.
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Fuir Pénélope

Entre le titre et l’auteur, je ne pouvais faire l’impasse plus longtemps sur ce livre !



C’est évidemment un plaisir de passer un moment auprès de ce cher Denis Podalydès et le lire est donc un plaisir qui ne se refuse pas.

Mais , je le préfère quand même dans son costume d’acteur. Si je n’avais pas imaginé tout le long de ma lecture sa voix et lui même dans le personnage principal, j’aurais rapidement fermé le livre.

L’histoire et donc celle d’un jeune acteur qui fait son premier tournage , une sorte de road movie qui démarre en Grèce. Tandis qu’il découvre son métier , il fait aussi l’apprentissage de la rupture amoureuse . Beaucoup d’émotions pour la même personne , n’est ce pas !

Il a les traits que l’on peut imaginer de son auteur et c’est ce qui rend la lecture plaisante. Je ne sais pas ce qui est réellement arrivé à Denis Podalydès et ce qu’il a inventé, mais la cocasserie est au rendez-vous.



On passe un bon moment.

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Fuir Pénélope

           En exergue :

Et moi qui vous parle, peut-être plus sot que les autres, quoique j'aie plus de franchise à l'avouer et que mon livre n'étant qu'un ramas de sottise, j'espère que chaque sot y trouvera un petit caractère de ce qu'il est, s'il n'est pas trop aveuglé de son amour-propre.

Scarron, Le roman comique





Gabriel est un jeune acteur sans expérience, touchant et maladroit, qui vient de se faire éconduire par Marion. Il est engagé par Juan Karlowitz, un metteur en scène grec inconnu qui fut l'assistant d'Angelopoulos sur Le voyage des comédiens. Il part tourner ce road-movie, comme une Odyssée personnelle, dans l'espoir de mettre le pied dans une vie professionnelle prometteuse, avec dans la tête l'obsession de Marion et dans  la main les œuvres complètes de Rabelais en Pléiade.



« Il a suffi de retenir mon souffle, ne pas trop m’en  vouloir d'être timide, incertain, et puis, donnant un coup de main, pour porter une valise, une caisse, je suis remercié d’un sourire ; cela confirme ma place, utile, bénéfique, indispensable ; je m’enhardis, j'agis, je crée, j'accomplis une oeuvre ; un jour, n'est-ce pas moi qui serai le maître ? »



Si vous avez aimé La nuit américaine de François Truffaut vous adorerez ce livre (qui lui adresse un aimable clin d’œil),  description pleine de  tendresse et d’humour du tournage d'un film, les problèmes techniques insolubles, les aléas, les égos d’artistes, les liens qui se tissent, le trac et l'évidence.



Mais c'est  plus encore l'autoportrait de Denis Podalydès en jeune homme simple, d’une humilité ordinaire et touchante, subtil dans son approche de l'autre, 



« Tout le monde sourit mais c’est de tendresse, tous l’aiment, et lui ne voit pas ce regard sur lui gentiment ironique, affectueux. Ou plutôt si, bien sûr, il s’en rend très bien compte, mais il est d’une pudeur si sèche qu’il ne voudrait pour rien au monde s'en apercevoir ouvertement, sourire à son tour et partager ce moment d'amitié »



amoureux éconduit dévasté, 



« Il est beau de se sentir amoureux envers et contre toute logique, d'éprouver cette force unique de l'amour, de ne pas s'expliquer, de ce foutre de tout le monde, des conseils des autres et de leur regard. »



frère inconditionnel, 



« J'imagine mon frère aîné à ma place, et une grande partie de mon plaisir, de ma quiétude, tient à ce que je  formule le récit que je pourrais lui faire, avide du plaisir qu'il y prendrait peut-être, et comme nous vérifierions une fois de plus tout ce qui nous rapproche, nous incline à faire œuvre commune »



amoureux des mots et de la langue, un jeune homme bien élevé traversé par des désirs fous, un homme à la fois timide et décidé, qui, quoique ambitieux, attend de la vie un bonheur simple.



« Yorgos en Espagne dit une fois : je veux rentrer chez moi me retrouver avec ma femme et mes enfants. Cette phrase ne souffrait ni enjolivure ni réplique. Je rêve de dire un jour pareils mots, et qu’ils disent ce qu'ils signifient, ni plus ni moins que tout le bonheur possible en ce monde. »



C'est un livre très chaleureux en ce sens qu’on s’y  sent en empathie complète avec cette histoire simple et cet homme pudique et sincère, sage et fou à la fois. Un livre plein de douceur et d ‘un humour discret, attentif aux hommes, leurs peines et leurs petits bonheurs.
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Voix Off

En effet, l'autoportrait auquel se livre Denis Podalydès est pris sous un angle bien original, celui de la voix, la sienne et celle des autres, en général, les comédiens qu'il a croisés au cours de sa carrière, et notamment à la comédie fraçaise ( Michel Bouquet, Eric Elsomino...) pù Podalydès suit une carrière absolument incroyable



Ce portrait vif et grave, ressemble bien à l'image que l'on se fait de Podalydès, d'après les différents rôles qu'il a pu jouer, au théâtre et au cinéma.



En effet, Denis Podalydès est aujourd'hui l'un des plus grands acteurs de théâtre mais il est aussi présent au cinéma et notamment dans les films de son frère Bruno Podalydès avec qui il a noué depuis l'enfance une relation privilégiée, et notamment le récent Adieu Berthe dont je vous ai il y a peu parlé sur ce blog.



Mais Podalydès est également un illustre metteur en scène de théâtre ( il a notamment mis en scène le Bourgeois Gentilhomme, qui a fait l'ouverture des Nuits de Fourvière cet été) et s'essaye avec grand succès à toutes les formes de création. Bref, un artiste accompli, qui , personnellement m'épate énormement.



Ce livre est aussi l'occasion pour lui, qui est un si grand imitateur de voix, de revenir sur celles qui ont marqué son enfance, comme celle la voix de Pierre Mendès-France, de présentateurs de la radio ou même celle de spodaa mère.



Pour ma part, si j'ai apprécié le point de vue et l'audace de l'entreprise, je suis resté un peu sur ma faim.



En effet, le procédé est trop déroutant : j'aurais ainsi aimé une narration plus classique qui aurait permis une meilleure empathie et une meilleure compréhension de l'homme et de l'artiste .



Dans Voix off, au bout de 50 pages, le concept vire un peu trop à l'exercice de style qui finit par lasser et qui nous empeche un peu de saisir le fond du discours.



Dommage que l'ensemble reste trop à la surface des choses,car j'aurais aimé tellement mieux appréhender le personnage Podalydès!!!




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Voix Off

Denis Podalydès acteur de théâtre et de cinéma décrit les voix qui l'ont guidé dans sa vie. Les voix de ses parents, les voix de ses frères (très présentes), les voix d'autres acteurs (Jacques Weber, Charles Denner, Michel Bouquet, André Dussolier, et d'autres peut-être moins connus pour certains). Cette description est le fil rouge du livre dans lequel au son des voix -la description est telle, qu'on les entend presque- , nous découvrons une part de l'enfance, de l'adolescence timide et torturée de Denis Podalydès. C'est toujours pudique et profond. Très bien écrit, phrases alternées longues, avec l'usage immodéré du tiret -j'aime beaucoup ce signe ; mieux qu'une parenthèse-, phrases courtes, voire très courtes : un seul mot. Beaucoup de citations de "grands textes" qu'il a lui-même dits -ou qu'il a appris- que l'on connait plus ou moins -bon d'accord, j'avoue, plutôt moins que plus. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte autobiographique, et puis cette idée d'aborder un tel récit en partant des voix est une idée excellente, originale, et pour le coup vraiment bien traitée !
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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