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Critiques de Denis Rigal (6)
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Un chien vivant

Je remercie les éditions "Apogée" de Rennes de m'avoir offert le plaisir de découvrir ce petit (une centaine de pages) récit autobiographique reçu à l'occasion d'une récente opération Masse Critique de Babelio.

Contrairement à ce que la quatrième de couverture pouvait éventuellement supposer, le narrateur ne nous convie pas à une immersion dans le chaudron de la guerre d'Algérie (les "événements" disaient certains) qui marqua douloureusement et durablement les français qui eurent 20 ans entre 1954 et 1962.

Avec beaucoup de sensibilité, de simplicité, l'auteur nous familiarise avec le jeune adolescent qu'il était à l'époque le faisant évoluer dans son environnement coutumier en khâgne au lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, en fac de langues par la suite.

Nous sommes au milieu des années cinquante, mai 68 est encore loin et le système éducatif n'ayant pas encore pris conscience (n'en est-il pas toujours un peu de même aujourd'hui ?) que la société évoluait en dehors de ses murs vénérables, poursuit sans faillir ce qu'il est convaincu être sa mission première, à savoir formater les jeunes esprits, rebelles en particulier.

Rares à l'époque étaient les enseignants qui osaient déroger à la scrupuleuse observance d'une stricte neutralité et cachaient donc leurs opinions au point de sembler ne pas en avoir du tout.

Déconcertante de prime abord cette subtile entrée en matière s'avère, au fil des pages, indispensable à la compréhension de l'évolution psychologique, idéologique et politique du personnage central confronté progressivement à la dure réalité du temps à commencer par sa préparation militaire.

Poursuivant son parcours mémoriel, Denis Rigal aborde tour à tour et chronologiquement les reniements d'une gauche réformiste renonçant à ses principes aussitôt portée au pouvoir (Guy Mollet), les années de désarroi où aucune perspective claire n'apparaissait, les silences de Camus impuissant à concrétiser le rêve d'une communauté culturelle méditerranéenne qu'il nourrissait depuis vingt ans, le traumatisme consécutif à l'intervention des troupes soviétiques en Hongrie, les doutes, les interrogations, l'angoisse face aux choix personnels à assumer quand ses convictions anticolonialistes diffuses au départ s'affirment de jour en jour même si, sursis universitaire aidant, l'intéressé sera in fine sauvé par le gong (accords d'Evian).

L e propos s'articule en chapitres courts (généralement deux, trois pages), d'une écriture alerte, serrée allant le plus souvent à l'essentiel, s'autorisant par ailleurs de belles échappées plus intimes, non dénuées d'humour, apparemment anecdotiques mais judicieusement évocatrices quant à l'esprit de ce milieu de XXème siècle où beaucoup étaient non seulement incapables de concevoir un avenir mais même de savoir ce qu'ils désiraient dans l'immédiat.





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La Joie peut-être

Je viens de découvrir la plume d Denis Rigal. Elle me bouleverse. Elle dit l'être au monde, la vie, la mort, le monde dans une langue si bellement juste que je pourrais m'y plonger des heures durant.
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Un chien vivant

Denis Rigal se considère comme un chien vivant et nous livre dans cet essai biographique ses réflexions sur l'engagement, la jeunesse, le colonialisme, la guerre, mais aussi les souvenirs d'un jeune homme interne dans un lycée de Clermont Ferrand.



Denis Rigal est étudiant dans le centre de la France alors que la guerre sévit en Algérie. Au sein du lycée, la politique est peu évoquée. L'Algérie, de l'autre côté de la Méditerranée, est lointaine bien qu'omniprésente.

Il nous décrit les lieux et les personnages de sa jeunesse ; les soirées au bistrot avec les amis, les dimanches d'ennui les potes et les filles.



Mais surtout, son engagement anticolonialisme :



"ceux qui disent qu'on ne devrait pas donner la liberté aux peuples avant qu'ils aient appris à s'en servir me font penser à l'idiot de la fable qui jurait qu'il ne rentrerait pas dans l'eau avant de savoir nager".



Sa méfiance vis-à-vis du PCF et du pouvoir en place nommé "la voie élyséenne" un pouvoir à l'aise avec l'armée.



" la droite la plus bête du monde et la gauche la plus lâche"



Sa vision négative des Hommes dès qu'ils deviennent "foule".



Dans le combat contre la guerre, les périodes d'enthousiasme et de découragement se succèdent. Il s'engage au sein de l'AGEC où il contribue à la création d'un "cercle international".



Et la "Question" : quelle décision prendre en cas d'appel sous les drapeaux ? Déserter ?



Denis Rigal, issu d'un milieu anarco-syndicaliste assume son antigaullisme et son rejet de cette guerre qui parait vaine, inutile, injuste.



Un récit qui pousse à la réflexion. L'écriture est simple, fluide. Denis Rigal ne donne pas de leçon, ne s'érige pas en héros, il s'interroge et nous interroge.



Lecture que je vous conseille.

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Un chien vivant

Tout d'abord, je remercie La Maison d'Edition Apogée, l'auteur Denis Rigal ainsi que Bablio de m'avoir envoyé ce bouquin via Masse Critique.



Ce livre est un livre comme je n'ai pas l'habitude d'en lire, et c'est la force de ce type d'opérations, nous faire connaitre de nouveaux genres, milieux, et auteurs.



Sur fond de guerre d'Algérie, nous allons suivre Denis Rigal, qui se considère comme un "chien vivant". Nous allons suivre les moments durs de la guerre, le milieu de l'extrême droite, les rêves, illusions et désillusions de certains, mais sans jamais sombrer dans la caricature ou l'excès. La plume est toujours factuelles, descriptive, sans excès.

Nous suivons le quotidien également des ouvriers, des hommes et femmes qui continuent de vivre, face à une montée du racisme mais aussi de la révolte.



Encore une fois, un livre à mettre entre toutes les mains, pour faire ouvrir les yeux mais aussi voir des faces peut-être cachées que nous n'avons pas l'habitude de lire.



Merci encore!
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Un chien vivant

Denis RIGAL se considère comme un chien vivant. Étudiant en France en pleine guerre d'Algérie, il va de fait se trouver sursitaire pour son incorporation à l'armée (donc en Algérie) jusqu'aux accords d'Évian de 1962. Mais rembobinons le film : RIGAL est un fils d'anarchiste, lui-même plutôt orienté vers l'anarcho-syndicalisme et les idéaux libertaires. Natif de Brioude, Haute-Loire, il « monte » à Clermont-Ferrand, préfecture du Puy de Dôme, dans les années 50 pour ses études. Là, en plus de la grande ville, il découvre d'un côté la passion de la littérature, de l'autre le militantisme dit de gauche, celui qui s’oppose à la guerre.



Clermont-Ferrand possède un évident ancrage contestataire, syndicaliste, militant. Pour RIGAL c'est le lieu rêvé. De manifs en meetings, il va peaufiner ses convictions, se frotter à l'extrême droite, s'asseoir sur certaines illusions ou utopies politiques. Dans ce petit bouquin il raconte la vie dans une ville moyenne de province alors que l'on est étudiant, militant, et que la guerre se déroule, loin, de l'autre côté de la Méditerranée.



Plus prosaïquement il rappelle la vie locale, purement auvergnate, purement clermontoise : les ouvriers de Michelin, les rues de Clermont, les petits bistrots, les rapports tendus entre français et immigrés, le racisme ambiant. Mais la révolte, mais l'engagement politique, syndical, et puis les « traditions » sociales locales. Pour embaucher chez Michelin par exemple : « Avant d'embaucher un jeune rural, on se renseignait auprès des notables du village : le maire, pourvu qu'il soit de droite, et le curé ; jamais l'instituteur ; je suppose que les choses ont changé : il n'y a plus beaucoup de prêtres, on ne peut même plus être certains qu'ils votent à droite et un bon nombre d'entre eux ne considèrent pas que le service de dieu doivent inclure la délation ».



Mais attention, ce n’est pas du tout un récit nombriliste puisque l’auteur va brièvement rappeler les évènements de Budapest en 1956 ainsi que la « disparition » de Maurice AUDIN en 1957, des petites touches très politiques qui viennent des tripes et, tout en restant objectif, il dénonce et prend position : « Mais il faut d’abord, dit la sagesse populaire, balayer devant sa porte : notre conscience avait à s’occuper des crimes de l’Armée française, qui se commettaient en notre nom, et qu’on nous demandait d’approuver ; pour les torts du FLN, c’était à ses militants de s’en soucier (ce que très peu faisaient). La question obsédante était la même pour tous les jeunes français : comment éviter de faire cette guerre ou, pour ceux qui y étaient, en revenir vite et vivants ».



RIGAL est ce vieux bonhomme toujours lucide qui se souvient. Il avait pensé à la désertion. La fin de la guerre sans nom tranchera pour lui. Ce qu'il est devenu, il ne le dit pas. Pour lui l'essentiel est de déterrer les souvenirs d'une période précise, celle de la guerre d'Algérie, en un lieu très précis, celui de l'Auvergne, et faire revivre toutes ces organisations politiques et syndicales qui se déchirent à l'époque sur la situation outre-mer. La parution de ce petit bouquin est l’œuvre des Éditions L'Apogée en 2018, un témoignage vif et sans nostalgie, livré comme un bouquet de fleurs épineuses.

https://deslivresrances.blogspot.fr/
Lien : https://deslivresrances.blog..
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Éloge de la truite

Denis Rigal, succède aujourd'hui [à Jean Rodier] dans le panégyrique de la truite, l'art de la débusquer et celui de la célébrer, ajoutés à l'apologie des lieux de haute solitude. Ce beau prétexte, a inspiré aux deux écrivains des pages magnifiques sur la féminité des rivières, le jaillissement de la vie, l'apprentissage de la mort ou la littérature de l'eau.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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