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Critiques de Deon Meyer (895)
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La Proie

Ce polar double canon tisse brillamment deux histoires apparemment très indépendantes : au Cap en Afrique du Sud, une enquête menée par la brigade des Hawks ( département de police criminelle sud-africain ) autour de la mort mystérieuse d'un ancien flic devenu garde du corps ( accident, suicide, assassinat ? ) avec une hiérarchie qui fait tout pour enterrer l'affaire ; en France, sur les traces d'un ex-combattant de la branche militaire de l'ANC qui se voit confier une dernière mission.



Deon Meyer prend le temps de poser ses deux arcs narratifs en blocs autonomes proposés à tour de rôle. Puis, à mesure que le récit avance, l'alternance s'accélère en chapitres de plus en plus courts, presque saccadée. La précision millimétrée de la construction est admirable, riche en rebondissements et révélations qui relancent l'action de façon très pertinente. L'auteur parvient à maintenir la tension dans les deux intrigues et à les amener à un paroxysme simultané jusqu'à une connexion inattendu et pleinement réussie.



C'est brillant de maîtrise. Mais ce qui m'a frappé dans ce roman, c'est à quel point l'auteur fait entendre sa voix, celle d'un homme en colère contre les dérives politiques que connait son pays. Deon Meyer se fait presque historien du contemporain en s'emparant de la période 2009-2018 de la présidence de Jacob Zuma. Jamais nommé mais il ne parle que de lui , comment cette figure de la lutte anti-Apartheid a trahi ses idéaux et bafoué l'héritage de Nelson Mandela pour faire sombrer l'Afrique du Sud dans la corruption la plus crasse.



Toute ressemblance avec la réalité est tout à fait volontaire. Avec un oeil à l'acuité aguisée et sans concession, La Proie met à nu la kleptocratie du système mafieux du State Capture qui a mis à genoux l'économie du pays et fragilisé la jeune démocratie sud-africaine : pots-de-vin, blanchiment d'argent, racket, Russie de Poutine à l'affut, infiltration de tous les rouages publics par la famille Gupta qui détournent des fonds à son profit, tout cela avec la complicité de Jacob Zuma et de ses sbires.



Cet arrière-plan politique omniprésent donne beaucoup d'épaisseur à l'intrigue. J'ai cependant regretté le duo d'enquêteurs très lisse et au final pas très intéressant ( déjà vu, déjà lu ). En fait, le personnage passionnant, c'est Daniel Barret qui leur vole la vedette. C'est par lui qu'arrive la complexité psychologique, lui, le soldat de l'ANC qui a raccroché après la victoire de Mandela et qui se voit contraint par les circonstances à reprendre du service dans une tentative quasi désespérée de sauver son pays.
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L'année du lion

Ouh la men-teu-se !

Je parle de l'effroyable quatrième de couv' qui, non seulement, spoile d'une force peu commune mais en plus débite d'énormes conneries par paquets de un. C'était un gros paquet...

Bref, n'était un gros panard de lecture malgré tout, je crois que j'aurais eu les nerfs. Faut pas, c'est pas bon pour mon coeur.



Si vous adorez les récits post-apo mais que les zombies commencent à vous courir sur le haricot alors l'année du Lion se pose là comme alternative flamboyante!



La terre est décimée par un méchant virus. Si, lorsque l'on éradique près de 90 % de la population, on peut taxer l'auteur de cette hécatombe de méchant. Vilain eût été excessif, je vous l'accorde.

Le reliquat survit, s'adapte, fuyant les hordes de chiens sauvages et ses semblables non moins violents.

Parmi eux, un père et son fils.

Willem et Nico Storm.

En homme érudit foncièrement optimiste quant à la nature humaine, tendre naïveté va, Willem n'aura dès lors qu'une obsession, créer un monde à son image. Amanzi était né. Et son contingent d'emmerdes y afférant itou.



Le bouquin n'est pas un adepte de Comme j'aime et c'est tant mieux !

Aussi costaud que son récit, L'année du Lion prend le temps de développer et ses personnages et ce monde de cauchemar se parant progressivement, toutefois, d'une jolie teinte d'optimisme.



L'interaction antagoniste entre les diverses forces en présence y est parfaitement dépeinte tout comme les relations conflictuelles entre un père et son jeune fils regrettant que son paternel ne lui prodigue autant d'attention qu'il ne le devrait, bien trop accaparé, à ses yeux d'ado exclusif, par le bon fonctionnement de ce nouvel univers.



Sans réel temps mort, le récit déroule son contingent de tribulations tout en suscitant une certaine réflexion sur l'humain, sa capacité à s'adapter lorsqu'il n'est pas obnubilé par entuber son prochain.

Il démontre également qu'à partir d'une page blanche, l'homme ne reculera devant rien pour répéter les mêmes erreurs, celles-là mêmes qui le conduisirent à sa perte il y a peu.

De là à penser que l'hominidé possède une propension à l'autodestruction, il n'y a qu'un pas habilement franchi par Meyer qui en fera la démonstration éclatante en un peu plus de 700 feuillets expertement torchés.



Non exempte d'amour savamment distillé, cette année du Lion se veut tristement lucide quant à la fin inéluctable d'un monde où surconsommation et égoïsme forcené n'apportent d'autre alternative que la disparition pure et simple de ce mode de vie à plus ou moins brève échéance.

Manque de bol, ce monde, c'est le nôtre...
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Cupidité

Toujours un plaisir de retrouver l’emblématique binôme Benny Griesel – Vaughn Cupido, inspecteurs des Hawks, brigade criminelle d’élite de la police sud-africaine. On les retrouve en mauvaise posture, sanctionné pour insubordination lors d’une précédente enquête, rétrogradé et affecté à Stellenbosch, à 50 kilomètres du Cap.



Après un démarrage spectaculaire en courses-poursuite à la Heat de Michael Mann, Deon Meyer construit un remarquable scénario tressant trois arcs narratifs menés de front : la disparition inquiétante d’un étudiant issu de milieu populaire, crack en informatique ; le meurtre d’un policier ; l’histoire d’une agente immobilière, mère de famille étranglée par les dettes, aux prises avec un richissime homme d’affaires haï de tous à cause car escroc notoire qui passe entre les gouttes grâce à des montages financiers douteux.



Deon Meyer maitrise totalement le genre polar, multipliant les rebondissements sans que le lecteur ne s’y perde, jouant avec un suspense qui va crescendo au fil de la lecture, et sachant ralentir au moment juste avant de repartir pied au plancher. Mais son Cupidité ne se résume pas à un polar qui joue des muscles grâce à une attention extrême apporté aux personnages, principaux ou secondaires.



Le tandem de flic Griesel / Cupido est plus attachant que jamais, en proie à des doutes qui enrichissent leur personnalité ( questionnements sur leur vie de couple, convalescence post-alcoolisme, poids à perdre ), sans que cela alourdisse la trame polar. Leur dialogue, toujours aussi vifs et « vrais » apportent une touche d’humour vraiment appréciable. Et puis il y Sandra, l’agence immobilière, excellent personnage submergé par de vieilles rancœurs, liées à un passé familial douloureux, qui se transforment en colère qu’elle peine à dominer.



Colère également de l’auteur. On la sent poindre en filigrane – mais de façon très lisible - en parallèle du portrait sans concession de l’Afrique du Sud qui se dessine en arrière-plan, avec sa corruption systémique à tous les étages sous la présidence Zulma dont la captation de l’Etat a mis à genoux l’économie nationale, sapé les fondements d’une société déjà très inégalitaire et fragilisé la démocratie post-apartheid. Le flux de dégueulasseries, en phase avec le scénario policier, achève d’indigner le lecteur.



« Il y a tant de choses qui nous divisent dans ce pays. Mais la cupidité nous unit. »

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La femme au manteau bleu

Premier contact pour moi avec un roman de Deon Meyer qui me laisse une impression bien positive. Je vois que plusieurs lecteurs ont considéré ce petit policier inabouti par rapport à d'autres de ses oeuvres ce qui me donne envie de poursuivre avec cet auteur.



C'est vrai que ce livre est vraiment très court et, malgré cette brièveté, l'auteur parvient à glisser des digressions sur les fiançailles de l'un des membres de son duo de flics, ainsi que quelques réflexions sur l'existence qui m'ont plutôt bien accroché.



J'ai aussi sans doute apprécié cette petite histoire pour les références à la peinture de Carel Fabritius dont j'ai eu l'occasion d'admirer le Chardonneret au Mauritshuis de la Haye. Deon Meyer invente donc une oeuvre hypothétique de Fabritius qui donne son titre au livre autour de laquelle se crée une trame policière consécutive à un meurtre.



C'est vrai que l'intrigue se noue et se dénoue en quelques pages, je comprends donc que les amateurs de cet auteur aient pu souhaiter quelque chose de plus consistant.



Pour ma part, j'ai trouvé les dialogues savoureux, les descriptions des paysages et du tableau réussies malgré leur rareté, donc une petite lecture sympathique qui ne s'oublie pas quand on aime le Chardonneret.



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L'année du lion

Voilà environ 18 mois de ça, mon amie Christine (avec qui je partage depuis 47 ans un amour immodéré de la lecture) me recommandait avec ferveur ce roman. Puis, constatant que je n'avais pas encore suivi son conseil, elle est revenue à la charge il y a quelques mois, avec un argument qu'elle savait des plus convaincant " Deon Meyer est un visionnaire, il raconte ce qui nous arrive en ce moment et comment tout ça pourrait se terminer si on ne trouve pas de parade très vite". C'était avant qu'arrivent les premières promesses de vaccin fiable...

Et puis nous nous sommes croisés à la médiathèque Deon et moi, et j'ai craqué, je l'ai emmené à la maison. Je l'ai déposé sur mon étagère avec une quarantaine de ses congénères, lui promettant de revenir vers lui très vite. Les semaines sont passées, des Masses Critiques sont arrivées, des emprunts à rendre rapidement, un changement de poste...il m'attendait, patient, sachant que son heure viendrait.

Et enfin, en ce début du mois de mai j'ai passé outre mes réticences plus ou moins avouées à l'idée de lire un pavé de 630 pages sur une pandémie si semblable à celle qui nous frappe depuis plus d'un an et je me suis jetée à bras-le-corps dans "L'année du lion".

Pardon pour cette longue introduction, mais ce livre m'a tellement soufflée que j'avais besoin de retracer notre histoire commune. Et je suis si contente d'avoir attendu le bon moment pour concrétiser, l'impact n'aurait pas du tout été le même si nous nous étions rencontrés trop tôt !

Je ne mâcherai pas mes mots : un coup de foudre ! une révélation ! Je l'emporte sur mon île déserte dès que j'aurai pu m'en offrir une !

D'ailleurs, si le futur évoqué dans cette dystopie (mais en est-ce encore une ?) devait se produire, l'île déserte pourrait se révéler une bonne option. Ce n'est pas celle qu'ont choisi Willem Storm et son fils, ils ont préféré s'installer à Vanderkloof, bientôt rebaptisée Amanzi ("Eau"), une ville choisie pour sa situation stratégique en Afrique du Sud. L'idée est d'y recréer une civilisation, ou du moins une communauté regroupant des personnes de bonne volonté prêtes à partager leurs compétences et leurs talents pour redémarrer à zéro. Parce j'ai oublié de vous dire, en passant, que l'humanité a été décimée par un coronavirus né dans ce pays, transmis "par hasard" à l'humain par une chauve-souris malade...ça vous évoque quelque chose, peut-être ?

C'est Nico, le fils de Willem, qui nous raconte l'histoire, où interviennent aussi les témoignages des premiers membres de la communauté. On rencontre au gré des pages toute une kyrielle de personnages plus attachants les uns que les autres : Béryl, l'ancienne golfeuse qui a recueilli 16 petits orphelins, Mélinda, retenue prisonnière par deux affreux, Hennie As le pilote sentinelle, Nero Dlamini le psy-dandy, Cairistine Canary (alias Birdie) l'ingénieure grâce à qui la lumière fut, puis arrivera Okkie qui deviendra un petit frère pour Nico, et Lizette Schoenman, le premier amour, suivis de Sofia Bergman...Sans oublier le fascinant Domingo, dont la personnalité charismatique va subjuguer le jeune garçon de 13 ans. D'autres m'ont été moins sympathiques, notamment le pasteur Nkosi qui va rapidement afficher des convictions opposées à celles de Willem, élu Président d'Amanzi. Bref ce microcosme de société va connaître bien des soubresauts, et les travers de l'humanité referont surface assez rapidement. Les "méchants" n'ont pas tous été anéantis par le virus non plus, et chercheront à s'approprier le fruit du travail de la communauté par des attaques violentes. Et la nature aussi veut reprendre ses droits, les animaux domestiques ne le sont pas restés très longtemps.

C'est ce que nous relatent Nico et les autres, par le biais de ce journal de bord. Nico a quarante-sept ans quand il en commence la rédaction. A ce moment-là son père est mort depuis bien longtemps, assassiné (c'est dit dès le prologue), et la quête de ses assassins est l'une des péripéties de l'histoire. Mais ce n'est pas cet aspect-là qui m'a accrochée, il n'a été qu'une anecdote pour moi. Ce qui m'a fascinée c'est cette volonté de reconstruire, cette faculté d'adaptation, les ressources que ces humains presque tous "ordinaires" puisent en eux pour redonner une chance à l'humanité. Et parallèlement, la noirceur que d'autres laissent exploser dès lors qu'il n'y a plus d'autorité ou de lois pour les brider, les bas instincts qui se déchaînent et la violence qui s'exacerbe.

Dans ce roman, il y a le meilleur comme le pire de l'humanité, mais ce n'est pas trop manichéen : chacun a ses zones d'ombre et ses faiblesses parmi les "bons" et certains "méchants" n'étaient pas forcément mauvais au départ.

Comme bien d'autres lecteurs, je n'ai pas trop compris une partie de la fin, du moins je l'aurais aimé différente. Mais l'auteur est maître de son oeuvre, et ce n'est qu'une toute petite réserve eu égard à l'immense plaisir de lecture que ce roman m'a procuré.

Merci Christine, tu m'as prouvé une fois de plus que tu me connais bien !
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L'âme du chasseur

L'attentat du 3 octobre 2019 à la Préfecture de Police révélant l'infiltration islamo terroriste au sein de nos forces de sécurité françaises, m'a donné envie de relire ce roman de Deon Meyer, publié il y a quinze ans, et qui portait un regard prémonitoire sur la pénétration des agents de Daesh au sein de nos services de sécurité.



L'âme du chasseur nous projette dans une course intrigante entre P'tit Mpayipheli, motard et tireur d'élite noir, intuitif, instinctif, tacticien, et Janina Mentz, policière blanche, technocrate, cérébrale, réfléchie, stratège et manipulatrice, dont l'objectif est de retrouver une disquette et ses précieuses informations pour identifier Inkululeko, une taupe de la CIA, censée renseigner les étasuniens sur les guerres de clan au sein des services sud africains.



Mais qui tire réellement les ficelles ?

Ce roman haletant, fort bien documenté sur les subtilités politiques et les magouilles de l'Afrique Australe post apartheid, révélait dès le début de notre siècle que l'islamo terrorisme avançait ses pions et infiltrait nos forces de l'ordre.



Au terme de ce rodéo motocycliste marqué à chaque étape par un cadavre, les seuls à s'en tirer sans une égratignure et à demeurer incognito sont les hommes de Daesh.



Véritable lanceur d'alerte, le romancier en nous montrant cette menace, aurait pu mobiliser l'opinion.



Je n'ai pas l'impression que son cri ait été perçu et ai le sentiment que la « politique de l'autruche » reste le fil directeur de nos politiques.



Une bonne raison de lire et relire ces pages magnifiques, aux cotés de ces héros attachants avec qui nous font découvrir les paysages fascinants de l'Afrique Australe.
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La Proie

Le septième roman de Deon Meyer autour de son inspecteur Benny Griessel est sans doute aussi son plus ambitieux. Le but ultime d'un des protagonistes principaux du récit est l'assassinat du président de la République sud-africaine, dont le nom n'est évidemment jamais mentionné.

Le livre est sorti en Afrique du Sud en 2018, l'année où le président Jacob Zuma, accusé de corruption, fraudes et racket, a dû donner sa démission pour être remplacé par Cyril Ramaphosa, le premier milliardaire noir du pays.



La toute première page de l'ouvrage de 567 pages est située dans la belle ville de Bordeaux où s'est réfugié un Bantou massif (1,90 mètre) de 55 ans sous le nom de Daniel Darret et qui y aide à restaurer paisiblement d'anciens meubles. Avant toutefois, dans son pays d'origine il était connu comme Umzingehie, qui en langue xhosa signifie : le chasseur.



Puis nous passons en Afrique, où à un endroit de la liaison ferroviaire du Cap à Pretoria est découvert le corps terriblement abîmé de Johnson Johnson, 34 ans et surnommé J.J.

Comme J.J. a travaillé pour la police jusqu'à il y a 2 ans, l'enquête est confiée au service du Groupe criminalité violente, sous la direction du colonel Mbali Kalemi, une femme zouloue dont le prénom veut dire "Fleur" et qui est la chef de nos héros, les capitaines Benny Griessel et Vaughn Cupido, que les amateurs de Deon Meyer connaissent bien.



Une enquête qui s'annonce difficile, car en haut lieu on veut conclure à un malencontreux accident et clore l'affaire. C'est le service de la protection des VIPS de la police nationale à Pretoria qui craint que nos chers inspecteurs découvrent parmi ces VIPS, tels les membres du gouvernement, les gouverneurs de province... jusqu'au Premier ministre, certaines magouilles et irrégularités.



Notre bonne équipe de Mbali, Griessel et Cupido n'ont cependant nullement l'intention d'obéir un ordre inadmissible et continuent, non sans difficultés, leurs investigations de l'étrange mort de J.J.

Peu après se greffe une autre enquête intrigante : Le soi-disant suicide de Menzi Dikela, un expert en électronique hautement sophistiquée à la retraite, maquillé avec beaucoup de soins et par des professionnels en suicide. Son unique fille exclut radicalement l'hypothèse du suicide.



Deon Meyer n'oublie pas de nous informer de la vie privée de ses 2 limiers favoris. Vaughn Cupido suit avec grande conviction un sérieux régime alimentaire parce qu'il est éperdument amoureux de Desiree Coetzee.

Et Benny Griessel se creuse la tête pour trouver la bonne formule pour proposer le mariage à Alexa Barnard, propriétaire d'une maison de disques. Les 2 s'aiment aussi follement et ont arrêté leurs excès d'alcool. Ils savent bien sûr qu'à 2 les risques d'une rechute s'accroissent.

Benny, entretemps, n'a plus bu une goutte d'alcool depuis 8 mois.



À Bordeaux, les choses se gâtent pour Daniel Darret avec la visite imprévue de Lonnie May, un ex-avocat blanc et son mentor lors des luttes contre l'apartheid. Au nom d'une association sud-africaine qui agit contre la corruption à grande échelle au sommet du pouvoir politique, il vient demander à Daniel de liquider purement et simplement le président de la République.



Dans un premier temps Daniel, qui s'est battu comme jeune homme pendant des années en Angola, Namibie, Botswana ...., refuse. Il ne veut pas compromettre la paix et stabilité durement acquises et il adore restaurer des meubles anciens.

Un événement ultérieur le fera néanmoins changer d'avis.



J'ai lu la plupart des romans de Deon Meyer et je dois dire qu'avec peut-être "Treize heures", cet ouvrage-ci est celui que je préfère, parce que l'auteur couvre un nombre de sujets très importants, telle la politique interne en Afrique du Sud après Nelson Mandela, les intrigues internationales, entre autres de Poutine qui y veut construire une énorme centrale nucléaire,

les séquelles du colonialisme et de l'apartheid ... sans que le suspense en souffre pour autant. Et cela constitue une qualité réellement rare.



Le style de Deon Meyer est comme toujours précis et agréable avec de temps en temps une pointe d'humour, comme : "Benny, tu as entendu l'histoire du type tout content après son mariage, car il fait l'amour presque tous les soirs ? Presque le lundi soir, presque le mardi, presque le mercredi...."



N'empêche que dans ce roman on sent que Deon Meyer, qui vient de fêter ses 62 ans, semble vraiment déçu par la déplorable politique intérieure de l'ère post-Mandela. À la page 201, il laisse son héros Benny Griessel s'exclamer en proie à une profonde déception : "Nous revoilà au temps de l'apartheid : mensonges et trahisons".

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L'année du lion

Dans ce thriller post-apocalyptique Deon Meyer en conteur redoutable, plus affûté que jamais, nous fait tourner fiévreusement les pages.



Ce roman d'anticipation traite des sujets très actuels, dont le changement climatique, et le côté dystopie devient presque une projection de la réalité de notre monde dans quelques décennies, finalement pas si fantaisiste qu'on pourrait le croire.



Dans un monde devenu hostile la lutte pour la survie de l'espèce est au coeur de l'intrigue.

Disruptif et resserré, ce roman compose un inquiétant tableau d'un monde très proche du notre. A noter les innombrables similitudes avec la série télévisée « The Rain ».



Le récit est sans doute passionnant dans les faits mais certaines longueurs compromettent la fluidité de la lecture.





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En vrille

Le cameraman Craig Bannister voit, en essayant son flambant neuf quadcopter en pleine montagne au nord de la Ville du Cap, tout à coup 2 pieds qui sortent du sable. Ils appartiennent au corps d'un dénommé Ernst Richter, porté disparu depuis 2 semaines.

L'homme est le fondateur du site internet alibi.co.za qui procure des alibis moyennant finance à avant tout des maris volages. Le slogan du site ne nécessite aucune traduction : "All pleasure - No stress".



Un coup de fil et c'est le branle-bas au commissariat, où la chef de la division des crimes graves, la Zouloue Mbali Kaleni charge notre inspecteur bien connu, Bennie Griessel de l'enquête. Cette cinquième mission tombe mal pour notre héros qui n'a plus bu une goutte d'alcool depuis 602 jours, et la tension d'une enquête compliquée pourrait s'avérer fatale.



Et en effet, Bennie sous le choc d'un autre malheur, en est à son 6e double Jack Daniel's, lorsqu'une bagarre a lieu au 2e plus ancien pub du Cap, "The Fireman's Arms" d'où il est transféré tranquillement au poste de police du coin, pour se reposer.



Son coéquipier, l'inspecteur Vaughn Cupido, s'efforce de mettre Bennie de nouveau d'aplomb, car il en a grand besoin pour affronter une affaire qui, à cause de l'activité spéciale de la victime, sera suivie de près par la presse.



Deon Meyer gâte les lectrices et les lecteurs qui aiment le dépaysement car il les amène à un des plus beaux coins d'un pays déjà géographiquement parlant fascinant : la pittoresque route du vin qui va de la ville du Cap à Stellenbosch avec ses vignes, ses manoirs hollandais du XVIIIe siècle et ses flamboyants bleus (jacaranda), sans oublier ses vues panoramiques sensationnelles. J'ai fait cette route d'à peu près 50 kilomètres dans les 2 sens, en 2004, et je vous assure que je n'exagère pas.



Dans cette intrigue policière il est d'ailleurs question des vins bordelais, de Château Lafite Rothschild, de champagne Dom Pérignon, du commerce international des vins français, ainsi que du trafic de fausses appellations.

En plus, un des protagonistes principaux de l'histoire, au beau nom de François du Toit, est un viticulteur sud-africain aux origines huguenots.



Historiquement, l'histoire est située dans l'Afrique du Sud de l'après- apartheid, de l'époque de la discrimination positive en faveur de la population noire, ce qui explique que le chef de notre Bennie est de l'ethnie zouloue. Son charmant prénom Mbali signifie fleur en Français.



Le titre original de l'ouvrage en Afrikaans "Ikarus" se réfère à la mythologie grecque et plus spécifiquement à la chute d'Icare.

À vous de découvrir comment une dose excessive d'ambition peut engendrer la catastrophe selon Deon Meyer dans ce surprenant policier.

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L'année du lion

Un bon thriller post-apocalyptique en Afrique du Sud.



La Fièvre a décimé la population, à peine 5 % ont survécu au virus et parmi eux, plusieurs sont morts dans le chaos qui a suivi. Certains sont morts de faim ou de soif, d’autres se sont suicidés et plusieurs ont été tués par des animaux ou des humains redevenus sauvages.



Un homme et son fils sont parmi les rescapés. Mais Willem Storm ne se contente pas de survivre. Il invite les gens à se joindre à lui pour fonder une nouvelle communauté. Avec le groupe qu’il réunit, il devra faire face à de nombreuses difficultés : famine, conflits entre les personnes, attaques de pillards, etc.



Le narrateur du roman, c’est son fils Nico. Il raconte sa vie d’adolescent qui porte un regard sur son père. Des sentiments en montagnes russes : de la vénération devant cet homme hors du commun à la haine lorsqu’il découvre les faiblesses de cet homme ordinaire.



À travers ce thriller, beaucoup de réflexions intéressantes sur l’écologie et la place de l’homme dans la nature, sur la psychologie post-traumatique et l’apprentissage de la vie, sur la rivalité humaine et la guerre.



Un détail intéressant, l’auteur met sa bibliographie en fin de volume. Je trouve que c’est bien de montrer que l’écriture ce n’est pas juste quelque chose qu’on invente dans sa tête, mais c’est aussi de longues recherches minutieuses.



Bonnes lectures!

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7 jours

C'est long, long, long et, sur plus de 500 pages, l'intrigue policière tient quasiment dans la moitié.



Pourtant, j'ai trouvé assez attachant le personnage du flic héros du roman, Benny, sa vie compliquée, son alcoolisme, ses enfants qu'il ne comprend plus, ses amours contrariées, mais le tout mélangé à l'intrigue, dilué au milieu d'une enquête bien complexe pour un dénouement bien banal.



L'histoire tourne autour du meurtre d'une jolie femme des milieux d'affaires du Cap et d'un sniper qui tire chaque jour sur les policiers tant que le meurtrier de la fille ne sera pas arrêté. Les flics vont de fausse route en fausse route, ce qui allonge encore le roman.



Il faut arriver vers la page 400 pour que les événements s'emballent un peu et qu'enfin le suspense tente de prendre le pas sur toutes les digressions y compris celles de l'enquête.



Pourtant, j'apprécie généralement les digressions, comme par exemple dans les polars irlandais de Ken Bruen, mais il s'agit d'un autre talent que celui de Don Meyer.
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L'année du lion

Amanzi, cela signifie « eau » , en Xhosa, la langue de Nelson Mandela.

C'est le nom de la cité-Etat fondée par Willem Storm et quelques autres, après la Fièvre qui a décimé près de 95 % de l'humanité…



Après avoir fait table rase de façon radicale, voici que Deon Meyer reconstruit en RSA, un nouveau monde, réinvente la politique, l’économie, le commerce, convoque Spinoza, Cicéron, Robespierre, et quelques autres.



« Faire société » ça signifie quoi au juste ? ...pour des humains éparpillés et plus forcément en haut de la chaîne alimentaire ?



Et nous voilà partis avec lui et tous ces personnages, Nico, Sofia, Domingo, Nero, Béryl, Birdie…dans les paysages magnifiques d'Afrique du Sud qu'il connaît comme sa poche avec ce récit post apocalyptique surprenant.



Il imagine une communauté vraiment « Arc en ciel », le rêve de Mandela, dans un endroit plutôt réputé ségrégationniste et construit une utopie, alors que le monde est menaçant. Ses personnages sont attachants, humains, complexes. Certes l'environnement est dangereux. La prééminence des militaires, des armes, les batailles et les questions de stratégie, auxquelles on finit par comprendre quelque chose dominent le récit. Ambiance «  Mad  Max »...Une démocratie qui ne se défend pas, a peu de chances de survivre, quand il ne reste rien des institutions du monde ancien.



Toutefois ce que j'aime chez Deon Meyer, c'est l'auteur de polar. Dans ce roman, on est gâté . Il y a des crimes à élucider, sans l’aide de Griessel...on le sait depuis le début, et il faut attendre 600 pages avec plein de suspects potentiels. Une attente maintenue grâce à la technique de récit. Il entremêle le rapport d'enquête de Nico Storm avec les retranscriptions de témoignages des survivants, dans un récit à plusieurs voix. C'est intéressant cette manière de nous faire patienter, alternant moments d'émotions et actions comme tout bon scénariste, avant le coup de théâtre de la fin.



C’est rythmé, dynamique, transgenre, pas de la grande littérature, mais c’est plaisant et efficace.



Monsieur Meyer, je regrette vraiment de vous avoir fait des infidélités littéraires, avec des polars scandinaves, et de vous avoir planté après « 13h ». Je ne recommencerai pas.

Même lorsque vous explorez d'autres horizons, comme dans ce polar post- apocalyptique, vous êtes toujours cet auteur minutieux qui construit une énigme avec le souci du détail et un contexte bien défini.



Alors, merci pour le voyage dans des paysages sublimes….j'aurais juste souhaité une petite carte pour mieux me repérer.



Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour cette agréable proposition de lecture offerte dans le cadre d'une opération Masse Critique .

C'était haletant comme un bon film d’aventures.

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13 Heures

13 heures est un polar rondement mené. Des personnages plutôt bien campés, à l’image de Benny Griessel, flic brillant, ex alcoolique, qui espère bien retrouver le chemin du cœur de l’être aimé.

Deux enquêtes à résoudre en 13 heures, Benny et ces collègues ont de quoi faire, l’une d’elle consistant à mettre la main sur la jeune Rachel Anderson citoyenne américaine, avant une bande de tueurs sadiques, l’autre de découvrir le meurtrier d’un producteur de musique, dans une Afrique du Sud postapartheid, ou même si la réconciliation est en marche, la route parait encore escarpée.

Déon Meyer réussit un polar musclé, sans temps morts, l’adrénaline coule à flot dans les veines de ces personnages et dans les notre par la même occasion. Difficile de lâcher le bouquin tant le rythme est soutenu et les enquêtes passionnantes. D’une efficacité imparable. Meyer s’affirme comme un auteur incontournable de polar.

Que Meyer et son flic Benny soit bénis.

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La Proie

Don Meyer ne cesse de se réinventer.



Avec La proie, c'est un thriller d'espionnage voguant entre l'Afrique du Sud et la France qui nous est offert. On y retrouve un personnage apparu dans Le pic du diable en 2008 qui a refait sa vie incognito à Bordeaux. Jusqu'au jour où il est retrouvé par un ancien camarade de la lutte anti-apartheid, lui-même traqué par des Russes particulièrement antipathiques.



Pendant ce temps, en Afrique du Sud, entre assassinats complexes et kleptocratie plongeant la police aussi au cœur de la corruption, c'est une dimension très politique que l'auteur donne à son dernier livre.



Comme tout bon roman-policier d’espionnage, il est impossible de lâcher cette histoire. Un vrai page turner dans lequel on suit les trois personnages principaux dans leurs quêtes comme dans leurs tâches, leurs pensées. C'est ce qui rend ce genre totalement addictif.



Après renseignement pris, certains événements évoqués (et majeurs pour le récit) ont bien eu lieu en Afrique du Sud dans les années qui ont suivi la fin de l’apartheid. Pour que le mal triomphe, il suffit que les hommes de bonne volonté ne fassent rien contre la corruption. Le problème se nomme " la captation de l'État ", expression désignant la corruption des gouvernants qui manipulent l'élaboration des choix économiques et modèlent la loi à leur avantage.



Deux fils narratifs vraisemblablement indépendants (jusqu'au majestueux bouquet final) tissent cette toile riche en actions et en tensions. Déon Meyer crie sa colère contre la situation anachronique de son pays qui s'est tant battu pour se libérer et se retrouve entravé par ce qui ceux qui se disaient libérateurs.



Seul bémol à cette lecture, pour moi, tout le tralala fait autour de la demande en mariage de Benny Griessel. Je m’en serais bien passée. Sinon, c’est une lecture addictive et que je recommande pour ceux qui aiment ce genre.
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Le pic du diable

« Le pic du diable » est le premier livre de Déon Meyer que je lis. Ce n’est pourtant pas faute de ne pas connaitre le nom de cet auteur. De plus, je possède plusieurs de ses livres dans sa Pal…Mais quand on est dispersée comme moi, cela repousse quelquefois énormément dans le futur certaines lectures.

J’ai eu un peu de peine à rentrer dans cette histoire, mais passé les 50 premières pages, j’ai été happée par ce livre dont j’ai dévoré les pages avec fébrilité.

Nous sommes en Afrique du Sud et trois personnages vont prendre alternativement le devant de la scène.

On va donc suivre pour commencer Christine qui se confie à un pasteur. Elle lui raconte sa vie et peu à peu, on découvre qu’elle est ce que l’on appelle une travailleuse du sexe.

Le deuxième est fermier, Thobela Mpayipheli, qui va perdre son fils adoptif dans des circonstances terribles : le jeune garçon va perdre sa vie dans une fusillade. Au fur et à mesure, on va découvrir une partie du passé de Thobela, mais aussi son évolution car la vengeance va animer son cœur.

Le troisième personnage, qui petit à petit, va prendre son importance dans l’histoire est inspecteur de police. Benny Griessel, qui pour l’instant ressemble plus à une épave imbibée d’alcool vient de se faire jeter de son domicile par son épouse, lasse de vivre avec un alcoolique. Au vu de son état plus que pitoyable, on de la peine à croire qu’il possède les compétences d’un flic et surtout d’un très bon flic.

Ces trois personnages qui ne semblent avoir rien en commun vont peu à peu se révéler et on découvrir les interactions qui les régissent

La tension présente dans ce livre va crescendo et ceci presque jusqu’à la dernière page.

Je ne peux que saluer le talent de l’auteur qui nous dresse des portraits de personnages tout en finesse et psychologie. Cette incursion en Afrique du Sud a été un réel plaisir.

Un très bon livre qui ne peut me donner qu’une seule envie : continuer à découvrir l’œuvre de Déon Meyer.











Challenge Mauvais genres 2020

Lecture commune polar Mois de Mars 2020



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La Proie

L’Afrique du Sud est une nation complexe. Je connais mal son histoire, mais j’ai bien conscience de la diversité d’origine de sa population et de la multiplicité de ses langues. J’avais suivi avec bienveillance les espoirs ouverts il y a une trentaine d’années par la fin du régime de l’apartheid et par les valeurs incarnées par Nelson Mandela. Des espoirs malheureusement déçus dans un pays restant affecté par la pauvreté, les inégalités, la violence et un marasme économique entretenu par une corruption au plus haut niveau de l’Etat, tout particulièrement jusqu’en 2018, sous la présidence de Jacob Zuma, un ancien compagnon de route de Mandela.



Une corruption et une compromission de très grande ampleur, que l’écrivain Deon Meyer pose en pierre angulaire de la plupart de ses romans policiers. Son dernier ouvrage, La Proie, publié en afrikaans en 2018, est l’histoire fictive d’un projet d’assassinat du président de la République.



Des vétérans de l’ANC, anciens camarades de lutte du président, considèrent qu’il a trahi « la Cause », qu’il donne une image désastreuse de l'Afrique du Sud et qu’il est responsable des difficultés économiques dont le pays n’arrive pas à s’extraire. Ils ont appris qu’à l’initiative d’hommes d’affaires proches du pouvoir et en contrepartie de commissions colossales, l’Etat est sur le point de confier la construction d’une centrale nucléaire à la Russie, laquelle cherche à étendre son influence sur le continent. Il faut mettre un terme à cette « kleptocratie », estiment-ils. Une prochaine visite officielle du président en France pourrait être l’occasion de mettre leur projet à exécution.



Ils sollicitent un autre vieux camarade, un ancien tueur de ce qui était la branche armée de l’ANC, soutenue à l’époque par le KGB et la Stasi. Reconverti depuis trente ans sous une fausse identité dans une petite vie tranquille en France, à Bordeaux, cet homme hésite à participer à cet acte de terrorisme. Est-il d’ailleurs encore physiquement et mentalement apte ?



En même temps, deux officiers des « Hawks », une unité d’élite de la police criminelle d’Afrique du Sud, sont amenés à enquêter sur la mort violente d’un ancien policier, disparu au cours d’un trajet dans un train de luxe. Son corps est retrouvé quelques jours plus tard dans une zone désertique, près de la voie ferrée. Accident, suicide ou meurtre ?



Fort de ses savoir-faire bien connus en matière de guerre numérique et d’empoisonnement indécelable, le FSB, le Service secret russe qui a succédé au KGB, fera tout pour déjouer le complot. Il en est de même, au Cap, pour la direction de la Sécurité nationale, compromise avec le pouvoir et toute puissante pour imposer sa volonté. Mis en cause par le Défenseur des droits pour captation de patrimoine public, les proches de pouvoir crient aux fake news répandues par des ennemis de la révolution nationale démocratique, à la solde du « capital monopolistique blanc ».



La narration est consacrée alternativement aux deux intrigues qui se développent séparément, l’une en Afrique du Sud, l’autre en Europe, à Bordeaux, Amsterdam et Paris. L’auteur s’étend agréablement sur la vie privée compliquée des principaux personnages et sur la description des lieux dans lesquels ils évoluent. Peu à peu apparaît le lien entre les deux actions et le suspens devient captivant.



Certains pourront se sentir perdus dans les longs méandres de la narration et désemparés par l’énonciation de régions ou de villes dont les noms n’évoquent rien, en tout cas pour ceux qui ne sont jamais allés en Afrique du Sud. Il en est de même pour certains prénoms et patronymes, dont la diversité est représentative des origines ethniques des personnages.



La Proie n’en reste pas moins un thriller passionnant et instructif. Il mêle corruption, criminalité et politique internationale dans un tableau dont le réalisme et l’actualité ne font pas de doute.


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Le pic du diable

Le Cap, Afrique du Sud.

Endeuillé par la perte de son fils adoptif victime de la balle perdue de deux braqueurs minables, Thobela Mpayipheli perd toute confiance en la justice de son pays quand les tueurs s'évadent, aidés par des policiers corrompus. Pour venger son petit Pakamile, l'ancien combattant de la lutte contre l'apartheid reprend les armes ou plutôt une arme, l'assegai, la sagaie traditionnelles des Zoulous et se mue en justicier. Tous ceux qui ont abusé, violé, battu ou tué un enfant sont désormais la cible de celui que les journaux ont surnommés Artémis.

Même si la population se range derrière ce justicier, la police ouvre une enquête pour arrêter ce tueur. L'inspecteur Benny Griessel, un Afrikaner alcoolique, tout juste chassé du domicile familial par une épouse poussée à bout, met ses dernières forces dans cette affaire. Sommé d'arrêter de boire par sa famille et par son chef, Benny tente de dompter ses démons et de débusquer Artémis. Son enquête l'amène à rencontrer la belle Christine.

Christine est afrikaner, blonde, séduisante et prostituée. Plus jeune, elle a fui un père fanatique religieux pour chercher fortune au Cap et s'est tournée vers la prostitution, activité plus lucrative que n'importe quel emploi de serveuse sous-payée. Par elle, Benny entrevoit un moyen de piéger le justicier à l'assegai.



Trois personnages, trois destins, trois tentatives de rédemption.

Dans une Afrique du Sud libérée de l'apartheid mais soumise à d'autres fléaux, Deon Meyer fait évoluer des personnages cabossés qui se sont donné les moyens d'oublier le poids de leur vie. Thobela par le sang de la vengeance, Benny dans l'alcool, Catherine dans le sexe. Des choix pas forcément heureux mais qui les aident à vivre. Pour l'inspecteur, la rédemption passe par le sevrage. Sans alcool, il pourra retrouver ses enfants, reconquérir sa femme, redorer son blason auprès de ses collègues. Christine, quant à elle, tente de se laver de ses péchés en se confiant à un pasteur, lui racontant ses petits arrangements avec la vérité, ses revanches sur les hommes qui l'ont chahutée. Et pour Thobela, la rédemption passe par la vengeance et la justice pour ceux qui ont été trahis par les institutions. Trop faibles pour se défendre, les enfants seront ses protégés, il sera leur bras armé.

Dans un pays où l'apartheid a laissé des traces, où les blancs vivent toujours dans des quartiers sécurisés et les noirs dans des taudis, où la discrimination positive fait grincer les dents, où la corruption gangrène justice et police, le pic du diable est un polar addictif, dur, sombre mais traversé par l'éclat de ses trois héros charismatiques. Une entrée en matière qui donne vraiment envie de continuer à suivre Benny Griessel sur le long chemin vers la sobriété. Un coup de coeur.
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La Proie

À Bordeaux, Daniel Darret porte secours à une artiste agressée par une bande de loubards. Quelques temps plus tard, il est contacté par ses anciens amis de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud.

Au Cap, les inspecteurs Benny Griessel et Vaughn Cupido se voient confier un dossier pourri : l'enquête sur la mort d'un ancien policier, reconverti comme garde du corps, qui semble avoir été balancé hors d'un train de luxe.



Objectivement, j'ai lu de meilleurs Deon Meyer, comme par exemple En vrille ou 13 heures.

L'écriture est toujours aussi efficace : simple et directe, rythmée par l'alternance entre deux intrigues que rien ne semble relier et par des chapitres assez courts.

Les personnages, qu'ils soient récurrents comme les policiers, ou occasionnels; sont bien trempés : ils ont leurs lignes de forces, leurs doutes, leurs fissures et leurs zones d'ombre. La consistance, physique, relationnelle et psychologique, des personnages est l'une des caractéristiques des romans de l'auteur.

Ce sont plus les intrigues, qu'on ne verra converger qu'à la toute fin, qui paraissent décevantes. On peut admettre que des anciens de l'ANC, déçus, complotent contre un président corrompu. Mais s'en remettre à un ancien tireur d'élite plus que quinquagénaire, reconverti dans le menuiserie depuis plus de 10 ans... Sans compter les nombreuses incohérences dans la façon dont Daniel Darret est suivi. La partie sud-africaine du roman paraît plus crédible, si l'on accepte que, chez les policiers, l'honnêteté l'emporte toujours sur la fidélité.

Un thriller efficace, qui n'égale cependant pas les meilleurs de l'auteur.




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La Proie

Politique et policier sans jamais aucun ennui voilà ce que le magicien Deon Meyer nous livre dans "La Proie".

On sent également tout l'amour (déçu?) que porte l'auteur à son pays l'Afrique du Sud. Je l'ai senti presqu'en colère pour nous parler de la corruption de son pays. La proie c'est deux histoires en parallèle qui, bien sûr, se croiseront. La brigade des Hawks, avec ses incorruptibles Griessel et Cupido, enquête sur le meurtre d'un ancien de leurs services jeté par la fenêtre d'un train de luxe. Pendant ce temps, un ancien de l'ANC, à Bordeaux, en France a tout fait pour se faire oublier et pour changer de peau. Ça ne fonctionne pas , un ancien camarade de combat le retrouve et lui demande un service. Énorme service.

Comme toujours avec Meyer c'est intelligent, documenté, plein d'informations et de détails mais c'est surtout incroyablement senti. Et ici, la critique de cette kleptocratie qu'est devenu l'Afrique du Sud est vive, brutale et en même temps, on la sent douloureuse.
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La Proie

Bordeaux, une nuit caniculaire d’août, Daniel Darret est sorti se rafraîchir. Il surprend une femme en train de se faire agresser pas cinq individus. Son intervention musclée permet à l’inconnue d’en sortir sauve mais il craint d’avoir attiré l’attention des autorités et d’un passé sulfureux qu’il a fui…

A des milliers de kilomètres de là, en Afrique du Sud, les capitaines Benny Griessel et Vaughn Cupido se voient confiés un « docket » par le colonel des Hawk, Mbali Kaleni. Ce dossier renferme les éléments d’une enquête bâclée par la police locale, portant sur la découverte d’un corps sur une voix ferrées. D’après les constatations faites à l’époque, il s’agirait d’un suicide. Mais les premières investigations vont dévoiler la présence dans le train de deux vieillards à la fausse identités et par la suite un complot visant à éliminer « La Proie »…

Les deux histoires vont rapidement n’en faire plus qu’une.

Un récit limpide, un tempo infernal, Deon Meyer entraine le lecteur dans une aventure politico-policière rocambolesque.

Un très bon moment de lecture.

Traduction de l’afrikaans de Georges Lory.

Editions Gallimard, collection série noire, 563 pages.

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