Tout, autour d'eux, mourait au grand jour. La mort était aussi banale que la vie. Ils se préoccupaient les uns des autres, bien sûr, mais lorsque l'un d'entre eux cessait de survivre pour une raison x ou y, ils se serraient les coudes et mettaient toute leur énergie dans ce qu'il subsistait. C'était une conséquence imprévue de la vie dans la Nature Sauvage, et c'était arrivé vite et sans heurt. Selon une croyance culturelle en vogue à une certaine époque, avant sa naissance, celui ou celle qui nouait des liens étroits avec la nature devenait une meilleure personne. En arrivant dans l'État Sauvage, eux-mêmes avaient cru que vivre là les rendrait meilleurs, plus empathiques, plus en phase avec les autres. Mais ils avaient fini par comprendre qu'il y avait eu un gros malentendu sur le sens du mot meilleur. Peut-être cela signifiait-il simplement être meilleur dans l'acte même d'être humain, permettant ainsi une libre interprétation du terme humain. Ou bien cet adjectif, meilleur, désignait-il seulement une plus grande aptitude à survivre partout, en toutes circonstances.
De ses yeux ensommeillés, elle avait cru voir quelque chose briller sur sa table de chevet. Une petite boîte blanche, toute simple. A l'intérieur, un pendentif blotti dans du coton. C'était un papillon orange et brun ourlé d'or jaune. Les papillons n'existaient plus mais Agnes savait à quoi ils ressemblaient parce qu'elle en avait vu dans les vieux livres que sa mère lui avait montrés.
P 198
Les chefs ne devraient pas aimer diriger […] c’est un rôle qu’on devrait endosser par obligation.