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Citation de Apoapo


Apoapo
09 décembre 2018
« Le 4 juillet [1958], après plusieurs semaines de siège intensif, quelque six mille femmes s'approprient une méthode punitive tribale contre les hommes, l'anlu. Tandis que les politiques palabrent et argumentent, elles retirent leurs vêtements dans la rue, chantent et dansent dans le plus simple appareil. Quant à celui qui a le malheur de croiser leur chemin près du bâtiment du Congrès national du Cameroun, il est poursuivi et insulté. Les femmes lui exposent leurs parties intimes. Honte, ridicule et opprobre sont ainsi jetés sur ces victimes de leur anlu. […]
La rébellion de l'anlu ne compte pas s'arrêter avant de faire trembler l'État colonial. […] Le gouvernement tente d'endiguer le mouvement en arrêtant sa "reine", mais venues de toute la région, des femmes de plus en plus nombreuses encore se massent dans le chef-lieu du nord-ouest, Bamenda. Leurs manifestations sont si redoutables que la police ne peut les contenir.
Le gouvernement n'a plus d'autre choix que de dialoguer avec celles qui ont pris le contrôle des affaires tribales. L'indépendance de la zone française est proclamée le 1er janvier 1960, et le Cameroun devient la première des colonies africaines à y accéder. Au-delà de cette victoire politique inédite, la symbolique utilisée par les femmes kom vaut le meilleur des slogans de tous les propagandistes : en faisant de leur sexe nu une arme de révolte capable de remettre en cause les règles coloniales, elles ont participé à la libération du territoire. » (pp. 204-205)
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