Il faut avoir l'esprit bien étroit pour voir dans les astres des ustensiles de cuisine. Les hommes sont ainsi : ils mettent un nom, une forme connue sur une chose, et disent ensuite fièrement qu'ils la connaissent. Que m'importe cette connaissance-là. D'autres, avant nous, l'ont appelée autrement, d'autres après, feront de même. L'étoile ne sait pas ce qu'est une casserole, mais nous, pour nous rassurer de ne pouvoir la toucher, nous avons besoin de la nommer. Dater, analyser, circonscrire, c'est là tout notre pouvoir sur le monde. J'y vois les rêves de plusieurs milliards d'humains, des souhaits qui veulent être entendus, j'y vois quelques chose qui n'a pas besoin de nous pour briller. Je n'ai pas envie de me repérer, je veux me perdre, être éblouie. Une mer d'huile autour de nous reflète chaque étoile, comme des points scintillants sur l'ondée. Moi je veux ressentir, connaître par expérience, regarder les étoiles en face et les apprécier pour ce qu'elles sont, comme des êtres que je ne comprendrai sûrement jamais tout à fait, mais qui m'émerveilleront à chaque fois que je les retrouverai. Ne pas savoir grand-chose peut-être, mais être pour de vrai.