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Citations de Diane Meur (102)


Qu'est-ce que nous recherchons dans l'amour, pour que ça nous fasse mal quand nous ne l'avons pas ?
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« Je vous présente mes sincères condoléances, mademoiselle. Voilà encore une dure épreuve pour vous. Madame votre mère n’a pas eu une vie fort gaie; consolez-vous, si vous le pouvez, en pensant qu’elle a sans doute trouvé maintenant la paix. » Elle a hoché la tête, et plus tard seulement s’est demandé ce qu’il avait bien voulu lui dire. Une vie triste, sa mère? C’est une idée nouvelle et déroutante. Sa mère était sa mère, enfin! pourquoi chercher plus loin?
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Clara sent couler dans son oreille ces mots qui se réduisent maintenant à un murmure. Ils la bercent, versent en elle une paix qui l’étonne elle-même. (...)
Et douce, tremblante, monte dans son âme, dans ses sens transportés, l’image d’une plaine sans limites ni clôtures, verte de pluie, lourde de fruits, immense, sans fin comme leur amour.
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… je suis persuadée qu’en chaque homme, si attaché qu’il soit à l’état présent des choses, sommeille un goût caché pour la secousse qui change le monde et infléchit les vies. Cette secousse encore indistincte, j’affirme que tous, ici, la désiraient sans forcément se l’avouer, comme le corps finit par désirer le coup qu’il sait inévitable, ou comme la pucelle finit par désirer la blessure qui fera d’elle une épouse ou une déchue, mais du moins autre chose.
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Elle s’était approchée du piano, y avait imprimé des gammes chancelantes. Puis elle s’était enhardie, avait repris des morceaux étudiés autrefois.
Et les murs, les rideaux, les corniches qui l’écoutaient s’étaient ligués pour former autour d’elle un écrin protecteur, lui faire oublier tout, hormis le jeune être ardent pour qui elle voulait jouer. Le château, ses habitants, ses menaçants abords n’existaient plus, le souffle de Clara s’accélérait, elle s’abandonnait, sans s’arrêter à ses fautes ni à ses maladresses.
Je rêve peut-être ; mais il m’arrive de penser que si le domaine resta épargné en ce mois de février 1846, ce fut grâce à ces notes pleines d’amour et d’hésitante grâce qui s’échappaient à certaines heures des fenêtres du salon, tombaient sur les champs, jetaient les oiseaux dans un silence interrogateur.
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Encore une qui était tombée sous le charme, C’était la même chose partout: avec son sourire lumineux, sa bonne humeur, son empressement à rendre service, Hossein avait un talent naturel pour se faire apprécier. Et c’était un «bon client», comme on disait dans les milieux du journalisme. Quelqu’un qui ne paie pas forcement de mine, n’a pas forcément grand-chose à raconter si !’on écoute bien, mais qui casse la baraque dès qu’il passe à l’antenne, allez savoir pourquoi.
En somme, elle avait raison: Jean-Marc avait vraiment eu de la chance, avec ce gars choisi presque au hasard. p. 75
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"L'histoire est une jungle humide oú l'on perd vite pied et, pour garder les idées claires, mieux vaut s'en tenir à distance, ou tout au plus élaborer des philosophies de l'histoire sans trop regarder ce qu'il y a dedans."
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Une pression de main aurait suffi à énamourer cette imaginative si sevrée d’affection; et elle portait assez en elle pour entretenir pendant de longues années un feu sans aliments externes.
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Je suis dure, se redit-elle encore. Et elle ne savait plus si c'était un rappel à l'ordre. (N'oublie pas : tu es dure) ou un regret, un reproche. Dure, n'aurait-elle pu l'être moins ? Pour le sable soulevé par le vent de la plaine, ou recueilli par une paume qui le laissait doucement, grain à grain, retomber vers le sol, n'était-il pas une façon de se sentir être, de se sentir être soi ?
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“Retourne, peuple de Sir, reviens à toi avant qu’il ne soit trop tard ! Mais celui qui tiendrait cette harangue devant le haut palais, les gardes l’éloigneraient comme un énergumène.”
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Voilà un de mes rares habitants mâles qui m’était devenu sympathique (car sans cela j’avais conçu, de la part virile de l’humanité, une assez piètre opinion : prédation, autoritarisme, abus de pouvoir et j’en passe) ; et il était parti sans se retourner, blessé dans son premier amour, le cœur plein de reproches qu’il ne savait pas injustes. Parti, en bref, pour ne jamais revenir. C’était donc ça, la vie des hommes ? Se lier aux autres, se prendre d’intérêt pour eux, placer en eux son espérance et être cruellement frappé par leur départ ou par leur mort ? Je regrettais de ne pas être restée à ma place, d’avoir voulu sortir du lot commun des maisons, passives, sans affects et, partant, sans douleur. (p. 334)
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Lui, son métier, c'était de veiller sur des textes, par amour pour la parole écrite et ce qu'elle représentait. Cette parole écrite perpétuant des êtres qui n'étaient plus depuis longtemps, et dont personne, sans lui et ses pairs, ne se serait souvenu, il était fier, lui, de la préserver. Il lui semblait ainsi remporter une petite victoire sur la mort, sur la nature ; car la nature, le sort des bêtes, c'était de crever sans laisser de trace ni de mémoire, après avoir mis au monde des petits tout pareils à soi.
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Tu es, avec Hénab, la seule ville de la plaine ; la seule ville sur terre, pour ceux qui vivent ici et n'ont jamais franchi le cirque des montagnes. Tu as, de ce qui est unique, la démesure, l'infinie multiplicité. Tu regorges d'habitants, de boutiques, de maisons, tu regorges de temples, tu regorges de tout. Tu contiens tant de rues qu'il a fallu se résoudre à leur donner des noms. Tu as tes hauts quartiers bosselés de coupoles, tes bas faubourgs bâtis de planches, de vieux tissus, de tessons de poterie mêlés à du mortier. Et à tes façades disparates il n'est pas deux fenêtres pareilles, et à chaque fenêtre sèche un linge lui-même bigarré, qui laisse deviner une pluralité de vies, d'âges, de sexes - tu es multiple jusqu'à la monstruosité.
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A présent elle se sentait toujours dure, mais dure seulement comme ces plaques de sel qu'on trouve en certains points de la plaine: d'un gris clair scintillant au soleil, solides en apparence, inentamables, et qu'un coup de talon brisait. Et en dessous, découvrait-elle avec effroi, il y avait du sable, quelque chose de meuble et de docile qu'agitait le moindre souffle de vent, que le premier venu pouvait faire couler entre ses doigts. Qui n'avait ni assise ni forme, et dans quoi elle ne se reconnaissait plus. Le moindre souffle de vent, c'était par exemple une scène observée au marché qui, sans raison, la bouleversait; un regard critique, que naguère elle aurait balayé d'un haussement d'épaule, et qui maintenant vrillait son âme et venait dire à cette dernière: Ce n'est pas bien, ce que tu fais.
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Non, assurément, ceux qui prétendaient être les porte-voix de l'esprit d'Anouher n'étaient que des naïfs ou des imposteurs. Ils n'étaient porte-voix que de leurs certitudes, et d'une tradition ancienne, mais peut-être erronée. Ce n'était pas l'esprit d'Anouher mais leur esprit à eux qui ressortait de leurs gloses; et si encore toutes leurs décisions s'autorisaient du texte saint! Mais l'arrestation de Djinnet, par exemple, ne pouvait se justifier par aucun paragraphe des lois; nul membre du collège ne s'y était d'ailleurs essayé. Interrogés, ils auraient sans doute argué que l'application des lois et leur respect étant leur mission, il leur incombait aussi d'instaurer les conditions dans lesquelles cette mission pouvait être accomplie: une ville en paix, une population docile. Comment ne pas voir qu'avec de tels raisonnements les lois elles-mêmes reculaient de plus en plus devant les prérogatives des juges, la perpétuation de leur pouvoir?
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Il désirait vraiment qu'elle l'aime assez pour se donner à lui. Mais déjà ce désir était déstabilisant et, pour lui, une source d'angoisse. Désirer, lui ? Avait-il jamais désiré quoi que ce soit dans sa vie ? Ce n'était pas agréable. Cela vous faisait battre le coeur, vous réveillait la nuit. Une petite victoire (la main que vous frôliez en jouant au bilboquet, par exemple, et qui ne se dérobait pas) ne vous rendait heureux que cinq minutes ; après, il vous en fallait plus. L'insatisfaction devenait votre mode d'être, vous n'étiez plus jamais content, plus jamais tranquille. Vous ne vous apparteniez plus : vous étiez livré, corps et âme, au bon vouloir d'une autre.
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« Un jour, cette ville a été rayée de la carte, et nous ne saurons peut-être jamais pourquoi. » (p. 355)
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Chaque rue semble une impasse. Chaque immeuble semble le dernier de la rue. A la vue du petit escalier suspendu qui relie le trottoir à une porte d'entrée, au -dessus d'un demi-sous-sol plongé dans l'ombre, on ne pense plus à une demeure habitée par des hommes. On pense à un débarcadère, on se croit un instant dans un tableau d'Escher où, croyant monter toujours, on serait finalement arrivé au plus bas, aux rives du lac d'Eponne.
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La nuit tombée, avant de céder au sommeil, il eut cette pensée qui le terrifia et, en même temps, le ravit : cette formidable éruption n'était-elle pas son oeuvre ? Lui si faible, si hésitant, n'était-il pas devenu à son tour l'homme de qui tout était venu ?
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« Mon lieu romanesque, ce serait la famille elle-même dans ses différentes strates, avec ses sommets illustres, ses blocs erratiques, ses combes ténébreuses. Et pour m’approprier ce lieu encore abstrait, il allait falloir que j’en dresse un relevé topographique. Que j’en trace la carte, que je m’en fasse une représentation concrète sur un plan embrassable d’un seul coup d’œil. »
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