Cette avidité qui fait que la ruine est partout et que s’en multiplient les images dans les galeries et sur les écrans, réelles ou fictionnelles, contient une dimension d’énigme. Quel est cet objet qui, si pauvre et sale et revu soit-il, nous tient ainsi l’œil en haleine ? Car nous nous sommes tous retournés ces dernières années sur ce charme, nous avons tous fait l’expérience de cet engouement. Quel est ce désir de ruine ? Pourquoi sommes-nous arrêtés là ? La fascination a cette double caractéristique de laisser coi et de n’être pas toute bonne. Approchons-nous.
L'existence du peuple dépend d'un grumeau qui le creuse et l'antécède, et l'art a été mis en lieu et place de cette fonction de levure. Le peuple manque donc à l'endroit qui le fonde. Le chant catalyse le peuple depuis une place à la fois centrale et absentée. Ce lieu peut être pensé comme celui que l'art a à occuper s'il en va de culture. C'est-à-dire que la culture dans son projet moderne du "s'adresser à tous" fonctionne sur le principe de l'art à la place du ferment. Le chant ne travail pas au consentement, l'art n'a pas pour fonction d'être une autre transcendance. Son hors-lieu par rapport au corps politique et l'effectivité que cette position lui procure tendent à un effet non identique. Le chant est mis en lieu et place du législateur secret du peuple.
Car théâtre et culture entretiennent un rapport d'inclusion réciproque. Si le théâtre appartient aujourd'hui au marché culturel, s'il est l'un des tiroirs de la commode, il est aussi le lieu ou s'origine la culture comme projet politique.