Michael Dibdin répond aux questions de Barbara Peters. 1/3
Non sous-titré.
Finalement, Moriarty a commis une seule erreur, mais qui m'a permis de prendre le dessus. Il s'imaginait que j'étais dupe de ses manœuvres, alors que je le manipulais à ma guise . Notre ultime rencontre se déroula sur les lieux de chutes célèbres, où je m'étais rendu en reconnaissance et qui semblaient convenir à ce que j'avais l'intention de faire. Sur un sentier étroit, taillé dans le roc, et donnant sur le vide, nous avons procédé au règlement final des questions qui restaient en suspens entre nous. Ce sont ses arguments qui se sont révélés les moins convaincants .
En fait, une lecture attentive de la nouvelle publiée - qu' A.C.D. intitula, de façon plus pertinente qu'il ne le pensait, "Le dernier problème" - révèle sans peine qu'elle est truffée d’invraisemblances. Mais cela fait partie du travail d'un bon écrivain d'empêcher son public de le lire de trop près si cela doit servir son propos.
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J'ignore si le lecteur connaît les effets de la cocaïne. En 1972, cette drogue aura peut-être disparu à jamais de la surface du globe, à moins qu'on ne s'en serve, par exemple, pour calmer les enfants criards.
Mais il y a aussi une catégorie très différente de gens qui sont impliqués dans la Mafia, de nos jours : des hommes qui passent leur vie à voyager entre ici et Bangkok ou Bogota ou Miami… au choix. Pour eux, il importe davantage d’exhiber leur raffinement et leur richesse. C’est comme savoir choisir ses vêtements et accessoires. Aucun baron du trafic mondial de la drogue ne va vous prendre au sérieux en tant qu’interlocuteur de premier plan si vous l’invitez à la maison manger un plat de nouilles, même si elles sont incomparablement genuina.
Et, finalement, celles qu'on ne pouvait oublier parce qu'il était impossible de ne pas les voir : ces créatures dont le travail commençait à l'heure où les femmes honnêtes ne songent qu'à trouver le repos, et dont le commerce s'exerçait à des heures où la conscience sommeille et la honte se voile la face.
Quant à Holmes, il fumait sa pipe en terre.Armé de son couteau de pathologiste, il s'attaqua à la cuisse droite,dont il découpa la chair pour exposer le fémur.Au bout d'un moment, il reposa son couteau, prit un lambeau de viande, et l'accrocha délicatement à un clou planté dans le mur.
Une famille, c’est comme cette ferme. Il faut que tu aies beaucoup d’enfants, car les enfants sont pour un vieil homme la seule protection contre les coups du destin. Je lui ai obéi. C’était un temps où les enfants obéissaient encore à leur père. Pourtant, qu’est-ce que cela m’a rapporté ? Car vous, mes enfants, mon unique défense, ma seule protection contre les vents cruels du destin, vous ne vous souciez guère de me secourir ! Vous êtes trop occupés à vous quereller et à marchander jusqu’au dernier sou le prix de la liberté de votre père, comme des maquignons qui marchandent le prix d’un bœuf. Ce sont mes ravisseurs et non pas vous qui prennent soin de moi maintenant, ce sont eux qui me donnent de quoi me nourrir et me vêtir, ce sont eux qui m’abritent, pendant que vous restez bien au chaud à la maison et cherchez de nouveaux moyens d’éviter de payer pour ma libération !
-Qu'est-ce qui pourrait être pire que cela?
-La fille était enceinte.
-Mon Dieu!
-Oui, enceinte de trois mois,et on l'a retrouvée,la matrice ouverte en deux comme un chat écorché.
Je sentis un frisson glacé me parcourir la moelle épinière.
-"Il doit tuer deux fois au même endroit!"
Qu'est-ce qui permet à des millions de gens de vivre ensemble dans une ville telle que Londres? La confiance! Détruisez la confiance, et vous rendez la vie moderne impossible; vous transformez la ville ouverte qu'est notre grande capitale en un camp d'étrangers armés jusqu'aux dents.
Le vrai grand criminel reste inconnu. Ses forfaits, affranchis de tout lien les rattachant à leur auteur, prennent le statut d'évènements naturels. Le crime parfait existe, Watson, mais la condition nécessaire de sa perfection est que nous ne sachions jamais qui l'a commis.