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Critiques de Didier Daeninckx (1017)
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Cannibale

Qui sont les vrais cannibales ? Ceux qui mangent l'âme de leurs semblables en les privant de liberté .

J'ignorais ce pan de l'histoire, un de plus qui allonge la liste de l'ignominie du racisme et de l'intolérance , ça me laisse un goût de rance.

Et si l'on organisait une exposition de tous ceux qui ont commis l'impensable, que ce soit lors de l'Exposition coloniale de Paris 1931, dont j'ignorais tout avant cette lecture, ou de tout le reste? Nulle scène ne serait assez grande pour ça.



Un récit court et efficace, sans haine.

Un témoignage de plus pour prévenir les horreurs de demain, enfin j'espère.
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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

36 auteurs pour autant de nouvelles, illustrés par les dessins de Mako.

36 auteurs engagés, car cet ouvrage polyphonique n'a qu'une seule ligne éditoriale : celle de défendre les services publics, un certain « idéal de solidarité »

concrétisé ici par le train dans la tourmente de cette nouvelle « bataille du rail ».



36 pierres apportées à l'édifice d'une lutte, puisque les droits d'auteurs sont entièrement reversées aux caisses des grévistes contre cette réforme ferroviaire 2018.

À chacun d'en juger la nécessité bien sûr, mais il fallait le préciser, car il ne s'agit pas ici d'un don seulement caritatif, mais profondément politique.



Bien sûr, ces nouvelles sont très différentes, et parfois inégales, mais toutes réussissent la gageure de parler à nous tous, qui avons en commun cet « imaginaire du rail».

Comme Didier Daenincks dont « le sang noir du monde ferroviaire coule dans [s]es veines. »



Lu en juillet 2018.
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Camarades de classe

Avec Camarades de classe, je retrouve Didier Daeninckx (Itinéraire d’un salaud ordinaire, La mort n’oublie personne, Le banquet des affamés, L’école des colonies, Passage d’enfer) dans un registre qui me surprend, au début.

J’ai l’impression de m’être laissé entraîner dans la lecture d’une histoire assez banale de copains tentant de se retrouver quarante-trois ans après.

C’est une photo prise lors de la visite d’une usine Arthur Martin, à Reims, qui déclenche la recherche de ceux qui figurent sur ce cliché. Ces garçons faisaient partie d’une classe de troisième du Collège Gabriel-Péri d’Aubervilliers.

Dominique qui vit en couple avec François, raconte et mène l’histoire. Si elle travaille dans une agence de communication très dynamique, lui se sent menacé à son poste de cadre dans un laboratoire de recherche.

Par hasard, Dominique tombe sur un message adressé à François. C’est Denis Ternien, un ancien copain qui le sollicite pour être le parrain de sa fille. Par l’intermédiaire du site www.camarades-de-classe.com, les contacts se nouent et Dominique n’hésite pas à se faire passer pour François.

Si les souvenirs remontent, c’est grâce aux messages, de véritables lettres électroniques qui émaillent le récit, qui retracent toutes ces années marquées par Mai 68 et m’évoquent beaucoup de choses car j’ai, à un an près, le même âge que ceux qui s’expriment.

Petit à petit, les membres du groupe se manifestent, alimentent des ragots, rectifient des contre-vérités, donnent des nouvelles et surtout rafraîchissent la mémoire de ceux qui ont oublié.

Didier Daeninckx qui a publié ce roman en 2008, livre que j’ai récupéré suite à un « désherbage » de ma médiathèque, me captive de plus en plus car les événements jalonnant la vie de chacun racontent toute une époque.

Certes, il y a la musique, les yé-yé, le rock mais il y a surtout la vie politique dans ces communes de ce qu’on appelait la ceinture rouge de Paris. Ces jeunes ruent dans les brancards, refusent l’orthodoxie du Parti Communiste et certaines anecdotes sont éloquentes.

La vie de l’un ou de l’autre permet de croiser des personnes célèbres car leurs vies sont surtout parisiennes. Pourtant, c’est celle d’un professeur, Miguel Rodriguez, racontée par Pascal Zavatero qui est la plus émouvante et la plus terrible aussi. Ahmed Ayaoui, lui, dans un long texte, rappelle le sort des familles algériennes dont le père avait porté l’uniforme français.

Dominique mène bien sa barque mais un certain Armhur Tarpin, un pseudo, joue le trouble-fête et provoque quelques réactions virulentes. Tous ces souvenirs bons ou mauvais, ce que chacun est devenu, et surtout les événements marquants font de Camarades de classe une lecture vite addictive. En effet, j’étais impatient de lire un nouveau courrier, une nouvelle réaction ou une importante mise au point.

Pour finir, Didier Daeninckx, avec maîtrise et sens du récit, réserve un double coup de théâtre final qui bonifie encore un peu plus ma lecture.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Leurre de vérité et autres nouvelles

♫Dis Papa, quand c'est qu'y passe

Le marchand d'liberté

Il en a oublié un max

En faisant sa tournée

Pourquoi des mômes crèvent de faim

Pendant qu'on étouffe

Devant nos télés, comme des crétins

Sous des tonnes de bouffe

Dis Papa, quand c'est qu'y passe !?♫

-Renaud - 1991 -

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Mauvaises nouvelles !

TV Au-delà du réel

Mettez un jeton pour découvrir la suite

le Trio Pamper's victime d'une fuite...

Ce n'est pas une défaillance de votre téléviseur

N'essayez donc pas de régler l'image

Faites les anes et vous aurez le son

Cons trolls du balayage vertical

Lavage horizontal du cerveau pendant l'émission

Réglez vos pendules à Leurre de nos vérités

Propos pas très cathodiques sur les étrangers

"La Bible nous dit d'aimer notre prochain...

Pas notre lointain" t'as moins l'air Patelin

On tire sur la chaîne dans la nuit pure cristal,

Ce cliquetis du métal, ta chaîne me fout la trouille

Même la pieuvre aime qu'on la chatouille

Extrait d'un Zapping d'une chaîne immorale ,

L'originale demandez-la Nelson toujours de foi

mais l'important c'est de partir pisser, n'est ce pas !?



Didier Daenincks Vs Didier van Cauwelaert

j'ai confondu, toutes idées confuses

Le zébu a zappé le zoo

Le radeau de la méduse

c'est pourtant bien de Jerico....

Si Pronom si à Sion, à vous de décrypter !

Mais le 23 Mai, bonne fête aux Didier !

















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Passages d'enfer

Dans Passages d'enfer, Didier Daeninckx nous offre vingt-et-une nouvelles dont le point commun comme le titre l'indique est la traversée par des êtres, souvent, somme toute assez ordinaires, de moments impitoyables générés par notre société.

Dans ce recueil, où, presque chacune des nouvelles présente un grand intérêt, quelques-unes m'ont particulièrement frappée. C'est le cas par exemple de la première intitulée "Le salaire du sniper" qui débute par cette phrase tellement parlante "Il n'y a rien de pire qu'un conflit qui s'éternise". Quelque part en Europe de l'Est, deux journalistes français couvrent un conflit armé depuis quatre mois, lorsque leur directeur du service étranger les appelle de Paris. La part d'audience du journal baisse et même s'ils tentent de lui faire comprendre "qu'on ne va pas faire exploser l'audimat avec un conflit aussi enlisé que celui-ci ! Il faut être là au cas où ça pète parce que les éclats arroseront l'Europe entière...", ce dernier leur demande de trouver une solution... Et voilà nos hommes partis à la recherche d'images chocs qui coûteront la vie à un innocent.

Un texte fort et ironique sur la manipulation de l'image pour des spectateurs assoiffés de toujours plus de sensationnel. Paru en 1999, ce livre est toujours criant de vérité !

Dans "Détour de France", Didier Daeninckx nous conte l'histoire de ce fils qui pour offrir un dernier cadeau à son père mourant va prendre un risque qui lui sera fatal. Une histoire délirante, pleine d'humour et tellement bouleversante.

Une troisième nouvelle m'a particulièrement touchée, c'est "Zigzag men". le sujet choisi est la guerre d'Algérie et plus précisément les tortures qui ont pu avoir lieu durant celle-ci, l'occasion pour l'auteur, par l'intermédiaire d'Amar de poser la question : "attendre cinquante ans pour dire la vérité ?"

Toutes les nouvelles ont un thème différent et dans chacune sont évoqués des gens discrets confrontés à la réalité sociale de l'époque. Elles sont à la fois ironiques, acides, époustouflantes, caustiques et tellement émouvantes et bouleversantes !

Réussir en quelques pages à construire une histoire à l'intrigue palpitante dans un contexte social fort avec une chute à chaque fois stupéfiante et inattendue, c'est ce qu'a réalisé Didier Daeninckx dans Passages d'enfer.

À noter que la dernière nouvelle porte le nom de Passage d'Enfer où elle se déroule, une voie du 14ᵉ arrondissement de Paris située entre le boulevard Raspail et la rue Campagne-Première.


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La mort n'oublie personne

Si la mort n'oublie personne, l'humanité a appris progressivement qu'une société sans oubli est tyrannique et c'est pourquoi la prescription grave dans la loi les conditions dans lesquelles il n'est plus possible de juger un délit. Cette loi de l'oubli est, au même titre que l'interdiction de l'auto justice, un marqueur intangible du niveau de civilisation atteint.



Didier Daeninckx illustre avec l'histoire de Jean Ricouart, la tragédie d'un patriote pris dans l'engrenage de l'occupation en pays minier qui rejoint un groupe de résistants au printemps 1944, participe à deux actions clandestines, est arrêté par la milice, incarcéré, déporté en Allemagne, libéré par l'armée rouge, rentre en 1946 pour épouser Marie … et se retrouve inculpé en 1948 et condamné pour vol et complicité d'homicide.



En 1963, Lucien, leur fils, se noie pour fuir l'opprobre des collégiens pour qui il reste « le fils d'un assassin » … la population n'a rien oublié, rien appris des années noires et le poison de la rumeur assassine lentement et surement.



Vingt cinq ans plus tard, Marc Blingel, compagnon de jeu de Lucien Ricouart, prend le risque de rouvrir l'enquête sur les événements de 1944 et constate que Jean a été manipulé et exploité dans un règlement de comptes familial qui n'avait rien à voir avec l'occupation ou la résistance. Funeste révélation qui provoque un nouveau drame …



En 1963, comme en 1988, la mort emporte des victimes d'un passé qui n'a pas été oublié et, en fermant ce livre, le lecteur ne peut que s'interroger sur la culpabilité de Marc Blingel qui, en ne respectant pas le droit à l'oubli, provoque un séisme mortel.



Un fois encore, par une enquête policière, Didier Daeninckx, analyse finement une atmosphère, une époque, un milieu, une région, et pose une question juridique et philosophique d'une brulante actualité en nous rappelant que si la mort n'oublie personne, la justice doit oublier des coupables pour préserver la paix … vaste débat convenons en !
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Cannibale

J'ai pioché Cannibale dans la boîte des Passeurs de Livres de ma ville. Bonne pioche! Il s'agit d'une édition scolaire et, après lecture, j'ai été ravie que ce livre soit étudié dès le collège.



Le récit de ces jeunes Kanak envoyés à Paris pour représenter la colonie de Nouvelle-Calédonie à l'Exposition coloniale de 1931 est d'autant plus marquant qu'il s'agit d'une histoire vraie. Les peuples indigènes colonisés sont humiliés, obligés s'amuser un public en quête d'exotisme. Un passage particulièrement poignant: lorsque le narrateur découvre que la pancarte désignant la reconstitution d'un village kanak présente son peuple sous les traits d'anthropophages polygames. Il y a là de quoi frémir d'indignation!

Mal nourris, houspillés lorsqu'ils n'interprètent pas leur "rôle" correctement, la coupe déborde pour le narrateur et son meilleur ami lorsqu'une partie des siens - dont sa fiancée - sont séparés du groupe et emportés vers une destination inconnue. Les deux hommes s'évadent et partent à la recherche des leurs dans Paris.



On est bien loin ici des comiques tribulations d'Un indien dans la ville. La jungle de la capitale s'avère nettement plus dangereuse et hostile que leur terre natale. Le périple est néanmoins l'occasion de surprenantes rencontres qui montrent que solidarité et respect existent malgré tout.



Le récit raconté avec brio par Didier Daeninckx nous renvoie à des pages sombres de l'Histoire coloniale française. La conquête de territoires s'est effectuée par l'asservissement et l'acculturation des populations autochtones.

Le rapport à l'Autre, la tolérance, le respect sont autant d'éléments qui émanent de ce brillant roman.

A lire et partager et méditer le plus largement possible.
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Cannibale

Bref , puissant et efficace: Trois termes pour définir cet ouvrage de Didier Daenincx.

L'auteur, inspiré autant qu'engagé, revient sur ces ignominies perpétrées à l'encontre de Kanaks lors de l'Exposition coloniale de 1931 et les relie au présent des années 80. C'est simple, direct et sans appel!

L'infamie n'a pas besoin, chez Daninckx, de nombreuses pages pour être dénoncée.

Les saloperies, nous dit l'auteur, nous reviennent toujours dans la figure.

Daeninckx, et il le fait très bien, gratte et raconte là ou ça fait mal à l'histoire et à la mémoire parfois restrictive et sélective.

Un livre qui joint l'utile à l'agréable, en somme. À lire.
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Meurtres pour mémoire

A mi-chemin entre évocation historique et polar, l’intrigue plonge dans les heures sombres de notre histoire en revenant sur la déportation des juifs durant l’occupation puis l’élimination des opposants par les barbouzes gaullistes au début des années soixante.

A Paris puis à Toulouse, un professeur d’histoire puis son fils sont assassinés à vingt ans d’intervalle : quel lien relie ces deux affaires ?

Cette première enquête de l’inspecteur Cadin progresse grâce à une succession de hasards providentiels. La chance remplace la méthode et le respect de strictes procédures judiciaires. La vengeance remplace la justice.

A contrario, les Thiraud, sont au mauvais endroit, au mauvais moment, et pire, ils se mêlent de ce qui « ne les regarde pas ».

Un bon roman, mais j’avoue préférer « Le crime de Sainte Adresse » du même auteur.
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Vive la Commune !

Un cri du cœur.



Rassemblant plus de 20 plumes contemporaines, ce recueil de nouvelles mettant en scène des acteurs majeurs ou anonymes de la Commune de Paris est un très bel hommage en forme d'initiation à cet événement capital de l'histoire de l'émancipation humaine.



Souvent des femmes, les personnages mis en scène à travers des poèmes ou des textes courts redonnent vie à ces quelques semaines où plus que jamais l'espoir a eu droit de cité entre les murs de la capitale... avant la derniere, la "Semaine sanglante" et son anéantissement dans un bain de sang.

Agrémenté de gravures et de reproductions d'époque, un livre agréable et nécessaire.



Publié en 2021, à l'occasion des 150 ans de la Commune.



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Cannibale

Les zoos humains. Cela a existé. Et pendant bien longtemps. Des blancs regardant des ours ou des « cannibales » (à défaut de crocodiles) accompagnés de leur petits qui ne faisaient pas la différence, c'était normal, pour les petits. Mais les grands ? On ne les comprend vraiment pas aujourd'hui. On parle de l'esprit de l'époque, du colonialisme. De racisme (et encore, on cherche surtout à justifier l'abject). Comment ont-ils pu faire une chose pareille ? Cela paraît si fou, indigne, une négation de l'être humain. Zoo humain, cette expression choque. Mais à bien y regarder -c'est le mot juste- est-ce que cela ne continue pas ? Quel prétexte allons-nous bien pouvoir trouver aujourd'hui ? Certainement pas le manque d'information. Je ne comprends toujours pas. Et on continue à enfermer dans des cahutes des gens, on les filme et on leur envoie des cacahuètes et de l'alcool (ça débride les inhibitions). Aujourd'hui on dit « téléréalité »
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La pub est déclarée ! 1914-1918

On pourrait raconter l'Histoire de France par la publicité. Dans La Pub est déclarée!, les nombreuses illustrations choisies témoignent de la manière dont la « réclame » intègre dès 1914 le premier conflit mondial, pour vendre aux soldats, à leurs familles, encourager l'achat patriotique, souscrire aux emprunts nationaux, fustiger l'ennemi et à la fin de la guerre, amadouer le chaland avec les silhouettes d'héroïques poilus.



Désormais omniprésente dans les journaux, sur les panneaux d'affichage, sur les murs des villes, la publicité va donc tout oser pour vendre quantité de produits. Les publicitaires ont bien saisi que le conflit est une opportunité pour gagner des marchés.

Pour présenter toutes les illustrations, le romancier Didier Daeninckx a choisi la fiction et non l'analyse. Il nous offre une nouvelle dans laquelle une jeune dactylographe oeuvrant au sein de l'agence Siècle Publicité déploie des trésors d'imagination pour vendre cette guerre. Allons z'enfants de la patrie, le jour de l'achat est arrivé.



Car la guerre modifie les marchés, créée des pénuries, mais aussi des besoins, comme des bandes-molletières plus hygiéniques, des masques à gaz prêts à l'emploi, des porte-plume réservoir pour la correspondance des soldats…Mais attention, l'image doit être valorisante. La publicité évite soigneusement de montrer les conditions de vie épouvantables des poilus dans les tranchées. Ainsi l'homme emmitouflé alors que tombe la neige songe . « Le rêve du poilu pour son Noël » n'est pas de quitter la Grande boucherie pour rentrer chez lui mais d'acheter chez Barclay des chandails en poils de chameaux spéciaux pour aviateurs à 30 francs, ou des leggings en porc pour 35 francs.

On encourage l'arrière à l'économie et à l'effort de guerre, les produits français utilisent l'Alsacienne pour vendre « national », Newcao, le « déjeuner nutritif par excellence » qui donne Energie, Santé, Force, a pour « effigie », la tête de Clémenceau sur le corps d'un tigre…



“ Les marchands de canons ont inventé la guerre, comme les marchands de bidets ont inventé l'amour. ” disait Georges Wolfromm . Et ça continue hélas!
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Brigadistes !

A l'occasion du 80ème anniversaire de la création des Brigades Internationales, les Editions du Caïman s'associent aux Amis des Combattants en Espagne Républicaine (ACER) pour nous offrir un recueil de nouvelles noires, Brigadistes! préfacé par Cécile Rol-Tanguy. Le cahier des charges est le suivant: « L'angle des nouvelles est libre : univers violent de la Guerre d'Espagne, regard tragique et pessimiste, aspect politique, complexité, mais aussi solidarité Internationale, histoires d'amour, collectivisme, vie artistique... tout cela en lien avec les Brigades Internationales ». Les 20 collaborateurs, auteurs comme Patrick Bard, Didier Daeninckx, Michel Embarek, dessinateurs comme Bruno Loth, musiciens comme Cali, nous livrent des histoires personnelles ou non sur ces volontaires venus du monde entier se battre aux côtés des Républicains espagnols.

Brigadistes est un recueil homogène, riche de souvenirs de famille, de rencontres, d'amitiés, de lectures, qui fait revivre pour le lecteur le Bataillon Commune de Paris, le Winnipeg, la compagnie France Navigation, la Retirada…

Brigadistes!, en vingt nouvelles de qualité, rend un bel hommage aux 35.000 volontaires de 53 nationalités, dont beaucoup payèrent au prix fort leur engagement. Elles nous permettent aussi de faire connaissance avec des auteurs moins connus dont on a hâte de lire les ouvrages, je pense à Patrick Fort dont la nouvelle intitulée "Els ombres del coll dels Belistres" m'aura beaucoup touchée. On espère que cette belle initiative trouvera l'écho qu'elle mérite.

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La mort n'oublie personne

Une relecture que je ne regrette pas. Une de ces histoires courtes dont Didier Daeninckx à le secret. l'histoire de gens sans histoire ou presque, pleine d'humanité. l'amour des laissés pour compte, des héros de l'ombre qui vivent le silence. La vie est cruelle pour ceux qui n'ont rien à se reprocher. à lire.
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Passages d'enfer

Vingt-et-une cordes à l'arc littéraire de Didier Daenincx...

Ou vingt-et-une cordes d'un riche instrument de la musique d'un siècle finissant!

Vingt-et-une nouvelles délicatement dédicacées , chacune.

Autant de tranches ou de parts variées que propose l'auteur généreux à ses lecteurs affamés.

Quelles histoires!

Que d'histoires...

Et c'est parti pour un champ de bataille, un écrit oublié, un travailleur nomade, un frigo qui parle, une télé qui déraille, une tour qui descend, la mauvaise pente, un triste anniversaire, du boulot, une horreur, un téléphone, une sale mine, un diverticule cycliste, des nouvelles, une aventure du Poulpe, une agression, une parabole, un drôle de meuble, les livres de l'oncle, un monstre retrouvé, une soiré bourge.

Tantôt court, tantôt plus long, presque toujours surprenant, souvent coptivant, parfois poignant... Un festival nommé Daenincx!

Du grand noir bien de chez-nous, parfois avec humour mais pas toujours...

J'ai tout pris, et je reprendrai encore du Daninckx!

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Caché dans la maison des fous

Encore un livre-uppercut de Didier Daninckx, pour nous rappeler quelques points d'histoire... De quelques coins d'histoire peu visités ou évoqués.

C'est chez les fous de Saint-Alban, que Denise va rencontrer Paul Éluard et Nusch.

À Saint-Alban, on ne laisse pas les internés mourir de faim: On les écoute et on leur permet d'exprimer leurs pensées en art brut ou non! À Saint-Alban, on cache et on soigne les Résistants. Les héros sont aussi à Saint Alban.

Le livre est bref et passionnant, foisonnant de vie et de créativité, d'humanisme et de courage... Avec le Chant des Partisans chanté en sourdine à l'enterrement anonyme (forcément) du maquisard qu'on a pas pu sauver. Avec le poème d'Éluard que nous ne cesserons jamais de nous répéter.

Le dernier chapitre de Caché dans la maison des fous, nommé Par la suite..., offre des précisions bienvenue sur les protagonistes de ce bref récit:

Lucien Bonnafé, François Tosquelles, Paul Éluard et Denise Glaser...

Denise Glaser, virée de la Télévision pour avoir programmé Nuit et Brouillard de Jean Ferrat!.. Encore de ces choses ignorées jusqu'ici

d' Horusfonck mais qui ne manquent pas de le faire bondir!

Un livre, donc, d'un auteur qui me donne envie d'aller plus loin dans l'exploration de ce qui se cache sous trop de tapis.



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Le retour d'Ataï

Je vous rassure, il n'y a pas d'erreur orthographique. Il s'agit bien ici du retour d'Ataï et non pas d'Altaï, l'espèce d'épouvantail donnant de la voix et officiant pendant un moment en tant que prof de chant à la Star Ac' ! On me souffle dans l'oreillette qu'Armande va me maudire sur cinq générations en faisant des incantations avec sa cocotte Kiki ! Comprenne qui pourra !



Ce livre est la suite de "Cannibale". Je m'étais un peu ennuyée avec ce dernier mais comme j'ai de la suite dans les idées, j'ai tenté celui-ci. Il faut dire qu'hormis cette fameuse exposition coloniale de 1931, départ de toute l'histoire, se trouve un événement important, celui de la Vénus Noire. Cette jeune paysanne d'Afrique du Sud, répondant au nom de Saartjie Baartman, avait un problème physique de taille puisqu'elle était née avec une hypertrophie des hanches et des fesses. A cette époque (début du XIXe), les personnes atteintes de tares physiques finissaient souvent dans les cirques, comme bêtes de foire. C'est ainsi que Saartjie sera exposée, exhibée en Angleterre d'abord puis en Hollande et en France. Elle tombera dans l'alcoolisme et finira sa vie dans une maison close. Une vie très brève puisqu'elle rendra son dernier souffle à l'âge de 26 ans environ. Bon, alors, quel est le lien avec le bouquin, allez-vous me demander, impatients que vous êtes ! Un moulage de plâtre ainsi que le squelette furent exposés au Musée de l'Homme. Et le narrateur, en faisant visiter les réserves de ce même musée, va y faire référence. D'ailleurs, une question importante va se poser : d'où proviennent les trésors des musées ? Et derrière une histoire fictive, se cache justement ici ce grave problème de "reliques" volées. Il faut savoir quand même que l'Afrique du Sud, qui avait réclamé la dépouille de Saartjie en 1994, devra se battre jusqu'en 2002 pour récupérer celle-ci.



Je disais que ce roman était la suite de "Cannibale". On retrouve Gocéné, ce personnage ayant été enfermé à Vincennes pour l'Exposition coloniale. Il avait vingt ans à l'époque. Il en a presque 90 à présent. Il vit en Nouvelle-Calédonie. Mais il veut revenir en France une dernière fois. Non pas pour faire un pèlerinage sur les traces de son passé. Il veut retrouver un compatriote disparu en 1878, Ataï. Celui-ci, chef de tribu, a mené une révolte contre les colons et a été décapité. Gocéné veut ramener le crâne sur sa terre natale.



Je ne regrette pas mon entêtement car ce texte m'a bien plus parlé que le précédent. On sent que l'auteur s'est bien documenté pour retracer cette histoire méconnue de la Nouvelle-Calédonie.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Corvée de bois

Étudiant à la Sorbonne, âgé de 23 ans, il aime bien lire. Mais aussi déconner. Faut dire qu'avec son ami Jacques, il est servi! Il en rate pas une! Entrainé dans ses délires il se retrouve, un soir, au concert de Gilbert Bécaud, Monsieur 100000 volts, à l'Olympia. Et il faut croire que ça ne suffisait pas aux spectateurs qui, pour manifester un certain mécontentement, ont fini par balancer leur fauteuil contre la paroi métallique qui isolait la salle du plateau. La plupart des saccageurs finirent dans le panier à salade et la nuit au poste. L'inspecteur de permanence, plutôt ennuyé de voir l'état de la relève, leur fait passer un marché: il veut bien passer l'éponge à condition qu'ils rejoignent l'armée et l'Algérie...



Didier Daeninckx à l'écriture, Tignous au dessin et un petit roman déjanté, parfois violent, et taillé dans la roche. le narrateur, dont on ne connaît pas le nom, va se retrouver grâce à (ou à cause de) cet inspecteur de police dans les paras. Qu'est pas fait pour les fiottes! Malheur à tous ceux qui n'arrivent pas à suivre le pas. Notre héros va devoir s'adapter s'il ne veut pas finir un balai à la main. À Philippeville, au nord-est de l'Algérie, il sera envoyé, tentant de dissuader les Algériens de se rebeller. Didier Daeninckx nous plonge en pleine guerre. Des fortes têtes, des massacres et des mots crus pour évoquer tout cela. Un texte noir, fort, poignant et subtil, illustré brillamment par Tignous qui croque avec rage cette guerre.

À noter une magnifique préface de l'auteur qui rend hommage à Tignous et ses amis.



Merci Cécile...
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Dernière station avant l'autoroute

Un jour gris. Un jour entre deux jours de permanence. Un appartement qui sent le plâtre neuf. Une relation avec une jeune femme. Trop jeune pour croire un seul instant à un semblant de futur. Dehors, septembre lui glace les os et la pluie fine et incessante lui fait des larmes. Les arbres tremblent de froid. Il rentre chez lui, prend une douche et laisse filer le temps. Un tour au troquet dans lequel il a ses habitudes avant de prendre sa permanence de nuit. En sortant, il croise Yob, son chef. De l'alcool dans le nez et des menaces dont il se fout. Première affaire de la nuit: une toxico noire, une balle dans la tête et un Police Python 357 abandonné entre le mur et le divan. Une nuit comme tant d'autres pour ce flic solitaire, usé et désabusé...



Adapté du roman de Hugues Pagan, ex-flic reconverti écrivain, cet album, d'une noirceur désespérante, est profondément sombre. Pas l'once d'une lueur, d'une étincelle. Ce flic, habitué aux permanences de nuit, las de ses collègues et de la hiérarchie, sans cesse hanté par de mauvais souvenirs, traine son blues et son désespoir à longueur de journée. Rincé, éreinté, au bout du rouleau. Au scénario, Didier Daeninckx nous dresse le portrait de cet homme à travers ses enquêtes, secondaires. Un portrait touchant et sombre dans une ambiance qui l'est tout autant, servi par un texte étoffé et chargé d'émotions. Le dessin de Mako, réaliste, ombreux et oppressant, renforce ce sentiment de malaise et de chute.
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Cannibale

Paris est en pleine effervescence. On est en 1931 et l’Exposition Coloniale s’apprête à ouvrir ses portes. Les représentants de chaque colonie sont venus en groupes du monde entier. Mais loin de vouloir mettre en valeur leur culture, leur singularité et leur richesse, on leur demande de se comporter en sauvages. Parquée dans un enclos, entre les lions et les crocodiles, une tribu de Kanak (c’est à dire les habitants de Nouvelle-Calédonie) va ainsi subir les mauvais traitements des français et va devoir jouer le rôle d’anthropophages primaires, ne communicant que par les grognements et par la danse ! Et, comme si cela ne suffisait pas, une partie de la tribu va être envoyée dans un cirque en Allemagne en échange du même nombre de crocodiles afin de remplacer ceux morts de manière inexpliquée dans l’enclos d’à côté… Pour Badimoin et Gocéné, chargés de protéger leur clan, s’en est trop et tous deux décident de se lancer à la recherche des disparus sans se douter de l’hostilité qui les attend dans la capitale…





Avec « Cannibale », Didier Daeninckx pointe du doigt un épisode particulièrement honteux de notre histoire dont, pour ma part, j’ignorais tout. Le récit, raconté par Gocéné des années plus tard, nous plonge dans le Paris des années 30 vu par les yeux d’un étranger qui ne comprend pas le monde qui l’entoure mais qui le ressent et se heurte à ses dangers, ses préjugés et son hypocrisie. C’est le récit sincère, juste et néanmoins sans rancune, d’un homme qu’on a avili, humilié et traité comme un animal dans le simple but de divertir un public en mal d’exotisme… Un texte court, facile à lire et cependant d’une grande richesse, qui donne à réfléchir et bouleverse par sa brutalité et l’injustice à laquelle il renvoie. Je comprends mieux pourquoi il est si souvent prescrit au collège !
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La mort n'oublie personne

En quelle année se passe l’histoire ?

1963
1953
1958

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118 lecteurs ont répondu
Thème : La mort n'oublie personne de Didier DaeninckxCréer un quiz sur cet auteur

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