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Critiques de Didier Decoin (546)
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Le Bureau des jardins et des étangs

Dans un petit village de l'Empire du Japon, au XIIe siècle, vivent Katsuro et son épouse Miyuki. Katsuro est un pêcheur de carpes réputé car, une fois par an, il prend la route de Heiankyõ, lieu de résidence de l'Empereur, où il livre ses plus belles carpes au Bureau des Jardins et des Étangs. Or, il perd la vie lors de sa dernière pêche destinée à l'étang sacré. Katsuro mort, c'est son épouse Miyuki qui est désignée pour la livraison des carpes. Elle entreprend ce long voyage les épaules meurtries par l'écrasement de la palanche qui supporte les deux nasses dans lesquelles sont réparties les huit carpes destinées au Directeur du Bureau des Jardins et des Étangs.

Arrivera-t-elle au bout de ce long chemin semé d'embûches ?

Didier Decoin, d'une très belle écriture, livre un beau récit qui révèle les moeurs et coutumes ayant cours au Japon au XIIe siècle. À lire !
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Le Nageur de Bizerte

La mer était vide, et soudain ils sont là, surgis du néant comme une escadre fantôme : des centaines de navires de toute taille, dépenaillés et brinquebalants, venus s’entasser sur le lac de Bizerte, cette lagune au sud de la ville éponyme transformée en rade militaire par le protectorat français de Tunisie. Vestiges de la flotte de l’Armée blanche, ces bâtiments ont à leur bord cent cinquante mille réfugiés, civils et militaires, évacués de Crimée trois mois auparavant alors que les unités de l’Armée rouge s’apprêtaient à envahir cette seule région russe non encore tombée sous leur contrôle.





La France ayant accepté de leur venir en aide, ils affluent en ce début de 1921, pour un internement dans le port de Bizerte dont on ignore encore qu’il durera presque quatre ans. Quatre ans d’une lente décomposition pour ces bateaux bientôt irrécupérables. Quatre ans d’une longue attente pour les exilés restés à bord tout ce temps, maintenus en vie par l’aide d’urgence française et par le troc mis en place avec la population locale. Alors seulement, le gouvernement français ayant reconnu l’URSS, ce qu’il restera de l’escadre sera rendu aux Soviétiques, et les émigrés russes autorisés à poursuivre leur exode vers la métropole.





S’emparant de ces événements méconnus, Didier Decoin a composé une poignée de personnages mirifiques, pour un roman aussi magique que tragique. A bord du plus grand cuirassier de ce camp de réfugiés flottant, la jeune Ukrainienne Yelena, toujours miraculeusement vêtue de blanc malgré la crasse et la noirceur ambiantes, survit en se prenant pour une héroïne de La cerisaie de Tchékhov, comparable dans son esprit à son ancien domaine de Zagoskine. Docker sur le port et nageur émérite, Tarik est fasciné par la silhouette immaculée et la voix de miel de cette fille entr’aperçue de loin. Se rencontreront-ils et parviendront-ils à se prêter main-forte dans ce télescopage improbable de leurs mondes diamétralement opposés ? Il leur faudra compter avec la folie des hommes, tapie à fond de cale comme l’un de ces aliens survivant aux voyages spatiaux...





L’exactitude historique sous-tend ici une fiction flamboyante, un feu d’artifices sensoriel où se retrouve l’une des marques de fabrique de l’auteur : chaque page est un concentré de couleurs, de saveurs et d’odeurs dont on ressort ébloui et enchanté, conquis par l’élégante précision de la plume et par la puissance d’évocation de ce conteur-magicien. Un roman que l’on se plaît à imaginer adapté à l’écran.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le Bureau des jardins et des étangs

Un beau voyage historique dans le Japon médiéval que ce livre de Didier Decoin. Le bureau des jardins et des étangs n'a pas eu de mal à m'emporter au XIIe siècle et à me faire suivre les aventures de cette veuve de pêcheur, qui perpétue une lourde charge en mémoire et en l'honneur de son défunt mari tant aimé...
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Jésus le Dieu qui riait

Cet essai est en quelque sorte un commentaire des quatre évangiles que Didier Decoin lit d’un oeil jovial en soulignant la cordialité des échanges entre Jésus et ses disciples.



Un ouvrage à lire chapitre par chapitre (j’ai lu un chapitre par jour), afin de méditer l’enseignement qui se dégage des scènes que le romancier peint et détaille en soulignant l’ironie, l’humour, et la joie qui se dégagent des paraboles.



C’est un point de vue original (mais pas totalement si l’on se souvient des enseignements de Jean-Paul 1° durant son trop bref pontificat), décapant mais en aucun cas choquant, même si, par exemple, le verdict de l’auteur sur Judas, peut surprendre.



Une bonne occasion de lire ou relire le nouveau testament sous une forme joyeuse et de découvrir ainsi le Dieu qui rit.
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Le Bureau des jardins et des étangs

Didier Decoin nous transporte dans le Japon impérial du XIIème siècle. La période Heian synonyme de paix.

Le shintoïsme est la religion qui y règne : tous les éléments de la nature sont des dieux dignes d'un grand respect ainsi que les esprits des défunts.

Miyuki, jeune femme de 27 ans devient veuve de son mari Katsuro qui se noie dans le fleuve.

Son métier consistait à pêcher des carpes dans le fleuve, Miyuki les nourrissait pour qu'elles soient dignes d'être livrées à l'empereur afin d'orner les jardins des temples de la ville.

Après sa mort, Miyuki entreprend un voyage avec ses poissons accrochés à des paniers sur une palanche pour aller livrer les dernières carpes pêchées par Katsuro au directeur du bureau des jardins et des étangs.

La charge est moins lourde que son chagrin, son amour pour son mari défunt est immense.

Plus qu'un roman, c'est un véritable conte que Didier Decoin nous livre avec des odeurs, des sensations imagées, magnifiquement décrites. L'auteur a du effectuer un grand travail de documentation, être certainement passionné par cette période.

En lisant, j'ai revu les estampes d'Hiroshige défiler sous mes yeux en imagination.

Un roman de grande qualité peut-être un peu trop éloigné du monde que je connais pour que je m'y plonge totalement.

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Le Bureau des jardins et des étangs

Beaucoup d'auteurs écrivent sur ce qu'ils connaissent, sur ce qu'ils ont vécu, sur des sujets qui leur sont proches. On y trouve, moi le premier, une garantie d'authenticité, de justesse. Quand il s'agit d'un auteur qu'on aime, on se dit parfois quand il reste dans ces sujets, qu'on aimerait qu'il aille explorer d'autres territoires, pour voir comment son style s'adapterait, s'il réussirait l'exercice, s'il ne se perdrait pas en route.



Je lis pour la première fois Didier Decoin, qui est né à Boulogne Billancourt en 1945 et écrit ici sur le Japon du XIIème siècle. Quel introduction inutile me direz- vous ? Non, car malgré tant d'écart entre sa réalité et celle du livre, il parvient à nous immerger complétement dans son récit. J'en ai vécu une expérience concrète, en tant qu'utilisateur du tramway. A deux reprises, plongé dans ma lecture, je me suis trompé d'arrêt de descente (une fois trop tard, la fois suivante trop tôt). Quelle meilleure marque d'une atmosphère envoutante et prenante, alors qu'on voudra bien m'accorder qu'une rame de tram n'a rien à voir avec l'empire ancestral japonais.



Au delà de cette sensation, je peux essayer d'analyser ce qui m'a plus, touché dans son récit. C'est surtout et essentiellement un livre du deuil, magnifiquement décrit par l'auteur et dont on partage avec l'héroïne Miyuki les sensations complexes, lors d'un voyage initiatique inversé dans les campagnes japonaises et vers la capitale, à travers l'exploration de tous ses sens, de la vision des forêts, aux odeurs entêtantes des encens, en passant par le toucher des écailles des carpes. Le fantôme de son époux est omniabsent, jamais là et pourtant toujours avec elle.



Au delà du deuil, c'est aussi une magnifique histoire d'amour. Une histoire simple, entre gens modestes (ce qui m'a rappelé le magnifique Quoi de neuf, petit homme ? d'Hans Fallada, dans un tout autre contexte). A l'opposé des livres d'amour décrivant des histoires impossibles entre deux êtres que tout sépare, tout unit ici Miyuki à Katsuro, et cela ne fait que renforcer ce sentiment qui n'a pas les mots pour s'exprimer mais qui n'en est pas moins là dans leurs attentions, leurs gestes, leurs étreintes.



C'est enfin la confrontation entre deux mondes, deux classes sociales unies ironiquement par des poissons plutôt communs comme les carpes, absolument indispensables aux étangs des monastères et amenant de fait une dépendance aux simples pécheurs provinciaux. La rencontre entre le chef du Bureau des Jardins et des Etangs et la veuve du pêcheur est marquante, forte, là encore totalement dans l'empire des sens, d'un sens en fait, l'odorat qui marque la différence de caste, entre les odeurs agréables ou nauséabondes, mais aussi entre les senteurs artificielles ou les odeurs naturelles et authentiques.



Bref de nombreuses strates à découvrir, où se perdre, comme dans les différentes eaux des étangs où cherchent à se cacher ces carpes qui servent de fil conducteur d'un récit prenant.
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Le Bureau des jardins et des étangs

Lorsque Katsuro, pêcheur dans un modeste village, se noie dans la rivière, c’est un compagnon de vie que perd Miyuki.

Pour le village entier, c’est la menace d’un déshonneur. En effet, Katsuro était un pêcheur renommé, fournisseur de carpes d’ornement pour les étangs sacrés de la cour impériale. Son mari disparu, c’est Miyuki qui est chargée d’emmener les carpes à Heiankyo.

Courageuse, la frêle jeune femme entreprend cette longue traversée semée d’obstacles et de rencontres plus ou moins heureuses. Si les désillusions et le découragement frappent Miyuki confrontées à la violence des éléments, à l’âpreté du chemin et aux trahisons humaines, elle est également portée tout au long de son périple par l’amour qui l’a unie à Katsuro. Celui-ci lui revient en mémoire dans les gestes qu’il lui a appris pour veiller sur ses carpes, dans le souvenir de ses propres récits de voyage, des paysages qu’il lui a décrits, des auberges dont il lui a parlé, dans les réminiscences aussi du plaisir et de la complicité partagée.



Le Bureau des Jardins et des Etangs est un roman d’une sensualité envoûtante et d’une sensibilité exquise. L’écriture délicate et subtile demande à être savourée à petites doses, pour profiter de chaque parfum, de chaque arôme, de chaque frôlement d’étoffe et se laisser bercer.



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Le Bureau des jardins et des étangs

Avec le bureau des jardins et des étangs , Didier DECOIN nous invite à un voyage dans le Japon médiéval, à la fois très olfactif et spirituel.



C'est à un récit très élégant qu'il nous convie grâce à une langue fouillée qui tourne hélas, très vite, aux phrases à rallonge, parfois même quelque peu alambiquées.



Je n'ai pas vraiment adhéré à cette histoire de jeune veuve livreuse de carpes impériales, d'abord en raison de son style mais également d'un récit qui perd en force au fur et à mesure du roman. En fait, il ne se passe pas grand chose....

Ce voyage au pays des corps avec leurs parfums et le côté terrien de l'héroïne Miyuki ne m'ont pas convaincue. le romancier s'est plu à mettre longuement en mots les odeurs de la vie, tantôt écoeurante et nauséeuse, tantôt sucrée comme l'érotisme (dont il parsème son texte) ou le kaki trop mûr.



A force de rêveries inattendues, d'odeurs décrites en long et en large, d'un style souvent trop dense, c'est moi qui ai fini par avoir la nausée.


Lien : http://justelire.fr/le-burea..
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Le Bureau des jardins et des étangs

Je ne fais pas cette critique à la charnière de l'heure du Lièvre et celle du Dragon ( de 7h à 9h du matin) et bien qu'il soit question de carpe , je ne baille pas telle une carpe !



Là, nul baillement en lisant Didier Decoin qui nous fait découvrir quelques rituels, assez surprenants pour certains, de l'Empire du Japon au XIIème siècle.



Katsuro est mort, sa femme Miyuki va prendre la relève pour livrer, aux Etangs Sacrés de la Cité Impériale, les plus belles carpes qui soient pêchées dans la rivière Kusagawa.



Nous cheminons avec elle et elle nous fait partager les heures éblouissantes et sensuelles qu'elle a vécues avec l'homme qu'elle a aimé.



Bien sûr, il a cherché le plaisir avec d'autres durant ses nombreux voyages, mais il lui revenait toujours ; plus désireux que jamais des plaisirs de la chair qu'elle savait lui prodiguer.



Miyuki savait faire vibrer chaque parcelle de leurs corps et se donnait sans compter à cet homme exigeant, auquel elle était soumise.



Le manque de Miyuki, l'auteur nous le fait sentir de façon poétique et sensuelle.



Etranges et fascinants.



Très Japonisant cette lecture.
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Le Bureau des jardins et des étangs

Une très belle lecture au goût de conte initiatique. On se retrouve transporté au Japon du XII ème siècle.

Sensuel, olfactif, naturel tous ces adjectifs me viennent en tête.

J'ai senti, j'ai ressenti, j'ai vibré en accompagnant Miyuki lors de son périple pour sa précieuse livraison.

Miyuki est vraiment une belle personne, simple.

J'ai aimé ce livre comme j'ai aimé son personnage principal, cette femme veuve, Miyuki. Je l'ai suivi dans les étapes de son deuil, dans ce périple qui rend si bien hommage à son mari, ce pêcheur de carpes exceptionnel.

J'ai aimé qu'elle se confronte à ce nouveau monde pour elle, celui très codé et différent du sien dans la cité impériale.

Ce livre est une belle leçon d'humilité et d'amour.

Il décrit à merveille les us et coutumes de l'époque. Il est très poétique et met en avant tout un art de vivre japonais.

On ressent et on sent les personnages. J'ai eu envie que ce livre prenne vie en film d'animation. Mais attention, pas parce que je n'ai pas aimé cette lecture, non j'ai beaucoup aimé l'écriture de Didier Decoin.

Mais cette histoire est digne d'un film de Hayao Miyazaki. Peut-être parce que la couverture de ce roman de Yuji Moriguchi m'a totalement subjuguée.

Une illustration très sensuelle, sexuelle même et qui illustre à merveille une des scènes du livre.

Tous les sens sont mis à contribution dans ce roman. Et les odeurs, le sens de l'odorat est au centre de bien des ressentis. Je vous laisserais découvrir le concours de parfums : le takimono awase.



Alors humez chers amis,

humez toutes les odeurs de la vie,

et accompagnez Miyuki, son fantôme de mari

et ses carpes, dans la cité impériale !

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La pendue de Londres

J’ai lu Decoin avec souvent un petit sourire du coin des lèvres.

Ne vous méprenez pas, ces rictus ne sont dus qu’aux tournures de phrases enlevées et mutines,

le sujet et sérieux et sérieusement traité.

Il s’agit, au fil des chapitres menés en parallèle, de la carrière exemplaire d’un exécuteur extrêmement rigoureux et d’une jeune femme très séduisante dans le Londres de l’après-guerre.

L’un, bourreau de travail, l’autre, bourreau des cœurs.

Albert est toujours à la recherche de l’idéal pour infliger un minimum de souffrances à ses condamnés à la pendaison. Son obsession, la rapidité à les occire. Très apprécié, il ira même jusqu’en Allemagne, pendre les nazis après les procès de Nuremberg.

Ruth, de son côté, veut se sortir d’une adolescence difficile où son père lui prodiguait des marques d’affection allant bien au delà de ses attributions de papa. Sa beauté et sa grâce lui permettront d’accéder à des fonctions d’hôtesse puis de dirigeante de clubs très en vogue ce qui, lui évitera la déroute mais pas les nuits de rut. Soumise à ses nombreux amants, son violent mari, son adipeux employeur, la vie de Ruth est rude.

Aventure venimeuse, elle tombera follement amoureuse, totalement charmée par l’inconsistant et navrant David, piètre coureur automobiles autant qu’expérimenté coureur de jupons.

Pour Albert, la vie coule comme la bière dans le pub qu’il dirige pour pallier à ses maigres rémunérations de tueurs patentés, les clients se bousculant, fier de trinquer avec leur bourreau préféré. Il y croisera même Ruth et échangeront quelques phrases, destin facétieux.

Ma lecture défile, vive et élégante, envahie de situations tragiques et poignantes, galopante vers un drame que l’on sent poindre. Sentir, c’est le mot juste, Decoin émaille son récit d’une myriade de sensations olfactives imprégnant ce roman des effluves les plus chargées aux fragrances les plus fines, c’est agréable et pénétrant. On se laisse guider au parfum du souffle de Ruth : « un mélange de Navy Cut, de café, de pomme et de cannelle, le tout enrobé de l’arôme un peu gras de son rouge à lèvres. »

« Ruth a trop vécu la nuit, elle a trop bu, trop fumé, trop aimé. ». David la trompe, la bat férocement jusqu’à la faire avorter du bébé qu’elle porte. Après deux passages à l’hôpital, elle a trop souffert, trop subi. Bien que le P38 « dégage une odeur huileuse qui l’écœure », elle le tue…

Ruth est inculpée et incarcérée à la prison d’Holloway dont le bourreau, vous l’aurez compris est Albert.

Les 33 pages restantes sont l’âme du livre. La réflexion. Le terrain où Decoin nous coince.

« Albert, tu te sens vraiment prêt ? » Il s’agit d’exécuter une femme plus victime que coupable.

L’opinion publique prend parti, la reine s’émeut, le ministre de l’intérieur britannique s’interroge.

And you, are you ready? And you, what would you do for love?

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Le Bureau des jardins et des étangs

Roman de Didier Decoin. À paraître le 28 décembre.



Katsuro pêchait les plus belles carpes dans la rivière Kusagawa. Tout Shimae le respectait pour l'honneur qu'il faisait rejaillir sur le village en livrant ces superbes poissons au Bureau des jardins et des étangs pour en orner les bassins des temples d'Heiankyô. À sa mort, sa veuve, la jeune et frêle Miyuki, décide d'honorer la commande passée à Katsuro et de livrer les dernières carpes pêchées par son époux. « Si elle échouait, le village tout entier serait déshonoré de n'avoir pas été capable de fournir des poissons aux temples d'Heiankyô. » Lourdement chargée de nacelles, elle chemine lentement jusqu'à la cité impériale, dépassant des obstacles géographiques et des surmontant des mésaventures humaines. Ce voyage harassant est un deuil en mouvement, un pèlerinage amoureux. « Depuis la mort de Katsuro, la jeune femme vivait dans un brouillard qui assourdissait les sons, détrempait les couleurs. Mais elle pressentait que cette opacité se dissiperait dès qu'elle prendrait la route, et qu'elle verrait alors le monde tel qu'il est en réalité, avec ses aspects positifs et ses pentes néfastes. Puis, lorsqu'elle aurait livré ses poissons, lorsqu'ils glisseraient dans les bassins des temples, sa vie s'empâterait de nouveau, l'obscurité la reprendrait. » Mais la livraison des poissons n'est pas la fin de l'aventure pour Miyuki.



Quel dépaysement que cette lecture ! Avec ses airs d'estampes, ce roman est très exotique et très sensuel. Il est également cruel : pirates sanguinaires, pèlerins escrocs, maquerelles féroces, rien n'est épargné à la pauvre Miyuki qui porte déjà sur ses épaules le triste héritage de son époux. Didier Decoin dépeint avec précision l'absurdité de l'administration impériale, mais également la très grande beauté qui peut naître d'un concours de parfums. « L'odeur séduisante ou fétide qu'il émet ne reflète jamais la réalité d'un être, [...] elle témoigne seulement de la façon dont cet être se manifeste à nous. » Ou quand l'essentiel est invisible pour les yeux...



De cet excellent auteur, je vous conseille Abraham de Brooklyn, John l'Enfer ou encore La promeneuse d'oiseaux.
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Est-ce ainsi que les femmes meurent ?

Le 13 mars 1964, Catherine Susan Genovese, dit Kitty, est sauvagement assassinée devant chez elle, dans le quartier huppé de New Gardens dans le Queens, alors qu’elle rentrait de son travail. Ce qui n’aurait pu être qu’un fait divers parmi tant d’autres va pourtant faire les choux gras des tabloïds et faire réagir tous les Etats-Unis.



En effet, le New-York Times révèle dans une enquête menée par Martin Gansberg, que trente-huit témoins ont assisté à la scène de chez eux sans qu’un seul vienne porter secours à la jeune femme de 28 ans ! Ces terribles révélations, qui pointent du doigt la lâcheté de ces citoyens sans histoires, vont bouleverser et profondément choquer des milliers de gens.





Didier Decoin dresse alors un portrait de la jeune femme, connue pour sa gentillesse et sa discrétion, mise sur un piédestal par la presse pour avoir été une innocente victime. Il décrit ensuite le portrait de Winston Moseley, le meurtrier de Kitty et d’une dizaine d’autres femmes, arrêté après son crime et dont le procès sera suivi par tout le pays. Mais si un seul homme est jugé, on n’oublie pas que trente-huit autres ont leur part de responsabilité…



Voilà un récit qui fait froid dans le dos! D’abord parce qu’il s’agit d’une histoire vraie, ensuite parce qu’il nous met face à nos propres faiblesses et à notre lâcheté. Le lecteur est placé dans la position du témoin, passif et voyeur de l’atrocité qui se joue sous ses yeux. Il voit la scène, est terrorisé, sidéré, choqué et malgré tout ne peut s’empêcher de regarder ce qui lui fait horreur, comme s’il était paralysé. Le récit soulève une multitude de questions et pousse le lecteur à réfléchir à cette lâcheté collective. Comment peut-on rester sourd aux appels au secours d’une personne en détresse ? A quel point ces témoins sont-ils coupables du crime ? Comment punir cette absence de courage ? Le fait est qu’il n’y a justement pas eu de sanction pour tous ces gens qui se sont empressés de déménager de leur immeuble pour fuir les jugements et les questions embarrassantes… Un livre glaçant donc, dominé par une tension permanente, qui dérange parce qu’il explore de sombres facettes de la nature humaine… Une lecture marquante !





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Le Bureau des jardins et des étangs

Comme c'est étrange, je rassemble et je reprends mes notes quelques mois après avoir lu ce roman, le bureau des jardins et des étangs. Si vous souhaitez des détails, c'était un peu avant le premier confinement, je ne sais pas si cela a de l'importance.

J'avais aimé cet auteur, Didier Decoin, bien avant, lorsqu'il était jeune et inspiré. Il m'avait enthousiasmé par son roman John L'Enfer, mais aussi par un autre récit un peu moins connu, mais dans le même registre : Abraham de Brooklyn. C'était à l'époque où il écrivait des choses qui me séduisaient. Et puis, nous nous sommes éloignés l'un de l'autre...

Le bureau des jardins et des étangs fut donc l'occasion récemment de renouer avec cet auteur.

Le sujet est passionnant au départ et c'est bête, c'est complètement idiot ce que je vais vous avouer, le récit aurait été écrit par un auteur japonais, je me suis demandé si cela n'aurait pas davantage influencé mon propos, dans un sens favorable. Je m'en veux un peu de dire cela... Du reste, ce que je dis est faux, car j'ai adoré par ailleurs le roman de Hubert Haddad, le Peintre d'éventail.

Tout d'abord, nous voici plongés dans un monde fait de rites et d'extrêmes convenances.

Ici c'est un petit village de l'Empire du Japon, nous sommes au XIIe siècle. Nous faisons connaissance avec un couple, Katsuro et son épouse Amakusa Miyuki. Katsuro est réputé pour savoir pêcher les plus belles carpes destinées à l'Empereur. Katsuro se noie et sa veuve est désignée pour continuer à livrer les carpes sacrées à l'Empereur.

Dès lors, elle va entreprendre ce long voyage portant sur ses épaules fragiles la palanche qui supporte les deux nasses dans lesquelles sont réparties les huit carpes destinées au Directeur du Bureau des Jardins et des Étangs.

Amakusa Miyuki est cette femme qui prend le relais. Il y a ici déjà, dans ce récit initiatique, une belle histoire de transmission.

La question est posée : arrivera-t-elle au bout de ce long chemin semé d'embûches ?

En lecteur, je me suis posé aussi la même question : arriverai-je au bout de ce long récit, peu importent les embûches ?

J'ai senti entre les pages une odeur de terre mouillée, une odeur entre les brumes.

Le roman ressemble à une sorte de road movie façon estampes japonaises. C'est beau sur le papier, l'idée est géniale, c'est magnifiquement écrit, mais que reste-t-il de cette histoire ? Chez moi, hélas, pas grand-chose...

Je m'étais préparé à ce rendez-vous avec la lune, rendez-vous avec les rêves, rendez-vous avec la peau, rendez-vous au bord de l'eau et de ses profondeurs... Rendez-vous avec une émotion...

Mais voilà, je suis resté à la surface des choses, c'est-à-dire à la surface de l'onde, c'est-à-dire à la surface des pages, la peau des livres que nous lisons.

L'écriture est belle.

Le conte fonctionne magnifiquement.

Le lecteur est invité, pour ne pas dire entraîné, happé même, à quelques digressions érotiques sous l'onde, voyages qui ne sont pas dénués de sensations coquines, mais qui laissent par-delà les pages un grand vide sidéral et le coeur un peu vide...

Je n'ai pas été touché par cette femme qui voyage, laborieuse, fourmi infatigable, dévouée et lascive sous l'onde.

Que diable ! le lecteur manque souvent d'imagination. Oui sans doute aurais-je dû me transformer en poisson, en anguille sous roche pour tenter d'approcher ce personnage éthéré d'Amakusa Miyuki.

Au final, j'ai eu l'impression que Didier Decoin s'ennuyait dans sa vie de membre de l'Académie Goncourt, et qu'il a eu envie brusquement de sortir de ce cadre un peu engoncé, se divertir dans un conte exotique et sensuel où il n'y croit pas vraiment, à aucun instant. Hélas, moi non plus...

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La promeneuse d'oiseaux

Je profite de l'état semi-comateux dans lequel m'a plongé la lecture des vingt dernières pages de cette romance à l'ancienne pour, dans la foulée, lacher cette chronique comme l'envoi d'une colombe vers un amour imaginaire. Peut-être est-ce le livre finalement que je devrais proposer pour me mettre sous hypnose ?



La qualité première du roman est le style ; l'écriture souple de Didier Decoin est l'unique raison qui m'a permis d'accompagner cette promeneuse d'oiseaux jusqu'au bout de son délire amoureux à la poursuite d'un Gaudion fantasmé. Cette écriture a un pouvoir anesthésique important. J'ai plongé dans l'irréalité de la quête de Sarah des îles anglo normandes à Londres pour ensuite traverser la manche, se faire arrêter à Trouville (avant même d'avoir cherché à atteindre Roscoff où Gaudion s'occupe de ses oignons^^) et alors incarcérée quatre ans à la Cohue. L'héroïne se faisant gruger tout au long de ce parcours, je n'ai pu faire sans me demander : qu'a-t-elle donc sniffé?



Tout cela pour finalement faire le même chemin en sens inverse et potentiellement connaître le bonheur 'auprès de son arbre'. Bon, au fond Justine où les malheurs de la vertu revisité en plus gentillé.



Je dirais que Didier Decoin s'en tire drôlement bien auprès d'un lecteur qui vous dirait bien pis sur Autant en emporte le vent.
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Le sang des Valois, tome 1 : L'homme du fle..

L'époque de François 1er marque une période foisonnante, et par beaucoup d’aspects charnière de l’histoire française. On est au tout début des guerres de religions entre les catholiques et les protestants. Il y a également l'émergence de l'Espagne qui domine l'Europe grâce à ses colonies du nouveau monde.



Il y a un véritable effort pour rendre présentable les interactions entre les personnages à savoir le roi et sa cour et la famille de pêcheur qui a sauvé la vie des dauphins.



Je n'ai rien à dire sur le dessin qui est constant et détaillé. On sent bien que le dessinateur apprécie les costumes et les châteaux. Le soin apporté aux détails d'architecture est remarquable.



En matière de série historique, ce n'est de loin pas ce que j'ai pu lire de mieux. C'est un titre honnête mais qui est surclassé par d'autres. Je pense notamment au « trône d'argile » où l'on peut faire difficilement mieux.



Le sang des Valois peine à convaincre car la série se déporte sur une autre famille plus modeste dont le fils va ramener une musulmane en France. On s'éloigne un peu du sujet des Valois même s'ils sont toujours présents en toile de fonds. A noter qu'on ne s'attache non plus à aucun personnage notamment les péripéties de François 1er. On reste beaucoup trop en surface.



Néanmoins, cela reste une lecture qui donne envie d'approfondir encore plus ses connaissances sur cette période.
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Dictionnaire amoureux des Faits divers

J'ai une forte sympathie pour cette collection étonnante des "Dictionnaires amoureux..." qui nous offre des compilations fort enrichissantes sur les sujets les plus éclectiques... L'un des derniers qui avait retenu mon attention était "Le Dictionnaire amoureux des Dictionnaires"...

Là nous passons à un tout autre sujet... Je devais choisir un cadeau pour une connaissance qui m'exprima son goût pour "les faits-divers" et les histoires de Pierre Bellemarre; souhaitant ménager un effet de surprise... j'ai cherché sur cette thématique et j'ai eu le grand plaisir de "tomber" sur ce dictionnaire fort attractif réalisé et rédigé par la plume alerte de Didier Decoin...Ce dernier a mis cinq années pour composer cet inventaire ... qui va du drame aux histoires les plus rocambolesques, à travers les époques !!!



"Du maquis corse au Boulevard du Crime, en passant par la forêt maudite d'Aokigahara et Boston tombé dans la mélasse, voici le petit peuple des faits-divers et ses mille & une histoires " (avant-propos de Didier Decoin)



Ce dictionnaire insolite est de plus, accompagné de vignettes et de dessins d'Alain Bouldouyre....ce qui rend l’ensemble attrayant et la lecture, ludique….



"En fait, je le sais aujourd'hui, ni mon père ni moi n'aimions les faits divers. Tout au contraire, nous les avions en horreur, ils nous révoltaient, nous offusquaient, nous révulsaient.

Ce que nous aimions, mais alors là passionnément, c'étaient les personnages qui les hantaient, les victimes, les canailles, les justiciers, les salauds, les duellistes millénaires (...)

Ce qui nous séduisait, c'était le petit peuple des faits divers.

Je dis "petit peuple" parce que les Grands, les Puissants, se réservent le fait historique.

Aux petits, aux modestes, échoit le fait divers. " (p. 11)



Les faits-divers ont abondamment nourri la littérature et certains romanciers…cette anthologie composée par Didier Decoin redonne une place de choix dans ce sous-genre de la « Petite Histoire »…qui , d’une manière ou d’une autre , interpelle chacun.



« Le goût du fait-divers c’est le désir de voir, et voir c’est deviner dans un pli du visage tout un monde semblable au nôtre « - Maurice Merleau-Ponty



« Il n’y a pas de fait-divers sans étonnement "Roland Barthes

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Le Bureau des jardins et des étangs

Empire du Japon, XIIè siècle.

C'est un long voyage que s'apprête à entreprendre Miyuki. Pour une jeune femme qui n'a jamais quitté son village, la route vers Heiankyô peut sembler périlleuse, mais elle est prête à tout pour livrer les carpes promises par son mari au Bureau des jardins et des étangs. Car elle est seule désormais, depuis que Katsuro s'est noyé dans la Kusagawa. Le meilleur pêcheur du village n'est plus et sa veuve se fait un devoir d'honorer la commande de l'empereur. Semé d'embûches, son périple se fera pourtant dans la joie de parcourir les paysages et les chemins découverts avant elle par Katsuro, avec pour seule préoccupation de maintenir en vie les derniers poissons qu'il a pêchés. D'ailleurs l'esprit de son défunt mari l'accompagne partout où elle va. Miyuki peut sentir sa présence, sa protection, ses encouragements, ses caresses.



Roman historique qui nous transporte dans le Japon impérial du XIIè siècle, mais aussi roman d'amour, sensuel et poétique, et encore roman d'aventures qui raconte le difficile et lent voyage d'une femme portée par la fidélité à un homme et à la parole donnée, et aussi roman spirituel où l'on rencontre les esprits des défunts ou ceux des eaux, capables d'avaler l'âme des humains...Le bureau des jardins et des étangs est tout cela à la fois, et plus encore, c'est également le parcours initiatique de la jeune Miyuki, veuve trop tôt, et qui n'a jamais quitté son village que par les histoires de son défunt mari, une ode aux cinq sens où l'on entend chaque bruissement de la forêt, où l'on sent la délicatesse des parfums ou la puanteur de l'eau saumâtre, où l'on goûte la pulpe d'un kaki trop mûr, où l'on ressent la douceur des soieries, où l'on peut entrevoir un esprit et voir la beauté d'une femme cachée sous des haillons.

Un roman élégant, sensuel, délicat, presque un conte, à l'écriture ciselée, recherchée, d'une beauté toute japonaise. Une pépite.
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John l'enfer

New York se désagrège. Les gratte-ciels se fissurent et se vident. Les chiens partent en bande vers les montagnes. Les eaux refoulent dans les souterrains. New York se meurt. Mais il n’y a que John l’Enfer, un indien Cheyenne, qui sent les convulsions de la métropole. Cette fin prochaine rappelle comment le petit village indien de Manhattan a disparu sous la poussée des colons blancs. Cette fois, c’est certain, la nation indienne vit ses dernières heures. « Le douzième laveur de carreaux qui s’écrase en moins de six mois. Tous des Indiens. Je le croyais pourtant différents de nous autres, insensibles au vertige ? / Oui, ça se passe dans leur oreille interne. Maintenant, si ça se trouve, ils s’adaptent. Et ils en meurent. » (p. 13) L’assimilation définitive est-elle donc le dernier acte barbare que les Blancs civilisés commettent envers le peuple millénaire du nouveau continent ?



John l’Enfer est laveur de carreaux. Il s’élève au-dessus de l’agitation fiévreuse de la cité et les milliers de fenêtres de la ville lui renvoient un horizon de fer et de verre qui se craquèle. « Le Cheyenne a toujours eu l’impression d’être le spectateur privilégié de cette ville à la surface de laquelle il ne prend pied que pour fermer les yeux. » (p. 50) John n’est pas le dépositaire des rites de ses ancêtres, mais il garde en lui assez de spiritualité pour savoir que New York convulse et qu’il ne fait pas bon y rester. « Il faut se méfier des villes, ça vous assassine mine de rien. » (p. 162)



Le chemin du Cheyenne croise celui de Dorothy Kayne, une jolie professeure d’universitée qu’un accident a rendu momentanément aveugle. La jeune femme a besoin d’être protégée et elle accepte le soutien de John. Et aussi celui d’Ashton Mysha, un officier de marine retenu à terre pour raisons de santé, juif polonais obsédé par son pays d’origine. Ces trois êtres se raccrochent les uns aux autres et élaborent une relation étrange. John aime Dorothy, mais refuse de la toucher. « Il accepterait de pas toucher Dorothy Kayne, jamais. De ne pas danser avec elle, de ne pas changer ses pansements. Mais qu’elle vive dans sa maison, seulement ça – et rien d’autre. Elle est la millième femme, peut-être, dont John l’Enfer rêve de suivre la vie pas à pas. » (p. 86) Il semble que Dorothy aime l’Indien, mais c’est à Ashton qu’elle se donne chaque nuit. Et Ashton ne semble aimer personne : il attend seulement la mort et cette attente le fatigue.



Brusquement, John l’Enfer est au chômage. La malhonnêteté des entrepreneurs new-yorkais est une autre manifestation de l’inexorable déliquescence de la ville. Le Cheyenne décide de descendre dans la rue avec d’autres Indiens et de revendiquer les droits des natifs. La marche est stoppée par les forces de l’ordre. « Ne pas confondre un combat de rues avec la guerre des plaines. » (p.94) John l’Enfer est envoyé en prison et sa seule façon de payer sa caution, c’est d’hypothéquer sa petite maison en bois à Long Island, cette bicoque que les riches du voisinage rêvent tant de voir sauter pour y installer des demeures autrement plus rutilantes. Les pouvoirs accusent John d’avoir voulu détruire New York et le procès s’annonce sans appel. « On n’a jamais vu un seul Cheyenne l’emporter sur des millions d’hommes. » (p. 282)



John, Dorothy et Ashton dérivent dans la ville qui se meurt, d’un gratte-ciel vide à un palace où tout est démesuré. Le Cheyenne se laisse submerger d’amour pour Dorothy. . « À travers John l’Enfer, c’est la nation cheyenne qui s’agenouille. Respire, avide, le parfum trouble d’une fille blanche et blessée, encore endormie. » (p. 146) Mais Dororthy est une femme effrayée qui use de son handicap pour redevenir enfant. « Ces deux hommes avec toi, que sont-ils au juste ? / Une attente. » (p. 217) De son côté, Ashton décide d’en finir avec ses démons, d’en finir tout court. Il rencontre le docteur Almendrick qui se livre à un curieux trafic d’organes humains sous forme de ventes viagères. La fin se précipite : celle d’Ashton et celle de New York se confondent. Pour les survivants, une seule solution : fuir et ne pas se retourner sur les vestiges à venir de la ville.



En me relisant, je me dis que j’en ai sans doute trop écrit. Mais ce roman est impossible à résumer. Il y a tant de choses à dire à son sujet. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été happée par une lecture au point d’en rêver, de rêver d’une ville qui s’effondre et qui se meurt à petit feu, de rêver d’un Indien mélancolique et amoureux et de hordes de chiens qui envahissent Central Park. Oui, je divague encore un peu, mais c’est tellement bon…

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Docile

Quelle injustice, si peu de lecteurs pour une si tendre pépite!



Sur fond de pré-deuxième guerre mondiale, éveil amoureux du jeune Blaise Questier, maladroit avec sa voisine décorative Catherine Perez, amour secret pour la libraire Docile aux jolies jambes, offrant la collection d'ouvrages géographiques légués par son père... et aussi un peu son corps.



Avec des mots simples, des mots d'enfant, Decoin nous fait sourire, rêver, livre sa fascination pour les arts salivaires, crée des ambiances dignes de Zafon ou Miyazaki, bateau lavoir ou société de géographie has been présidée par le revêche Cohen-Colombe qui se passionnera néanmoins pour le projet de Blaise, découvrir un endroit vierge qu'il pourrait baptiser du nom de... Docile.

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