"Plus une femme se sent aimée dans le regard de son père, plus son capital de séduction s'accroît. A condition cependant que ce regard paternel respecte à la lettre la barrière de l'interdit de l'inceste. La moindre ambivalence laisse des traces, surtout si la parole qui l'accompagne n'est pas claire. Si le regard et les mots sont ambigus ou, pire encore, s'il y a passage à l'acte incestueux, alors les conséquences psychiques sont profondes et incalculables
Le recours à la haine présente cet "avantage" indéniable d'éviter au sujet une confrontation directe avec ce qu'il éprouve à l'égard de lui-même. Il projette sa part haineuse sur l'autre, se dispensant d'assumer sa face sombre, son côté obscur. La haine de l'autre colmate une brèche, une faille interne trop difficile à accepter.
Lacan a pointé la fragilité d'un tel branle-bas , durant les événements de Mai 68, en soulignant les risques qu'encouraient les étudiants ( et les psychanalystes ) à se laisser charmer par le chant de ces nouvelles sirènes. Dans son "Impromptu de Vincennes", en décembre 1969, il s'écrie : "L'aspiration révolutionnaire, ça n'a qu'une chance d'aboutir, toujours, au discours du maître. C'est ce dont l'expérience a fait preuve. Ce à quoi vous aspirez comme révolutionnaires, c'est à un maître. Vous l'aurez".
L'une des fonctions d'une analyse, et non des moindres, serait alors de permettre au sujet, tenté de se précipiter dans un groupe pour faire l'économie de sa construction subjective, de repérer ce qui lui a été transmis ainsi que les blancs et les manques de son histoire familiale.
Pourquoi je bois ?
Pourquoi je bois ?
Pour pouvoir écrire de la poésie.
Parfois lorsque tout est diffus
et que toute laideur s’efface
en un profond sommeil
Il y a un éveil
et tout ce qui demeure est vrai.
Tandis que le cœur est ravagé
l’esprit se fortifie.
Pardonne-moi mon père car je sais
ce que je fais.
Je veux entendre le dernier poème
du dernier Poète.