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Citations de Didier Quesne (62)


Et, demain, quand le Seigneur nous apportera sa Divine lumière, je tiendrai un conseil pour juger de la faute commise par cette femme... et, il se tourna brusquement et désigna François d'un doigt accusateur, par cet homme que l'Église a élevé en son sein ! Puis je jugerai du cas de la jeune garcelette roussotte procréée par une femelle qui s'arroge le droit de raisonner.

(toujours le prêtre...)
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Il avait pensé qu'il lui apprendrait l'amour, ils l'apprirent tous les deux.
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On ne riait pas dans le village ; ou très peu. Ou en cachette. Rire n'était pas de mise. Un éclat de rire signalait assurément la perte d'esprit. On ne peut rire longtemps quand le salut se trouve dans le travail et dans l'accomplissement sérieux et réfléchi des tâches quotidiennes.
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Malgré tout cela, les femmes et les enfants venaient y puiser l'eau pour les repas et les rapides toilettes accomplies sans se dévêtir (car la nudité appartenait au Malin, à la bête immonde, ou aux croyances bâties sur la luxure et le stupre).
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- Musèle ton bec, moine, mais n'éprouve point de vergogne à ces sentiments d'amour, intervint Sylve qui avait écouté. On ne choisit point qui l'on chérit, pas plus qu'on ne choisit où ni comment l'on naît. Pleure ton Adelin, mais dissimule ton amour, il te pourrait conduire au bûcher, en compagnie d'une sorcière ou d'une magicienne.
Le frère Toine lui avait pris les mains, les avait baisées, puis avait dit :
- Tu es une fumelle d'une grande bonté, je le sens jusque dedans mon âme en grand dol. Puisse Dieu t'accorder le pardon de tes fautes et puisse Son infinie bienveillance vous protéger toi, tes enfants et ceux que tu chéris jusqu'à la fin des temps.
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Il est constant qu'elle est née quand il ne fallait point. Notre Seigneur qui voit et juge de toutes choses ne peut qu'il ne soit intervenu pour différer sa naissance. Si elle s'est malgré tout produite cette nuit-là, précisément, c'est bien que d'autres volontés que la sienne ont œuvré à rebours et le poil de ta fille porte les traces du combat qui s'est mené pour que triomphe la vraie Foi. Tout le monde sait qu'une femelle est impure par essence, sujette à déviations, suspecte de pensées retorses et qu'il nous revient, à nous, les mâles, de veiller à protéger nos âmes en face de ces êtres qui en sont dépourvus et qui nous ressemblent tant et si peu. Tant, pour mieux nous circonvenir, et si peu, pour ce que nous, les hommes, ne faillons point à raisonner et bâtir des projets. (…) Ta fille, à toi la femme qui raisonnes, ta fille est marquée par deux fois : elle est femelle et roussotte. Deux raisons pour accroire qu'elle est frappée du sceau du malin. Deux signes apposés sur son être pour faire montre au peuple de Dieu qu'il lui faut s'en défier et la suspecter d'immondes accords avec la bête.

(dixit un prêtre à la mère de Sylve)
(les joies de la religion chrétienne à cette époque et de toutes leurs médisances envers ceux qu'ils ne comprennent pas).
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- La fumelle discours fort dextrement, fit remarquer une voix que Sylve ne connaissait pas.
Elle tourna la tête pour voir un homme corpulent, coiffé d'un calot vert sombre. Il la regardait d'un air intéressé, comme il aurait examiné un animal.
- Si fait, conseiller, répondit Baulche. Et c'est bien là une preuve supplémentaire de sa possession. Oncques n'a pu ouïr un discours si bien tourné dans la bouche d'une personne du sexe.
- Que chantez-vous là grand inquisiteur ? demanda une voix féminine venant de derrière le conseiller.
(…)
- Signifiez-vous que toutes les personnes du sexe ne peuvent qu'elles ne possèdent point d'esprit ou, à tout le moins, à un degré fort moindre que celui des hommes ? Je suis béante ! reprit-elle, apparemment courroucée.
- Ne vous méprenez point majesté, dit précipitamment Baulche. Je ne voulais ici point faire mention des personnes de votre rang, je ne parlais que des fumelles communes, issues de la populace. Il est évident que des personnes de votre qualité possèdent un esprit à celui d'un homme comparable, alors que cette fumelle, venant de la fange d'un village ignoré, ne peut qu'elle ne soit tout juste capable d'ânonner son nom.
- J'accrois que la valeur des gens ne se juge point à la fente d'où ils viennent, intervint Sylve.
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- Vous dites n'avoir point vécu dans le monde, mais vos dires sont magnifiquement tournés, votre raisonnement ne jurerait point dans une dispute de rhétorique, je ne...
- J'ai toujours été ainsi. Il me suffit d'ouïr quelqu'un discourir pour déceler les failles, les manques de raisonnement. Déjà dans ma prime jeunesse, on se défiait de moi pour ce que je jactais mieux que nombre d'adultes du village et que j'ai su lire en une seule journée.
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- Mande le chef de chasse, messire de la Couperie, s'il est céans. Il a chassé avec moi.
- Chasser avec une fumelle ? Vieille ?
- La vieille fumelle t'attend au moment qui te siéra le mieux pour te professer que l'âge n'émousse pas toujours la vigueur du bras et la justesse du tir, jeune mâle. Va quérir le chef de chasse et annonce-lui que je le mande à la poterne.
- 'Suis point sous tes ordres, la vieille.
- Point sous les miens, se peut. Mais sous ceux du prévôt ducal. Or il advient que le messire de la Couperie sait mon nom et ma qualité. S'il apprend, par un biais que j'ignore, comment tu m'as laissée hors-douve, alors que je mandais sa présence, je suis acertainée que tu passeras plus de nuits d'hiver au faîte de la tour nord que quiconque dans la garde.
- J'aime point qu'on m'ordonne, la vieille ! Apprends-le !
- Je l'apprends, jeune mâle. Mais j'entends bien que mes dires cheminent sous ton cap épais et que tu vas sans tarder aller quérir messire de la Couperie. Dis-lui que je l'espère à l'abri du clôt. Viens, dit-elle à Sylve. Ce garde de bren a fort bien entendu où se nichait son intérêt.
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Il se leva et commença à récupérer ses vêtements épars dans la pièce.
- Que fais-tu ? s'étonna Sylve.
- Je vais rejoindre mes appartements et si Ninon m'avise dans cet appareil, elle se va pâmer sur les dalles.
- Tu ne restes point céans pour y dormir ?
Le jeune duc resta interdit.
- Pour quelle raison ? Nenni, nous dormons chacun dans notre chambre.
- Adonc tu ne me prises point ? Ne serais-je qu'un foutoir ?
Gault était de plus en plus éberlué, car la jeune femme paraissait réellement fâchée.
- Nenni ! Je te prise fort en avant dedans mon cœur, mais...
- Adonc pour quelle raison dépars-tu de cette chambre ? Cela te déplaît-il tant que cela de dormir en ma compagnie que tu doives, aussitôt le désordre de nos sens apaisé, t'ensauver dans tes appartements ?
- Mes parents s'aimaient moultement, mais ils ne dormaient jamais ensemble dans le même lit. Cela ne s'est point fait.
- Est-ce pour la raison que cela ne s'est point fait qu'il ne le faut point tenter ? Mes parents dormaient sur la même couche, monsieur le duc, et j'accrois qu'ils ne s'en portaient point plus mal. Pour ma part, je ne conçois point de me séparer de celui qui vient de me connaître. À tout le moins si celui-ci n'est point vergogne de m'ouïr quand je sommeille.
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Elle posa respectueusement le livre épais sur le meuble et alla ouvrir la fenêtre.
- Ma doué, mais pour quelle raison vous ouvrez le fenestron ! s'écria la soubrette, visiblement angoissée. C'est la male mort que vous voulez attraper ?
- Pourquoi attraperais-je la male mort en ouvrant la fenêtre ?
- Pour ce que l'air passe pour transporter maints esprits mauvais qui se peuvent acagnarder par-dedans nos humeurs et nous pourrir de l'intérieur ! Tout le monde sait cela !
- J'ai vécu de longues années seulette en forêt et ne me suis point vue emplie d'esprits mauvais, je te le peux certifier, lui dit Sylve. Les seuls esprits vraiment mauvais que j'ai pu encontrer se trouvaient non point dans l'air de la campagne, mais dans la noise des villes ou calfeutrés derrière les hauts murs d'un château.
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- Voyez, dit-il, je vous dois confesser qu'oncques je n'ai eu aussi peur de ma vie. J'ai constamment conjecturé que l'onde nous allait emporter.
- Je suis béante, répondit Sylve. Je pensais jusqu'alors que les hommes ne connaissaient point la peur.
- Détrompez-vous, dit-il en reprenant sa progression, suivie de la jeune femme. Il m'arrive fréquemment de l'éprouver. Mon père disait qu'il plaignait celui qui n'avait point connu la peur, pour ce que sa vie avait dû être fort ennuyeuse.
- Et vous avouez à une fumelle que vous avez eu peur ?
- Cela vous contrarie-t-il ? Êtes-vous de ces fumelles qui n'apprécient les hommes que forts en gueules et fiers de leur courage guerrier ?
- Nenni. J'ignore quelle sorte de fumelle je puis être, mais suis acertainée de ne point priser les hommes qui paradent, qui font montrent de leurs mâles breloques, mais qui s'acoutissent bien vite dans le premier giron venu dès que survient un danger.
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Vois-tu, il ne faut point jacter à tous vents de certaines choses qui dépassent l'entendement de beaucoup de personnes, même parmi les grands de notre monde. Je suis allé dans d'étranges contrées. J'y ai vu moult choses répugnantes, belles, choquantes, admirables... et j'en ai conçu une grande admiration pour l'humanité qui est capable de s'entendre pour bâtir des merveilles ; j'en ai conçu une grande haine pour l'humanité qui est capable de tuer, de torturer pour faire construire des monuments qui glorifient l'inutile. Ce que tu possèdes, ce que je possède, ce pouvoir qui nous rend différents, ce pouvoir qui t'effraie et à cause duquel tu te crois coupable de la mort de ta mère, il nous le faut utiliser. Il nous le faut dominer pour que non pas qu'il nous domine et fasse de nous des sorciers, mais plutôt des enchanteurs.

(dixit le Maître à Sylve).
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Ce jour-là, quand elle remontait le second récipient, arc-boutée sur la chaîne du puits qui grinçait terriblement, elle eut tout à coup conscience d'un danger. Elle se retourna vivement, mais pas assez pour éviter la pierre lancée par Ygrelin. Elle la reçut en pleine tête. Le projectile avait été lancé avec une force rageuse. Sylve chancela. Des couleurs dansaient devant ses yeux. (…) Étourdie, elle s'affaissa lentement le long du puits. (…) Voyant leur victime sans défense, les gamins poussèrent un sauvage cri de joie, s'emparèrent chacun d'une pierre et se mirent en demeure de lapider la petite fille.

(la méchanceté innée des enfants envers ceux qu'ils ne comprennent pas).
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- Je te mande ton pardon, la Louise. Je me suis laissée emporter par une inopportune aigreur et n'ai point entendu le fondement de tes actes.
- Pardon mandé, pardon accordé, fillote. Malgré tout, apprends que les choses contre lesquels il n'est rien possible d'entreprendre se doivent endurer avec humour et...
- Je ne pouvais rien tenter contre le trépas en grand dol de ma mère, la coupa Sylve. Mais il m'est impossible de le souffrir avec humour.
- À mon tour de te mander excuse, petiote. Mon vieux cap n'a point encore versé ce drame de ta courte vie dans ses mérangeoises.
- Allons, ne nous complaisons point dans les mercis et les pardons. Mieux est d'avancer promptement. Notre rencontre est jeune encore et nos esprits tâtonnent pour se connaître.
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Elle soupira et ajouta à voix basse :
- Il aurait mieux valu que je passe avec...
- Je te dénie le droit d'accroire pareille sottise ! s'écria Louise. Trépasser est toujours haïssable. Il n'est nul besoin de le désirer, le temps se charge fort bien de l'affaire.
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- Je suis le capitaine des soldats de Dieu commandant le convoi qui a compagné la jeune fumelle accusée. Je tiens à dire qu'oncques je ne l'ai vue, pendant les jours qu'ont duré le voyage, user d'enchantements, de pouvoirs magiques. Bien au rebours, j'ai eu un agréable commerce avec elle pendant...
- Avec quelle audace venez-vous nous instruire que vous l'avez connue ? cria Baulche.
- Je ne l'ai point connue ! tonna à son tour le chevalier. Je suis fidèle à mon épouse ci-présente et c'est par trop lui manquer de respect que de prétendre que je la pourrais abuser de la sorte ! J'ai dit que j'ai eu un commerce agréable avec la fumelle Sylve, pour ce que nous avons moultement causé et disputé des idées sur maints sujets. Ses dires et ses opinions ont grandement impressionné mon esprit. J'y crois discerner la vérité nue.
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Malgré sa peur, il savait jusqu'aux tréfonds de son esprit que Sylve n'était en rien damnée ou vouée au malin. Son père lui avait toujours appris à se méfier de tout ce qui pouvait être fanatique, de quelque bord que ce soit.
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- Elle est pour avoir ses sangs.
L'aubergiste hocha la tête. Il comprenait visiblement très bien ce que sous-entendait Louise, ce qu'il confirma en murmurant lui aussi :
- Mieux est d'envisager un cheval rétif qu'une fumelle avant ses sangs, pour ce qu'un cheval rétif se peut parfois amadouer.
- Voilà qui est bellement pensé, aubergiste, approuva Louise.
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Être inquiet n'impose pas nécessairement la tyrannie.
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