On venait à peine de franchir la barrière de péage quand il s'est mis à aboyer. Je lui ai ordonné de se taire. Aucun effet. Il fixait l'autoradio. Mon visage. Puis à nouveau l'autoradio. J'ai fini par l'allumer pour avoir la paix. France Musique ne l'a pas incité au silence, mais l'orchestre a couvert le son crispant des aboiements.
La tête farcie de Schubert à plein volume, j'ai roulé pied au plancher jusqu'à la porte d'Ivry. A présent, Jules [le chien] engueulait carrément l'autoradio. J'ai changé de station, balayé la bande FM en espérant trouver une couleur musicale à laquelle il serait moins allergique. Nostalgie, NRJ, Europ 1, Voltage, RTL... D'un coup, il s'est tu en entendant Nicolas Sarkozy critiquer des journalistes par-dessus un générique de fin. Avec un petit couinement, il s'est couché sur le dos, pattes en l'air. Un chien de droite.