À l'occasion du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême 2019, Dimitri Armand vous présente son ouvrage "Texas Jack" aux éditions Le Lombard.
En 1830, après des siècles de guerres occultes entre factions antagonistes, les magiciens se sont révélés au reste de l'Humanité et ont imposé une paix planétaire. Ceux d'entre eux qui ont refusé la paix ont été bannis ou exilés de la Terre.
Réunis au sein d'un Conseil, les Initiés siègent aux côtés de l'ONU et veillent à l'entente entre les peuples, tout en refusant de s'immiscer dans la politique intérieure des pays tant qu'elle ne menace pas l'équilibre global du monde. L'Histoire des humains en est totalement modifiée, du moins dans cette réalité...
Une adhésion, ou une soumission, un état, oui, un état de dépendance comme j’imagine que seuls l’alcool, et la drogue, le provoquent chez l’intoxiqué. Car c’était cela. Vailland m’avait intoxiqué. La cause était assez confiante dans son autorité, assez subtile aussi pour se manifester à petites doses, selon des effets imparables et dont je n’étais pas au clair, tout occupé de mon plaisir à vivre des expériences très nouvelles et agréables.
Il faut croire que les écrivains fascinent. Même ceux qu’on n’a pas lus. C'est la littérature qui séduit, la rumeur, le soufre, la figure dans sa légende. Plus justement il faut prendre acte qu’il y avait chez cet homme-là une qualité d’aimantation très au-dessus de l’explicable... Comme un charme autoritaire, insolent, amoureux, qui circonvenait, ou paralysait, ou enchantait sa victime. Sa proie dès la première rencontre.
Dans une époque comme la nôtre, sans courage, sans audace, sans défi, l’auto, la vitesse, la course, c’est la survivance du duel.
De tous les suicides possibles la pendaison est le plus triste parce qu’il révèle un abandon pire qu’aucune autre mort. La balle dans la tempe tue un infréquentable adversaire. Répare un tort. Grandit le mort. Le feu le sanctifie. L'eau lui donne un nouveau baptême. Mais on se pend parce qu’on se méprise, vieille guenille, objet de rebut.
Que nous souffrions dans nos miasmes, rien n’était plus normal. A nous de savoir si nous voulions continuer à répandre la puanteur et à vivre parmi elle comme des porcs, ou si nous choisissions, dans un effort soutenu par le divin, d’accéder nous aussi au règne de l’autre senteur, qui est le souverain bien.
le libertin calculait, visait, tuait. Voilà le travail. Moi je traînais dans l’extase, je tournais cent fois dans le même piège... Le libertin agit, il ne rêve pas sur le plaisir, sur l’amour, sur la tendresse, il organise la séduction, il exige une chute. Comme j’étais loin de cette épure !
Respire-moi, dit l’odeur, je suis sucrée, je suis marine, je coule légèrement entre les cuisses moites de ma maîtresse et je dis le trouble, je dis le plaisir de l’après-midi. Brave odeur. Tendre odeur qui me raconte les secrets de la jeune fille que j’aime.
La dépendance de l’odeur perverse qui bouche le nez le plus fin, enchaîne l'âme et la tue mieux qu'aucune drogue.
Le péché c’est le mépris. C'est de faire tort à l’autre. C'est de ne pas lui donner sa chance.