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4.22/5 (sur 17 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Riga, Lettonie , le 01/08/1901
Mort(e) à : Riga, Lettonie , 1966
Biographie :

Dimitri Petrovitch Vitkovski (Дмитрий Петрович Витковский), diplômé en chimie à l'Université technique d'État de Moscou en 1924, a été professeur à l’École d'artillerie de Moscou.

Il a été également ingénieur en technologie, diplômé de l'Université polytechnique de Tomsk.

Emprisonné au Goulag pendant plusieurs années, ce n'est qu'en 1956 qu'il sera autorisé à rejoindre enfin les siens à Moscou.

Il est l'auteur de mémoires "Une vie au Goulag" (Полжизни) écrites en 1964.



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Bibliographie de Dimitri Vitkovski   (1)Voir plus

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Depuis l’époque des événements décrits dans ce récit, suffisamment de temps a passé pour qu’ait grandi toute une nouvelle génération qui ne connaît quasiment rien des horreurs du stalinisme, d’autant plus que de nos jours, en Russie, certains s’évertuent à réhabiliter cette période de l’histoire russe. Il est impossible d’imaginer que quiconque en Allemagne puisse parler sérieusement de Hitler comme d’un « bon manager » ou qu’un homme de la Gestapo soit au pouvoir. Alors qu’en Russie, l’organisation responsable de la mort de millions de gens et qui a abîmé la vie de millions d’autres dirige toujours le pays sans subir la condamnation qu’elle mérite. Tout se blanchit : l’argent, la conscience, l’histoire.
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Je suis affecté aux « grumes » avec les marins. Cela signifie que nous devons sortir de l’eau des troncs d’arbres à l’aide de crochets, les tirer en haut de la berge et les entasser. Le lendemain, nous devons à nouveau déplacer les mêmes troncs. Ce travail a manifestement un but pédagogique mais nous sommes jeunes, en bonne santé, gais, suffisamment nourris et notre sens de l’humour nous aide à le supporter.
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Vitkovski devra attendre encore deux, voire trois ans après la mort de Staline pour pouvoir enfin retrouver ses proches et son honneur, engager une procédure de réhabilitation
...
et bénéficier d’une « compensation » équivalente à… un mois de salaire – l’arrestation étant assimilée à… une rupture abusive du contrat de travail !
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On nous privait de liberté uniquement parce qu’il était venu dans la tête de quelqu’un l’idée d’un nouveau système – à classer parmi les grands et effroyables systèmes – consistant à « faire passer par le filtre de l’isolement » une certaine catégorie de citoyens… Cent mille, un million, deux millions – le nombre n’avait pas d’importance. Pas d’importance qu’il y ait des hommes mutilés physiquement et psychiquement, pas d’importance que des familles soient détruites, que des hommes absolument innocents souffrent – tout cela n’avait aucune importance. Devant la majesté et la grandeur de ce système, tout cela n’avait aucune importance.
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« Pour avoir un travail, il faut être au syndicat ; pour être au syndicat, il faut avoir un travail. »
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Pendant trois jours, l'Ienissei va rassembler ses forces. Pendant trois jours, de tous les ravins, combes et bassins de la taïga, l'eau du dégel va couler vers le fleuve va couler vers le fleuve dans un joyeux bruit fait de murmures et de tintements, soulevant la croûte maculée et sombre. Le troisième jour, quittant leurs administrations et leurs maisons assombries, les yeux fous, les habitants de la ville, eux-mêmes envahis par l'afflux des forces primitives du réveil, vont se rassembler sur la rive et regarder la reprise du puissant mouvement du fleuve. La glace roule et se brise dans un crissement et un bruissement comme si des masses considérables de verres se cassaient et se déversaient. De hautes tours s'élèvent pour disparaître et se reformer. Tels d'énormes charrues, des blocs de glace arrachent des morceaux de berge. Tout tourbillonne, crépite, tinte, se précipite vers le Nord. Puis tout s'arrête ! Quelque part en aval, la glace bloque les eaux du fleuve ! Le mouvement vers le Nord est stoppé. Mais, en amont, de nouvelles masses d'eau et de glace dotées d'une puissance phénoménale avancent dans un bruit de craquement et de clapotis. Les blocs se coincent, se superposent, s'échappent en surface, érigeant des remparts, des tours, des barrages. L'eau monte à vue d’œil en une seconde : elle se tenait en bas dans les profondeurs et la voilà qui bouillonne déjà à nos pieds, menaçant de tout inonder alentour. Les plaques de glace semblent maintenant se ruer sur la ville comme pour la briser. Brusquement, des trombes d'eau s'abattent, le rempart a cédé et les flots glacés se précipitent avec une rage folle vers le Nord. En deux ou trois jours, le milieu du fleuve est presque nettoyé. Il ne reste que des amoncellements de glaçons qui se sont échoués sur les bancs sablonneux des berges et qui étincellent au soleil. L'eau s'écoule, froide et bleue, l'air est transparent et pur, le silence de la taïga, un temps troublé, s'impose et règne à nouveau. Les oies de passage installées sur les rares blocs de glace se reposent et criaillent doucement. Et soudain, comme si un canon tonnait sur les rives désertes, un morceau de mur se liquéfie puis s'effondre. Les oies, effrayées, prennent leur envol en cacardant... Puis à nouveau le silence.
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Sur place, nous entendons de nombreux récits de témoins sur les années précédentes aux Solovski, en particulier l'année 1929. On accueillait ici, paraît-il, les nouveaux venus avec ces mots : «Ici, vous êtes en République non pas soviétique mais soloviétique» et puis : «Vous êtes ici non pas pour être rééduqués, mais pour être exterminés.» Ces témoins racontent qu'en hiver, on obligeait les prisonniers à transvaser de l'eau dans des seaux, d'un trou pratiqué dans la mer gelée à un autre «jusqu'à ce que toute l'eau soit transvasée». On les forçait à dormir sur des barres en s'accrochant les mains à des bandoulières suspendues au-dessus d'eux, on les attelait à un traîneau en les faisant avancer au fouet, encore et encore jusqu'à l'anéantissement... et beaucoup d'histoires du même genre. D'après la rumeur, tout cela s'est brusquement arrêté car, par miracle, un prisonnier a réussi à s'enfuir pendant le chargement d'un transporteur de bois anglais et a publié un livre à l'étranger, L'Île de la mort [Note Ce livre est le récit de la fuite de Sozerko Malsagov (1893-1976), paru pour la première fois en russe à Riga en 1925 sous le titre L’Île des supplices et de la mort, puis en anglais à Londres en 1926. Il est paru pour la première fois en français en 2011 sous le titre de L'Île de l'enfer : un bagne soviétique dans le Grand Nord en même temps qu'un autre témoignage dans l'ouvrage Aux origines du Goulag : récits des îles Solovki, paru chez François Bourin Editeur dans la collection «Les Moutons noirs». Dans les faits, Soverko Malsagov s'est enfui avec plusieurs co-détenus à travers la forêt pour rejoindre la Finlande.»], en précisant la véritable identité des tortionnaires. Après avoir constaté qu'ils subissaient les mêmes que les déportés, un tribunal a jugé les coupables et a procédé aux exécutions. Personne ne sait si cette histoire est vraie.
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Le plus étrange, c'est le nombre de «saboteurs», tout en sachant qu'ils ne sont pas coupables et qu'ils ont été arrêtés sans raison, sont persuadés que, par exemple, les militaires et les prêtres ont, eux, été à juste titre poursuivis et déportés. Les membres des divers groupes se considèrent mutuellement avec la même méfiance. Ce sont surtout les plus intelligents qui considèrent cette méfiance mutuelle comme la manifestation d'une «différenciation de classe indispensable et utile». Il se trouve même parmi eux des personnes parfaitement sensées et cultivées - dont j'ai été amené à faire la connaissance - qui estiment qu'en ce qui les concerne, une erreur a été commise mais que tous les autres, en tout cas la majorité d'entre eux, méritent totalement leur sort. Que pensent-ils des méthodes ? A la guerre comme à la guerre, avec les ennemis, toutes les méthodes sont bonnes.
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