AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de MegGomar


Les jours et les nuits se succédaient et se ressemblaient dans la
monotonie de la grande concession de mon oncle. Je respectais les
habitudes familiales, immuables depuis des lustres.
Mon oncle était devenu mon beau-père. Et je devais
soigneusement l’éviter, me déchausser avant de passer à côté de lui,
baisser les yeux et fléchir le genou pour le saluer. Et je devais garder
mon voile sur la tête en la présence de ma tante, devenue ma bellemère. Je ne pouvais ni boire ni manger devant elle. Il me fallait
éviter aussi de parler, de bavarder ou de rire. Mon cousin Moubarak
était devenu mon époux. Je lui devais soumission et respect.
Je me levais tôt au chant du coq pour la première prière
quotidienne. Toute la maisonnée se réveillait à la même heure et
chacun avait une tâche bien définie. Les femmes, quand elles
n’étaient pas attelées aux corvées de cuisine, nettoyaient leur
appartement. Des jeunes filles, employées comme domestiques
balayaient les espaces communs. Les enfants, qu’ils soient
scolarisés ou non, commençaient leurs journées par la lecture du
Coran sous la surveillance d’un maître-marabout – excepté le jeudi
et le vendredi, jours du week-end islamique.
Oncle Moussa veillait personnellement à ce que tout le monde
soit debout à l’aube et n’hésitait pas à toquer à la porte des
récalcitrants. La chance appartient à ceux qui se lèvent tôt, ne pas
respecter cette vérité apportera de la malchance voire une terrible
calamité ! tempêtait-il.
Pour la cuisine, nous, les quatre épouses de mon oncle, celles de
mes cousins et moi-même, avions à faire des rondes. Le defande, le
tour de cuisine, pour chacune durait vingt-quatre heures : il
commençait par le repas du soir et se terminait après le déjeuner du
lendemain. Si nos belles-mères nous laissaient préparer les repas,
elles se chargeaient de la répartition des plats pour chaque groupe de
la famille. Il s’agissait surtout d’éviter que notre manque
d’expérience ne nous fasse commettre des erreurs de distribution. Le
plat le plus important, destiné aux hommes, était servi au zawleru,
puis celui des femmes, enfin celui des enfants par genre et par
catégorie d’âge. Chaque bru avait aussi pour devoir d’aider sa bellemère quand c’était le tour de celle-ci. Généralement, elle finissait
par la remplacer pour tous les travaux domestiques.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}