"Mon frère-ennemi" de Djilali Bencheikh. L'Algérie à travers le regard d'un enfant. Un roman initiatique plein de candeur et de tendresse.
Un grand merci à Artyshow qui nous a accueilli le temps d'un tournage ^_^
En rentrant à la maison, je parle tout seul en maugréant : Nina, je t'aime et je t'emmerde, je t'aime malgré toi et va te faire voir, je t'aime, rejeton de Bretonne, je t'aime, sale Kabyle algéroise, bâtarde cosmopolite, équation à plusieurs inconnues, je t'aime et tu me manques déjà. Cruellement.
Et puis pour le Paradis on a toujours le temps. Il ne va pas disparaître du jour au lendemain, puisqu'il est éternel. Qu'Allah me pardonne, mais parfois je ne comprends rien à son raisonnement.
La paix avec la fin du couvre-feu et la libération des prisonniers. Ce sont les seuls points positifs que nous a ramenés l'indépendance. Car plus que les humiliations et les tortures des ennemis colonialistes, c'est le comportement des notres qui nous désole. Nos héros se révèlent être des voyous, pressés, cupides et incultes.
Alger-Républicain, le quotidien qui dit la vérité, rien que la vérité mais pas toute la vérité.
Au delà de leurs différends, les hommes de chez nous réaffichent leur unité contre deux boucs émissaires récurrents : la femme et le roumi.
Quant à mon père, sa carte d'identité de français-musulman porte la profession de journalier. (...) Il y a tout près, une profession tentante par sa ressemblance sémantique. Mademoiselle Piette n'en revient pas.
- Journaliste ton père ! T'en as de la chance. Moi le mien n'est que militaire.
il faut sans doute avoir été diminué, pauvre, malade ou estropié pour mesurer la force salutaire que peut instiller le regard de l'autre, lorsqu'en dépit de toutes vos tares et vos maux, ce regard vous restitue votre dignité et votre intégrité de personne, surtout quand il s'agit du regard de vos proches.
Comment un homme juste comme lui peut-il s'en prendre à des hommes qui ne réclament que justice et liberté ? Lui qui parle de fraternité humaine, n'a-t-il pas compris que ce pays ne dispense pas ses bienfaits à tout le monde. Que l'égalité proclamée n'est pas la même pour tous ?
Je viens juste de l’apprendre. Les couleurs ont une âme. Mes camarades ne veulent pas le croire, mais moi je suis d’accord avec la maîtresse. Les couleurs expriment des sentiments. Et chacune d’elles s’habille d’un symbole.
Il me semble que la mort et l'enfance n'ont pas d'histoire commune. La mort est une affaire d'adultes, que viendrait-elle fricoter avec un garçonnet de sept ans, plein de vie et de fantaisie.