Ainsi les trois fonctions assurées par la mémoire sont :
- l'encodage : créer, à un moment donné, une trace mnésique de l'enregistrement du souvenir sur la base de nos perceptions ;
- le stockage : conserver cette trace dans le temps et la consolider ;
- la récupération : retrouver la trace et en restituer le souvenir, ultérieurement et dans une situation particulière.
Les difficultés de langage des personnes malades ne doivent pas conduire à ne plus communiquer avec elles.
Or, malgré les lésions cérébrales, la personne malade reste un sujet éprouvant des ressentis qui l'affectent positivement ou négativement. Ses réactions témoignent qu'elle n'est pas indifférente à ce qu'elle vit, à ce qui se passe pour elle, à ce qu'on lui fait vivre. Mais ses réactions donnent souvent lieu à des comportements inhabituels ou inappropriés et c'est ce qui trouble son entourage qui, du coup, peut être amené à les interpréter de façon erronée.
Le risque est que le placement s'effectue sur les bases d'un malentendu entre les familles et les soignants. La famille craint pour son parent et se sent dans un conflit psychique très complexe entre culpabilité et légitimité. Elle a à cœur de montrer aux équipes qu'elle n'abandonne pas son parent et peut en vouloir aux soignants d'avoir désormais le "beau rôle".
La bientraitance est un concept développé dans les établissements pour concourir à l'amélioration de l'accompagnement des personnes fragiles et vulnérables. Elle n'est pas que l'absence de maltraitance. C'est un travail permanent, une culture partagée dans un établissement, dans une équipe, pour tendre vers une amélioration continue de l'organisation et des pratiques, celles de l'encadrement, celles des personnels soignants et d'accompagnement, tout en restant vigilant aux risques.
Sous le nom d'amour, d'affection, de tendresse, s'agglomèrent sens du devoir et rôle que l'autre nous permet de jouer, la place qu'il nous permet d'occuper. En un mot, on aime rarement l'autre uniquement pour ce qu'il est mais aussi, et peut-être prioritairement, pour ce qu'il nous permet d'être.
Ulric Neisser comparait notre mémoire à un paléontologiste qui à partir de quelques éléments est capable de reconstituer un dinosaure. Ces fragments sont stockés dans la mémoire dite à long terme, et on les appelle indices de récupération.
Pour Charazac, "toute la psychopathologie gériatrique peut s'interpréter du point de vue de l'omnipotence" : fantasme d'abord du patient dont les blessures narcissiques réactivent des fantasmes infantiles d'omnipotence et, chez le soignant, réactions de défense "directement issues de cette image narcissique du patient, notamment celle de toute-puissance destructrice qui lui est inconsciemment prêtée".
Devenues vulnérables, extrêmement sensibles à l'environnement, elles [les malades Alzheimer] vont percevoir les choses d'une manière essentiellement sensitive. Leur rapport au monde va s'ancrer dans un rapport principalement affectif : leurs conditions d'existence s'appuient sur une vie affective, certes non consciente et sans mémoire, mais forte, exclusive et fondamentale, et ce jusqu'à la fin, même lorsque les manifestations émotionnelles seront de plus en plus ténues.
Les traitements non médicamenteux n'ont pas valeur de vérité scientifique conforme aux protocoles de recherche référencés. Or ne constate-t-on pas une plus grande réactivité cognitive chez de nombreux malades selon la manière dont on s'occupe d'eux : avec ou sans communication, avec ou sans activités de stimulation adaptées, avec ou sans prise en compte du sujet dans ses nouveaux modes d'expression, avec ou sans une mobilisation des affects par la qualité relationnelle établie ?