Je vous comprends, m'avait-il dit. Moi aussi, j'aime marcher le soir, et ce chemin est agréable au bord du fleuve. Ici, il n'y a rien d'autre. Le sport ou la télévision. Des kilomètres pour trouver un cinéma. L'eau c'est comme une présence. On ne sait pas exactement pourquoi. Peut-être parce que ça reste clair aussi tard. Je suis comme vous. J'aime bien la marche. C'est une médecine comme une autre. Dans la vie, il y a un cap difficile à passer, vous ne trouvez pas ? C'est le même pour tout le monde. Le milieu. Penser que c'est le milieu, qu'après il sera trop tard, qu'il est peut-être trop tard déjà. Quand on regarde derrière soi, on voit tout ce qui ne va pas, tout ce qu'on aurait dû faire ; on a l'impression de comprendre. Mais quand on regarde devant soi, c'est plutôt noir, il faut l'avouer. On éprouve le besoin de marcher, de se dégourdir les jambes.