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Critiques de Dominique Costermans (48)
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Outre-Mère



L'auteure, Dominique Costermans, a publié jusqu'à présent 8 recueils de nouvelles, 7 essais et une longue liste de nouvelles éparses. Ses essais s'adressent principalement aux enfants et portent des titres comme l'hôpital, le développement durable, l'environnement, l'aménagement du territoire etc. expliqué aux enfants. Elle a raflé 7 prix littéraires. "Outre-Mère" est le premier roman de cette écrivaine, née à Bruxelles en 1962.

C'est aussi le premier livre, qui est paru en 2017, que j'ai lu de ma compatriote dynamique.



La grande valeur de cette oeuvre réside dans l'approche de l'auteure des questions épineuses liées à la dernière guerre mondiale et qui confère à ce roman une dimension hautement littéraire.



Petit à petit, page par page, nous découvrons, ensemble avec son héroïne, la jeune Lucie Van Dam, ce qui s'est passé au juste à différents membres de sa famille lors de ces sombres années de guerre et d'occupation.



Son grand-père, Charles Morgenstern, s'est-il porté volontaire pour le NSKK ("Nationalsozialistisches Kraftfahrkorps") ou le "Corps de transport" nazi en Allemagne ? Voilà, par exemple une énigme que notre Lucie essaie de résoudre.



Comme l'a noté l'éditeur Luc Wilquin sur la 4e page de couverture : "Le paradoxe de ce roman... c'est que le secret le plus crucial apparaît moins dans une révélation...que dans les moments anxieux, obstinés et rebondissants de son dévoilement tentaculaire".

Toute tentative de ma part, dès lors, de vouloir résumer cette histoire équivaudrait à un véritable crime.



S'il est vrai qu'au départ le lecteur pourrait se sentir un peu mal à l'aise avec une prolifération quasi inévitable de noms, prénoms et endroits, inhérent à cette façon de presenter une histoire, il convient de signaler que Dominique Costermans a eu l'amabilité de produire en fin de volume 2 petites annexes, à savoir : une liste des dates les plus importantes et un arbre généalogique des Morgenstern. Une aide évidemment très utile.



Ce qui m'a plu également c'est la façon de présenter le sort des Juifs, pratiquement à partir de leur expulsion de l'Espagne et du Portugal en 1492 (souvenez-vous de Spinoza) et leurs pérégrinations par Constantinople vers l'Europe de l'est, par petites touches ingénieusement placées çà et là. Donc, pas d'exposés historiques, mais au contraire, des petites phrases, comme à la page 30 : "Hélène Lambert est désormais une petite catholique cent pour cent casher".



Moi, qui me suis souvent plaint dans mes critiques de l'absence de traduction française d'ouvrages beaux ou intéressants, c'est maintenant les éditeurs néerlandais et flamands que j'invite à assurer au plus vite la traduction, dans ma langue maternelle, de "Outre-Mère", un livre qui le mérite royalement.



Je termine par une belle citation de ce roman : "La frontière est parfois mince entre ce qui fait qu'un homme devient un héros ou un traître" (page 64).

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Outre-Mère

Mon dernier coup de coeur. Une enquête minutieuse menée par Lucie sur le passé de sa mère Hélène et surtout de son grand-père Charles, un passé dont les fêlures et les zones interdites pèsent douloureusement sur les générations suivantes. Le récit épouse les méandres des recherches de la narratrice, et évolue au gré des relations difficiles qu'elle entretient avec sa mère. Du grand-père juif, Charles Morgenstern, on sait peu de chose, si ce n'est qu'il a été condamné à mort par contumace pour "avoir, à Bruxelles et hors du Royaume, notamment en Allemagne, entre le 1er juin 1940 et le 8 mai 1945, porté les armes contre la Belgique, soit contre les Alliés de la Belgique (...), en accomplissant sciemment pour l'ennemi des tâches de combat, travail, transport, de surveillance". Au fil des patientes recherches de Lucie se dessine le portrait d'un homme dénué de sentiments pour autrui, multipliant les aventures et les rejetons au gré de ses pérégrinations dans l'Europe dévastée de l'après-guerre. Le puzzle se construit petit à petit, de manière souvent anarchique, au gré des trouvailles de Lucie, de ses hésitations, de son cheminement dans sa propre vie, et de ses relations complexes avec sa mère. Lorsque celle-ci, enfin, consent à lui donner les clés de son passé, comme une délivrance, le récit peut s'achever et les noeuds les plus serrés se défaire. Magnifique roman qui traite des secrets de famille, des silences qui meurtrissent et de la complexité des rapports mère-fille. Très beau, écriture simple, fluide, tout en délicatesse...
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Outre-Mère

Une fois n’est pas coutume, je commence cette chronique par un souvenir personnel. Au décès de mon père, mon frère aîné a voulu creuser la généalogie familiale. Il a parcouru les bureaux d’État-civil, enregistré des dizaines d’actes, interrogé les plus vieux avant de se heurter aux branches de l’arbre généalogique qui s’achevaient brusquement, faute de documents, faute de certitude. Avec l’arrivée des sites de généalogie en ligne, j’ai pris le relais et pu ainsi étoffer considérablement la base de données et trouvé quelquefois des connexions amusantes avec quelques célébrités. Mais j’ai surtout découvert une formidable façon d’étudier l’Histoire et la géographie ou encore la sociologie. Claude Lévi-Strauss avait bien raison de dire que « chercher ses racines, c'est au fond se chercher soi-même : qui suis-je ? Quels sont les ancêtres qui m'ont fait tel que je suis ? Des noms d'abord, des dates, quelques photos jaunies ou, avec plus de chance, un testament, une lettre. »

Aussi c’est avec un plaisir non-dissimulé que je me suis identifié à l’auteur dans sa quête et dans sa volonté de témoigner : « Pendant des années, j’ai accumulé les questions, les traces, les signes et les preuves. J’ai fréquenté les administrations, les archives, les palais de justice. J’ai envoyé des requêtes, interrogé des fichiers, rencontré des témoins. Pendant des années, j’ai pris des notes. Le temps est venu de rassembler les fragments de cette histoire et de les articuler en un récit éclairant. »

Mais l’exercice n’a rien de facile, bien au contraire. Car pour la narratrice, il va falloir passer Outre-mère, pour reprendre le titre éclairant de ce récit qui est autant chargé de silences que de bruit et de fureur. Quand la petite Lucie découvre une image pieuse dans le missel de sa mère avec cette inscription : «Hélène Morgenstern, en souvenir de la première visite de Jésus dans mon cœur, le 30 mai 1946» et qu’elle demande qui est cette personne portant le même prénom que sa mère, on lui répond qu’il s’agit d’une amie de classe.

Lucie comprend très vite qu’on essaie de lui cacher quelque chose. Que poser des questions crée un malaise. « Ma mère use avec nous de ce procédé qui a muselé toute une génération après la guerre, celle des rescapés, celle des revenus de l'enfer, celle des enfants cachés, celle des survivants. De tous ceux qui tentaient de raconter leur épouvantable histoire et qu'on a fait taire d'un "Tu n'as pas à te plaindre; au moins, toi, tu es vivant". Ils avaient survécu, leur souffrance était inaudible: on les priva de parole. Ou ils se résignèrent d'eux-mêmes au silence. »

Sauf qu’ici, ce n’est pas la douleur qui empêche de parler, mais la noirceur des actions commises. Car il apparaît très vite que Charles Morgenstern, le grand-père, s’est enfui en Allemagne, condamné à la peine de mort par contumace l’année même où sa fille fait sa communion.

Bribe par bribe, les lourds secrets apparaissent. Les fils se tissent entre les différents membres de la famille. Très vite aussi les recherches vont scinder le clan entre ceux qui préfèrent ne rien savoir et ceux qui veulent comprendre. Il y a l’histoire de l’adoption de sa mère après la fuite de son père. Il y a ensuite la question de la religion et l’éventualité d’origines juives. Il y a les alliances et les origines des branches paternelles et maternelles. Il y a enfin les oncles et tantes et tous les descendants. Patiemment, l’auteur nous détaille son enquête : « Dans les caves de cette histoire dont personne ne m'a donné les clés, j'ai trouvé des cadavres et des monstres ; quelques trésors, aussi. J'ai trié, rangé, empaqueté, nettoyé les toiles d'araignée et chassé la poussière. »

On la suit tout au long d’un passionnant parcours, car elle ne nous cache rien de ses doutes, des éclats de voix qui émaillent certaines interrogations ou indignations, de la documentation qu’elle amasse, de sa volonté de comprendre combien « la frontière est parfois mince entre ce qui fait qu'un homme devient un héros ou un traître. Combien se sont retrouvés du côté des bons ou des méchants juste parce qu'ils avaient l'opportunité qui, en fin de compte, leur a ouvert le destin. »

Tout au long du livre, on admire ce cheminement toujours sur le fil du rasoir et on découvre derrière cette famille bruxelloise le destin de millions de personnes.

Lisez Dominique Costermans et vous comprendrez – pour peu que vous ne jugiez pas – le formidable paradoxe qui les unit toutes et sur lequel elles se sont construites : « oublie, n'oublie jamais. »

Mieux que des dizaines d’essais ou de documents historiques, ce roman nous apporte une preuve cinglante, parce qu’assumée jusque dans sa noirceur la plus extrême, du devoir de mémoire.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Outre-Mère

Combien de familles souffrent de ces zones blanches, ces non-dits qui entourent certains de leurs membres au moment de la seconde guerre mondiale ? Suffisamment pour faire le sel de nombreux romanciers qui puisent là matière à récit poignant. Encore faut-il parvenir à faire d'une quête personnelle un témoignage universel.

Dominique Costermans y parvient avec brio et permet au lecteur une empathie presque immédiate avec Lucie face au silence de sa mère, Hélène sur tout ce qui touche à sa famille paternelle. Une mère qui refuse farouchement d'expliquer ce silence et c'est malgré elle que Lucie effectuera cette quête pour reconstituer tout un pan de ses racines, de ses origines sans lequel elle ne peut pas elle-même transmettre son histoire. D'où ce superbe titre, "Outre-mère".

Aux côtés de Lucie nous découvrons donc le passé et la vie de Charles Morgenstern, le père d'Hélène qui avait choisi le mauvais côté pendant la guerre, ça, nous le savons très vite. Mais ce n'est que le point de départ car il y a de nombreuses questions à élucider de nombreux morceaux à rassembler pour que le puzzle prenne forme et que l'histoire puisse enfin être racontée.

Ce premier roman est à classer aux côtés de celui de Séverine Werba, le très beau "Appartenir", "Le Carré des Allemands" de Jacques Richard ou encore plus récemment "Nous, les passeurs" de Marie Barraud. Des histoires différentes mais une même quête, ce besoin de savoir d'où l'on vient pour pouvoir continuer. La génération précédente était peut-être encore trop proche des événements, celle-ci (les petits-enfants) prend donc l'initiative avec peut-être le recul nécessaire pour cette plongée en apnée dans un passé qu'il s'agit avant tout de connaître et d'accepter comme un élément qui les constitue.

L'auteure nous offre un texte fort et poignant et apporte avec talent sa pierre à l'édifice de la nécessaire compréhension d'une époque.
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Outre-Mère

Dominique Costermans signe ici son premier roman, après avoir publié plusieurs recueils de nouvelles chez Luce Wilquin et chez Quadrature. Je découvre sa plume avec ce texte et il me faut avouer que je suis sous le charme...



J'adore le thème des secrets de famille : celui dont il est question ici, c'est l'engagement pro-nazi d'un Juif bruxellois dont la femme et les deux jeunes enfants ont lourdement payé le prix de son arrogance, c'est la "collection" de demi-soeurs et de cousins dont Charles Morgenstern a parsemé son chemin après la guerre, comme autant de souffrances et de mystères infligés à ses "proches". Celle qui dévoile petit à petit ces secrets, c'est Lucie la bien nommée, la fille d'Hélène (fille aînée de Charles).C'est le décès de la mère biologique d'Hélène qui entrouvre la porte du secret à Lucie, cela commence à mettre des mots, des formes sur un ressenti confus et oppressant depuis son enfance. A force de recherches, de patience, de questions, de rencontres avec les différents protagonistes, Lucie reconstitue les pièces du puzzle et réussit à faire parler sa mère, levant un tant soit peu le lourd fardeau que "l'auteur de ses jours" lui fait porter depuis si longtemps.



L'auteure donne la parole tantôt à Lucie, tantôt à un narrateur externe qui s'attache principalement à la jeune femme. le récit est aussi émaillé de passages en "vous", dans un registre judiciaire, directement adressés à Charles Morgenstern. Si l'on est un peu perdu dans sa lecture, un tableau généalogique (signalé dès le début du livre) permet de se repérer entre les personnages. Ainsi ce n'est pas tant l'histoire complète de ce collabo qui importe mais la manière dont le secret se révèle progressivement, les implications qu'il porte sur plusieurs générations (principalement féminines), le questionnement de Lucie face à la "nécessité" de coucher son histoire familiale par écrit. J'ai trouvé le ton de Dominique Costermans particulièrement juste, à la fois lucide et sensible. L'écriture fluide accompagne bien cette forme de résilience vécue par ses personnages.



Ce premier roman est particulièrement réussi.



Merci à Babelio et à l'éditeur pour l'envoi de ce livre.
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En love mineur

Une série de nouvelles, parfois très courtes, souvent autobiographiques, qui évoquent le quotidien, les rencontres amoureuses, la difficile relation aux autres (à l'autre ?), les voyages. Les lieux de vie et de passage sont évoqués avec passion et deviennent des personnages à part entière, comme la Grèce ou la ville de Rome, particulièrement chères à l'auteur. L'écriture est fine, délicate, sensible, le style ciselé. Le regard attentif de l'auteur, son plaisir à observer et à écrire la banalité, ces petits détails et ces instants qui nourrissent l'existence, font de ce recueil un témoignage vif et attachant de nos vies d’aujourd’hui. Un vrai régal.
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Le bureau des secrets professionnels

Dominique Costermans et Régine Vandamme ont collecté durant deux ans des témoignages concernant le monde du travail et des expériences vécues. Des ateliers d'écriture ont été organisés.



C'est une véritable réécriture des témoignages reçus qui nous donne aujourd'hui un réel plaisir de lecture et ce recueil en deux volumes.



Dans ce premier tome on découvre le rapport des gens à leur travail, lieu où l'humain se montre sous son meilleur jour, donne sans compter mais aussi un terrain de violence, de solitude ou d'hypocrisie.



Le travail une nécessité qui est pour certains un plaisir, pour d'autres un enfer !



Qu'est-ce que le travail ? C'est un mode d'expression, un lieu où l'on tente de s'exprimer, une nécessité, un endroit où l'on apprend à vivre, à s'assumer publiquement, il transforme notre identité.



Travailler, c'est s'adapter, un moyen de se réaliser, de se dépasser, de gagner de l'argent et de trouver du sens. C'est aussi une vocation, des souffrances, un épuisement ou le burn-out.



Ce premier volet nous parle des premières fois, nous emmène dans le milieu scolaire, celui des soins avec parfois des choix cornéliens à mettre en oeuvre. On y découvre le monde des aides-ménagère, de ceux qui aident, le commerce et ce qui se passe à l'extérieur.



Ce sont des témoignages cocasses, étonnants, drôles, poignants, émouvants, interpellants.



À chaque fois de petites confessions courtes, agréables à lire permettant ainsi de découvrir qu'on n'est pas seul à vivre certaines situations.



Un livre dans lequel on peut picorer ci et là des petites expériences de vie.



Un moment agréable.



Ma note : 8.5/10


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Le bureau des secrets professionnels, tome ..

On retrouve ici la suite des témoignages collectés par Dominique Costermans et Régine Vandamme sur le monde du travail. Des récits passionnants, singuliers, remis en forme au niveau de l'écriture afin de susciter notre envie de lecture, et c'est captivant, interpellant parfois. Ce sont des témoignages courts, émouvants, cocasses mettant en lumière différents aspects du monde du travail.



Les relations humaines avec des collègues parfois irrespectueux, imbuvables, encombrants mais aussi parfois le début d'une belle amitié ou la rencontre de l'âme soeur car c'est tout de même au travail que l'on passe la plupart de son temps !



Au travail, on y cherche sa voie, une façon de se réaliser, d'exister mais on y rencontre aussi la douleur, le stress, l'injustice, le burn-out. Le travail peut être une fuite, on peut le perdre et c'est la catastrophe ou une opportunité, une libération !



C'est aussi la recherche de reconnaissance, un lieu d'épanouissement personnel ou au contraire d'injustice et d'inimitié.



Toutes ces considérations sont universelles et s'appliquent à tous les secteurs, que ce soit le monde artistique, celui de la création ou les secteurs plus classiques.



Au bureau, dans le monde de l'entreprise on y vit parfois des incohérences organisationnelles ou autres, mais la procédure c'est la procédure !



On vivra des témoignages sur la reconversion, le sens à donner au travail, la fin de celui-ci que ce soit la retraite ou un licenciement violent ou épanouissant.



Une section "Parcours" nous plonge dans des réflexions sur l'évolution du monde du travail, les horaires, les codes vestimentaires et surtout la fameuse question : "Faut-il travailler ?" , faire le point entre nécessité, métier et plaisir.



Deux volumes très agréables à parcourir, d'un trait ou par petites touches.



Une lecture différente que je vous conseille vivement.



Ma note : 9/10
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Les petits plats dans les grands

Dominique Costermans nous propose un voyage culinaire qui va vous faire saliver. On le doit très certainement à ses filles car un jour l'une d'elle lui a demandé pourquoi elle ne notait pas ses recettes dans un cahier comme toutes les autres mères. Un cahier de recettes familiales qui se transmettrait de mère en fille, de génération en génération!



Etrange non à l'ère de Marmiton.org et toutes les recettes que l'on trouve aujourd'hui sur la toile, s'interroge l'auteure dans un premier temps.



Mais cuisiner et écrire ne vont-ils pas de pair? En préface, un très bel hommage à trois cuisinières écrivains.



- Claire Lejeune , poète, essayiste et féministe (1926-2008) "La cuisine de Claire Lejeune" Le taillis pré 2015



- Marie Delcourt, grande helléniste (1881-1979) "Méthode de cuisine à l'usage des personnes intelligentes" Baudé 1947



- Marguerite Duras (1914-2008) "la cuisine de Marguerite" Benoît Jacob 1988



Voilà ce qui nous amène à ce savoureux recueil car la cuisine tout comme l'écriture c'est le partage, les rencontres. Bienvenue dans ce voyage gustatif !



Ce livre est rempli de tendresse, une friandise qui met vos papilles gustatives en éveil. Vous allez saliver, avoir envie de manger et peut-être de cuisiner.



C'est une plume magnifique qui partage son intimité familiale et nous fait voyager. On se délecte par la description des plats, des ambiances et des saveurs. Un vrai régal !



La cuisine comme l'écriture c'est aussi la transmission entre générations.



En route avec la bolognaise de Bon Papa qui nous rappelle nos liens historiques avec le Congo et la découverte d'un ingrédient secret indispensable à la recette. Autre petite touche historique avec ce retour sur l'abdication du roi Albert et un repas de fête nationale à la résidence Academia Belgica à Rome avec un américain frites et une mousse speculoos mascarpone qui fait bien envie.



Il y a aussi les souvenirs d'enfance avec la scarole amère, la colère de Bobonne qui a fait aimer les légumes à l'auteure, le flan de Bon papa, les quatre quarts des anniversaires et la traditionnelle crème au beurre.



Sucré-salé nous parle des habitudes du petit-déjeuner. La nostalgie émaille les différentes histoires, on se souvient des habitudes de l'époque, période où le surgelé et les conserves étaient rois !



Les différences culturelles sont évoquées avec le 'bortch" russe ou le "barszcz" polonais, les zrazys, la moambe de Castelnaudary, le ceviche ou la cuisine péruvienne.



Les soupes vertes ou rouges (avec boulettes en boîte) ou les potages unilégumiers d'aujourd'hui ou encore le minestrone ont également droit au chapitre.



On termine par la magie de Noël et les fêtes de fin d'année, enfin pas vraiment plutôt un anticonte au programme.



C'est savoureux, prenez le temps de déguster lentement, un pur moment de bonheur. Une lecture originale qui vous mettra en appétit de découvrir cette jolie plume.



Ma note : un petit coup de coeur ♥♥♥♥♥
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Outre-Mère

Editions Luce Wilquin



Tout commence avec une citation de François EMMANUEL, "L'oeuvre, une ombre plus fidèle que la biographie." semant le doute entre la fiction et la réalité. Dominique COSTERMANS s'est effectivement inspirée de faits réels pour l'écrire...



Nous sommes en mai 1969, il y a tout juste 48 ans, une petite fille, Lucie, est convoquée par ses parents pour la préparation de sa première communion, cette "première visite de Jésus dans son coeur". Sa mère lui présente une image pieuse servant de modèle. Il s'agit de celle d'Hélène Morgenstern célébrée en mai 1946. Qui est Hélène Morgenstern ? Quels liens avec sa propre famille ? Quelle influence sur sa propre vie ? Lucie, interpellée, va partir en quête du passé de cette enfant dont les premières traces apparaissent il y a une bonne vingtaine d'années. Nous étions à la fin de la seconde guerre mondiale !



Je ne vous en dis pas plus car il s'agit du sujet même de ce roman.



Lucie est la narratrice. Elle explique sa démarche :



"Je l'écris pour Hélène. Je l'écrits contre son gré.



J'écris aussi cette histoire pour mes enfants. Je l'écris pour mettre à plat, comprendre, reconstituer, mettre de l'ordre. Pour transmettre." P. 19-20



Vous l'aurez compris, ce roman va alterner les passages dédiés aux recherches menées par Lucie et la vie d'Hélène découverte progressivement au gré des pièces qui vont lentement trouver leur place dans le grand puzzle familial. Il va y avoir une alternance aussi dans le temps, avec chaque fois une génération d'écart.



Et puis, il y a un mystère qui éveille tout de suite la curiosité de Lucie enfant, sa propre mère s'appelle Hélène. Y a-t-il un lien entre les deux femmes ? Un secret plutôt ? précieusement gardé ! Pourquoi cette intonation dans la voix de sa mère quand Lucie pose la question de qui est Hélène, ce ton employé comme voulant mettre un point final à l'échange, un ton qui ne semble pas laisser de discussion possible autour d'un passé de longue date resté caché. Il n'en faudra pas plus, bien sûr, pour susciter les convoitises de Lucie, les punitions dans la chambre de ses parents dont toute l'intimité semble servie sur un plateau doré ne feront que renforcer les velléités de l'enfant à découvrir l'histoire d'Hélène.



La grande Histoire va ponctuer l'itinéraire d'Hélène, voire de Lucie. Elle va laisser des traces plutôt inavouées vous l'aurez compris. Pendant la seconde guerre mondiale qui s'invite régulièrement maintenant dans la littérature contemporaine que l'action d'écrvain.e.s s'évertue à montrer, il y a eu des résistants à l'image de Jeanne Heon-Canone magnifiée sous la plume de Aude Le Corff dans "L'importun", il ya eu des femmes dont l'amour supposé ou assumé pour des Allemands a été rappelé par Jacky DURAND avec "Marguerite", il y en a eu d'autres qui ont mené la vie d'ordinaires français percutée par les événements et le départ au front des maris comme Emélie et Muguette, les héroïnes du dernier roman de Valérie TONG CUONG "Par amour", il y a eu des structures pour emprisonner des êtres humains désignés comme les hommes et les femmes à exterminer comme le Camp de Gurs dénoncé par Diane DUCRET dans "Les indésirables", d'autres pour soigner comme le sanatorium d'Aincourt dont la mémoire est assurée par Valentine GOBY avec "Un paquebot dans les arbres", et puis, il y en a eu qui ont collaboré avec l'ennemi notamment dans le Nationalsozialistiche Kraftfahrkorps (NSKK), une organisation paramilitaire du parti nazi qui n'a pas recruté qu'en terres allemandes mais a aussi accueilli des volontaires étrangers.



Certains Belges y ont trouvé leur voie, c'est le cas de Charles Morgenstern. Comme d'autres juifs, il s'y est engagé pour servir l'occupant, celui dont les siens sont pourtant l'une de ses premières cibles. Mais pourquoi ?



Dominique COSTERMANS essaie d'en exposer les motifs :



"[...] par opportunisme, par naïveté, par jeunesse, pour sauver leur peau, pour manger." P. 66



Quel passé bien lourd à porter pour les générations suivantes, c'est ce que la famille de Lucie essaie de surmonter au quotidien.



"Ils savent cependant qu'ils avancent dans le passé comme des démineurs, les bras chargés de grenades dégoupillées." P. 100



La démarche de ce roman est à l'image de celle menée par Marie BARRAUD dans son 1er roman "Nous, les passeurs", publié également lors de cette rentrée littéraire de janvier 2017.



Il n'en a toutefois pas la même construction. J'avoue avoir été parfois désarçonnée par la multitude de personnages dont les destins individuels sont imbriqués les uns dans les autres. L'arbre généalogique des dernières pages est indispensable pour donner une vision globale de la famille. L'émotion y a été moins forte aussi mais il n'en reste pas moins un roman puissant.



Je voudrais saluer le devoir de mémoire auquel l'écrivaine concourt et pour cette voix donnée à



"toute une génération après la guerre, celle des rescapés, celle des revenus-de-l'enfer, celle des enfants cachés, celle des survivants. [...] Ils avaient survécu, leur souffrance était inaudible : on les priva de parole. Ou ils se résignèrent d'eux-mêmes au silence." P. 26



Avec ce roman, elle contribue aussi à offrir une certaine émancipation du passé à des générations qui en étaient privées :



"Je sais que les secrets de famille se nourrissent dans l'ombre de nos inconscients, restreignant la part de liberté de ceux qui les subissent." P. 110



Quant à la plume, le nombre de citations révèle une grande qualité, des mots justes. Je voudrais maintenant accéder au registre des nouvelles de Dominique COSTERMANS.
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En love mineur

Dominique Costermans nous propose dix-sept nouvelles ou textes courts. Des textes qui nous décrivent les petites choses de la vie, des petits détails de nos existences, des moments du quotidien tantôt nostalgiques, remplis d'humour ou d'espoir.



Des nouvelles abordant la naissance de l'amour... ou pas ! Des hésitations, des choix qui peuvent déterminer une vie.



Des amours naissantes, imprévisibles, le basculement d'un instant...



On voyage, au Portugal avec nostalgie mêlant souvenirs amoureux et gastronomie, en Grèce avec des paysages décrits de manière visuelle, immersive en faisant un parallèle à la crise financière et la vie du peuple grec. Passage obligé à Rome, à la villa Borghese, à la villa Médicis en passant par une papeterie, le lien entre les lieux est l'écriture.



C'est la vie que nous raconte Dominique Costermans. Des rencontres dans les trains, ou avec des personnages importants dans "Un jour j'ai pris Annie Saumont dans ma voiture" avec l'incapacité d'exprimer ses sentiments.



En love mineur c'est aussi l'approche de l'amour. J'ai particulièrement été touchée par "L'homme à qui j'ai fait à manger" et "La vengeance des Pâquerettes".



Une écriture fine et délicate, ciselée, sensible c'est l'intime mais aussi l'universel. Un très beau moment en compagnie de celle qui est l'une des nouvellistes majeures de Belgique. C'est magnifique, je vous invite à la découvrir.



Ma note : 9/10
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Outre-Mère

Charles Morgenstern, juif, refusé par l'armée belge au début de la guerre, devenu Charles Fumal, du nom de sa mère, au service des Allemands, d'abord comme traducteur, puis engagé dans le NSKK, organisation paramilitaire nazie en 1941. Condamné à mort par contumace en 1946 pour trahison, dénonciations, arrestations de juifs et de résistants dans sa propre ville.



Tel est le personnage dont Lucie raconte l'histoire, oscillant entre le récit d'un narrateur extérieur, le récit à la première personne de la jeune femme qu'elle est devenue mais aussi de l'enfant qu'elle fut. Puis par des adresses en italique à cet être complexe, haïssable qui fut la honte de la famille : son grand-père maternel.



Comme souvent dans ce type de parcours qui fait remonter le temps et se livrer à une véritable enquête pour reconstituer le puzzle de l'histoire familiale, c'est un deuil qui déclenche l'impulsion de la narratrice. Sa grand-mère, Suzy, est morte. Elle fera sa connaissance sur son lit de mort. Sa mère, Hélène, a manifestement tenté d'oublier, d'effacer le passé. Une photo d'elle en communiante, mains jointes, un chapelet enroulé autour des doigts, une grand-mère inconnue et sans vie : Lucie part à la rencontre des secrets de sa famille et se découvre une ascendance juive dont elle ne savait rien. Elle entraîne sa mère de 75 ans, aux souvenirs mis sous scellés depuis des années, à redécouvrir son quartier, juif hier, turc aujourd'hui. Le regard de Lucie se fait double : il embrasse les rues où vivait sa mère juive et où son grand-père faisait arrêter les réfractaires au STO. Et redonne vie aux deux.



Alors commence pour elle un long chemin de reconstruction de sa propre histoire mais pas seulement. Elle interroge les petits-enfants de l'Holocauste : comment savoir, transmettre, être fidèle à sa lignée ? Comment appréhender ces faits rares mais réels : des juifs qui se sont mis au service du bourreau ?

Sur fond de musique klezmer, les enfants et petits-enfants des juifs des années 40  « avancent dans le passé, comme des démineurs, les bras chargés de grenades dégoupillées. »



Long parcours personnel, douloureux et éclairant, ce livre pose des questions auxquelles on ne s'attendait pas : quels aléas de la vie ont pu produire des Charles Morgenstern ? Les phrases résonnent douloureusement en moi, et font écho aux propos d'une amie juive dont le père s'est remarié après avoir perdu sa femme et ses deux enfants dans l'horreur des fours crématoires. Elle disait : « Je suis née sur des cadavres. » Quel livre pourrait écrire chaque enfant, chaque petit-enfant des victimes de la Shoah ?





Lu dans le cadre des 68 1ères fois.



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Outre-Mère

"Cette histoire fait partie de mon histoire mais je ne suis pas cette histoire."



Ce roman est inspiré d'une histoire réelle, celle de Charles Morgenstern, un juif bruxellois qui s'est mis aux services de la Gestapo.

Lucie appartient à une famille où il convient de ne pas poser certaines questions, ainsi elle ne sait rien de ses origines et a l'impression d'être "née de rien". Décidée à percer le secret de sa mère Hélène qui refuse de parler de son passé, elle est bouleversée d'apprendre que sa mère est juive par les femmes de sa famille et Morgenstern par les hommes. Elle va patiemment, pendant une trentaine d'années, reconstituer le puzzle de l'histoire de sa mère. "J'écris aussi cette histoire pour mes enfants. Je l'écris pour mettre à plat, comprendre, reconstituer, mettre de l'ordre. Pour transmettre."

Lucie reconstitue l'histoire de Charles, son grand-père maternel, de 1940 à 1945 à partir de son dossier militaire qu’elle parvient à consulter et à partir de témoignages de personnes qui ont croisé son chemin. Elle apprend ainsi qu'il a été condamné à mort par contumace lors de son procès en 1946. Elle comprend pourquoi sa mère s'est emmurée dans son silence avec son secret, c'est le seul moyen de survie qu'elle a trouvé face à Charles qu'elle ne peut nommer que "l'auteur de mes jours".

Lucie obsédée par sa quête de vérité, par sa volonté de savoir d'où elle vient se retrouve bouleversée par ses recherches en se découvrant la petite fille d'un traître dans lequel elle cherche désespérément une lueur d'humanité. Elle va essayer de comprendre comment il est devenu ce monstre. "Je m'étais préparée au pire. Je n'ai pas été déçue."



Dans ce récit le secret est révélé très vite, le propos du roman est de raconter la quête de Lucie et sa lutte pour faire sortir sa mère de son silence, en ce sens le titre du roman a été judicieusement choisi.



J'ai trouvé ce roman compliqué à suivre malgré l'arbre généalogique inséré dans les dernières pages car la famille de Charles est tentaculaire, sur plusieurs générations on trouve des noms usurpés, des adoptions, des changements d'identité, de plus Charles a eu quatre filles de quatre femmes différentes... J'ai trouvé que l'auteure noyait le lecteur avec de multiples détails sur des personnages périphériques dont je n'ai pas toujours vu l'intérêt et j'ai souvent eu la tentation d'abandonner ma lecture.

De plus les éléments que Lucie découvre dans le dossier militaire de son grand-père sont relatés dans un style sec digne d'un rapport de police.

Heureusement la dernière partie, nommée "La délivrance", dans laquelle Hélène accepte de se livrer à sa fille m'a réconciliée avec ce roman mais pour cela il m'a fallu attendre les 2/3 du livre... Lucie pourra enfin dire "Je suis la petite-fille de cet homme-là. Ce destin me pèse depuis cinquante ans. Mais désormais je suis aussi la petite-fille de cette femme-là".



C'est donc avec un avis bien mitigé que j'ai refermé ce roman sur le poids de l'héritage familial, sur l'impact de la collaboration sur les générations à venir et sur le silence familial et ses conséquences. Ce roman aura eu le mérite de m'apprendre que des juifs avaient intégré la Gestapo, élément historique que j'ignorais complètement.

Au final, un sujet fort intéressant mais un traitement qui m'a gênée.








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Outre-Mère

Quel genre d'héritage un grand-père juif (collabo) peut-il laisser à sa famille? Comment vivre avec cet insoutenable secret? L'enfuir au plus profond de soi ou, au contraire, défaire ce nœud d'acier pour se délester d'un terrible fardeau?

C'est à ces questions que Dominique Costermans tente de répondre à travers son premier roman "Outre-Mère".



Dans cet ouvrage, l'auteur mêle habillement fiction et faits réels et livre un roman absolument passionnant et envoûtant qui happe littéralement le lecteur dans le tourbillon de ce passé trouble. Mais la lecture peut paraître aux premiers abords compliquée car Dominique Costermans explore un large pan de l'arbre généalogique de la famille Morgenstern. Pour le lecteur perdu dans les méandres de la généalogie, celle-ci est reprise à la fin de l'ouvrage afin de l'aider à s'y retrouver.



Pour le fond,"Outre-Mère" est donc l'histoire de Charles Morgenstern, un juif bruxellois, enrôlé dans l'armée allemande et qui devient un indic de la Gestapo, rôle qu'il prend visiblement à cœur. Mais "Outre-Mère" est aussi l'histoire de la descendance de cet homme et de ses actes effroyables. C'est donc Hélène, une des petites-filles de Charles, qui va mener son enquête sur ce douloureux passé et délivrer sa propre mère, par la parole, de ce tabou qui la hante depuis tellement d'années.



En ce concerne la forme, Dominique Costermans évoque des souvenirs (réels) de Charles au milieu de la trame du récit: comme autant de morceaux d'un puzzle, pour reconstituer ce terrible secret de famille, disséminés au fil des générations.



Un livre que l'on a du mal à lâcher et qui, une fois refermé, laisse comme une empreinte indélébile au fond de soi...

Une très belle découverte que je recommande absolument.
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Outre-Mère

Merci à Babelio – via sa Masse Critique – et aux Editions Luce Wilquin de m’avoir permis de découvrir cette auteur ainsi que son livre « Outre-Mère » (en librairie dès le 10 février 2017).



Ce roman concerne donc Charles Morgenstern dont la petite-fille, Lucie, tente de dresser le portait – et son arbre généalogique – sur base des souvenirs et confidences de sa mère, Hélène – la fille donc de Charles Morgenstern.



L’auteur spécifie en début d’ouvrage que son récit est basé sur des faits réels mais qu’il s’agit, bel et bien, d’une fiction, principalement sur fond de seconde guerre mondiale en Belgique.



Si le lourd passé de Charles Morgenstern est vite révélé au lecteur (juif, bruxellois, enrôlé dans l'armée allemande puis indicateur au service de la Gestapo), celui-ci n’en saisit tous les tenants et aboutissants qu’au fil des révélations d’Hélène distillées au compte-goutte. Ces témoignages du passé, au départ, obtenus difficilement se révèlent être, plus tard, une réelle délivrance pour la femme qui arrive enfin à mettre des mots sur cette relation si compliquée qui la lie à, comme elle le nomme, « l’auteur de mes jours ».



Le récit est intelligent et dépeint parfaitement le poids de l’héritage familial, des secrets de famille et la difficulté de se créer une identité dans de telles conditions. "Je sais que les secrets de famille se nourrissent dans l'ombre de nos inconscients, restreignant la part de liberté de ceux qui les subissent" (page 110)



L’auteur choisit une composition architecturale du roman assez compliquée ; le tout étant basé sur des souvenirs, souvent peu chronologiques, et impliquant un nombre assez élevé de personnages.



Personnellement, bien qu’un arbre généalogique en fin de roman facilite la compréhension, je me suis, malgré une lecture attentive, plusieurs fois égarée dans la famille Morgenstern. Je comprends bien qu’il s’agit là d’un choix assumé de la part de l’auteur. Néanmoins, je ne le trouve donc que partiellement maîtrisé.



Mais force est de reconnaître que j’ai dévoré le livre de la première à la dernière page.



Outre-Mère est le premier roman – après une demi-douzaine de recueils de nouvelles – de Dominique Costermans et, à mes yeux, bien prometteur quant aux suivants !



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Les petits plats dans les grands

Je dois dire que je n'ai pas vraiment été transportée par ce roman qui m'a perdue en cours de route. Je l'ai trouvé assez décousu et ai eu du mal à reconnaitre les (trop) nombreux personnages. Les chapitres sont courts et l'on passe donc rapidement d'une histoire à une autre. J'aurai préféré prendre davantage mon temps et profiter vraiment de l'instant.



Cela dit, j'ai beaucoup aimé le fait que chaque rencontre, ou plutôt chaque histoire racontée, soit le prétexte d'une recette de cuisine. Pour le coup, je pense que nous sommes nombreux à associer nos proches à un plat !

J'ai également aimé la façon dont sont décrits les plats, tout en couleurs, en saveurs et en émotion. Manger ne s'arrête pas à l'acte mais est beaucoup plus et surtout un moment d'échanges et de partage. Avec sa force de description, l'autrice nous force à "manger" en pleine conscience les plats évoqués et je dois dire qu'elle m'a alléchée plus d'une fois.



Je regrette un peu que les recettes se perdent au milieu de l'histoire. Pour le coup, je crois que j'aurai préféré avoir un cahier de recette à la fin du livre et profiter des rencontres proposées par Dominique COSTERMANS. de même, plusieurs des plats abordés ne sont pas proposés en recette ce que j'ai trouvé dommage : cela m'a donné l'impression de ne pas aller au bout de l'idée du livre.

Je ne pense pas que je ferais l'une des recettes proposées. Comme c'est écrit dans le livre, ce sont des recettes populaires dont chacun à sa propre recette familiale et clairement, rien ne vaut le chilli de mon papa ;) Quand aux recettes plus originales, je les ai trouvées assez compliquées pour moi qui préfère la subtilité au nombre d'ingrédients en cuisine.



Comme je le disais plus haut, j'ai eu du mal à suivre l'écriture de Dominique COSTERMANS. J'ai trouvé qu'il y a beaucoup de digressions et que l'on passait souvent du coq à l'âne pour revenir ensuite à nos moutons. Cela m'a beaucoup déstabilisée et je ne me suis donc pas sentie très à l'aise avec ce livre d'autant plus qu'il est très lié à l'intime. En effet, l'auteure s'adresse directement à sa fille ce qui m'a mise un peu dans une position de voyeuse, comme si je lisais un courrier qui ne m'était pas adressée.

Une lecture qui m'a un peu laissée sur le côté du chemin.
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Les petits plats dans les grands

Dans l'ensemble, j'ai trouvé le livre plutôt sympa. L'autrice partage avec ses filles (sa ?) des souvenirs liés à la cuisine, de son vivant pour que cela ne soit pas perdu, comme c'est parfois le cas pour des recettes de famille.

J'ai bien apprécié le style, le choix des histoires, et clairement l'autrice sait décrire les plats, les senteurs, les couleurs, de façon à donner vie à chaque recette dans l'esprit des lecteurs, et aussi à donner envie... et faim !

Sans être passionnant (pour moi tout du moins), j'ai eu plaisir à lire la plupart des histoires. Certaines m'ont un peu moins emballée, mais les goûts et les couleurs !

Les deux petits bémols qui me viennent en tête sont les suivants :

J'avoue avoir toujours un peu de mal avec les romans qui tout à coup deviennent autre choses ou nous font des listes, ou ici, nous place une recette de cuisine. Alors, cela a l'air très bon et je vais peut être en réaliser quelques unes, mais parfois elles coupent bien l'élan de l'histoire et c'est dommage.

Ensuite, habituellement, lire des auteurs belges ne me pose pas de souci. Mais ici, clairement, plusieurs références m'ont échappée, un peu trop souvent à mon goût sur certaines histoires. Et j'ai un doute quand l'autrice dit qu'en France on appelle la scarole "endive"... pour moi, la scarole c'est la scarole. Chicon et endive plutôt...



Bref, une lecture pas désagréable, mais pas un coup de cœur non plus. Pour les amoureux de la cuisine et de la bonne bouffe !
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En love mineur

Je vais commencer par parler de la couverture avec une photo minimaliste qui me plait beaucoup.

La première, très courte nouvelle, au ton légèrement sautillant, emplie du soleil namurois car « Il ne pleuvait plus, ou pas encore » est une belle mise en bouche pleine de l’espoir d’un peut-être futur amour ; may be yes !

« L’homme à qui j’ai fait à manger » n’est jamais nommé autrement. D’ailleurs, dans aucune des courts récits, le nom de l’Autre n’est prononcé, les personnages secondaires, si. Est-ce que faire à manger à l’homme l’empêche de fuir ?



Toutes les nouvelles parlent de l’amour, à la première personne du singulier. De Namur à la Grèce, en passant par Rome. L’amour qui nait d’un petit rien.



Pourtant, il n’y a pas que cela. Beaucoup d’émotions avec la nouvelle « Un jour j’ai pris Anne Saumont dans ma voiture » où la timidité de la conductrice, elle-même en désir d’écrire, mais par encore écrivaine, parle d’admiration non pas béate, mais étayée par les écrits, les livres. Elle n’a jamais osé parler de son envie, mais garde en elle le souvenir heureux de ce transport. Comme les voyages en train, moments propices à des rencontres amoureuses ou intellectuelles qui autorisent les jeux de la séduction ou l’écoute de l’autre.

Histoires d’amour débutantes, ou possibles, pas le gros coup de foudre qui vous cloue sur place, non, des débuts timides, en mode mineur que ce soit parce que tout est feutré ou parce que l’amour creuse sa veine comme le mineur de fond, ou parce que la petite musique des mots de Dominique Costermans n’est pas tonitruante, mais douce.



L’orgueil de la Grèce est une belle digression. « Je réfléchissais à une métaphore pédagogique, à une parabole. Les dix-neuf de la zone euro seraient comme une bande d’amis qui auraient un jour décidé de fonder un club. Dans cette bande qui se connaissait bien, il y avait d’anciennes inimitiés, mais aussi une histoire commune. Aujourd’hui certain étaient très riches et d’autre moins même si cela n’avait pas été toujours été comme ça d&ans la passé). La cotisation au club était de dix-mille euros. Par an, c’était cher pour les moins riches, mais les bénéfices de ce club seraient immenses, parce que l’union fait la force (c’est bien connu). Dans l’enthousiasme, on accepta les grecs, dont tout le monde savait pertinemment qu’ils n’avaient pas les moyens. ». Jolie métaphore



Un livre qui ne prend pas de place dans le sac, il est si léger, ET quel plaisir de lecture, quel enchantement. Dominique Costermans, dès les premières lignes, m’a prise par la main pour me faire rencontrer l’objet de toutes les attentes, l’amour, l’amoureux, l’espoir amoureux, le désir… tout se termine par une pirouette ou un bond dans un futur proche.



Une nouvelle a pour titre « J’ai bien fait de venir » et bien moi, j’ai bien fait de dire oui à la proposition de Dominique Costermans car ses courts récits ont la fragilité de la convalescence, l’espérance du commencement, l’envie de repartir, de ne pas penser à l’amour déçu, la magie des peut-être, des rencontres.

La fin est une pirouette qui ferme la boucle. Un livre tout doux, une jolie fugue en love mineur.

J’avais lu et apprécié « L’outre-mère » son premier roman. Merci Dominique Costermans.


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Outre-Mère

C'est un premier roman pour Dominique Costermans, néo-louvaniste nouvelliste de talent.



Nous sommes en mai 1969, Lucie a sept ans, elle va faire sa première communion. Elle est appelée dans le bureau de son père pour choisir ses souvenirs de communion. Sa maman lui montre le texte choisi en sortant d'un missel un souvenir d'une certaine Hélène MORGENSTERN.



Mais qui est donc cette Hélène qui porte le même prénom que sa maman ?

Une amie d'école lui répond-elle. Une amie d'école dont elle conserve précieusement cette relique, c'est étrange. Lucie se rend compte qu'elle aborde un sujet délicat, un sujet tabou.



Mais la boîte de Pandorre est ouverte et Lucie va petit à petit mener son enquête, distillant prudemment des questions, par-ci, par-là. Elle trouvera des documents dans le bureau de son père et sur quelques décennies mènera ses recherches pour savoir qui elle est ?, d'où elle vient ? et ce outre sa maman qui restera fermée comme une huître sur ce sujet jusqu'au jour où la digue cèdera et libèrera enfin sa maman de son lourd passé.



Cette histoire est une fiction qui se base sur des faits réels. Nous apprendrons très vite que Charles Morgenstern, le père d'Hélène est juif, bruxellois. Il s'est enrôlé dans l'armée allemande et est devenu un indic de la gestapo.



La spécificité de ce premier roman est l'architecture particulière de celui-ci, de nombreux souvenirs nous sont livrés peu à peu sans chronologie, de nombreux personnages apparaissent et rendent de prime abord la lecture plus difficile. Mais rassurez-vous un arbre généalogique et une chronologie des faits nous aident à suivre ce passionnant puzzle qui peu à peu se remplit. Une chose est certaine, c'est qu'une fois commencé, il m'a été impossible de poser le livre avant de l'avoir terminé.



Une belle découverte que je vous recommande vivement.



Ma note : 9/10
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Outre-Mère

L’idée est intéressante, le parcours aussi, de cette fille qui se cherche une ascendance acceptable, qui tient absolument a retrouver les racines que sa mère lui cache. Secrets de famille lourds à porter, juifs ou collabos, traitres ou Justes, ramifications et répercussions jusque dans le présent de ces silences lourds à porter, de ce passé si dense, tout ceci est très significatif sur le besoin de recherche et de mémoire, mais l’auteur nous perd dans les méandres d’une famille tentaculaire et disparate. Bref, si j’ai par moment eu envie de connaître la suite, je n’ai pas ressenti assez d’émotions pour avoir envie de vibrer, de pleurer ou de rire avec Lucie.
Lien : https://domiclire.wordpress...
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