Intervention de Dominique Folscheid, philosophe, professeur émérite, Université Gustave Eiffel, lors du colloque "La médecine confrontée aux limites" au Collège des Bernardins.
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Nous sommes dans un monde marqué par les automatismes. Le véritable langage, ce ne sont plus les écritures mais les chiffres qui, pixélisés en 0 ou 1, forment le monde numérique dans lequel nous évoluons. Les protocoles, les algorithmes, tout ce qui règle les comportements humains et qui visent à « supprimer le facteur subjectif », visent à remplacer une conduite aléatoire par des automatismes et à nous mettre dans une situation de servitude devant nos machines. Ce faisant, nous en venons à nous comporter comme les rouages d’une machine. Il se pourrait que la souffrance au travail trouve là sa source la plus importante. La réactivité remplace la réflexion. C’est ainsi que le Pentagone a remarqué que l’usage de Power point était à terme dangereux car il empêchait les militaires de penser : « c’est dangereux, parce que ça peut créer l’illusion que l’on comprend et que l’on contrôle une situation. Or, dans le monde, certains problèmes ne sont pas transformables en puces » a déclaré le général McMaster en 2005, après les avoir interdits pour la guerre en Irak. Tout se passe comme si l’on réduisait l’intelligence à l’instinct, quitte à appeler « intelligence » l’instinct, comme si les algorithmes allaient supprimer l’errance et le hasard. On cherche ainsi à garantir la prévisibilité de nos sociétés.
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1596-1650. – Profondément marqué par son illumination de la nuit du 11 novembre 1619, qui lui révèle « les fondements d’une science admirable », l’ancien élève des jésuites de La Flèche, l’ex-officier de Maurice de Nassau va désormais consacrer sa vie à la recherche et à la méditation. Installé aux Pays-Bas, pour être tranquille, il travaille les mathématiques (il fonde la géométrie analytique), l’optique (il découvre la loi de la réfraction, invente une machine à tailler les verres en hyperbole), s’intéresse aux dissections d’animaux, entretient des relations avec les meilleurs esprits (comme Mersenne, Huygens) et met au point la méthode qui doit faire triompher la raison dans tous les domaines.
Descartes a créé une rupture si décisive que l’on peut parler d’un avant et d’un après Descartes. S’il n’a pas constitué la grande œuvre scientifique qu’il espérait, il a fondé les conditions de possibilité et de réalité de la science positive moderne, façonné notre vision d’hommes modernes, hantés par la rationalité scientifique et technique.
Une seule chose est nécessaire : bien vivre. Les opérations de la pensée, les spéculations les plus brillantes n'ont pas de sens si elles ne conduisent pas à vivre.
Le Bien, le Beau, le Vrai ne sont donc pas des "valeurs", dont toute la réalité vient du rapport entre l'attente subjective et le donné ; ils sont ce par quoi la réalité donnée échappe à la déréliction.