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Il est un des rares, très rares, trop rares journalistes dont on peut écrire, sans risque dêtre démenti, quil a du talent, des idées et du courage. Quil a toujours préféré ses opinions à son confort, ses convictions à sa réputation. Rencontre avec un journaliste libre, tout simplement libre. www.revue-medias.com
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Un petit parisien : 1941-1945 : Récit de Dominique Jamet
La joyeuse rentrée 1943, dans ma mémoire, c'est ça: des histoires de pension alimentaire, de légitimation, d'argent, les apparitions tardives de monsieur Moustier, des bébés qui braillent, des femmes qui pleurent, un homme qui crie, et nous, dans ce grand appartement lugubre où nous nous terrons comme des bêtes, où nous vivons comme des porcs.
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Un petit parisien : 1941-1945 : Récit de Dominique Jamet
Comment peuvent-ils s'aimer alors qu'ils ne s'estiment pas, et proclament constamment toutes les raisons qu'ils ont de se haïr? Je ne me trompe pas. Ils ne s'aiment pas. Chacun aime chez l'autre que les satisfactions qu'il en tire. Ils vivent une grande histoire de plaisir solitaire à deux. Que peuvent-ils bien faire ensemble, qui les attache malgré tout l'un à l'autre? L'amour. |
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Apprentis en politique : De François 1er à Robespierre de Dominique Jamet
(à propos de Robespierre) Homme à système, homme à certitude, il est de la race éternelle de ceux qui ont toujours raison. Espèce amusante, irritante ou exaspérante, relativement inoffensive quand elle se borne à pérorer en famille, au zinc du café du commerce, sur l'estrade d'une salle de classe, à la tribune d'un meeting, effrayante quand elle détient les leviers du pouvoir.
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La chute du président Caillaux de Dominique Jamet
Sur le fond, il (Maître Labori) rappelle l'antique adage : à qui profite le crime ? S'il y avait deux personnes qui n'avaient pas intérêt à la mort de Calmette, c'étaient bien monsieur et madame Caillaux. Puis il évoque la très longue tradition d'acquittement des femmes en France. Une coutume, presque une règle. En 1885, Madame Clovis Hugues abat le courtier en publicité qui diffamait son mari, député de Marseille. Acquittée. En 1898, l'épouse d'un obscur député, Paulmier, avait résolu de faire taire le journal La Lanterne et son directeur, Alexandre Millerand, qui menaient une campagne contre son mari. En l'absence de Millerand, elle avait déchargé sa rage et son revolver sur un obscur secrétaire de rédaction qui n'avait le tort que de se trouver là. Acquittée. Acquittée, madame Steinheil, pourtant totalement incapable d'expliquer comment il pouvait se faire que les trois inconnus masqués, en longue lévite noire, jamais retrouvés, qui, dans la nuit, avaient expédié ad patres son mari complaisant et sa vieille entremetteuse de mère se fussent bornés à l'attacher fort lâchement aux barreaux de son lit, n'en avait pas moins été acquittée. Acquittée la belle madame Porkës qui pourtant n'avait pas convaincu lorsqu'elle avait raconté que son mari, à ses côtés, dans le lit conjugal, sans qu'elle y fût pour rien, sans qu'elle pût l'empêcher, s'était suicidé d'une demi-douzaine de balles dont quelques-unes tirées dans le dos. Les deux dernières n'avaient eu ni le courage, ni la franchise ni les excuses de madame Caillaux. Car enfin, celle-ci avait été victime d'une campagne dont la violence et la perfidie n'avaient pas de précédent. A quoi d'autre attribuer ce drame regrettable qu'aux excès d'une presse irresponsable qui abuse de la liberté ? Page 304 + Lire la suite |
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La chute du président Caillaux de Dominique Jamet
Sans être de ses intimes, tant s'en faut, la plus contestable de ces relations était sans conteste le vibrionnant Rochette, le Bernard Madoff de son temps, l'homme qui, assuré de la caution d'anciens ministres véreux, fondait des banques fantomatiques à l'intitulé ronflant et s'envolait avec la caisse, l'illusionniste qui drainait l'épargne des gogos vers des projets aussi mirifiques que ténébreux, l'escroc cynique qui puisait des millions dans la poche des pauvres et remboursait les souscripteurs floués de l'emprunt paraguayen à 6 % avec l'argent des futures victimes du krach des Tramways de Mexico. Pages 86-87 |
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La chute du président Caillaux de Dominique Jamet
L'incohérence, le désordre, la discontinuité sont plus apparents que réels. Ne pas confondre la IIIème République en son âge d'or avec la IIIème agonisante des années trente, et moins encore avec la IVème, congénitalement sujette à la danse de Saint-Guy. Entre 1900 et 1914, les gouvernements se suivent, mais les gouvernants demeurent. C'est la continuité dans le changement, la stabilité dans l'instabilité. Sur la période considérée, quinze ministères se sont succédé, ce qui donnerait un peu moins d'un an par gouvernement. Mais si l'on tient compte que Briand a quatre fois formé et dirigé un gouvernement, on tombe à douze présidents du Conseil. Si l'on considère que Clemenceau était le véritable chef du gouvernement Sarrien, que Monis puis Doumergue n'ont été que les prête-noms de Caillaux, que Poincaré a été le marionnettiste, Barthou et Viviani ses marionnettes, on ne trouve plus que six Premiers ministres effectifs en quatorze ans, soit Waldeck-Rousseau pendant trois ans, Combes trois ans, Clemenceau plus de trois ans (dont six mois de présidence nominale pour Sarrien), Poincaré deux ans (dont Barthou neuf mois et Viviani trois mois), Briand vingt et un mois, et Caillaux dix-huit mois (dont Monis trois mois et Doumergue sept mois), ce qui aboutit à relativiser sérieusement la supposée instabilité du régime. Page 135-136 + Lire la suite |
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Notre après-guerre : Comment notre père nous a tués, 1945-1954 de Dominique Jamet
Lui surtout qui finalement ne fréquentait, ne savait faire dialoguer et ne se plaisait à mettre en scène que deux personnages : "Je" et "Moi".(...) Il était insensiblement passé de l'idée humaniste, énoncée par Montaigne que, tout homme porte en lui la forme entière de l'humaine condition, tout ce que vit pense, ressent un individu est susceptible d'avoir un écho chez tous les autres, à l'idée, sensiblement différente, qu'il n'avait pas lieu de s'intéresser à un autre qu'à lui-même.
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La chute du président Caillaux de Dominique Jamet
Les "troisannistes" (c'est le néologisme qui fut forgé pour désigner les partisans de la loi, la loi de 3 ans augmentant la durée du service militaire) ne manquaient certes pas d'arguments. La crise franco-allemande de 1911, heureusement dénouée par Caillaux, avait ouvert les yeux aux responsables civils et militaires sur l'exceptionnel état d'impréparation de notre armée. Bien que le monde entier fût censé nous envier notre incomparable corps d'officiers et nos prodigieux sous-officiers à nuls autres pareils, les dernières manoeuvres, en 1912, avaient confirmé et mis en lumière, en présence des observateurs professionnels délégués par tous les pays intéressés, outre les lacunes de notre armement et les insuffisances de notre entraînement, la médiocrité, pour ne pas dire plus, de notre encadrement, du haut en bas de l'échelle de commandement. Notre ceinture de forteresses, notre artillerie lourde, notre marine, tout était à moderniser, à renforcer, à revoir. Dans tous les compartiments du jeu, nous étions inférieurs à l'ennemi naturel et héréditaire que, depuis 1871, notre Etat-major et la plupart de nos hommes politiques présentaient ouvertement et nommèrent comme l'adversaire unique et fatal, en toute hypothèse, de la guerre à venir. Page 99 + Lire la suite |
Que sont les " Lunettes de Romans " :