Dominique Missika présente son livre "
Simone Veil. La cause des femmes et des enfants" publié chez Seuil.
Le 26 novembre 1974,
Simone Veil monte à la tribune de l'Assemblée nationale pour défendre la loi légalisant l'interruption volontaire de grossesse. Elle entre dans la lumière. Elle n'en sortira plus. Par son courage et sa détermination, elle devient une icône que les Françaises ne cesseront de remercier.
Toutefois, son engagement pour la cause des femmes ne commence ni ne finit avec cette bataille. le transfert en métropole des militantes du FLN détenues en Algérie, la réforme du droit de l'adoption, la promotion du travail des femmes sont autant de sujets qui la mobilisent en tant que haut fonctionnaire au ministère de la Justice. Puis, devenue ministre, elle améliore la protection des enfants, crée le statut d'assistante maternelle, aide les femmes à concilier travail et maternité, se bat pour les infirmières et les sages-femmes, etc. La parité sera l'un de ses chevaux de bataille. Son combat pour l'égalité réelle entre les hommes et les femmes se poursuivra, dans une étonnante continuité de conception et d'action. Profondément marquée par l'expérience concentrationnaire,
Simone Veil, tout au long de sa vie, s'est appliquée à faire évoluer la société avec les armes de la loi, au nom de la justice. Grâce à de nombreux documents (brouillons de discours, notes, courriers officiels, rapports, articles de presse
), dont certains inédits, ce sont les propres mots de
Simone Veil qui constituent le fil conducteur de ce livre. Il nous invite à mieux comprendre son action en faveur des femmes et des enfants, en France et dans le monde.
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Alors que nous l'interrogions sur ses souvenirs, Badinter nous avait mis en garde : "Il faut se méfier de la mémoire. Chacun, de bonne foi, reconstruit sa vie avec le temps. Il y a une sorte de fragilité, de sélection de la mémoire. On auréole, on noircit, mais c'est rarement la réalité des faits."
Jeune fille, elle a rêvé du prince charmant.
Elle a déchanté.
Jeune femme, elle s'est imaginée que la naissance de ses deux enfants la comblerait.
Elle aborde la trentaine avec un arrière-goût du temps qui lui échappe et d'une vacuité qui la désole et l'empêche de réaliser quelque chose dont elle serait fière.
La devise "Liberté, égalité, fraternité" est remplacée par "Travail, famille, patrie".
En 1941, une loi restreint le divorce, et en 1942, l'adultère, considéré comme un délit contre l'ordre, déclaré comme un "acte contre le peuple français et l'unité nationale", devient un crime contre l'Etat, passible de la peine de mort.
L'universalisme, valeur cardinale, lui semble menacé, par le différentialisme, par le communautarisme, ces "maux" qui gangrènent la société. On ne peut pas dire qu'il y a, d'un côté, les droits de la femme et, de l'autre, ceux des hommes, ni affirmer que les Noirs et Blancs n'auraient pas les mêmes droits ! C'est une pente dangereuse. Il y aurait des droits dépendant du sexe, de la nation, de la religion, de la couleur de la peau... Dès lors, le principe premier des droits de l'homme, "Tous les hommes (c'est-à-dire, tous les êtres humains), naissent libres et égaux", ne sera plus respecté." D'où son incompréhension, voire son dégout, pour une époque, la nôtre, où règnent "l'exhibitionnisme, la trahison, l'égotisme, une horreur". Robert Badinter est inquiet.
Juillet 1936. L'Espagne bascule dans la guerre civile. Berty entre au Comité International de Coordination et d'Information pour l'Aide à l'Espagne Républicaine, dont la section française est présidée par Victor Basch et Paul Langevin. Ce comité, né à l'initiative des communistes, dont Gabriel Péri et Hélène Stassova, lance une vaste campagne de mobilisation et de soutien aux républicains espagnols.
Mais l'horizon de Kessel est sombre. L'inaction lui pèse. L'écriture demeure sa préoccupation majeure, une obsession. Il noircit des pages et des pages. contrairement à ceux qui s'accommodent de l'occupation de leur pays, il y est farouchement hostile et traverse une rude épreuve. Il est comme condamné au silence. Il n'écrit plus pour la presse. Il n'a pas le droit d'être publié. Ses livres sont interdits à la vente. Proscrit du jour au lendemain (...), on ne le félicite plus alors qu'il était au firmament un an auparavant. (...)
" Il y a des moments où la pression extérieure est plus forte que la citadelle mentale", écrit-il à son frère Georges, réfugié au Maroc. (p. 99)
Où aller ? Vichy est insupportable. (...)
Trois mois après leur arrivée, le 28 septembre 1940, les allemands exigent que les livres des auteurs juifs inscrits sur la liste Otto (...) soient retirés de la vente. Le nom de Kessel y figure en " bonne place". (p. 88)
- Mais tu ne sais donc pas? Les Allemands sont venus ce matin à Izieu et ils ont emmené toute la colonie! Des soldats sont encore là-bas, ils gardent la maison.
Gabrielle en a le souffle coupé. Elle pâlit sous le coup, considérant son amie avec stupeur on aurait dit qu'elle venait de lui donner un coup de poing.
- Je ne te crois pas.
Il fait doux, cette nuit-là, en Gironde. Le ciel est clair, les jardins en fleurs. Il flotte au-dessus de la Garonne une tiédeur d'été et de vacances ... Mais en dessous, dans la ville, c'est le chaos. Malgré l'heure tardive, les signes de la débâcle sont encore bien visibles. Des passants se pressent sous les réverbères, les traits marqués par la fatigue et l'inquiétude, les voitures ont leurs toits écrasés de chargements mal ficelés, matelas, landaus, malles, paniers ; des familles entières, faute d'avoir trouvé où se loger, sont recroquevillés dans les habitables, accablées de sommeil malgré l'inconfort ... Il semble que la France se soit réfugiée à Bordeaux [...].

Plus touchante, la présence de Robert Badinter à la maison d'arrêt de Villepinte le 4 décembre 2017. "Un hugolâtre en prison", titre le Parisien. "Assis sur des chaises de plastique rouge alignées dans le gymnase de la prison, une centaine de détenus l'ont écouté pendant une heure leur parler de Victor Hugo, "grand abolitionniste". Il leur a répété une phrase de l'écrivain : "Il est un droit qu'aucune loi ne peut entamer, qu'aucune sentence ne peut retrancher, le droit de devenir meilleur". L'oeuvre d'Hugo "constitue, pour eux aussi, un message, précise Badinter. Je ne suis pas le défenseur des causes perdues, mais de celles que je crois justes."Dans la salle, une partie'des détenus se lèvent pour l'applaudir, l'un d'eux s'avance avec une balance en bois, effigie de la justice, sculptée aux initiales RB. Beaucoup réclament une poignée de main et une photo. Il est émouvant, cet objet en bois, pareil à de l'art brut, qui trône en bonne place sur le bureau de Badinter, posé à côté de la une du Monde annonçant le vote de la loi abolissant la peine de mort par l'Assemblée nationale, agrémenté d'un dessin de Plantu qui a ajouté à la main "Merci, Robert Badinter"