AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Dominique Muller-Wakhevitch (28)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Sauve-du-Mal et les tricheurs

Même s'il soigne les riches et exerce son art jusque chez le duc d'Orléans dont il est un ami, Florent Bonnevy est surtout le médecin des pauvres et des miséreux. Dans les bas-fonds de Paris, on l'appelle Sauve-du-Mal et on sait que sa porte est toujours ouverte en cas de problème. Aussi n'est-il pas surpris quand, un soir de septembre 1715, une prostituée frappe à sa porte et le guide dans les rues sombres jusqu'à une maison close où un homme est au plus mal. Sur place, Sauve-du-Mal ne peut que constater le décès de l'homme qu'il reconnaît comme Maximin Larive, l'époux d'Aude-Marie, la meilleure amie de sa femme Justine. Pour éviter un scandale, il reconduit la dépouille jusqu'à son domicile, arguant d'un décès lors du transport. La famille, soucieuse elle aussi de préserver les apparences, reste discrète et s'empresse d'organiser un enterrement loin de Paris, sur ses terres de Lorraine. Mais le médecin n'est pas homme à fermer les yeux sur un crime et pour lui, il n'y a aucun doute, Larive a été empoisonné. Au grand dam de Justine qui préférerait que son mari soit plus souvent auprès d'elle, le médecin se lance dans une enquête qui le fera côtoyer des hommes peu scrupuleux, des escrocs prêts à tout pour faire main basse sur la fortune d'autrui.



Premier tome des enquêtes de Florent Bonnevy, médecin parisien, né aux Pays-Bas dans une famille juive, ce qu'il cache à tous, même à sa femme, la délicieuse et piquante Justine. Cartésien, féru de sciences, il est très dévoué à ses patients, surtout les plus pauvres, mais a aussi ses entrées chez Philippe d'Orléans, appelé à devenir Régent suite au décès de Louis XIV. Epris de justice, il n'hésite pas à donner de sa personne pour démasquer une bande de malfrats, allant jusqu'à fréquenter une maison close, ce que lui reproche vertement son épouse. Mais Justine est amoureuse et pardonne tout à son mari qui le lui rend bien, la laissant libre de s'immiscer elle aussi dans ses enquêtes.

Ce qui fait le charme de ce polar historique, c'est d'abord l'écriture de Dominique Muller, fluide et bien ancrée dans l'époque, et aussi le contexte historique. Cette première enquête se situe quelques jours après la mort du Roi Soleil et on assiste au combat de coqs que se livrent ses potentiels successeurs. Mal aimé, entouré d'une réputation sulfureuse, c'est le duc d'Orléans qui remporte la palme en devenant Régent. Lucide, voire cynique, il s'entoure d'individus pas toujours recommandables mais suffisamment riches pour l'aider à assainir les finances de l'Etat.

Une bonne entrée en matière, divertissante et instructive. Le couple Florent/Justine est sympathique et attachant et on aura plaisir à les suivre dans d'autres aventures.
Commenter  J’apprécie          410
Trop de cabales pour Sauve-du-Mal

A Sens, Matthieu de Fourchène quitte avec fracas son travail de précepteur, lassé des humiliations constantes de son employeur, le notaire Vouillet. C'est plein d'espoir en une vie meilleure qu'il prend la route pour Paris où il compte sur l'hospitalité de sa cousine Justine Bonnevy le temps de trouver une bonne situation et surtout de raisonner son frère aîné Thibaut qui dilapide la fortune familiale sans se soucier des siens.

Les Bonnevy ont bon coeur et accueillent volontiers le provincial dans leur foyer. Florent, Sauve-du-Mal pour ses patients, l'aide à retrouver Thibaut qui mène une vie de libertin et dirige le bureau de recrutement de la Compagnie d'Occident. Sous les ordres de John Law, l'aîné des Fourchène est chargé d'envoyer des colons peupler la Louisiane tombée dans l'escarcelle de l'écossais en 1718. Mais quand Matthieu se rend au bureau de la compagnie, il tombe sur le cadavre de Vouillet. Florent arrive derrière lui, suivi de près par la maréchaussée qui embarque Matthieu accusé de meurtre. Persuadé de l'innocence du cousin de sa femme, Sauve-du-Mal plaide sa cause auprès du Régent qui le fait libérer. A charge maintenant pour le médecin de trouver le vrai meurtrier du notaire qui comptait un nombre impressionnant d'ennemis.



Troisième tome des aventures du médecin Florent Bonnevy et de sa pétillante épouse Justine sous la Régence de Philippe d'Orléans. Toujours guidé par son souci de vérité et de justice, Florent est enquêteur malgré lui et dans cet opus il tâte même de l'espionnage. Car même si le Régent apprécie ce jeune homme qui aime le confronter à la misère du peuple, il n'est pas homme à accorder des faveurs sans contrepartie. Informé d'un complot contre sa personne, Orléans somme le médecin d'aller espionner l'ennemi. le monde des agents doubles ou triples, du mensonge et de la dissimulation est très éloigné du quotidien de Florent qui, heureusement, peut compter sur sa tendre épouse pour lui prêter main forte.

C'est toujours très instructif de lire un roman de la série Sauve-du-Mal où l'on s'immerge dans la vie quotidienne des Français sous la Régence de Philippe, duc d'Orléans. Florent Bonnevy préfère la compagnie des petites gens qu'il soigne, parfois gratuitement, mais il doit aussi fréquenter les nantis qui se vautrent dans la luxure quand le peuple meurt de faim. La Régence s'inscrit sous le signe du libertinage mais aussi des problèmes économiques de la Couronne. Dans cet opus, Dominique Muller évoque John Law, le banquier écossais à l'origine du billet de banque, impliqué aussi dans la colonisation de la Louisiane. L'homme a toute la confiance du Régent confronté à des finances exsangues après le long règne de Louis XIV et ses campagnes guerrières. Mais il ne fait pas l'unanimité auprès de ceux qui préfèrent les espèces sonnantes et trébuchantes et qui, par ailleurs, cherchent la faille pour chasser Orléans du pouvoir.

Une lecture divertissante et informative.
Commenter  J’apprécie          356
Sauve-du-Mal et l'appât du grain

En arrivant en France, Florent Bonnevy a adopté la religion chrétienne et garde depuis le plus grand secret sur ses origines juives. Aussi est-il d'abord désagréablement surpris quand un marchand juif tout droit venu d'Amsterdam vient lui demander son aide en souvenir du passé. Venu à Paris pour négocier un chargement de grains, Jacob Ensel est en effet accusé de meurtre et se retrouve en fâcheuse posture, aux prises avec la vindicte populaire des Halles. Lui imposant le silence sur leurs origines communes, le médecin introduit Jacob dans sa demeure où très vite il se lit avec Justine, son épouse ataviquement antisémite. A charge désormais pour Florent de disculper son coreligionnaire et de faire la lumière sur ce trafic de grain où semblent impliqués des proches de la duchesse de Berry, la fille chérie du Régent.



C'est toujours un plaisir de retrouver Florent Bonnevy, dit Sauve-du-Mal par les petites gens qu'il soigne, ainsi que la bouillonnante période de la Régence. L'homme est médecin bien sûr mais il aime aussi se mêler d'enquêtes policières au grand dam de son épouse Justine qui aimerait le garder auprès d'elle un peu plus souvent. Cette fois, il s'intéresse à un vaste trafic de grain dans lequel est compromis un marchand juif hollandais. L'enquête est donc très personnelle pour Sauve-du-Mal qui se voit confronté à ses choix de vie. En devenant catholique, le médecin a non seulement renié sa foi, mais il a aussi renoncé à tout lien avec sa famille. Jacob Ensel est le vivant rappel de tous ceux qu'il a laissés derrière lui. Les regrets qui affleurent sont cependant balayés par le sort réservé au juifs en France. Ils y sont tolérés mais peu aimés, certaines professions leur sont interdites et ils ne peuvent devenir citoyens français. En butte à toutes sortes de préjugés, ils vivent à part et sont accusés de tous les maux. Florent sait bien que s'il dévoilait son secret, toute son existence serait remise en question, de son amitié avec le Régent jusqu'à son mariage avec Justine.

Si l'enquête n'est pas forcément passionnante, la Régence de Philippe d'Orléans est une époque fascinante de l'Histoire de France que Dominique Muller sait nous rendre vivante avec talent. Ici elle raconte l'ascension de l'écossais John Law, l'émission de papier-monnaie et les premières spéculations boursières. Personnage controversé, le Régent est décrit avec ses défauts, les rumeurs sulfureuses qui l'entourent mais aussi son ambition de maintenir la paix, de résorber la dette et de préparer Louis XV à gouverner un pays prospère.

Un très bon opus de cette série à la fois divertissante et riche de connaissances historiques.
Commenter  J’apprécie          302
Sauve-du-Mal et les tricheurs

Florent Bonnevy jeune médecin, affectueusement surnommé Sauve-du-mal par entre autre Justine, sa femme parce qu'il soigne aussi bien les nantis que les plus pauvres, est appelé un soir, dans une maison de galanterie. Il y découvre le corps sans vie de Maximin Larive un avocat dont le corps noirci évoque un empoisonnement. Pour éviter le scandale, le médecin ramène le corps dans sa famille, expliquant que la victime est décédée lors du transport mais curieusement son beau père Mr Chamalbert, Président à mortier (parlementaire) - rapidement prévenu - le fait transporter dans ses terres de Lorraine, pour l'inhumer à la sauvette et éviter ainsi une enquête de police. Aude-Marie, la jeune veuve et meilleure amie de Justine, semble inconsolable, tout comme sa sœur Diane qui semblait bien connaître son beau-frère... Au cours de son enquête, Sauve-du-mal, bien décidé à faire la lumière sur cette mort suspecte, découvre les opérations malhonnêtes auxquelles se livrait l'avocat, cherchant notamment à écouler bijoux et tableaux qu'il arrivait à se faire remettre par sa belle-mère. Cette première piste le met sur la trace de receleurs qui fréquentaient la maison de galanterie où Larive a été retrouvé mort...



Plus qu'une enquête policière, Sauve du mal est une recherche de vérité et de justice qui motive le jeune médecin. C'est l'occasion d'explorer les rapports des membres de la famille Chamalbert, un notable dont la conduite exacerbe les dissensions dans la famille et de dénoncer les manipulations, escroqueries qui sévissent dans cette famille.

Dominique Muller-Wakhevitch évoque également avec cette première enquête, la période délicate du changement politique survenant en 1715, à la mort de Louis XIV et qui fait naître de lourdes batailles autour de son testament contesté par Philippe d'Orléans, son neveu. Le contexte historique est un des grands intérêts de ce premier tome tout comme cette première rencontre avec Sauve-du-Mal, un jeune médecin idéaliste et altruiste, un héros solaire secondé par une épouse qui n'a pas sa langue dans sa poche, qui nous entraîne dans les milieux de la noblesse ou ceux du peuple avec la même aisance.

L'écriture est fluide mais j'ai un petit bémol sur la difficulté de suivre ces personnages, notamment dans les nombreux dialogues, où les mêmes personnages utilisent à la fois leur nom et leur pseudonyme, conduisant à quelques confusions dans ma lecture.

Mais cette première aventure donne envie d'en connaître un peu plus sur ce héros solaire.
Commenter  J’apprécie          250
Une reine pas très catholique : Anne Boleyn

Pour ceux qui aiment l'histoire et notamment les biographies historiques, je conseille la lecture de ce livre

très intéressante qui dévoile la personnalité méconnue d'Anne Boleyn, extrêmement intelligente, peut-être

trop pour son époque...

Et effectivement, pas "très catholique"....

L'auteur nous fait également découvrir la face cachée d'Henri VIII, roi vaniteux, faible et toujours à la

recherche de nouvelles conquêtes féminines.

Tant d'autres figures hautes en couleurs tournent autour des deux personnages, mêlant les alliés, les traitres, les complots.

Le style fluide fait qu'on est très rapidement pris par l'histoire de cette femme, ses victoires comme ses faux pas...

Je le recommande.
Commenter  J’apprécie          161
Une reine pas très catholique : Anne Boleyn

Une Reine pas très catholique est un livre que j'ai trouvé dans une cabane. Le livre m'avait interpellé par son titre, rappelant le nom donné à Isabelle d'Aragon, reine d'Espagne, qui mena la Reconquista de son pays contre les Maures. Alors, ma curiosité à été piquée et je l'ai pris.



Derrière ce titre énigmatique, Dominique Muller nous propose une biographie d'Anne Boleyn, deuxième épouse d'Henri VIII d'Angleterre. C'est très romancé, même si le cadre historique est travaillé et respecté. L'auteure insiste sur Anne qui, à l'image de sa famille, rêve de réussir à la cour du roi. Anne, fille de roturier, parvenue parmi les courtisanes, née avec un sixième doigt, n'est ni belle, ni laide. Mais sa finesse d'esprit et son éducation reçue sur les bords de Loire, à la cour du roi François, envoûte Henri. Elle le possède, car elle ne se laisse pas faire la donzelle. Farouche, elle aiguise l'appétit sexuel de son chasseur de roi. Car il veut un fils.

Henri est marié à Catherine d'Espagne, bigote comme toutes les Espagnoles de cette époque, qui ne lui a donné qu'une fille. Il faut divorcer. de toute façon, il n'a pas consommé ! Promis ! Juré. Alors pendant que le reste de l'Europe se développe au rythme de la Renaissance, l'Angleterre reste moyenâgeuse. Mais peu importe, si ce n'est le désir du roi. Alors, le Pape signera une autorisation de divorce et Henri convolera avec Anne qui lui donnera des fils.



Seulement voilà. le Pape a d'autres occupations et de toute façon refuse le divorce. Ce n'est pas grave, on le convaincra. Pendant, ce temps notre zélé roi met enceinte Anne. Par chance, son épouse légitime meurt. Henri peut se marier avec Anne. Mais ensuite… Anne met au monde une fille. Ah ! C'est fâcheux ! Alors il faut chercher ailleurs. Henri s'éloigne d'Anne qui focalise les aigreurs. Elle en perdra la tête.



Ce roman permet un bel éclairage sur cette société anglaise, encore engluée dans le Moyen Age, qui ne verra les prémices de son développement et de son influence non pas avec Henri mais Elisabeth, fille d'Henri et d'Anne Boleyn. L'Histoire aime les pieds de nez...



Pour en revenir au titre. Je ne vois toujours pas le lien entre Anne Boleyn et une reine pas très catholique. Ce n'est pas grave. Si vous aimez les Tudor et cette époque, alors ce livre est pour vous.
Commenter  J’apprécie          110
Une reine pas très catholique : Anne Boleyn

Sous forme d'une biographie légèrement romancée, Dominique Muller nous raconte l'histoire d'Anne Boleyn.



Adorée par le roi Henri VIII d'Angleterre, elle se bat durant sept longues années pour obtenir le titre de reine. Mais cet amour ne dure qu'un temps. Le titre elle l'a finalement, mais elle est rapidement rejetée, humiliée et répudiée par son époux. Anne se retrouve détestée et méprisée car son ventre ne donne pas de petit garçon. Elle qui avait promis au roi qu'en échange de son divorce avec sa première épouse elle lui donnerait un fils !

- Adieu Anne, te voilà condamnée pour adultère ? Des preuves ? Peu importe, la justice royale a tranché et tu perdras ta tête.



Je n'ai pas eu l'occasion de lire beaucoup de biographies et je ne me sens pas apte à juger ce livre. En tant que lectrice peu expérimentée de ce genre, j'ai trouvé qu'il y avait autant de moments intéressants que de longueurs.



Mon avis concernant cette lecture n'est pas tranché et il m'est difficile de le noter. L'important est que cette biographie a bien rempli son rôle en m'enseignant des choses sur l'époque et sur Anne Boleyn.
Commenter  J’apprécie          60
Laguna nostra

Venise. Meurtres dans le Grand Canal. Le Commissaire Campana devra tenir compte des raisonnements de sa famille, éloignés des méthodes habituelles d'une enquête pour trouver un lien entre le premier meurtre, l'adoption d'un bébé clandestin, le réseau de prostitution sur internet dirigé par l'amie d'un suspect…Un polar cultivé sur fond de peinture vénitienne. J'ai toutefois été gênée par le fait que , connaissant Dominique Müller pour l'écouter régulièrement à la radio (Des Papous Dans la Tête), c'est sa voix que j'entendais en lisant l'histoire. Il m'a ainsi été plus difficile de « rentrer dedans ».
Commenter  J’apprécie          60
Sur le quai de l'Orangerie

Bonjour amis lecteurs,

Merci beaucoup aux éditions ExAequo collection rouge pour l’envoi en service presse du livre de Dominique Muller « Sur le quai de l’orangerie » format pdf protégé. Finaliste du prix Zadig de la nouvelle policière 2020.

J’ai beaucoup aimé cette enquête passionnante que j’ai lue d’une traite. L’auteure a une écriture agréable, fluide, visuelle (on est imprégné de l’atmosphère sombre). Elle va à l’essentiel ce qui donne un rythme dynamique et haletant à l’intrigue. Les personnages sont attachants et réalistes.

Merci beaucoup Catherine Moisand pour cette belle découverte !
Commenter  J’apprécie          50
Aimer sans bagages



Ouvrage lu en diagonal.



Le récit des amours de l'auteur est quelque peu soporifique, et, relève plus d'une analyse, une thérapie chez un psy que d'un roman. Au fil des pages, j'ai eu l'impression que Dominique Muller s'écoutait parler et écrire.



Une lecture ennuyeuse ainsi que sans grand intérêt dans laquelle on décroche assez rapidement. Dommage, dommage car j'avais beaucoup apprécié son polar intitulé Laguna Nostra ...

Commenter  J’apprécie          50
Laguna nostra

De la littérature ! Merci Dominique Muller. Le style délibérément choisi, avec ses propositions secondaires, son vocabulaire riche, imprime un rythme au lecteur l’obligeant à ralentir sa lecture, à se pénétrer de la langueur de Venise. Celui qui se laisse ainsi prendre par la main découvrira un monde, ses senteurs, sa lumière, sa vie.

6 mois de vie à Venise, 6 mois d’enquête. Ecrit sous la forme du journal d’Artemisia, l’enquête n’est que le prétexte à faire partager les amours de Dominique Muller : Venise, la peinture et la littérature.

Six mois de vie de la cité rythmée par le Gazzetino, quotidien local. Les vénitiens préfèrent savoir ce qui les attend aux détours des leurs rues plutôt que de spéculer sur l’avenir de la planète. Imprégnés de la platitude de la lagune, ils n’ont rien de commun avec le globe, la sphère. Leur terre est une ligne mince et plane d’eau ; de ciel, de limon. Peut-être qu’ailleurs la terre est ronde, mais qu’elle tourne plus ou moins bien n’est pas leur problème.[…] Telles étaient les nouvelles locales, des informations, qui passé le pont de la Liberté, étaient périmées avant que ne sèche l’encre de l’imprimerie.

Six mois d’enquête rythmé par l’hexamètre de Quintilien (30-95) : Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando, les circonstances, belle trouvaille !

Avec Artemisia, Mizzi, restauratrice de plafonds vénitiens, ne vit que par la peinture, l’art, les livres : J’en suis sortie pour galoper à la Linea d’Acqua, la librairie où je me ruine en éditions originales d’ouvrages que je n’ose pas ouvrir, de peur d’en casser le dos.

Et ses oncles Igor le mystique et Boris, Boris, si souvent contredit, toujours repart à l’assaut des citadelles imprenables. Son orgueilleux refus du mercantilisme, la pauvreté qui le tenaille, le ronge à petit feu autant qu’ils sont sa gloire. Rien ne le décourage, tout l’use.

Et son frère, le commissaire Alvise Campana, le jeune et brillant commissaire affublée de sa femme, Chiara, une romaine. Un comble ! “Ma sœur est plus sensible à la peinture qu’aux rigueurs de la vie, et si je m’effondrais sous ses yeux, elle me croquerait à la gouache avant d’appeler les secours” a conclu le commissaire, son frère.

Et Venise toujours et encore. Bordé par les façades des palais, veillé par leurs fenêtres de verre comme par des yeux aux cils de marbre, même le grand canal dort, enveloppant la ville de son calme liquide, loin, si loin de la terre ferme.

Dominique Muller amoureuse de Venise ? Il n’est que de lire : Les beaux jours étaient revenus, et avec eux la vaporeuse tiédeur de Venise, cette poudre rosée brossée à large traits de pinceaux sur les reflets des canaux et les risées de la lagune. L’orgueilleuse Venise qui n’a plus les moyens de son orgueil. Les fondations pullulent en ville. Les palais vides se succèdent sur les rives des canaux, et la chasse aux mécènes est notre sport local. L’acheteur de palais est aux Vénitiens ce que le phoque est aux Lapons, un gagne-pain rare et protégé. Ou encore, par opposition, Les Vénitiens des beaux quartiers, Dorsoduro, San Marco ou San Polo, ne sillonnent Cannaregio que pour aller à la gare, par la longue Strada Nuova bordée de boutiques modestes, de supermarchés, de mangeoires pour voyageurs impécunieux.

L’intrigue ? Le premier meurtre, un anglais richement mis, git dans le Rio Agostino. Au fil des pages l’arrière cour de Venise monte sur la scène avec ses trafics d’œuvres d’art et d’enfant. Un courtier véreux, une pourvoyeuse de plaisirs tarifés et un chroniqueur à scandales, les narines de mon frère ont commencé à frémir. Sa sœur, Mizzi, enquêtrice de plafonds et de tableaux, s’insère dans l’enquête d’Alvise. Elle tente de démontrer sa vision du meurtre sublimé par l’Art. Qui parlerait encore d’Holopherne si Judith ne l’avait point égorgé justement comme cet Anglais ? Est-ce que le Caravage l’aurait immortalisé ?

Cerises sur le gâteau, tout est précis et exact. Les voies, les ponts, l’Université, la librairie, et même les détails historiques. Par exemple les conditions qui permirent au Tintoret d’emporter le concours de la Scuola Grande di San Rocco se débrouillant pour faire installer directement au plafond de la Salle de l'Albergo son Saint Roch en Gloire… alors que les autres concurrents avaient à peine terminé leurs esquisses !


Lien : http://www.quidhodieagisti.fr
Commenter  J’apprécie          50
Les Chapeaux de roues

Une femme appelle le 15. On n'est pas dans un scénario de film avec Sharon Stone. Pas non plus dans un exercice de simulation pour formation en secourisme. Seulement une femme dont le mari à côté d'elle a besoin de soins en urgence.

Enfin une réaction à l'autre bout du fil, il faut garder la tête froide pour décrire ce qu'elle voit. La standardiste n'a rien à partager, ni sympathie, ni chaleur, ni rien, seulement une phrase lapidaire "On vous envoie quelqu'un".

Mais l'attente est longue, très longue. La narratrice s'impatiente, s'exaspère. Que faire ? Rappeler ?

Voilà qu'on sonne et que les secours arrivent.

L'auteur détaille avec une minutie de documentaliste chaque étape de la séance de réanimation. Jusqu'à la décision d'emporter l'homme à l'hôpital, jusqu'à sa prise en charge au service de réanimation, laissant la narratrice livrée à elle-même, à la porte de l'hôpital.

Tous les événements des "Chapeaux de roue", qui ne durent qu'un temps très court (une heure peut-être ?) sont vus au travers des pensées de la narratrice, livrée aux affres de l'angoisse dès le début du récit.

Une nouvelle haletante, qui laisse le lecteur pantelant, lui aussi, en pensant à toutes les fois où on a eu peur pour un être qui vous est cher.
Commenter  J’apprécie          40
Sur le quai de l'Orangerie

Au fil des mois, je vais vous présenter plusieurs ouvrages de cette maison d’édition et ce seront tous des polars, mon genre littéraire fétiche ! Ce roman est en fait une grande nouvelle qui nous emmène dans une enquête passionnante au cœur de la ville de Strasbourg. Avec son ambiance sombre et pluvieuse, le récit commence de belle façon, de quoi nous plonger au cœur d’un drame qui va se dérouler sous nos yeux !



Nous rencontrons Eva en pleine balade matinale, une balade qui va tourner au drame car elle va se faire poignarder et être laissée pour morte. Qui lui a fait ça ? Et pourquoi ? Les commissaires Cordier et Perec auront fort à faire pour dénouer les fils de cette enquête qui mettra au jour de nombreux secrets et une vérité qui fait froid dans le dos.



Autant le dire tout de suite, une fois l’histoire commencée, vous n’arriverez plus à reposer l’ouvrage, tellement vous aurez envie de connaître le fin mot de tout cela. Eva a l’air d’être une jeune femme sans histoire, alors pourquoi a-t-elle été agressée ? Que cache-t-elle ? Qui peut lui en vouloir à ce point ? En dénouant les fils de sa vie, nous allons plonger dans des secrets dont personne n’avait idée… Et découvrir que la vie qu’elle menait était loin d’être toute rose…



L’autrice a extrêmement bien ficelé son récit, de quoi distiller les informations au compte-goutte et nous plonger tête baissée dans sa toile. Aux côtés des deux commissaires, elle va nous rappeler de ne pas nous fier aux apparences et de nous méfier de certaines personnes. Les prédateurs ne sont pas toujours ceux que l’on croit… Et n’importe qui peut tomber dans leurs filets, personne n’est à l’abri malheureusement.



Avec Eva, l’autrice met en avant l’engrenage dans lequel il est si facile de tomber, un engrenage qui ne peut pas toujours être arrêté aussi facilement qu’il y parait au premier abord. C’est ce que notre héroïne va apprendre à ses dépens. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Eva auquel il est facile de s’identifier et c’est ce qui nous fait d’autant plus frémir. Nous nous attachons aussi très vite aux deux commissaires et ce serait génial de pouvoir les retrouver sur d’autres enquêtes !



En bref, cette histoire est passionnante et extrêmement bien ficelée, de quoi nous faire lire d’une traite ce récit et d’en redemander !
Commenter  J’apprécie          30
Sur le quai de l'Orangerie

Les éditions ex-aequo nous proposent des textes souvent détonants en comparaison de la production habituelle . Tel est le cas de cette longue nouvelle, - une novella, comme on dit le plus souvent que nous offre la plume de Dominique Muller. C’est à, Strasbourg que nous transporte l’auteure.

Le pitch ? Une jeune femme se fait poignarder sur un quai, et les enquêteurs s’engagent dans un contre-la-montre pour arrêter l’agresseur

Quelques mots d’abord di décor. Dominique Muller si elle plante bien son décor dans la capitale alsacienne, ne tombe les dans les poncifs du polar régional. Si elle aime visiblement la ville, elle n’hésite pas à noyer certaines scènes sous la pluie et des nuits angoissantes. Ce n’est pas si fréquent pour qu’on le remarque et qu’on en donne quitus à l’auteur.

L’atmosphère du récit est d’ailleurs l’un des meilleurs atouts du récit. On est véritablement plongé dans l’enquête de ces flics anonymes face aux violences de ces personnes qui se croient intouchables, machos et tyrans domestiques de la pire espèce près aux pires excès.

La nouvelle de Dominique Muller vous prend aux tripes et vous laisse u goût amer dans la bouche. IL suffira au lecteur de lire son quotidien habituel ou pire d’ouvrir les yeux pourvoir des drames semblables. Le cri de colère qui arrive en conclusion nous interpelle sans concessions ;

Le récit est bien mené. On ne peut le lâcher avant d’en arriver aux mot ‘’Fin’’ ; Plusieurs rebondissements nous accrochent constamment et les personnages principaux sont bien dégagés des stéréotypes pour qu’on s’y attache. Perec, Cordier et leurs collègues mériteraient bien qu’on les retrouve dans d’autres enquêtes qui nous emmèneraient au cœur de ces maux qui gangrènent notre société.

Comme très souvent dans cette collection, un livre qui vous interpelle, à lire et à méditer. Un éditeur militant ? C’est certain ! Un livre passionnant? C'est sur!





Commenter  J’apprécie          32
Laguna nostra

Ce livre m'a laissé une impression mitigé. Au début j'ai apprécié sa lecture et le ton ironique du narrateur mais au fur et à mesure bien que j'apprécie la dynamique familial qui est au cœur du livre je me suis lassée. l'enquête policière n'en est pas vraiment une. La résolution de l'énigme n'ont plus tandis que la tonalité que j'appréciais au début m'a lassée. Enfin, j'attendais plus de plaisir à lire sur Venise mais cette envie n'a pas non plus été satisfaite.

Bref, malheureusement je n'ai pas passé un très bon moment avec ce roman. Je le regrette.
Commenter  J’apprécie          30
Demander la lune

"Demander la lune est une manière de guide qui se propose de cerner les contours d'une figure emblématique: l'emmerdeuse".

Voilà le début de la quatrième de couverture de ce livre que je possède (comment?) dans ma bibliothèque, que j'ai feuilleté pour le découvrir et m'y intéresser mais dont j'ai très rapidement interrompu la lecture: j'ai trop peur d'être confronté aux obsessions et aspiration d'un(e) emmerdeur(euse?) qui n'est là que pour donner des leçons aux hommes et faire des femmes des mantes religieuses. Au secours, fuyons!

Commenter  J’apprécie          30
Le culte des dupes

Deuxième tome des enquêtes de Sauve-du-Mal.

Sous se surnom se cache Florent Bonnevy, médecin hollandais né juif, il s'est converti au catholicisme afin d'épouser la jeune et fougueuse Justine. Mais c'est une conversion de façade et ses origines sont secrètes même pour son épouse. Grâce à leur passion commune pour les expériences scientifiques, il a su s'attirer les bonnes gâces du Régent Louis-Philippe mais ce qui le motive vraiment c'est de soigner les gens de la rue, le petit peuple.

Dans cette enquête, il va aider la grand-tante de Justine a retrouvé Bénédicte de Louvières, la pupille de ses voisins de Niort. Sauve-du-Mal va vite découvrir que la jeune fille a disparu du couvent des ursulines où elle est pensionnaire et que sa meilleure amie, Mademoiselle Passevent en a perdu sa santé mentale.

Ses recherches vont le mener sur les traces de René et Rosine Nulleterre, escrocs notoires qui ont monté une sombre histoire de culte égyptien et tiennent sous leur coupe Madame de Malan une des nobles locataires du couvent.



C'est un vrai plaisir de lire dominique Muller. Ses livres dénoncent les conditions de vie des pauvres et l'existence futile des nobles avec une plume vive et souvent drôle. On sent la tendresse qu'elle éprouve pour ses personnages, Florent Bonnevy, humain et sage, Justine, vive et rebelle...même les méchants ont des circonstances atténuantes.

De plus, on se distrait en s'instruisant puisque c'est le Paris de la Régence qui est ici fidèlement décrit; le tout avec une écriture très fluide et un langage châtié qui colle bien à l'époque.

Commenter  J’apprécie          30
Les caresses et les baisers

Pas vraiment enchantée de ma lecture, beaucoup de répétitions, et le message de l’auteure ne passe pas très bien, à mon avis, même si elle essaie de partager ses coups de cœur et ses désillusions d’adolescente.
Commenter  J’apprécie          20
Sur le quai de l'Orangerie

Encore une fois je tiens à remercier les Editions Ex Aequo pour leur confiance.



Eva, une jeune femme, va se faire poignarder lors de sa balade matinale. Laissée pour morte, une enquête contre la montre est alors lancée !



Sur le Quai de L’Orangerie de Dominique Muller, est l’un des finalistes du Prix Zadig 2020. Prix qui récompense les nouvelles policières.



Dès les premières pages on est plongés dans une ambiance prenante : Strasbourg sous une pluie torrentielle. La tension monte rapidement, on ressent l’angoisse de la jeune femme marchant sur le Quai de l’Orangerie. Les choses s’enchainent rapidement et nos deux enquêteurs n’ont plus une minute à perdre s’ils veulent mettre la main sur le criminel avant qu’il ne revienne achever ce qu’il a commencé…

Une fois l’histoire débutée, on n'a plus aucune envie de le reposer avant d’avoir pu découvrir le fin mot de cette histoire. Qui est vraiment Eva ? Qu’a-t-elle fait pour en arriver là ? Qui est vraiment celui qui lui a infligé ça ?... Bref énormément de questions dont on attend les réponses.

L’auteure a réussi à mettre en place une intrigue vraiment bien ficelée. Elle nous offre les informations au compte-gouttes suivant nos deux inspecteurs qui tentent tant bien que mal de rassembler des indices et de remonter jusqu’au coupable.

Dominique Muller n’hésite pas à nous parler d’un sujet sensible nous prouvant que les apparences peuvent parfois être trompeuses. Je n’en dirai pas plus pour ne pas vous spoiler une grosse partie de l’histoire.



J’ai beaucoup apprécié découvrir et suivre nos trois personnages principaux : Eva et les inspecteurs Cordier et Perec. D’ailleurs j’ai trouvé les passages sur Eva très intéressants et qui permettent de vraiment découvrir toute la profondeur de ce personnage malgré le format court de l’histoire !



En bref, une histoire prenante et très bien ficelée qui se lit d’une seule traite.
Lien : https://imeliodas.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          10
Sauve-du-Mal et les tricheurs

L'introduction des "Sauve-du-Mal" est une petite merveille d'Histoire du quotidien au XVIIIe siècle, dans un Paris ou dans une France des lointains (Lorraine, Antilles, Louisiane...) que Watteau, Marivaux et tant d'autres n'auront de cesse de dépeindre, celle qui aujourd'hui subsiste en ses Castes... Ecartelés entre le trop trop riche et le miséreux indéterminé de la survie...le pays et ses voisins voient s'éloigner les 30 dites "glorieuses", pour un retour au temps de Hugo ou de Zola, l'hyper information en sus...
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Dominique Muller-Wakhevitch (153)Voir plus

Quiz Voir plus

La Rome antique dans la bande dessinée

Qui a créé la série Alix, qui conte les aventures d'un Gallo-Romain à l'époque de Jules César ?

Hergé
René Goscinny
Jacques Martin
Philippe Bouvard
Patrick Weber

10 questions
71 lecteurs ont répondu
Thèmes : civilisation romaine , bande dessinée , rome antiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}