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Critiques de Dominique Rabourdin (2)
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Vincente minnelli

On ne dira jamais assez combien les cinéphiles français ont contribué à la connaissance du 7eme art.

On ne présente plus Patrick Brion historien du cinéma, spécialiste du cinéma américain. Thierry de Navacelle est diplômé de l'école de cinéma de l'université de Californie et Dominique Rabourdin, journaliste et critique de cinéma. A eux trois, ils nous offre ce superbe ouvrage sur le maître de la comédie musicale et dramatique américaine.

Savamment commenté, farci d'anecdotes et surtout illustré de magnifiques photos pleine page en format 26 cm par 30 ! , le livre nous laisse découvrir le réalisateur avec de très émouvantes photographies personnelles.

J'aime beaucoup celle ou il tient la petite Liza sur ses genoux.

Du solide donc et surement le meilleur ouvrage français sur le grand Minnelli.
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Sautet par Sautet

Approcher le mystère. Ne pas percer le mystère, non, surtout pas, juste l'approcher.

Comme pour la musique, je n'ai jamais trop aimé analyser la mise en scène, le montage, les mouvements de caméra, tout le travail d'un réalisateur de cinéma. Cette réticence est purement instinctive chez moi. A tort ou à raison j'ai cette impression que trop d'analyse ferait passer au second plan ce qui compte le plus à mes yeux, la simple émotion.

D'où ma (petite) crainte en abordant cet ouvrage consacré à un metteur en scène comme Claude Sautet, que j'admire beaucoup et que j'aime justement pour ça, pour l'émotion.

Mais c'était quand même trop tentant ! Alors j'ai mis le disque des magnifiques musiques des films de Sautet par Philippe Sarde et je me suis lancé…. pour dévorer littéralement ce livre !

Et il s'est passé cette chose très belle que, à mesure que je m'enfonçais dans le mystère Sautet, le mystère ne disparaissait pas. Au contraire, il s'enrichissait, il prenait de l'épaisseur et j'avais envie de revoir tous ses films ou de découvrir les rares que je ne connaissais pas encore.

Ce livre est construit autour de témoignages de Sautet, de bons nombres de ses collaborateurs, acteurs, compositeur, scripte, scénaristes, monteuse etc.. Il présente une analyse spécifique et chronologique de chacun de ses films.

C'est une fenêtre ouverte sur la création cinématographique, sur cet artisanat collectif, sur cette aventure humaine, profondément humaine. L'envers du décor derrière ce miracle qui, parfois, se produit et nous touche droit au coeur.

Et Dieu sait si Sautet fut un immense cinéaste, un véritable artiste qui avait trouvé, dans le cinéma, son moyen d'expression idéal, la discipline artistique au travers de laquelle il pouvait transcender sa grande pudeur première.

Porté par une iconographie magnifique, au long des récits de tournages, se dégage donc, peu à peu, le portrait d'un homme d'une sensibilité extrême, exigeant pour lui-même comme pour les autres, tourmenté, intense, perfectionniste, plein de questionnements et qui construit, film après film, une oeuvre d'une grande richesse et d'une véritable cohérence.

Mais une cohérence pas dans l'immobilité, une cohérence dans la recherche, dans l'incertitude, dans l'expérimentation, dans la grande variété des thèmes abordés.

Où l'on voit que, dès qu'il avait la sensation de se répéter, Sautet en éprouvait une vraie souffrance.

Parce que se répéter c'était la pire des choses. Parce que se répéter c'était perdre la spontanéité et, donc, la vérité qui est, justement, tout ce qui n'est pas encore sorti.

Renouvellement, donc, prises de risques, avec une exigence essentielle : ne jamais traiter à la légère un film, ne jamais traiter à la légère la complexité des émotions humaines, ne jamais traiter à la légère la complexité de la vie.

Son producteur Jean-Louis Livi décrit bien ce principe central « de s'améliorer continuellement, d'approfondir sans cesse la même voie », de ne surtout pas tomber dans la facilité.

Ce livre décrit aussi, dans le cinéma de Sautet, la place majeure de la musique, l'obsession du rythme à toutes les phases de la création cinématographique, du scénario au montage en passant par le tournage et puis, au coeur de tout, bien sûr, l'attention majuscule aux acteurs, prolongation naturelle d'une attention sincère à tous les personnages. Pour que chacun ait, comme le dit joliment le scénariste Jacques Fieschi, « sa chance et sa note humaine, vraie » et qu'ils soient tous « solidaires à la fois dans la dérision et dans l'émotion de la vie», Sautet jouait en maître du « ressort de la familiarité avec les personnages ».

Tout cela pour atteindre magistralement ce qui, toujours selon Fieschi, « sont les deux éléments constitutifs et contradictoires du personnage de cinéma : proximité et mystère ».

Et c'est passionnant de plonger dans cette oeuvre, dans cette sorte de Comédie Humaine de la 2ème moitié du XXème siècle et de mesurer la place que Claude Sautet occupe dans l'histoire du cinéma français.

Que ses films soient ancrés dans la France des années 70 à 90, très précisément la période qui va de ma petite enfance à ma jeune vie d'adulte, ne fait sûrement que rajouter à l'émotion pour moi. Elle affleure très largement dans ce livre mais elle n'est jamais aussi forte, bien sûr, que face à ses films. Alors le mystère continue, à chaque fois, de toucher juste, miraculeusement juste.

Ce livre dévoile la somme de travail qui se cache derrière ce miracle mais il n'en dissipe pas le mystère, donc. L'alchimie qui fait un grand film gardera toujours cette part de mystère.

Mystère de l'émotion humaine, mystère des sentiments, mystère et beauté de la vie, de tout ce qu'elle est et de tout ce qu'elle ne pourra jamais être, mystère d'un homme qui, comme l'écrit Dominique Rabourdin « regarde les visages de ceux qu'il aime, s'interroge sur l'énigme qu'ils constituent » et parvient sur ses deux derniers films « jumeaux », « Un coeur en hivers » puis « Nelly et Monsieur Arnaud » à ce sommet paradoxal de l'émotion, celle de l'amour impossible.

Mystère non percé, donc. Mystère juste approché, comme effleuré, et c'est déjà beaucoup.

Encore une fois merci M'sieur Sautet.

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