À PETITES GORGÉES, LA FENÊTRE BOIT MON REGARD. Près de la vitre, un peu de buée respire l'air frais du matin. En posant mes mains bien à plat sur le papier, mon sang réchauffe le livre qui a froid. La pluie efface une à une les pages et les rides. J'écris l'histoire de mon visage mangé par le silence.
Une balançoire berce le ciel ou quelqu'un de transparent. Ce léger mouvement est un sourire. Puis des oiseaux se jettent des nuages vers les branches. On croirait qu'ils vont tomber mais non. Dans ce vide qui change de reflet à chaque seconde, j'entre comme au premier jour, pour ne pas rester là où je suis. J'entre pour avancer vers qui, vers quoi, là où je ne suis jamais clos.
p.9