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Critiques de Dominique Sewane (6)
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Le souffle du mort : La tragédie de la mort c..

j’ai lu le mot « Batammariba », vu les silhouettes au sommet de la Tata….Le livre n’est pas resté longtemps en attente sur ma table de nuit. Il m’a accompagnée pendant plusieurs semaines.Je me suis trouvée fascinée. Il a hanté mes pensées.



La première fois que j‘ai entendu parlé de Bétammaribé, c’était à la sortie du parc de la Pendjari. et il nous avait quittés à la Cascade de Tanougou. ILnous avait montré les campements démontables des Peuls et leurs troupeaux. J’avais senti une nuance de mépris de ce sédentaire pour les nomades. « Je suis Bétammaribé » avait il affirmé. C’est ensuite, en lisant Hampâté Bâ que j’avais découvert l’immense fierté et la noblesse des Peuls.



Quelques jours plus tard, nous avions visité le pays Somba de Natitingou à Boukoumbé. Curieuse expérience que cette expédition à la recherche des Tatas Sombas, ces magnifiques forteresses de terre dans l’Atakora.

Pourquoi étions nous si mal perçues ? C’est seulement après l’intercession de Maurice que nous avions été invitées dans une tata et chaleureusement accueillies. L’ »auberge » de Maurice nous avait aussi beaucoup plu.

Comprendre ce qui s’était passé ce soir là… comprendre pourquoi nous étions si étrangères…



Ce livre devait donner l’explication.



Dès l’introduction, j’ai été attirée on seulement par le sujet mais aussi par l’auteur. . J’ai beaucoup aimé la façon dont elle se met en scène dans son étude. L’observateur n’est jamais neutre dans une telle enquête. Cela m’a plu que ce soit le regard d’une femme. J’ai aussi apprécié son ambition de faire paraître ses travaux dans cette Collection Terre Humaine en compagnie en Jacques Lacarrière et de Mahmout Makal. Ambition d’être un écrivain avant tout plutôt qu’une universitaire . Et de ce fait, la lecture est très agréable.



Je n’imaginais pas la complexité de la religion animiste des Batammariba. Chez ces hommes restés longtemps nus et considérés comme « primitifs » le respect du savoir non écrit des Anciens est fondamental. Importance du nom, nom prononcé ou interdit, complexité des généalogies et des réincarnations. Extrême sophistication des cérémonies et en même temps tolérance inimaginable. Poésie. Alors que toute mystique me rebute habituellement j’ai lu jusqu’au bout cette analyse très fine de leur religion.


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Le Souffle du mort

/Users/dominiquesewane/Desktop/Pierre Aubé Affiches.pdf
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Le Souffle du mort

Le Souffle du Mort : Un monument intellectuel et humain exceptionnel



On a beau avoir fréquenté assidûment la fameuse collection "Terre humaine" fondée il y a un demi-siècle par Jean Malaurie - quelque cent titres, riches à bien des égards -, il est des volumes qui savent convaincre plus que d'autres, et qu'on accueille avec davantage d'attention curieuse. Ce gros livre de Dominique Sewane - Le Souffle du Mort- La tragédie de la mort chez les Batammariba (Togo-Bénin) - philosophe et ethnologue de grande race, qui fut titulaire d'une chaire de l'UNESCO, est de ceux-là.



Il s'attache à une population jusqu'alors mal connue du Nord-Togo et du Bénin, les Batammariba, dont on vantait seulement les somptueuses maisons-forteresses. Issu de l'observation minutieuse d'un seul village, Warengo, menée pendant plus de vingt ans dans les pires conditions qui soient, mais avec la passion farouche de comprendre, ce livre saisissant restitue le rituel de deuil - le "tibènti" - depuis le bris des membres au coeur de la maison de famille jusqu'à l'enfouissement, très complexe, et ce qui, autour d'un simulacre du défunt, conduit qui fut vivant au terme de son destin. Moyennant quoi on a conscience de n'avoir en rien rendu compte de l'originalité - Dominique Sewane est la première, et la seule, à avoir vu ces choses entées sur des réalités profondes... - et de la richesse d'attitudes; de gestes, de paroles et de silences qui, partagés par un très petit canton de l'humanité, nous concernent infiniment.

Elle le fait avec la rigueur de qui a beaucoup interrogé, recoupé et réfléchi. Témoin exigeant qui sans cesse nous donne à scruter ses carnets de terrain, intelligence aigüe que sous-tend une approche conceptuelle impeccable, elle est un passeur efficace. Mieux, par un phénomène d'intussusception rarissime en ethnologie, elle a su aller assez profond en autrui pour restituer son empathie sans pathos aucun, avec une pudeur extrême qui ne va pas pourtant dissimuler son moi intime. Bien plus, en disant cette longue fréquentation, qui, on s'en doute, ne peut aller sans de secrètes blessures, Dominique Sewane prend parti. Elle dit son parcours intellectuel, salue ses maîtres, dit ses certitudes et ses dégoûts, dégonfle des baudruches, et fait un sort à des modes apparemment indestructibles et à un prêt-à-penser musclé si communs dans ces sciences qu'on a dites un jour "molles".

Bref, nous voici devant un monument intellectuel et humain exceptionnel, un hymne à des êtres en qui nous percevons peu ou prou un brin de nous-mêmes, si mutilés.

Un chef-d'oeuvre, servi par une langue superbe.

Pierre Aubé (médiéviste)

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Le souffle du mort : La tragédie de la mort c..

Pierre Aubé – « Affiches de Normandie » – 22 octobre 2003



On a beau avoir fréquenté assidûment la fameuse collection Terre Humaine fondée par Jean Malaurie voilà près d’un demi-siècle (quelque 80 titres) il est des volumes qui savent convaincre plus que d’autres, et qu’on accueille avec davantage de jubilation. Le Souffle du Mort de Dominique Sewane, philosophe et ethnologue de grande race, docteur de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, est de ceux-là (Ed. Plon, 688 p. 58 ill.). D’autant qu’il se conjugue avec bonheur à un autre, d’une égale maîtrise : La Nuit des Grands Morts (Ed. Econnomica, 272 p. 20 ill.)). Tous deux sont consacrés à une population jusqu’alors mal connue du Nord Togo et du Bénin, les Batammariba, dont on vantait seulement les superbes maisons-forteresses. Issus de l’observation minutieuse d’un seul village, Warengo, menés pendant plus de vingt ans dans les pires conditions qui soient, mais avec la passion farouche de comprendre, ces deux livres n’en font qu’un. Celui-ci raconte par le menu et propose une analyse du rite d’initiation des femmes : le dikuntri. Une liturgie immémoriale et complexe, menée avec un sens aigu de la dramaturgie, qui tend à rendre les jeunes perméables au souffle des Grands Morts dont les noms – d’ordinaire tus avec un soin jaloux – sont déclamés par des chanteuses à qui les éléments, subitement complices, font un cortège inquiétant

Celui-là, le plus saisissant peut-être, restitue le rite de deuil – tibenti – depuis le bris des membres au cœur de la maison de famille, jusqu’à l’aboutissement, très complexe, de ce qui, autour du simulacre du défunt, conduit celui qui fut vivant au bout de son destin. Moyennant quoi, on a conscience de n’avoir en rien rendu compte de l’originalité.



Dominique Sewane est la première et la seule, à avoir vu ces choses entées sur des réalités profondes – et de la richesse d’attitudes, de gestes, de paroles et de silences, qui, partagées par un très petit canton de l’humanité, nous concernent infiniment. Elle le fait avec la rigueur de qui a beaucoup interrogé, recoupé, réfléchi. Témoin exigeant qui sans cesse nous donne à scruter ses carnets, intelligence aigue que sous-tend une approche conceptuelle impeccable, elle est un passeur efficace.



Mieux, par un phénomène d’intussusception rarissime en ethnologie, elle a su aller assez profond en autrui pour restituer son empathie sans pathos aucun, avec une pudeur extrême qui ne va pas dissimuler pour autant son moi intime



Bien plus, en disant cette longue fréquentation qui, on s’en doute, ne peut aller sans de secrètes blessures, Dominique Sewane prend parti. Elle dit son parcours intellectuel, salue les maîtres, dit ses certitudes et ses dégoûts, dégonfle des baudruches et fait un sort à des modes apparemment indestructibles et à un prêt à penser musclé si commun dans ces sciences qu’on a dit un jour « molles ».



Bref, nous voici devant un moment intellectuel et humain exceptionnel, un hymne à des êtres en qui nous percevons peu ou prou, un brin de nous-mêmes, si mutilés. Et un double chef-d’œuvre servi par une langue superbe.



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Koutammakou : Lieux sacrés

Sauvegarder le patrimoine culturel immatériel au moyen d’un tourisme culturel durable : le cas des Batammariba du Koutammakou, site du Patrimoine mondial au Togo

Le Koutammakou, paysage culturel situé dans le Nord-Est du Togo et s’étendant au-delà de la frontière avec le Bénin, abrite les Batammariba, dont les maisons à tourelles en terre, les takyièntas, sont un remarquable exemple de système d'habitat traditionnel demeuré vivant, actif

et changeant, et où les rituels, les traditions et les expressions sont étroitement liés à la nature. Les Batammariba vivent selon des règles traditionnelles fortes qui définissent des espaces cérémoniels, sources, rochers, bosquets sacrés ou sites destinés à certaines pratiques culturelles, telles que les cérémonies d'initiation. Certaines parties des takyièntas jouent un rôle important dans diverses cérémonies et représentent le cosmos des Batammariba.

L'inscription sur la Liste du patrimoine mondial en 2004 a provoqué de nombreux changements et le nombre très important de touristes qui a commencé à visiter le Koutammakou

a perturbé le mode de vie des Batammariba. En 2007, l’UNESCO a lancé un projet pilote de deux ans destiné à sauvegarder leur patrimoine culturel immatériel, y compris le litammari, la langue des Batammariba, a été élaboré avec la participation de la communauté Batammariba et en étroite collaboration avec les Ministères togolais de la culture et de l'enseignement primaire et secondaire.

L'un des principaux objectifs du projet est de promouvoir un tourisme durable qui respecte les traditions locales.

Les sites sacrés de chaque village du Koutammakou ont été répertoriés et publiés afin d'empêcher les touristes de traîner dans les sites sacrés. Une réplique de takyièntia, accessible gratuitement, a été construite pour permettre aux touristes de découvrir

l'environnement des Batammariba.

Un nombre déterminé de Batammariba ont été formés pour devenir guides touristiques et accueillent les visiteurs en leur présentant leur culture. Des informations invitant à adopter un comportement conforme aux règles culturelles du Koutammakou sont désormais à la disposition des touristes, des chercheurs et des personnes souhaitant tourner des films sur les Batammariba. Ces informations relatives à un comportement culturellement approprié contribuent à promouvoir

un tourisme respectueux tout en permettant de mieux connaître la richesse du patrimoine matériel et immatériel des Batammariba.

Patrimoine culturel immatériel

Cette approche, qui combine la sauvegarde du patrimoine matériel

et immatériel, contribue à préserver le paysage culturel du Koutammakou et aide la communauté Batammariba à continuer à transmettre ses savoirs et ses savoir-faire traditionnels aux générations futures.

L Des Batammariba pratiquant les arts divinatoires devant une « takyiènta ».

Le patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et les groupes, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, promouvant ainsi le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine.


Lien : https://ich.unesco.org/fr/kit
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La nuit des Grands Morts



La première partie de l’ouvrage est consacrée à un rite d’initiation féminine chez les Tamberma, déformation coloniale du terme Batãmmariba (singulier Otãmmari), « ceux qui construisent en pétrissant la terre humide » (Massif de l’Atakora, Nord-Togo). La seconde partie décrit un mariage tamberma et approfondit les représentations de la femme dans cette société.

2 Avant d’en résumer quelques éléments, indiquons d’emblée l’extraordinaire réussite d’écriture de ce livre. Le chercheur ne disparaît pas, comme il est généralement d’usage, derrière son sujet. Dominique Sewane indique sa participation aux événements, se situe en interrelation avec ses informateurs, ne cache rien de ses maladresses, malchances, doutes, mais offre aussi les réussites et les bonheurs de sa recherche, si bien que le lecteur peut suivre l’avancée irrégulière de la connaissance chez l’ethnologue. De plus, l’auteure sait exprimer et faire partager l’émotion ressentie lors des rituels : terreur provoquée par la dramaturgie de l’initiation et la gravité de son enjeu, beauté du mariage traditionnel, peur, fierté, joie, maîtrise de soi... des différents protagonistes. Elle donne à voir des personnes vivant dans une société particulière et non des institutions ou des rituels désincarnés. Sa subjectivité ne nuit en rien à la précision de son observation ethnographique ni à la pertinence de ses analyses, mais confère au contraire à son récit une vie et une intensité qui entraînent le lecteur.

3 Le dikuntri est un rite d’initiation féminine qui a lieu tous les quatre ans et que les jeunes filles ou les jeunes femmes subissent, à condition qu’elles le veuillent ; mais si elles s’y soustraient, leur fécondité risque de diminuer. Au cours de cette initiation, elles doivent entrer en contact avec une force extrêmement dangereuse, la fakuntifa, la « chose du dikuntri », gardée par un voyant qui l’aura trouvée en brousse, apprivoisée, apportée chez lui au péril de sa vie. Les clans qui veulent pratiquer le rituel de manière autonome l’acquièrent à un prix élevé, assimilé à une compensation matrimoniale ; l’homme qui s’est offert à en être le gardien l’emporte chez lui, où elle se reproduira, et sa demeure devient la maison du dikuntri du clan, honneur qu’il paie généralement d’une mort précoce. La fakuntifa décharge également sa force mortifère sur la file des initiées de façon décroissante et sa force fécondante de façon croissante de sorte que la vie de la première fille sera écourtée tandis que la fécondité de la dernière atteindra des proportions excessives (plus de six enfants). Mais la première fille est une héroïne traitée comme un homme et comme un prêtre du rituel, tandis que la dernière, parce qu’elle ne risque rien, est dévalorisée. La première fille, objet de longues tractations secrètes, est choisie pour sa parfaite maîtrise de soi quelles que soient les circonstances. De même que les « vrais hommes », les guerriers d’autrefois, elle garantit la paix à l’intérieur de son groupe et sert de médiation avec l’extérieur. Ainsi, le rituel du dikuntri met en scène une figure de la violence particulièrement redoutable, puisqu’elle s’attaque aux facultés de procréation des jeunes femmes, et il cherche à en faire une alliée, au prix de la vie d’une seule des initiées, la première fille.

4 Le second aspect du dikuntri (du verbe ka kunti : revenir chez soi) est l’appel des ancêtres, les Grands Morts, qui furent des acteurs importants du rituel. Celui-ci dure deux jours et deux nuits, et l’un des moments les plus dramatiques se situe pendant la première nuit où, au flanc de la montagne, plusieurs heures durant, deux vieilles femmes chantent pour appeler les morts, tandis que les futures initiées se balancent au rythme de la mélopée. En même temps,

Cahiers d'études africaines, 176 | 2004

Sewane, Dominique. — La nuit des Grands Morts. L’initiée et l’épouse chez les Tamberma du (...) 3

le maître du rite et une mère (« celle des bois ») montent vers le sommet de la montagne, allumant régulièrement des brasiers. Ils représentent les Grands Morts dont on redoute qu’ils ne reviennent pas, s’ils ont déjà oublié les vivants, ou qu’ils reviennent avec les dangereux esprits de la terre, dont dépendent les humains. Les deux acteurs rituels reviennent enfin, avec des petits bouts de bois qu’ils remettent aux initiées ; celles-ci devront danser pendant des heures en les tenant serrés dans leur poing posé sur leur tête. Ces morceaux de bois, qui représenteraient leurs enfants à venir ou leur faculté à les conserver en vie, « deviennent lourds comme de la pierre », car ils sont investis du souffle des Grands Morts, mêlés à ceux des esprits de la terre. À la fin de la seconde nuit, les morts « viennent sur » les initiées, ils « les reconnaissent » et, lorsque au terme de leur vie, elles les auront rejoints dans l’autre monde, elles formeront avec eux de nouveaux enfants. Comme dans de nombreuses sociétés africaines, le sperme du mari ne fait que « réveiller les œufs » de son épouse, le souffle de leur progéniture provenant d’un couple de défunts.

5 La seconde partie de l’ouvrage met en scène des représentations de la femme et de l’épouse tamberma à travers la description d’un superbe rituel de mariage, où se joue l’enlèvement de la fiancée par ses maris, poursuivis par les hommes de la famille, chaque rencontre des deux parties se soldant par une négociation autour du nombre de cauris à donner pour la laisser passer. Les Tamberma considèrent les tâches des femmes — donner la vie — comme supérieures à celles des hommes — donner la mort. C’est pourquoi les rituels féminins précèdent les rituels masculins, ceux-ci procédant de ceux-là. Par ailleurs, comme bien d’autres Africains, les hommes tamberma accusent leurs compagnes d’être capricieuses, versatiles, bavardes, irascibles... mais ils s’en distinguent par le fait que, loin d’inventer des institutions destinées à réprimer ces penchants féminins, qui menacent pourtant l’harmonie sociale, ils les tolèrent et semblent même trouver que la vie manquerait de sel sans la compétition permanente à laquelle ceux-ci les contraignent. Le désir des femmes a force de loi, les maris ne sauraient les en châtier trop durement et ceux qui sont abandonnés par leurs épouses sont méprisés, tandis que le séducteur est magnifié. Deux formes de mariage reflètent ces conceptions : la première est la réservation d’une épouse (mupopamu), permettant d’obtenir celle-ci à l’issue d’années de patience et de courtoisie, exercées d’une part envers une petite fille par un vieillard, chef de lignage qui la courtise pour l’un de ses petits-fils, d’autre part envers les parents de l’enfant, qui se font longuement prier. La seconde est l’« arrachement » (kupotchota) d’une femme à son mari, manière plus risquée mais autrement plus glorieuse. Et l’auteure conclut : « Mupopamu et kupotchota ont pour point commun de donner une image de la femme dans laquelle se révèle ce qui est le plus cher à l’âme d’un Otãmmari, bien qu’extérieurement il le condamne avec la dernière vigueur : le refus de se laisser imposer une ligne de conduite, la passion, la propension à aller jusqu’au bout de ses désirs, dût-on en perdre la vie, le mépris pour le prestige social que confère l’obéissance aux lois » (p. 143).

6 Le refus de contraindre qui que ce soit irait chez les Tamberma jusqu’à refuser la culture attelée pour ne pas infliger une telle servitude à leurs bœufs. Ainsi, la libre décision de chaque individu, féminin autant que masculin, et même animal, constitue la valeur fondamentale de cette société, attitude qui n’a pas été sans stupéfier l’auteure de ces lignes, habituée à l’emprise plutôt dictatoriale des sociétés communautaires ouest-africaines sur les libertés individuelles de leurs membres, à leur stricte hiérarchie de genre et à leur conception assez utilitariste des capacités de production et de reproduction de leurs dépendants humains et animaux.

7 Les caractéristiques de cette société autant que le style de D. Sewane, sans décider lequel est premier, confèrent à ce travail une qualité poétique rarement présente dans les travaux d’anthropologie.



Michèle Dacher, « Sewane, Dominique. — La nuit des Grands Morts. L’initiée et l’épouse chez les Tamberma du Togo », Cahiers d'études africaines 2004
Lien : http://etudesafricaines.revu..
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