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3.57/5 (sur 335 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Dominique de Saint-Pern est une journaliste française. Elle a été rédactrice en chef à Elle et à Marie-Claire, collabore à M Le magazine du Monde.
Elle est l’auteur de "L’Extravagante Dorothy Parker" (1994), "Les Amants du soleil noir" (2005), "Pour l’amour d’un guerrier" (2007) et de "Baronne Blixen" (2015) .

Journaliste et romancière, Dominique de Saint Pern est l'auteure de plusieurs romans, dont L'Extravagante Dorothy Parker, Pour l'amour d'un guerrier, Baronne Blixen, traduits dans plusieurs langues, et a reçu pour Edmonde, en 2019, le Prix Simone Veil ainsi que le Grand Prix de l'héroïne Madame Figaro.



Source : Grasset, Stock et Catalogue de la BNF
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Bibliographie de Dominique de Saint Pern   (6)Voir plus


Entretien avec Dominique de Saint Pern à propos de son ouvrage Baronne Blixen

D`où vous est venue l`idée de raconter la vie de Karen Blixen ? Connaissiez-vous bien ses œuvres ?

À l`exception de son nom, j`ignorais tout de Karen Blixen. Je ne connaissais pas son œuvre, je n`avais pas vu le film de Sidney Pollack. Mais en 1995, alors que j`étais en reportage au Danemark, on m`a conseillé d`aller visiter le musée de Karen Blixen, à quelques kilomètres de Copenhague, parce que c`était un endroit qui ne ressemblait à nul autre. J`ai pris le train, j`ai traversé le parc de la propriété et suis tombée… sur la tombe de Karen Blixen. La simplicité de la pierre à fleur de terre, sous un grand hêtre, qui se fond dans la nature, l`harmonie qu`elle dégageait m`ont émue. le charme de la maison elle-même était aussi prenant. On pense à Anton Tchekhov, ou à Marcel Proust, on se tient au cœur d`un art de vivre délicat qui n`existe plus. On sent la force d`un esprit sur cet endroit. C`est à partir de là que je me suis intéressée à Karen Blixen.


Comment vous êtes-vous documentée pour pouvoir raconter sa vie d`aussi près, avec autant d`anecdotes ? Avez-vous rencontré certains des personnages du livre ?

J`ai lu à peu près tout ce qui a été écrit sur elle, j`ai eu accès à sa correspondance privée et bien sûr j`ai longuement discuté avec des gens qui l`ont bien connue, ils sont âgés maintenant, mais ils ne s`en sont toujours pas remis ! Son neveu, Tore Dinesen, le fils de sa gouvernante, Nils Carlsen, son éditeur, Otto Lindhardt… Des femmes aussi, généralement elles ne gardent pas un très bon souvenir de leur rencontre avec elle.


Pourquoi avoir choisi de présenter Karen Blixen sous son titre de noblesse dans le titre ? Quel aspect du personnage souhaitiez-vous ainsi mettre en avant ?

« Baronne Blixen », cela sonne dur. Cela évoque un certain protocole, cela donne l`image d`un personnage plutôt que d`une femme, or Karen Blixen n`a eu de cesse d`apparaître comme une légende vivante. Il était intéressant de partir du personnage qu`elle s`est forgée pour aboutir à sa profonde solitude intérieure. C`était aussi lui rendre hommage : elle estimait avoir assez cher payé son titre de baronne –son mari lui avait « offert » la syphilis en cadeau de noces- pour le conserver après son divorce !


Le début et la fin du livre sont écrits du point de vue de la secrétaire de Karen Blixen, Clara Svendsen. Pourquoi avoir choisi de vous placer du point de vue de ce personnage, puis de changer de perspective au centre du récit ?

Au début du livre, Clara apparaît en tant que telle, c`est elle qui détient la vérité sur Karen Blixen et qui la livre à Meryl Streep sur le tournage du film "Out of Africa". Elle lui raconte la vie de Karen, en se glissant dans ses veines. Elle la connaissait si bien ! Elle devient la conteuse omnisciente. À la fin du livre, Clara redevient elle-même pour nous tirer de ce rêve éveillé. Car j`ai construit ce roman sur deux réalités parallèles : la vie de Karen est un conte qui se nourrit d`un autre conte : le tournage du film de Sidney Pollack avec Meryl Streep et Robert Redford.


On trouve dans le livre un certain nombre de mots en dialecte africain, beaucoup plus que de termes danois d`ailleurs. Etait-il important de ne pas traduire ces mots qui donnent au récit une couleur authentique ?

Ces mots nous font entendre une musique qui n`appartient à l`Afrique ; Il y a quelques expressions anglaises aussi. Dans sa ferme, Karen vivait en trois langues : l`anglais, le swahili et le danois (plus rarement). Il lui arrivait de les mixer dans une même phrase, ce qui ne fut pas le cas quand elle réintégra le Danemark et retrouva sa langue maternelle.


Vous précisez que tous les personnages présents dans le livre ont existé, à l`exception d`Ismaïl, le petit-fils d`un homme qui vécut son enfance dans la ferme de Karen Blixen. Pourquoi avoir inventé ce personnage ? Le message politique qu`il énonce vous tenait-il particulièrement à cœur ?

C`était important pour moi d`inventer Ismaïl, parce qu`il traduit ce que les Kenyans d`aujourd`hui, qui n`ont pas connu la colonisation, pensent de Karen Blixen. Quand ils y pensent ! Bienveillante ou mauvaise, ça ne changeait rien à l`affaire : elle restait un colon. Elle est une héroïne seulement aux yeux des occidentaux.


Après avoir écrit ce livre, votre vision de Karen Blixen et de son œuvre a-t-elle été modifiée par cette expérience ?

Oui, en fouillant la réalité j`ai mesuré à quel point elle était une merveilleuse artiste. Tous ses contes, que ce soit "Les Rêveurs" ouLe Dîner de Babette, les plus connus, parlent d`elle, de ses expériences tragiques ou heureuses, sans jamais se référer à la réalité. Elle a créé un univers unique. Et, en même temps, elle nous parle de nous.



Dominique de Saint Pern et ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Plus qu`un livre, une œuvre, celle d`un auteur anglais doué d`une imagination sans aucune limite : Iris Murdoch.


Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

Marguerite Duras. Une écriture tellement juste. La vie même mais sans la moindre trace de réalisme.


3.Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

David Goodis. J`avais dix ans, les « Séries noire » de mon père étaient rangés juste au-dessus de mes « Club des Cinq ».


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

 Orgueil et préjugés de Jane Austen.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

A la recherche du temps perdu de Marcel Proust


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Un petit tour dans l`Hindou Kouch d`Eric Newby (petite bibliothèque Payot). Irrésistible de drôlerie, époustouflant d`inconscience.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Désolée, rien ne me vient à l`esprit.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« Seul l`oiseau vit de sa plume » (écrivain inconnu)


Et en ce moment que lisez-vous ?

C`est dimanche et je n`y suis pour rien de Carole Fives (L`arbalète Gallimard). L`histoire ténue et palpitante d`une jeune femme qui découvre qu`elle a non-bâti sa vie sur un malentendu.


Découvrez Baronne Blixen de Dominique de Saint Pern  aux éditions Stock :



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Dominique de Saint Pern - Edmonde, l'envolée


Citations et extraits (92) Voir plus Ajouter une citation
Louise de Vilmorin, femme du monde, femme de lettres. Lancée. Qui écrivait des romans, des pièces. Dont les poèmes inspiraient Poulenc. Femme d'esprit, aussi. Sa dédicace à Gaston Gallimard - Je méditerai, tu m'éditeras - , plongeait Edmonde Charles-Roux dans l'extase.
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Cette femme [Meryl Streep] est pure émotion. Elle réagit comme une plante à la lumière. Pourtant, on m'avait dit " c'est une cérébrale". Elle a fait des recherches extrêmement poussées pour ce rôle, comme pour tous ceux qu'elle a habités, elle a ingurgité l'oeuvre, épluché les biographies, les documents et les témoignages. (...)
"Clara...je ne me sens pas à la hauteur pour l'incarner. Je ne sais pas comment donner vie à cette femme qui est allée au plus profond d'elle-même pour y chercher le plus noir et l'a transformé en lumière. Elle n'est pas entrée en moi, or le tournage commence demain !" (p. 34)
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Au matin, en miettes, elle avait repoussé les persiennes su wagon. Une vague brûlante avait frappé son visage. La brousse à perte de vue, des troupeaux d'animaux qui, jusque là, n'existaient que sur les planches de dessins. Gnous, zèbres, antilopes... quelle ménagerie invraisemblable! Le train les frôlait sans les déranger. L'Afrique, l'immense et somptueuse Afrique, lui ouvrait les bras.
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Je ne crois pas qu'il faille tout publier. Les écrivains ne sont pas comme des poules dont tous les œufs doivent être mangés à la coque le lendemain matin. Je crois qu'il faut attendre.
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Il existe un dieu pour veiller sur les légendes en perdition. Pour sauver les étoiles un peu oubliées. Un ange gardien capable de quitter la table du banquet où les dieux festoient. Il existe, sinon comment expliquer.
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Si les Sept contes gothiques avaient été écrits à l'aide d'une flûte, un livre sur l'Afrique exigeait tout un orchestre. Il y aurait tant de voix à faire entendre. La voix ample des pionniers flamboyants, les glapissements des petits colons, celles tantôt criardes, tantôt pleines de sagesse des Somalis, des Kikuyus, le mutisme hautain des Massaïs. Il y aurait le tapotement léger des sabots de Lullu l'antilope sur le parquet ciré de Mbogani, les chuchotements de la forêt du Ngong, le souffle mystérieux de la plaine, les mille bruits du monde animal, et du vent, et les silences de la lune... Ca lui parut insurmontable.
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Parfois, les auteurs en voulant être originaux, en arrivent à gâcher le livre. Ici, D. de Saint-Pern a romancé en s'inspirant de faits réels la vie de K.Blixen, écrivain. Une vie des plus romanesques mais également des plus douloureuses en raison de la maladie, du deuil, de l'amour perdu. Un pari réussi pour ce très beau livre que j'ai lu d'une traite. Et qui m'a donné envie de découvrir l'oeuvre de la baronne.
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"Il existe un dieu pour veiller sur les légendes en perdition. Pour sauver les étoiles un peu oubliées. Un ange gardien capable de quitter la table du banquet où les dieux festoient. Il existe, sinon comment expliquer.

Blixen. Karen Blixen. Ce nom n'évoque plus grand chose de nos jours. Pas davantage Isak Dinesen, son nom de plume. "Celui qui rit" en hébreu. Isak, la perpétuelle promise à un prix Nobel de littérature qui n'est jamais venu. Quant à la baronne Blixen...de son vivant déjà, ses jeunes compatriotes danois la croyaient morte. Sa vie et ses contes appartenaient à une époque périmée."

Clara Svendsen a vécu plus de vingt ans en compagnie de Karen Blixen. Jusqu'à sa mort à l'automne 1962.

En 1983, elle est contactée par la production d'Out of Africa. En effet, Meryl Streep qui doit incarner l'écrivain dans ce biopic souhaiterait en apprendre plus sur elle.

"Qui la connaît mieux que vous?

La connaître...Je l'ai vue, telle une bougie sur le point de brûler la dernière fibre de sa mèche, puis flamboyer à nouveau. Ou courbée par la souffrance, écrivant ses contes pour continuer d'avancer dans une nuit vivante. Je l'ai surprise à créer des romances avec des êtres de chair, brisant des couples pour en former d'autres avec les débris des premiers. Je l'ai connue tourbillon de foudre, cri de joie, incisive ou vulnérable, joyeuse, jamais la même, toujours poussée par son goût immodéré du jeu. Car elle jouait, comme les enfants dans leur toute-puissance s'inventent un monde malléable, comme les dieux s'amusent des mortels, à leur manière désinvolte et cruelle."

Après quelques hésitations, Clara s'envole pour Nairobi. L'occasion de découvrir les lieux qui ont hanté Karen Blixen tout au long de son existence...L'occasion aussi de parler d'elle, son "Honorable Lionne"...

Quand j'avais 12 ans, je me souviens avoir pris par hasard une vidéocassette dans la collection de ma grand-mère. Le titre Out of Africa m'avait plu. Je me souviens l'avoir lancée. Je me souviens être restée scotchée devant pendant deux heures. Et une fois fini, avoir immédiatement ré-entamé le visionnage.

On ne sait jamais quand on va tomber sous le charme d'un film. Et ce soir-là, la magie a opéré. Le pays, l'intrigue, Meryl Streep, Robert Redford, Mozart dans la nuit, un vol en avion...Autant d'ingrédients qui m'ont plu et qui continuent à me plaire quand je regarde de nouveau ce long métrage.

J'ai tenté de lire ensuite La ferme africaine. Mais je n'ai jamais réussi à poursuivre l'ouvrage. Avec cette sensation de passer à côté de quelque chose. Aussi, quand Baronne Blixen a été proposé dans la dernière Masse critique Babelio, je me suis dit que ce serait l'occasion d'en apprendre plus sur cette femme fascinante.

Elle est née en 1885 dans une riche famille danoise. A 9 ans, son père se suicide par pendaison.

Après avoir éprouvé une passion non réciproque pour son cousin, elle se marie avec son frère jumeau le baron Bror Blixen-von Finecke. Tous deux partent pour le Kenya où ils doivent gérer une plantation de café.

Bien vite, cette affaire périclite. Tout comme le couple de Karen et de Bror. Karen ne pardonne pas à Bror ses infidélités à répétition et la syphilis qu'il lui a transmise. Tous deux se séparent.

Entrée en scène de Denys Finch-Hatton. Treize ans de passion. Et puis, la ruine. Et la mort qui frappe Denys en avion.

Retour définitif de Karen au Danemark. A Copenhague, dans la maison familiale de Rungstedlund, elle se met à écrire sous le nom de plume d'Isak Dinesen. Succès fulgurant.

Et début d'une nouvelle existence? Ou début du déclin plutôt? Loin de cette Afrique qui lui manque tant. Quelques fulgurances de vie cependant, lors de ses voyages aux États-Unis ou lors de ce "pacte" avec Thorkild Bjornvig

Pour raconter ce destin extraordinaire, Dominique de Saint-Pern n'as pas choisi une structure linéaire. Au début, on suit Clara dans sa découverte de Nairobi et des anciens acteurs de la vie de Karen. Rencontres. Discussions. Et une vision de Karen toujours réinventée.

Puis, lors d'une conversation de nuit avec Meryl Streep près de la maison refuge de Karen, Clara dévide le fil des souvenirs.

Cette construction m'a semblé très intéressante. Non seulement elle dynamise le récit mais elle reflète plus le mécanisme de la mémoire et les méandres des réminiscences.

Au fil des pages, nous faisons donc connaissance avec la baronne Blixen. Une femme fascinante qui a marqué tous ceux qui ont croisé son chemin. Une femme cruelle, aussi. Tyrannique. Manipulatrice. Possessive. Amoureuse. Passionnée. Volontaire. Têtue. Machiavélique.

Je dois avouer que j'ai eu du mal à complètement adhérer à ce personnage. Autant j'ai ressenti de l'admiration pour cette noble danoise partie à l'aventure en Afrique et passionnément éprise d'un homme toujours en fuite, autant j'ai été choquée par son comportement à son retour au Danemark et sa façon de vampiriser tout son entourage. Et que dire de ce pacte avec le poète Thorkild?

Bref, vous l'aurez compris: un portrait féminin hors norme, une vie habitée par un souffle romanesque...et un ouvrage qui se lit d'une traite tant on ne peut rester indifférents aux événements qui nous sont contés. Grâce à Baronne Blixen, j'ai d'ailleurs retrouvé l'envie de me plonger dans les œuvres d'Isak Dinesen.
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" L'Afrique, l'immense et somptueuse Afrique, lui ouvrait ses bras. Une petite voix lui avait bourdonné au fond de sa tête: "L'Afrique aura raison de tes lunes noires." Alors, elle sut. Elle était arrivée quelque part, il lui serait enfin possible d'appartenir à un endroit, d'y posséder une maison à elle. Une poignée de minutes avait suffi pour savoir qu'entre elle et ce pays totalement inconnu des liens se tisseraient dont il lui avait été impossible d'imaginer la force."
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Quand certains s’accommodaient de l'infamie des "étoiles jaunes" cousues aux revers, l'annonce "Collections de haute-couture" continuait à faire frémir les femmes du monde. La frivolité avançait masquée, sous couvert d'une théologie de la résistance à l'ennemi, ces dames fortunées permettant à l'industrie textile française de tourner encore.
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