Don Winslow

Le même mois, un candidat potentiel à l’élection présidentielle, John Dennison, a accusé, sans le moindre début de preuve, l’administration Obama de vendre des armes à l’État islamique.

« Il est fou ? a demandé Marisol.

— Il lance de la boue sur le mur, pour voir si elle reste accrochée. »

L'enfer est la vérité vue trop tard.

Comment franchit on la ligne ?
Un pas après l'autre.

Un menteur professionnel sait que la clé de tout n'est pas de donner à ses mensonges un air de vérité, mais l'inverse : faire en sorte que sa vérité sonne comme un mensonge.

Apprendre à vivre avec ses déceptions, c'est apprendre en partie à devenir un homme.

Alors, ses yeux s’ouvrirent tout grand et, Dieu m’est témoin, je vis l’ampoule apparaître au dessus sa tête.
Bon, d’accord, j’exagère, mais vous saisissez l’idée.

L'aube n'est pas encore levée et il fait déjà chaud. C'est l'une de ces journées d'été où Dieu le proprio refuse de baisser le chauffage et de brancher la clim ; la ville est nerveuse, irritable, au bord de l'embrasement, d'une bagarre ou d'une émeute ; il y a une odeur de chou fermenté et d'urine rance, sucrée, aigre, douceâtre et dénaturée, comme un parfum de vieille pute.

- Le ministre de la Justice des Etats-Unis en personne a annoncé au congès...
- J'ai lu le discours.
- ...que le problème mexicain de la drogue était tout simplement réglé. Essaieriez-vous de faire passer notre ministre pour un con ?
- Je crois qu'il peut très bien se débrouiller tout seul.

Une guerre contre le terrorisme, une guerre contre le communisme, une guerre contre la drogue. Il y a toujours une guerre contre quelque chose.
Je crains que ce ne soit la condition humaine.

Quand la secrétaire annonce à Tim Taylor qu'un certain Art Keller souhaite le voir, la nouvelle provoque l'enthousiasme réservé généralement à une coloscopie.

Chuy s'amuse à taper dans un ballon, contre les vestiges d'un mur dont il ignore qu'il est d'origine maya.
La jungle regorge de ruines semblables et il s'en fout. Chuy traverse les anciennes terrasses de pierre sans savoir que c'étaient autrefois des autels, et sans avoir conscience du rapport qui le lie à ces lieux où des victimes étaient jadis décapitées et offertes en sacrifice aux dieux de la mort. Il aime ces cavernes qui parsèment la forêt, ces fissures dans le sol calcaire de la jungle, à l'intérieur desquelles il peut se faufiler pour se cacher, faire une sieste, ou simplement s'allonger pour réfléchir.

La première chose que les nouveaux chefs font, c’est tuer la progéniture des anciens. Sans Dieu, c’est tout ce qui reste : la survie.
Eh bien, il n’y a pas de Dieu, songe Adán.
Il hoche la tête.
Fabián jette la fillette du pont. Ses cheveux se gonflent comme des ailes futiles et elle tombe comme une pierre pendant qu’il agrippe le garçonnet et, sans effort, d’un large mouvement du bras, le balance par-dessus le garde-fou.
Adán s’oblige à regarder.
Les corps des deux enfants plongent deux cent cinquante mètres plus bas et s’écrasent sur les rochers.
Il se retourne vers les frères Orejuela, choqués, le visage blanc comme un linge. La main de Gilberto tremble lorsqu’il referme la mallette. Il la prend et repart d’où il était venu, les jambes flageolantes.

Il s'en envoie quelqu-uns derrière la cravate au bar de La Sirena. Vous aimez les défis ? Essayez donc de vous faire servir un whiskey sec dans un bar de plage mexicain. Vous dites au gars que vous voulez votre verre sans sa foutue ombrelle, il vous regarde comme si vous veniez de lui bousiller sa putain de journée.
Callan essaie quand même.
-Yo, viejo, il pleut ici dedans ?
-Non.
-Alors, je n'ai pas besoin de ça, pas vrai ? Et si je voulais du jus de fruit, amigo, je commanderais du jus de fruit. Le seul jus que je désire, vois-tu, c'est celui de l'orge.
Les vitamines C irlandaises.

Quand on couche avec les chiens, on attrape des puces.

Rodney Whitaker, alias trevanian, avait une voix si personnelle et si puissante que toute tentative de l’imiter ferait passer n’importe quel écrivain pour un second couteau dans un club de théâtre amateur de troisième zone.
[...]
Non seulement, j’admire le travail de Trevanian, mais j’ai la passion de l’Asie, de sa culture, de son histoire, et je ne pouvais résister à l’occasion de combiner ces enthousiasmes divers ?
Je m’assis et rédigeai une lettre d’introduction à la famille Whitaker.

C' est comme dans l' existence. Sommes-nous ses hôtes, ou ses prisonniers?(p230)

Et un mafieux ne devient pas mafieux pour travailler.

La réalité, c'est aussi qu'il existe une mentalité différente de l'autre côté de la frontière. Si vous vivez à El Paso, vous êtes un pocho, un mexicain américanisé. Vous faites vos courses dans les centres commerciaux et non dans les mercados, vous regardez le football à la place du futbol, vous devenez un consommateur de plus dans une machine gigantesque qui consomme les consommateurs.

Il y a l’amour de la famille, répond Jacky, et il y a l’amour du business. ce sont deux amours différents. Mais oui, l’amour du business passe avant.

Le diable vient toujours les mains pleines, songe Keller. Il vous offre une sélection de bienfaits pour faire passer les méfaits.