Citations de Donna Leon (984)
... Mais il n'a donné aucun ordre, il nous a simplement laissés procéder de la manière normale.
Brunetti se fit la réflexion qu'il n'y avait pas de manière normale, probablement, d'arrêter l'épouse d'un commissaire de police,
[...] Sur la table de la cuisine, il trouva un mot de Paola lui disant qu'elle devait rencontrer un étudiant dont elle dirigeait la thèse, mais qu'il y avait des lasagnes au four. Les enfants ne seraient pas à la maison et il y avait de la salade dans le frigo : ne restait plus qu'à ajouter l'huile et le vinaigre. Alors qu'il se mettait au travail en ronchonnant, furieux d'avoir traversé la ville pour être finalement privé de la compagnie des siens et forcé de faire réchauffer des trucs dans le four - des trucs sans doute préparés industriellement et dégoulinant de ce répugnant fromage américain orange, pour ce qu'il en savait - il s'aperçut que Paola avait ajouté un post-scriptum : Et ne fais pas cette tête, c'est la recette de ta mère.
La revanche, cet enfant difforme de la Justice, se nourrissait d’un désir aveugle, incapable de voir plus loin que son nez, ne se souciant ni des moyens ni de la méthode, ni même des ravages qu’elle faisait au passage.
(Calmann Lévy, p.298)
Brunetti avait appris, dés le début de sa carrière, que les témoins toléraient tout, sauf le sarcasme.
Il regagna son bureau, tout en méditant sur le fait que la signorina Elettra et lui-même travaillaient tous les deux, au fond, pour cet État indifférent et négligent.
Elle sursauta, comme si elle entendait le démon lui citer la bible.
Pourquoi nous autres, Vénitiens, sommes-nous tellement excessifs? s'interrogea-t-elle. Pourquoi faut-il qu'il y ait tellement de tout partout, pourquoi faut-il que ce soit si beau?
«Les femmes qui croient que les pédophiles aiment les enfants n'existent pas, Guido. Ils les désirent, ils veulent les dominer, mais ça n'a rien à voir avec de l'amour.»
Même s'ils étaient vénitiens , la conversation se déroulait toujours en italien qu'en vénitien : Brunetti et Paola savaient que leurs enfants apprendraient le dialecte avec leurs copains et dans la rue , et ce fut le cas.
« Vous savez, si ce n’était pour le chant, aucun d’entre nous ne ferait ce métier, assena-t-elle d’un ton féroce. Les voyages, la vie dans les hôtels, manger au restaurant, devoir toujours faire attention à ne pas être vu en train de faire quelque chose qui pourrait nuire à votre carrière, toujours penser aux conséquences de ce que vous dites pour votre réputation, essayer de dormir suffisamment, ne pas trop manger ni trop boire, être toujours poli, surtout envers les fans. » Brunetti pensa que la plupart de ces contraintes s’appliquaient à toute personne publique, mais il estima plus sage de ne pas exprimer son opinion, vu l’humeur de Flavia. « Sans compter l’épreuve physique que cela comporte. Des heures de répétition, tous les jours que Dieu fait, et puis le stress de la représentation, et ne jamais arrêter d’étudier, et, chaque année, au moins deux ou trois nouveaux rôles à préparer.
Si tu es un neurochirurgien et que tu dois aller quelque pars pour sauver une vie , alors oui , tu prends un avion et tu pars. Mais pour aller t'allonger sur une plage. Ce n'est pas bien.
« Si tu te débarrasses de tous les livres, tu te débarrasses de toute la mémoire, asséna-t-il. — Et de la culture, de l’éthique, de la variété dans la pensée, de toute remise en question de tes convictions »,
« Celui qui ne vit que pour son propre bien fait du bien au monde quand il meurt » (Tertullien)
(Métailié, p.260)
Non durano l'ire
E passa il martir
Amor sa ferire
Ma poi sa guarir.
Vera fortuna severa
A'i nostri contenti
D'un alma que spera
Consola il desir.
La colère ne dure pas, et la souffrance passe. L'amour sait blesser, mais sait aussi guérir.Sévère Fortune, à notre paix d'esprit, à une âme qui espère, apporte la consolation.
“Des rumeurs lui étaient parvenues sur des pays où existerait une presse indépendante rapportant des informations justes et où la télévision n’était pas contrôlée par un seul homme ; sa propre femme avait exprimé sa croyance en l’existence d’une telle merveille.” Surement dans le pays de Bisounours ou celui de Barbapapa!!!
« C’est toujours bizarre quand quelqu’un meurt dans un hôtel, monsieur. Aucun de nous n’aime ça. » Comme Brunetti ne fit aucun commentaire ni ne posa de questions, il spécifia : « C’est parce que les gens sont souvent seuls quand ils meurent, et que cela ne devrait arriver à personne. »
(Calmann-Lévy, p.221)
Les bateaux appartenaient à l’insouciance, la frivolité de la jeunesse, ou aux heures infinies et parfois trop vides de la retraite. La plupart des hommes avaient déjà bien à s’occuper avec leurs familles et leur travail. Un bateau, c’était comme une petite amie, pas une épouse.
Une fois dehors, Brunetti marqua une pause le temps de consulter brièvement le GPS interne que tout bon Vénitien possédait dès la naissance, avec toute la discrétion d’une aiguille de boussole frémissant à la recherche du Nord ou de l’Ouest.
En gravissant les marches qui menaient au bureau de son supérieur, il songea à une histoire, sans doute fausse, qu'il avait entendue une fois, à propos d'une star de cinéma - était-ce Jean Harlow ? On racontait que lorsqu'on lui offrit un livre pour son anniversaire, elle le sortit de son papier cadeau, le regarda et dit: "Un livre ? Mais j'en ai déjà un."
Tout comme aurait pu le faire le vice-questeur Patta, il en était sûr et certain.
- Eh bien, si la température continue de monter, les calottes glacières fondront, le niveau des mers s'élèvera, et c'en sera fini de Venise." Cette perspective paraissait la laisser de marbre.
"Le Bangladesh aussi, pourrait-on ajouter.
- Bien entendu. Je me demande si le président américain a pensé aux conséquences.
- Je doute qu'il ait les capacités intellectuelles pour penser à des conséquences."