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Critiques de Dorian Astor (19)
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Nietzsche

En 380 pages, ce qui est une longueur raisonnable, Dorian Astor nous retrace la vie du célèbre philosophe allemand. La mort précoce du père, et d’un petit frère, les relations pour le moins complexes avec sa mère et sa sœur, les études, les amitiés, la carrière universitaire, les différents problèmes de santé, jusqu’à l’effondrement de sa raison. Les ouvrages de Nietzsche sont mis correspondance avec les événements de sa vie, mis en perspective, les lignes de force de sa pensée et son évolution sont esquissées. Le tout s’appuie sur de nombreuses citations, de Nietzsche lui-même, issues soit de ses ouvrages, soit d’écrits plus personnels, comme les lettres, mais aussi des écrits de ses parents et amis.



Une vie réellement tragique, marquée dès la petite enfance par des morts, et par le sentiment de n’avoir pas longtemps à vivre. La maladie très rapidement pénible et handicapante. Une grande solitude aussi, entre demandes de mariages perpétuellement vouées à l’échec, les brouilles successives avec presque tous les amis, dont le plus célèbre est Richard Wagner. Les voyages pour chercher un lieu plus supportable, jusqu’à la perte de la raison, et la mise sous tutelle au sein de la famille, puis l’appropriation et le détournement d’une partie de l’oeuvre par sa sœur.



Cette biographie, claire, précise, agréable à lire, et très abordable en ce qui concerne la présentation de concepts, est très utile pour entrer dans l’univers du philosophe, avant peut-être d’aborder les œuvres en elles-mêmes.
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Lou-Andreas Salomé

Voilà la vie d'un personnage hors du commun que la morale bien pensante aurait vite fait de condamner, comme personne peu fréquentable, tant ses idées sur le mariage et la fidélité sont en oppositions avec les moeurs habituelles.

Oui mais voilà, Lou est d'abord une amoureuse de la vie qui ne souhaite pas s'imprégner des contraintes classiques, et qui préfère passer sa vie à chercher dans l'esprit humain les raisons de ses passions, de ses doutes et de ses envies! certes, il lui arrive d'être aussi en contradiction avec ses propres théories, mais Lou est tout sauf un esprit simple!

Amie de Nietzsche et de Freud, dont elle sera fidèle jusqu'à sa mort, Lou nous entraine aussi dans les méandres du temps, et dans cette révélation, à la fin de sa vie, face à son mari, si largement délaissé, elle l'a aimé et cet amour a été réciproque. Entre révolte et sagesse, nostalgie et résignation, ils ont compris tout ce qu'ils avaient à se dire mais sans trouver le temps ni le moment pour y parvenir. C'est peut être là l'enseignement à tirer de cette femme et de son couple, se rendre compte qu'il y a autour de nous des gens qui méritent notre amour mais qu'on laisse dans le désarroi faute de prendre le temps de le leur dire faute de savoir l'exprimer.
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Lou-Andreas Salomé

Les éditions Folio accompagnent la sortie récente du film de Cordula Kablitz-Post en rééditant depuis le 6 mai dernier la biographie de Lou Andreas-Salomé de Dorian Astor qui complètent la vision du film en insistant parfaitement sur les combats de cette écrivaine, philosophe, psychanalyste qui impressionne par son panache.



Lou est perspicace comme l'aigle et brave comme le lion" disait Friedrich Nietzsche de Lou Andréas-Salomé. Si ce nom ne vous dit rien ou ne vous évoque que de lointains souvenirs de vos cours de philosophie de lycée, cette belle biographie va vous rafraichir la mémoire et faire dérouler le fil de son incroyable vie et revivre ces moments fondateurs qui ont fait d'elle cet esprit si vif, si indépendant, si brillant.



Née en 1861 à Saint-Pétersbourg, Lou se passione très tôt pour la littérature et la philosophie, au grand dam de sa mère pour qui les études ne doivent pas primer sur la volonté de fonder une famille : pour elle, comme pour beaucoup à cette époque, la réflexion, l'envie d'apprendre, la pensée, étaient une affaire d'homme. C'est un pasteur qui lui fait faire, à ses 12 ans, la connaissance des philosophes de l'Antiquité et de Spinoza. Cette soif d'apprendre qui brûlait en elle va alors se libérer, et c'est avec cet éveil qu'elle va devenir un véritable "rat des bibliothèques".

Elle façonne alors très vite cet esprit rebelle, féministe, frondeur, curieux de tout, au gré de ses lectures, des voyages à travers l'Europe, de ses rencontres, et non des moindres...





Au côté de penseurs et de philosophes comme Paul Rée, Friedrich Nietzche ou encore Sigmund Freud - qu'elle a d'ailleurs aidé à élaborer ses théories sur la psychanalyse - et dans les bras de Rainer Maria Rilke, elle s'est accomplie en tant qu'intellectuelle. En tant que femme, aussi.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Nietzsche

Je ne saurais dire si cette biographie du philosophe est préférable à une autre. Je peux au moins affirmer que sa lecture est agréable et que son format « médian » (370 pages) me paraît favorable à une découverte de l’oeuvre de Nietzsche dans sa globalité, c’est à dire dans les rapports qu’elle entretient avec la vie de son auteur mais également dans les rapports qu’entretiennent entre elles les oeuvres elles-mêmes, rapport d’approfondissement, ou le plus souvent dans le cas de Nietzsche, de retournements et de contradictions.

Il est impossible de résumer cet ouvrage ici, je m’en tiendrais à quelques brèves remarques suscitées par cette lecture (le choix de ces thématiques est tout à fait personnel et arbitraire et ne prétendent pas résumer les vues de Dorian Astor)



- Les contradictions entre l’artiste et l'œuvre.

L'œuvre de Nietzsche est une longue apologie de l’acquiescement à la vie, du refus des passions morbides et nihilistes, de la maximisation de notre potentiel, de l’allégement d’existence. Mais toute sa vie semble placé sous le signe du renoncement, de la solitude, du ressentiment (cette dernière tendance étant pourtant de celles qu’il passe le plus de temps à démolir), voire du suicide.

De la même manière, l’obsession de Nietzsche à l’égard de la vitalité et de la santé n’a d’égale que son état constamment souffrant et son inexorable déclin psychologique.



- Son nomadisme forcené voire pathologique :

Tel un hypocondriaque jonglant constamment d’une tentative médicamenteuse à une autre, Nietzsche nous apparaît dans une quête perpétuelle de l’endroit adéquat, celui qui siéra à son inspiration et à sa santé fragile. Il porte une attention extrême non seulement aux paysages et à leur capacité à nourrir son imagination mais scrute également constamment leurs caractéristiques plus immédiates et épidermiques : climats, luminosité, « ventosité », humidité, se déplaçant sans cesse quand il en conclut que l’endroit ne lui est finalement pas favorable.



- Friedrich le Fou :

La lecture d’un ouvrage comme celui-ci nous apporte un éclairage riche sur les aléas de la vie de Nietzsche, en particulier psychologiques. Elle n’est pas non plus avare de mise en perspective de l'œuvre avec ces désordres. Et pourtant, cet ouvrage me donne l’impression de ne jamais livrer fermement la conclusion qui me paraît s’imposer : Nietzsche, à un moment de sa vie, passe de l’autre côté. Cette évolution est progressive, mais au bout d’un moment, il me semble qu’il n’est plus possible de tourner autour du pot : l’homme est devenu fou, son œuvre est celle d’un homme fou. Elle demeure certes inspirante, riche d’enseignements à des titres divers, et peut-être que les philosophes ou philologues estiment que poser ce type de verdict n’entre pas dans leurs prérogatives (qui se risquerait à esquisser une frontière à la normalité psychique, surtout depuis Foucault ?) Et pourtant, je pense que des ouvrages qui prendraient le risque inouï de dire quand une pensée verse du côté du délire faciliteraient leur compréhension.



- (Outils conceptuels) :

- Son concept de la volonté de puissance, ici résumée en « plaisir » comme loi principale de la nature et du destin de l’homme, concept qui s’appuie sur la volonté schopenhauerienne (tout en la dépassant), annonce Freud et porte un coup aux visions libérales ou darwinistes de l’homme. L’homme n’obéit pas à son intérêt ou à son avantage, mais simplement à son instinct, sa volonté de puissance, sa puissance d’agir, qui peuvent tout aussi bien le mener à la destruction ou à l’autodestruction.

- L’école du soupçon, puis l’école du regard comme éthiques de recherche et d’attitude face à la vie.



..



Je n’en ai décidément pas fini avec la lecture de Nietzsche. De la science, de l’art, de la religion, de la morale, de l’homme, il dit tout et parfois son contraire. Il nous fait tourner en bourrique, mais c’est ce qui le rend si précieux. Pour citer Dorian Astor citant Nietzsche citant Schopenhauer, voici à quelles altitudes et à quelles ivresses peuvent nous propulser de telles fréquentations :





(Dorian Astor) : « Nietzsche affirmait que tous les grands systèmes philosophiques sont réfutables, mais les que les grands philosophes ne le sont pas : « je ne veux extraire de chaque système que ce point qui est un fragment de “personnalité” et qui appartient à cette part d’irréfutable et d’indiscutable que l’histoire se doit de préserver. » Ce dont il s’agit désormais, depuis la seconde “Inactuelle”, c’est comprendre en quoi le contact d’un génie nous élève et nous améliore, nous fait penser et agir : « je ne décris rien d’autre que la première impression, pour ainsi dire physiologique, que Schopenhauer suscite en moi, cette magique effusion de l’énergie la plus intime qui se communique d’un être de la nature à l’autre et qui survient au premier et au plus léger contact ; et si j’analyse après coup cette impression, je la trouve composé de trois éléments, l’impression de son honnêteté, de sa sérénité et de sa constance. »

(Dorian Astor) Schopenhauer a su surmonter les trois grands dangers qui guettent tout philosophe aujourd’hui : celui de se livrer à la solitude, celui de désespérer de la vérité et celui de se détourner de la vie. »



Ce pourrait être une bonne définition de ce que nous apporte la lecture des géants : non des réponses, mais un élan. Si je devais instantanément développer et nuancer : je ne suis pas sûr que Nietzsche ait complètement réussi à combattre sa tendance à ne pas « se détourner de la vie », c’est le moins qu’on puisse dire. Je crois bien que c’est notre lot à tous, nous qui cherchons un sens dans l’ombre de pareils obscurs ouvrages. Mais il n’est pas impossible que de telles lectures, en définitive, augmentent tout à la fois la gravité à laquelle notre pauvre âme est sujette (gravité aussi bien morale que newtonienne), que le carburant nécessaire pour y échapper. Elles nous ouvrent à de nouvelles abysses, mais nous apprennent aussi à les enjamber.

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Lou-Andreas Salomé

Après ma lecture de la biographie d'Elisabeth Roudinesco consacrée à Sigmund Freud, j'avais envie d'en ouvrir une seconde, celle de Lou Andreas-Salomé, une autre figure importante de la psychanalyse. Cette femme fascinante, d'origine russe, issue d'une famille aisée, va bouleverser les codes sociaux et moraux de son époque. Grande séductrice, considérée parfois comme l'incarnation parfaite de la femme fatale (thème très prisé dans la littérature et l'art fin-de-siècle), elle va devenir l'amie intime de trois grands penseurs: Nietzsche, Rilke et Freud.



Ce parcours exceptionnel, elle le doit à sa volonté d'approcher au plus près les évolutions de sa propre pensée, cette considération que l'individu appartient au grand Tout, une sorte d'universalité de l'être, pleinement inclus dans l'Univers, en même temps que se développe une extraordinaire intériorité: «ouverture à l'univers et approfondissement de l'intimité.» Ces deux facettes de la pensée de Lou Andreas-Salomé vont trouver un terreau fertile dans la philosophie de Nietzsche, dans la poésie de Rilke et dans la nouvelle discipline ouverte par Freud, la psychanalyse.

Cette biographie, parfaitement bien écrite, se propose d'explorer ces trois relations qui ont façonné l'existence mouvementée de cette femme atypique, une des plus emblématiques de la première moitié du XXe siècle.



Eternelle source d'inspiration pour le poète en mal de vivre (Rilke), elle sera aussi l'intrépide conquérante de la pensée nietzschéenne, avant de se voir confier les rênes de la pensée freudienne qu'elle n'aura de cesse de nuancer tout en restant l'une des plus fidèles disciples de Freud.

Seul point obscur : la fin de sa vie et son intention d'écrire «Mon adhésion à l'Allemagne d'aujourd'hui» qu'elle déchirera finalement avant de tomber dans un mutisme dérangeant en ce qui concerne la montée du nazisme et l'antisémitisme grandissant. Cette même remarque sera faite devant le silence de Freud à la fin de sa vie alors que le monde oscille et prend une sinistre tournure.
Lien : http://aucrepusculedesmots.b..
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Nietzsche

Peut-être pas le grand soir, mais déjà une aurore.
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Nietzsche: La détresse du présent

Un essai pour spécialistes ou amoureux ou habitués de Nietzsche ayant envie d'approfondir leur connaissance du personnage et de sa philosophie. Lecture parfois difficile, qui exige concentration, patience, ascèse, volonté puissante pour ne pas dire volonté de puissance, amor fati, incarnation dans le présent. Aller au bout est une satisfaction, on frôle presque le sentiment d'être un petit Surhomme, en toute modestie.



L'auteur présente la pensée de Nietzsche de façon presque chronologique en abordant chacun de ses livres les uns après les autres, pour mieux souligner son évolution, sa dynamique, sa complexité, parfois ses contradictions, en tout cas les difficultés à articuler certaines affirmations qui peuvent paraître opposées.

L'auteur montre combien la pensée nietzschéenne est contemporaine de problématiques actuelles (liberté, aliénation, affirmation de soi, respect des autres, dépassement de soi, critique de la société de consommation, démocratie et pouvoir autoritaire, bonheur, philosophie de la vie, sagesse, etc).

L'auteur cite les travaux d'auteurs contemporains qui se sont nourris de Nietzsche ou ont poursuivi ses réflexions. Michel Foucault (pouvoir de la société sur l'individu et les contre-pouvoirs des individus, l'importance accordée au corps), Gilles Deleuze ( "composer avec la vague du devenir" héraclitéen), Sloterdijk (comparaison société antique fondée sur l'exercice et la recherche de la perfection et la société moderne fondée sur le travail et la production), Pierre Hadot (distinction entre l'ascèse spirituelle dans la philosophie antique et l'ascèse de type chrétien qui étend les restrictions au domaine corporel et notamment à la sexualité), Barbara Stiegler (introduction du corps dans la philosophie), et bien d'autres. VOir en Citations quelques passages intéressants.



Enfin, l'auteur tient à clarifier et lever les malentendus qui pèsent sur la pensée de Nietzsche dont la philosophie du Surhomme a influencé dans le mauvais sens et même à contresens de sa pensée les nazis qui se sont crus son incarnation. Nietzsche était profondément philosémite, anti-prussien, antinationaliste, pro-européen, il détestait sa soeur qui était antisémite, etc.



Le sommaire est le suivant :

I Inactualité

1. La connaissance mystérique

2. le sens historique

3. L'éducation



II Modernité

4. La détresse des modernes

5. La raison, le sujet et la volonté de puissance

6. Les "idées modernes"



III Eternité

7. L'éternel dernier homme

8. Grande politique et grande santé

9. Micropolitique de l'éternité
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La passion de l'incertitude

Le propos est tour à tour aisé à comprendre et parfois ardu à saisir. L'auteur convoque à la fois les philosophes et lest psychanalystes (Il a traduit Freud). Mais la pensée est claire et les atours de l'incertitude sont clairement décrits. Il y a de la conceptualisation et aussi de l'expérience, telle cette assertion sur la discussion : c'est toujours un mauvais signe de sortir inchangé d'un échange. Il insiste sur l'influence des signes, tout phénomène étant une manifestation d'un signe, et même d'une grande multitude de signes. Les chapitres sont courts et denses, balayant l'actualité, les valeurs, les croyances.
Lien : https://cinemoitheque.eklabl..
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Deviens ce que tu es : Pour une vie philoso..



Merci encore aux Editions Autrement pour cette découverte et cette recherche philosophique.



    En quittant l'école primaire, je me souviens d'une carte que m'avait donnée une des institutrices dans mon "cahier de souvenir" (que de nostalgie...). Sur cette carte, il y avait une simple phrase : "Ose devenir qui tu es". Cela m'a longtemps suivi, témoignage également de qui j'étais à l'époque. Ce premier mot surtout "Ose"... Oser, aller de l'avant, cesser d'hésiter... Oui oser devenir qui j'étais vraiment, sans me cacher ou me restreindre. Le message d'une femme à une autre en devenir. 

    Alors, en ayant vu ce titre, il y a une bouffée de souvenirs qui sont venus à moi. Je n'ai pas oublié la carte, le petit mot de l'institutrice, ma surprise de l'époque et surtout ce que je n'avais pas su comprendre à ce moment-là. 



   La lecture de ce livre n'a pas été simple, et j'avoue que j'ai dû à plusieurs reprises revenir en arrière et reprendre parfois des notions. Lorsque l'on parle de pensée humaine, de construction de la pensée, il est fascinant d'en découvrir les méandres. Ce livre est réussi en cela : il est malgré tout abordable, et donne envie de revenir à ce genre de lectures. 

    La Collection dont est tiré le livre, "Les Grands Mots", contient d'ailleurs de nombreux ouvrages ayant pour thème "La discrétion, "Les croyances"... Bref, des thèmes amenant à la réflexion.



    Dorian Astor est un philosophe, germaniste et musicologue. De nombreux travaux consacrés à Nietzsche et le reste de son œuvre jalonnent le travail de cet écrivain. Avec "Deviens ce que tu es", il prend comme point de départ les écrits de Pindare (5è siècle avant JC) avec "Puisses-tu, ayant acquis des connaissances, devenir tel que tu es". Par un judicieux travail philo-historique, il arrive à cette phrase célèbre de Nietzsche : "Deviens ce que tu es". 



    Ce livre est certes un peu difficile, car il aborde des notions et des concepts auxquels je ne suis plus habituée depuis la fin de mes études. Mais il est passionnant ! Il reste abordable et n'est pas insipide comme certains traités de philosophie peuvent l'être. Certains livres sont tellement denses qu'il est impossible d'en appréhender même le sens pour un profane. 



    A la lecture, on découvre la passion mais aussi la pensée de ces philosophes de l'Antiquité : base de sa réflexion, l'auteur décortique les notions de "ça, moi et surmoi". Il est difficile de résumer ce livre tellement il aborde des réflexions sur soi, ce que nous sommes et ce que l'on sent. "Devenir ce que l'on est" a également une notion de temps : on ne cesse d'avancer, de créer, de vivre, donc on devient immuablement ce que nous sommes : le présent définit notre futur, tout comme notre passé. 

En bref : 



Entre introspection et réflexion, Dorian Astor nous donne à réfléchir sur notre propre existence au travers des réflexions de ces philosophes qui ont construit la pensée humaine. 
Lien : https://lecturedaydora.blogs..
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Lou-Andreas Salomé

Passionnante biographie... mais si difficile à résumer/critiquer.

Surement de par la complexité de son "objet", que la richesse de sa vie interdit de classifier, ranger dans une ou plusieurs cases



Auteur, psychanalyste, férue de philosophie

Amie, amante enchaînant les relations à un moment de sa vie, ..et recherche d'amitiés fraternelles ("à toute époque, il m'a semblé qu'un frère se cachait en chacun des hommes que je rencontrais").

Nietzsche, Freud, Rilke: un papillon attirée par le brillant intellectuel?

Provocante ( demande à Freud de suivre les séances d'Alfred Adler, en train de devenir le dissident le plus opiniâtre du maître), dominante (cf la photographie avec Rée et Nietzsche) .

Proche et fuyante (Gillot, Nietzsche...).

Jette aux orties nombre de conventions, mais sur certains sujets étonnamment "traditionnelle".

Extravertie,charmeuse mais aussi réservée ( un de ses romans en dira indirectement plus sur elle que sa biographie) et solitaire.



En conclusion: à lire!
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Nietzsche: La détresse du présent

Un brillant essai philosophique sur la notion de présent, lue chez Nietzsche et commentée pour notre temps.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Nietzsche

Nietzsche, quel philosophe ! Quel homme ! Quelle vie ! Quelle solitude ! Quelle souffrance ! Quel courage ! Quel destin ! Quelle descendance !



Pas un philosophe qui ne lui rende hommage, qui ne soit admiratif, de Foucault à Deleuze en passant par Onfray ou Luc Ferry, et bien d'autres, dont l'auteur Dorian ASTOR, spécialiste de Nietzsche, auteur de cette biographie de 2011 et également auteur d'un essai "Nietzsche, la détresse du présent" (2014), puis de "Deviens ce que tu es, pour une vie philosophique" (2016). Il a aussi dirigé le "Dictionnaire Nietzsche (2017) dans la collection Bouquins.



La critique de 5Arabella synthétise parfaitement ce qu'on pourra trouver dans cette biographie, notamment le parallèle entre la vie de Nietzsche et l'oeuvre en construction, l'articulation entre certains événements de sa vie et l'évolution de sa pensée reflétée par le contenu et le titre même de ses ouvrages.



Marqué par le décès précoce de son père pasteur lorsqu'il avait 5 ans, Nietzsche a recherché un père de substitution, un Dieu, une figure tutélaire. Pas étonnant qu'il ait voué une admiration sans borne à Schopenhauer, puis à Wagner, puis à un prophète Zarathoustra, puis à un Surhomme, un homme idéalisé, sorte de Dieu incarné.

Pour autant le Surhomme a la tête dans les étoiles et les pieds sur terre car il est toujours dans une démarche de dépassement de ses contradictions, de connaissance de soi, de recherche de la vérité, de reconnaissance de ses faiblesses, à la fois exigeant et humble, conscient éventuellement de sa valeur (comme Nietzsche l'était) mais se sachant misérable, humain trop humain malgré tout.



Ce qui me touche dans la figure de Nietzsche c'est ce contraste entre le monstrueux génie de la pensée qu'il est, au-dessus du troupeau, et la profonde humanité qui s'en dégage (ses maladies, ses souffrances physiques, sa solitude, son désespoir de ne pas être marié, de ne pas savoir conserver ses amis, son infini tristesse d'avoir perdu sa disciple Lou Salomé et raté un amour d'étoiles, son courage d'assumer sa différence et ce destin unique).



Et cette fin tragique, cette attaque cérébrale qui le saisit brutalement le 3 janvier 1889, comme son père déjà frappé de mutisme soudain et mort prématurément. Nietzsche pressentait depuis longtemps une telle fin.



Dans une lettre de 1879 il écrivait : "...l'effrayant et presque incessant martyre de ma vie fait naître en moi le désir d'en finir, et selon certains indices, l'hémorragie cérébrale qui me libérera est suffisamment proche pour me permettre d'espérer. Quant au supplice et au renoncement, ma vie peut se mesurer à celle des ascètes, de n'importe quelle époque ; j'ai malgré tout acquis bien des choses pour purifier et polir mon âme – et pour cela je n'ai plus besoin de la religion ni de l'art."

Dans une lettre de 1883 il écrivait : "Le curieux danger de cet été se nomme pour moi – n'ayons pas peur de ce méchant mot — folie. »



L'inventeur de l'idée de "L'Eternel Retour" qui préconisait comme morale d'agir de telle sorte que ce qu'on fait une fois on veuille le refaire une infinité de fois, a bouclé la boucle et appliqué à lui-même cette morale en devenant fou, prostré, figé, éternel. Nietzsche est l'éternel retour à la fin de sa vie. Il a payé le prix d'une pensée trop libre.



" La question posée à propos de tout, et de chaque chose : Voudrais-tu de ceci encore une fois et d'innombrables fois ? » pèserait comme le poids le plus lourd sur ton action ! Ou combien ne te faudrait-il pas témoigner de bienveillance envers toi-même et la vie, pour ne désirer plus rien que cette dernière, éternelle confirmation, cette dernière, éternelle sanction ? "

Paragraphe 341 du Gai Savoir de Nietzsche
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Dictionnaire Nietzsche

Fort décevant, ce dictionnaire qui réunit bien trop d'auteurs, présente un aspect incohérent, disparate, et touffu ; beaucoup trop d'entrées ressemblent à une juxtaposition incohérente de références et non à des définitions éclairantes. Les approches retenues témoignent d'un parti-pris excessif - le traitement du rapport nietzschéen à Epicure est par exemple scandaleux - et d'un niveau bien trop inégal. On ne comprend pas bien l'intérêt d'avoir sollicité Raphaël Enthoven, ni la raison pour laquelle il figure entre Blondel, Wotling et Enrico Müller.



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La passion de l'incertitude

Le philosophe incite à une forme d’incertitude bien tempérée. Elle permettrait d’échapper à ce piège majeur : le couplage infernal du fanatisme et du relativisme.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Deviens ce que tu es : Pour une vie philoso..

A partir de la question habituelle de certains débuts de conversation : « Qu'est-ce que tu deviens ? », de la formule : « Connais-toi toi-même » inscrite sur le fronton du temple de Delphes, de la recommandation de Pindare : « Puisses-tu, ayant acquis des connaissances, devenir tel que tu es », et de l'aphorisme de Nietzsche extrait du Gai Savoir : « Que dit ta conscience ? –‘'Tu dois devenir celui que tu es.'' », l'auteur déroule ses réflexions pour en tirer toutes les conséquences philosophiques et existentielles.



Le sommaire est le suivant :

Prologue : « Qu'est-ce que tu deviens ? »

1. Apparaître dans toute sa gloire

2. Tenir le milieu

3. Comment l'on devient ce que l'on est

4. le moi doit advenir

5. Prendre le pouvoir sur sa vie

6. Sujétion et subjectivation

7. L'individuation comme problème

Épilogue : Une vie





Dans le prologue, l'auteur part de la question de début de conversation "Qu'est-ce que tu deviens" pour montrer que c'est une question objectivante, coercitive, voire stupide sur le plan de la vérité, comme si un individu pouvait être enfermé dans quelques définitions trop succinctes et insuffisantes du style "je suis ça ou ça".



Dans le chapitre 1 il est question de la formule de Pindare « Puisses-tu, ayant acquis des connaissances, devenir tel que tu es ». La connaissance est une victoire sur soi, une élévation au-dessus de soi-même et en même temps une affirmation et une confirmation de ce que l'on est.



Le chapitre 2 est un survol historique des philosophies stoïciennes, épicuriennes, chrétiennes, humanistes. L'exigence initiale de perfection ou d'élévation de soi peut déboucher sur une forme de sagesse du juste milieu jusqu'à courir le risque de tomber dans la médiocrité en n'étant que soi-même. L'homme libéré du carcan religieux peut repartir à la conquête de lui-même comme l'illustre l'extrait suivant : "L'hybridité de l'homme restera pour le Zarathoustra de Nietzsche la dangereuse condition sous laquelle un autodépassement est possible : « L'homme est une corde tendue entre l'animal et le surhumain – une corde par-dessus un abîme. »



Dans le chapitre 3 il est essentiellement question de Nietzsche et du "Deviens ce que tu es". Critique à l'égard du christianisme, de l'idéalisme, des valeurs de renoncement de la société moderne qui incite les humains à pousser en troupeau, Nietzsche souhaite l'apparition d'un homme nouveau, libre, anticonformiste, méfiant, sceptique, courageux, créateur :



"Sans cesse Nietzsche répétera que ce n'est pas en nous qu'il faut chercher le moi, mais loin au-dessus de nous. Nous sommes à nous-mêmes notre propre tâche, notre propre oeuvre, notre propre création. Tel l'homme grec, tel encore l'homme renaissant, l'homme nietzschéen est le sculpteur de lui-même."



Dans le chapitre 4 "Le moi doit advenir", l'auteur montre les affinités entre la pensée et la critique freudienne de la société et celles de Nietzsche. Freud guérit l'homme névrosé en renforçant le Moi contre le ça alors que Nietzsche défend le Soi qui s'appuie justement sur les pulsions, les instincts, les forces qui nous poussent à nous affirmer. Nietzsche invite à " danser dans ses chaînes ", à mettre de l'innocence dans la puissance du devenir. La psychanalyse croit au langage, Nietzsche se méfie du langage qui risque d'enfermer.



Dans le chapitre 5 « Prendre le pouvoir sur sa vie » l'auteur nous dit que l'homme d'aujourd'hui vit dans une société sans tabous où la sublimation freudienne n'a presque plus court. L'individu est " condamné à participer au grand bal économique, c'est-à-dire au cercle éternellement mourant de la production et de la consommation qu'il fait tourner tel un hamster dans sa roue."

Rappel à Nietzsche qui affirme en point d'orgue : « La haute culture ressemblera à une danse audacieuse : c'est pourquoi, comme je l'ai dit, beaucoup de force et d'agilité sont nécessaires ».



Dans le chapitre 6 "Sujétion et subjectivation", il est beaucoup question de Michel Foucault et de ses réflexions sur le pouvoir de sujétion de la société sur l'homme et sur les conditions de réappropriation de sa liberté par l'individu., être de désir. Pouvoir et contre-pouvoir, autonomie contre hétéronomie, des courants de forces antagonistes traversent la société.



Dans le chapitre 7 "L'individuation comme problème", synthèse du livre, on s'oriente vers une sorte de morale existentielle pour surmonter les contradictions entre l'être stable et le devenir instable. Comment concilier le fait que l'individu cherche à la fois à "persévérer dans son être" pour reprendre la formule de Spinoza et aspire à ce dépassement de soi porté pas cette énergie vitale, cette volonté de puissance ? L'individu est d'abord un acte. Il est constamment en devenir, il se crée à chaque instant, il n'est pas une essence figée une fois pour toutes. L'individu est à la fois la somme de tout ce qu'il a fait et pensé dans le passé mais aussi la somme de tout ce qu'il n'a pas fait, de tout ce à quoi qui il a renoncé, de tout ce qu'il a oublié. L'homme est engagé dans la vie; A la limite, ce n'est qu'au moment de notre mort que nous pourrons dire que nous sommes devenu ce que nous sommes. A cet instant, nous serons de façon définitive la somme définitive et stable de tout ce que nous avons incarné et, en creux, tout ce que nous n'avons pas incarné.
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La passion de l'incertitude

Dans « La passion de l'incertitude », l'ancien chanteur d'opéra, grand spécialiste de Nietzsche, fait l'éloge de l'incertitude contre les germes du fanatisme.
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Deviens ce que tu es : Pour une vie philoso..

A partir du "qu'est ce que tu deviens", que nous avons tous usé lorsque nous retrouvons quelqu'un après de longues années, Dorian Astor explore admirablement, depuis Pindare avec "Puisses-tu, ayant acquis des connaissances, devenir tel que tu es", le "deviens ce que tu es" de Nietzche. L'être ou le devenir, le moi ou le soi ?
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Dictionnaire Nietzsche

Ce dictionnaire veut tout : exposer les points de départ, aider à lire, expliquer les conflits d’interprétations, s’adresser aux débutants, aux amateurs éclairés, aux spécialistes.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Pourquoi nous sommes nietzschéens

Faut-il lire Nietzsche pour devenir profondément contemporain ? C’est la question qui a mobilisé 17 auteurs.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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