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Citation de FRANGA


Elle affirme maintenant qu'elle se plaisait à l'hôpital et que cela ne la dérangerait pas d'avoir à y faire un petit séjour.
Je lui rappelle qu'elle a grogné tout le temps, jusqu'à ce qu'on la ramène chez elle.
"Ce n'est pas vrai, proteste t-elle. Pourquoi dites-vous cela ?"
Et la voilà qui maugrée tandis qu'assise auprès d'elle j'essaie de repousser cet état d'esprit où l'on ne voit plus la condition humaine que comme un gigantesque système d'égouts : nous ne sommes rien de plus que des machines à produire de la merde et de l'urine, et l'existence humaine tout entière n'est qu'une conspiration visant à dissimuler ce fait. Annie est "viable" tant qu'elle peut arriver à déposer ses déchets aux bons endroits ; dès qu'elle n'en sera plus capable, ce sera la fin. Je contemple la bouche béante d'Annie, d'où jaillissent des flots de mots, et je la vois comme l'ouverture d'un conduit qui donnerait, après maints méandres répugnants, sur une ouverture similaire : son anus.
Et plus je reste assise là, plus je m'étonne que nous puissions à tel point nous cacher ce que nous sommes réellement : les récipients d'intestins emplis de saletés. Quand cet état d'esprit menace de me gagner tout à fait, je pars et laisse Annie qui crie après moi :
"Voilà, maintenant je vais rester seule toute la nuit !"
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