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3.61/5 (sur 64 notes)

Nationalité : Liban
Né(e) à : Zhgarta , 1949
Mort(e) le : 23/07/2021
Biographie :

Jabbour Douaihy est né en 1949, à Zhgarta (Liban Nord). Professeur de littérature française à l’Université libanaise de Tripoli, traducteur et critique à L’Orient littéraire, il compte parmi les grands acteurs culturels du pays. De 1995 à 1998, il participe aux côtés de Samie Kassir à l'aventure éditoriale de L'Orient-Express.
Equinoxe d'automne ('I'tidâl al-kharîf, 1995) a été traduit en français par Naoum Abi-Rached (AMAM-Presse du Mirail, Toulouse, 2000), ainsi qu'en anglais. L'auteur a publié chez Actes Sud Rose Fountain Motel (2009), Pluie de juin (2010), nominé en 2008 pour le Booker Prize arabe, Saint Georges regardait ailleurs (2013, prix du Roman arabe décerné par l'IMA et la Fondation Lagardère) et Le quartier américain (2015). .

Source : Actes Sud
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
-Comment font-ils pour distinguer un musulman d’un chrétien ?
-Tu ne sais pas que chez nous la confession est inscrite sur la carte d’identité ?
-Et si…la personne n’a pas sa carte d’identité sur elle , elle échappe à la mort?
-Ils arrivent toujours à connaître sa confession
-Comment font-ils ?…par son nom ?….Reda par exemple , c’est un prénom musulman ou chrétien ?
- Ils les reconnaissent en les voyants ma chère !
-Comment ça?
Et Nohad de supplier Jojo:
- Fait donc taire cette femme, je t’en supplie ! Qu’elle arrête avec ses âneries !Comme si cette situation ne nous empoisonnait déjà pas assez l’existence …

( Pendant la guerre civile au Liban dans une famille maronite, une des épouses , une autrichienne converse avec la tante du mari )
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Nous vivions dans un quartier populeux où les portes ne se fermaient qu’au moment du coucher. Chaque heure avait ses bruits. La nuit, c’étaient le coassement des grenouilles et les glapissements lointains des renards. Nous étions réveillés par les klaxons des voitures que les conducteurs actionnaient sans raison. Du côté ouest, il y avait ce voisin qui commençait à lamper de l’arak pur au saut du lit. Il crachait sur le plancher, récitait des Notre Père d’une voix forte et tournait dans la maison en cherchant une excuse pour frapper sa femme, qui répondait à ses insultes par d’autres encore plus éloquentes, tout en se cachant le visage entre les mains. Alors, enfilant mes vêtements, je me dépêchais d’aller contempler la scène avant l’arrivée du bus scolaire. Bien que ses joues soient rouges de fureur, il la giflait avec retenue, on ne voyait jamais ni sang ni écorchure. Je craignais que son tarbouche ottoman, qui tressautait à chaque coup, ne tombe de son crâne. Des médiateurs finissaient par intervenir pour faire cesser cette gymnastique matinale. Ma mère disait que sa femme l’aimait. Plus tard, elle le “servirait”, quand, devenu sénile, il ne saurait plus qui elle était et l’accuserait de vouloir le voler. Elle lui raserait la barbe, lui mettrait son tarbouche sur la tête, légèrement penché vers la droite, et l’assiérait sur une chaise devant la porte. Puis elle s’éloignerait un peu pour mieux voir, avant de corriger un travers dans sa mise. Elle voudrait qu’il ait l’air d’un homme avec toute sa prestance, tel qu’elle se l’était imaginé et ne l’avait jamais connu.
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Dans ses rêves, il voyait un océan aux eaux verdâtres dont les vagues s’entrechoquaient par un jour de tempête, coiffées non pas d’écume, mais d’un fourmillement de fautes de lan­­gue phosphorescentes. Une mer tachetée de hamza * au-dessus de l’ ali f ** ou en dessous, de verbes d’opinion, de verbes transitifs, de compléments d’objet, de noms assimilés à des verbes, de nombres composés aux subtiles déclinaisons, de particules d’interpellation, de réprimande, d’appel au secours… Au bout d’un certain temps, il fut gagné par la fièvre des fautes. Il en voyait sur les panneaux publicitaires, les affiches politiques, les enseignes des magasins. Chaque fois qu’il en apercevait une de loin, il manquait de reproduire de la main le geste qu’il faisait pour raturer au Bic rouge une hamza mal placée.

*Lettre de l’alphabet arabe ( ء ) se prononçant comme un coup de glotte. L’écriture de la hamza est assez complexe. Dans la plupart des cas, elle est accompagnée d’un support graphique qui diffère en fonction de son environnement vocalique et de sa place à l’intérieur du mot.
**Lettre hybride traditionnellement présentée comme la première de l’alphabet arabe, qui sert soit de voyelle longue (pour le son a , dit voyelle “ouverte”), soit, dans certaines situations, de support graphique à la hamza

( Il est un correcteur pour l'arabe dans une imprimerie)
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Il enviait ces gens qui prêtaient aux choses de la vie plus de sens qu’elles n’en avaient et qui entouraient chacun de leurs actes de tout un cérémonial , les femmes avec leurs parures, les rois avec leurs protocoles, les maîtres queux avec l’ordonnance de leurs tables et leur service.
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Je ne rencontrai pas un seul innocent en prison, ni même personne qui prétendait l’être. Tous se vantaient de leurs actes, même quand parfois ils s’étaient comportés comme de vrais salauds. Il y en avait pour qui la prison était devenue la maison. Ils purgeaient leur peine, puis quand ils retrouvaient leur liberté, ils se dépêchaient de voler une mobylette ou d’abuser d’une employée de maison asiatique pour revenir à la case départ : ils ne savaient plus se débrouiller pour vivre à l’extérieur. Ils imploraient les magistrats – qu’à présent ils connaissaient bien – de leur infliger une longue peine ; les juges se mettaient à sourire et exauçaient leur vœu dans la mesure du possible.
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Farid dit qu’il souhaitait faire publier son livre. La réponse lui vint par-derrière, d’un coin de la pièce, dans un arabe balbutiant :
"Il y a quoi dans ce livre ?”
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Elle occupait le vide de ses journées en lisant des romans policiers. La "Série noire". Elle avait hérité de la collection de son père, qui avait commencé très tôt à se procurer ces volumes au titre jaune et à la reliure sombre. Elle aimait ce qu'on pouvait lire sur le quatrième de couverture. " Des romans où l'on voit des policiers plus corrompus que les malfaiteurs qu'ils poursuivent. Le détective ne résout pas toujours le mystère. Parfois, il n'y a pas de mystère. Et quelquefois pas de détective..." (p. 29)
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Le Pendu a trouvé ce téléviseur Philips 24 pouces au marché aux puces du vendredi. Il a demandé au vendeur de le lui ranger du mieux qu’il pouvait dans un grand carton kraft. L’homme y a jeté des billes de polystyrène blanches et la notice d’emploi –en chinois –d’une cuisinière à gaz.
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Le lendemain, il se réveilla étourdi par le tumulte de ses sentiments. Une vague de nostalgie l’assaillit, comme la mer recouvre le sable d’une plage puis le laisse aussi luisant que fragile.
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Il tenait également à ce que son livre soit protégé par des pages fermées et repliées l'une sur l'autre, de sorte qu'un curieux se promenant par hasard devant les rayons d'une librairie ne pourrait y avoir accès-car il faudrait pour l'ouvrir un de ces élégants coupe-papiers au manche incrusté d'ivoire qui faisait voler d'infimes poussières sur vos vêtements et dans l'air alentour.
Il n'y aurait pas de résumé sur le quatrième de couverture. son écriture ne se laissait pas abréger: n'était-elle pas la concision même ? (...) En fin de compte, il décida qu'il ne serait redevable à personne. quelle que soit sa consécration, il pourrait dire qu'il s'était fait tout seul, un point c'est tout. La quatrième de couverture resterait parfaitement vierge; on n'y trouverait même pas le prix du livre. (p. 32-33)
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