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Critiques de Doug Peacock (47)
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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

Même si je préfère "Mes années grizzly" du même auteur, Doug a réussi à m'embarquer dans sa guerre atroce au Vietnam et dans toutes les images des grands espaces naturels qu'il a autant dans les yeux que dans la tête, dans l'âme que dans le corps, dans toutes ses pensées, réflexions, analyses.



Et puis, tout au long de ce livre, plane l'ombre de l'immense Edward Abbey, leur amitié constituée au fil de nombreux non-dits, leur relation presque de père à fils et Doug a vraiment eu le comportement d'un fils spirituel envers Edward, veillant sur lui dans son agonie, recueillant son dernier souffle et l'inhumant au coeur du désert solitaire ainsi qu'Ed le souhaitait.



Les premières pages du livre sont largement consacrées à cet épisode douloureux, la perte inéluctable d'un ami précieux, l'avenir qui s'ouvre pour Doug sans sa présence silencieuse, attentive, une référence de vie pour Doug. Il revient d'ailleurs sans cesse vers Ed tout au long de son livre, surtout vers la fin, en insérant même des extraits des carnets d'Edward Abbey et du Retour du Gang de la clé à molette.



Doug Peacock, parcourant l'Himalaya, en vient même à se persuader qu'il est atteint de la même maladie que celle qui a emporté son ami, à peine âgé de 62 ans. Mais, il va survivre, Doug, bien plus longtemps qu'Eward, en gardant pour tout le restant de ses jours cette "guerre dans la tête" qui a emporté sa jeunesse, horrifié qu'il a été par tous les crimes inutiles commis par ses compatriotes militaires au Vietnam : civils assassinés par centaines, hommes, femmes, enfants, nourrissons au nom d'aucun rêve américain, simplement par violence inconsidérée et gratuite.



Ainsi, au fil des pages, Doug, encombré par cette guerre, écrit plusieurs réflexions, personnelles ou en citant Abbey, sur la vie et la mort, avec une grande justesse, une précision philosophique remarquable où malgré tant de noirceur vue dans sa vie, l'optimisme émerge grâce à la nature, la marche, les oiseaux, les fleurs et les grizzlies. Il leur consacre seulement dans ce livre un court chapitre qui traduit son éblouissement d'une journée unique au cours de laquelle il a pu observer le quotidien de plusieurs familles et d'un grand mâle, pas moins d'une douzaine au total. Auprès d'eux, il ressent ce frisson angoissant de la mort, mais là, une mort quasiment offrande aux ours, même s'il fait tout pour éviter un tel dénouement tragique pour ses proches.



Ce sont de très belles pages que propose Doug Peacock avec ce livre, des pages qui pénètrent le corps et l'âme, qui ramènent le lecteur vers les déserts solitaires, ceux de la nature, ceux de la vie, peut-être pas ceux de la mort.
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Mes années grizzly

Très beau livre que cette découverte des grizllies avec Doug Peacock qui emmène ses lectures dans une nature sauvage quasiment inviolée de l'Ouest américain. Sa science des ours est très complète puisqu'il y a consacré une grande partie de sa vie. Son récit est empreint de poésie bucolique tout en étant très technique sur les us et coutumes de ces beaux animaux.



Son livre est long, près de 400 pages, et très dense également puisque lorsque Doug aborde un sujet, il va dans les détails, donnant tous les éléments pour que le lecteur intègre bien les situations développées, au point qu’il se trouve presque aux côtés de l’auteur, ressentant sa fascination pour ces grands ours magnifiques.



Il commence son livre par une tempête de neige précoce dans les montagnes du Wyoming. Il décrit avec précision les difficultés de sa marche dans la neige fraîche tombée en abondance. Son esprit vagabonde en même temps et les affres de la guerre du Vietnam reviennent régulièrement à sa mémoire.

On comprend qu’il ressente le besoin de les exprimer et il le fait en alternance avec ses récits d’observation des grizzlies. C’est dur par moments car le traumatisme de cette guerre a été violent pour lui, habitué aux grands espaces sauvages où le fameux "wild" n’a rien à voir avec la sauvagerie de la guerre.



Son parcours parmi les grizzlies fait régulièrement état de considérations météorologiques, de l’importance du vent pour adopter le placement approprié afin de voir les ours sans prendre trop de risques. Pourtant, il se retrouve quelquefois confronté à l’ours debout et c’est le sang-froid qui doit alors dominer pour éviter le pire.



Et puis, il y a d’autres rencontres, amicales, comme avec Edward Abbey, il y a la pêche, il y a surtout un superbe hymne à la nature sauvage dont les grizzlies font partie intégrante et sont bien les héros de ces années que Doug Peacock a passées auprès d’eux.

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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

Depuis le temps que je voulais ce livre, introuvable à prix raisonnable, j'ai enfin eu l'occasion de le lire en numérique. Ne sachant pas exactement à quoi m'attendre, je croyais assister aux pensées d'un vétéran centrées sur l'expérience de la guerre du Vietnam. En réalité, il s'agit d'un récit autobiographique de Doug Peacock dans lequel il parle d'abord de son ami… Edward Abbey : Un auteur que j'adore, ayant beaucoup aimé me promener dans son Désert solitaire, et bidouiller avec son Gang de la clé à molette. Pour quelqu'un qui ne s'intéresse ni à Abbey, ni à ses écrits, je ne sais pas si ce récit de Peacock serait intéressant. Mais pour moi, ce fut une mine d'informations. J'y ai par exemple découvert que le personnage de George Hayducke dans le gang de la clé à molette est totalement inspiré de Doug Peacock, à son grand dam ! Or, ce personnage de George est mon préféré dans le Gang, celui qui m'a semblé le plus intriguant. Dans cette biographie, on retrouve donc l'idéologie écolo des deux amis, celle qui les a reliés en dépit de leur différence d'âge et qui est à l'origine du gang de la clé à molette et, plus généralement, de tous les livres d'Edward Abbey. On en apprend beaucoup sur Abbey lui-même, en particulier sur sa fin de vie. Si Abbey nous a livré Peacock sur un plateau dans ses romans, celui-ci lui rend la politesse en l'explorant à son tour. Cela dit, à travers cette amitié et ce double fictionnel, c'est bien à la recherche de lui-même que part Doug Peacock en écrivant ce bouquin.





« Abbey me rendit sans doute service en créant une caricature de moi-même dont je percevais la nature obtuse quand la mienne m'échappait. Il avait dépeint l'ex-Béret vert Hayduke par touches précises, comme un homme pris dans un marécage émotionnel, et il me donna l'envie d'en sortir. La seule chose pire que de lire ses propres écrits est de devenir le personnage de fiction d'un autre. »





Comme le George du roman, Peacok a une guerre dans la tête qu'il aimerait bien s'enlever de là : Celle du Vietnam, de laquelle il est revenu avec des syndromes de stress post traumatique encombrants et handicapants pour sa vie familiale, amicale et professionnelle. Il est aussi revenu de cette guerre avec une colère sourde contre le Gouvernement et son autorité, ainsi que contre l'action humaine en général, les actes de ses semblables : inhumains et violents. «Plus jamais je ne tuerai un inconnu, mais je donnerai ma vie pour préserver une terre sauvage.» Aussi lorsqu'il rencontre Abbey, son adoration pour la nature lui procure un certain apaisement : randonner dans de grands espaces inexplorés et presque vierges permet tout à la fois de renouer avec une certaine pureté, d'ordonner ses pensées au rythme apaisant de la marche, de retrouver une forme de paix avec soi-même que personne ne vient déranger. de s'inspirer de la force de la nature. de caler l'esprit sur le corps, qui devient plus sain à mesure que la marche dure. Un esprit plus sain dans un corps plus sain, c'est le but que vise Doug Peacock - il est d'ailleurs intéressant de lire comme Abbey décrit le corps de George comme athlétique et viril, tandis qu'en vieillissant, Doug ne cesse de répéter que la marche vise aussi à lui faire perdre son trop plein graisseux en même temps que son trop plein émotionnel. Evacuer. La randonnée est le chemin pour y parvenir. Mais ce cheminement n'est-il pas un but en soi, finalement ? Qui serait la recherche de soi-même, l'adéquation corps-esprit quand la civilisation nous fait nous égarer.





« Comme Abbey, j'ai toute ma vie cherché un juste équilibre entre l'amour de mes proches et les marches solitaires en pleine nature. Il n'y a pas de canyon plus profond que la solitude. »





La rébellion d'Abbey contre les actions institutionnelles amochant la nature ont doublement du sens pour Peacock : Elles lui permettent de défendre ces refuges naturels, où il peut vivre en solitaire, en même temps que d'exprimer sa colère contre l'autorité gouvernementale. Ainsi Abbey et Peacock explorent, mais aussi sabotent. le gang de la clé à molette, c'est eux. Eux qui veulent préserver la nature, car seule sa beauté virginale parvient à leur faire apercevoir la beauté de ce monde qu'ils ont tendance à voir noir et laid - du fait de leur tendance commune à la dépression, causé par leur état de santé respectif, différent mais défaillant. « Je m'efforce d'absorber toute la beauté que contient le monde ». Lorsqu'on lit ce récit, on retrouve les caractéristiques de personnages du Gang, et l'on comprend beaucoup de chose du roman. Et en visualisant de vraies photos de Peacock jeune, je me rends compte à quel point Abbey était un auteur doué car elles correspondent exactement à l'image de George que sa plume avait forgée en moi.





Je n'ai pas été immédiatement subjuguée, en revanche, par la plume de Peacock : ses descriptions de la nature n'ont rien de comparables avec celles de Thoreau ou Abbey. L'intérêt premier de cette lecture fut donc de me replonger dans l'univers d'Abbey et de Hayduke, de l'approfondir, de rencontrer George. Mais au fil de cette lecture, j'ai finalement rencontré Peacock himself, en même temps qu'il a dû se (re)trouver en l'écrivant : Perdu, ne sachant plus où il en est et comment se définir au retour du Vietnam, c'est en décryptant son amitié et son double fictionnel que Peacock se présente à nous, et qu'il essaye de démêler le vrai du faux dans sa tête, où la guerre fait encore rage. C'est le cadeau que lui a fait Abbey. C'est donc seulement dans ce second temps que Peacock est parvenu à me faire entrer dans sa tête, son paysage, son naufrage matrimonial et ses épopées de nature writing, notamment avec les grizzlys qu'il excelle à dépeindre. le ton de son récit a alors fini par m'imprégner, lorsque les nombreuses facettes de ce récit ont commencé à interagir entre elles. J'ai été projetée de plein fouet dans la guerre qui faisait rage dans sa tête, ballotée entre les images du Vietnam, son âme blessée, son coeur qui saigne. Et cet espoir de rédemption dans la nature, qui le rattache au monde physique : celui de la vie, et des vivants.





Un besoin de terres sauvages que Laurens van der Post résume ainsi : « De retour aux premiers temps de l'humanité, lorsque tout était vivant, magique, empreint d'un magnétisme frémissant puisé à la plénitude du Créateur, quel qu'il soit. Et je vécus là quatre semaines entière, et peu à peu, grâce aux animaux, je fus rendu à moi-même, à mon humanité ».

C'est là, parmi les grizzly, que Douglas Peacock se sent rendu à la sienne. C'est en définitive un récit différent de ce à quoi je m'attendais, mais bien plus riche, qui se termine par une randonnée dans un lieu où « la guerre et le désert - mes deux sujets de prédilection - se rejoignent. » Peut-être l'espoir que toutes ses expériences et facettes de lui-même ne sont pas si incompatibles. En tous cas je referme ce livre avec la furieuse envie de lire son récit sur les grizzlys !





« vingt-cinq ans à ressasser la guerre dans la rage, ça fait trop. Ça laisse des traces. La guerre a duré trop longtemps. »

« Le guerre est finie, me dis-je. C'est vrai, ma guerre est finie. Libre à moi de canaliser ma férocité de nouvelles façons, d'apporter un peu de cette nature sauvage à ceux que j'aime. »

« La marche m'a délivré. Je rêve l'espoir de la joie ».

« Je voudrais aussi retomber amoureux. (…) J'hésite pourtant à l'idée de vivre une nouvelle passion, de risquer une blessure ».

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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

Brisé à son retour de la guerre du Viêt-Nam où il était brancardier, Doug Peacock fait la connaissance d’Edward Abbey, l’auteur de « Désert solitaire » et du « Gang de la clef à molette » (roman dans lequel Abbey s’inspire de Peacock pour créer son personnage emblématique de Hayducke). Ce dernier va lui faire découvrir l’immensité des déserts américains, la faune et la flore de ces espaces sauvages et surtout une philosophie naturaliste, le fondement de la véritable écologie. De cette rencontre va naître une amitié rare et profonde. Edward Abbey fera de Doug Peacock son exécuteur testamentaire.

« Une guerre dans la tête » raconte à travers les récits des périples de l’auteur au Népal, sur l’île Tiburon au Mexique, dans l’Utah ou dans le parc national de Glacier dans le Montana, sa reconstruction et sa vie qui reprend tout son sens.

Ce récit est une leçon et une immense bouffée d’oxygène. A découvrir tout comme « Désert solitaire » d’Edward Abbey.

Le roman prend le titre de « marcher vers l’horizon » dans la collection Totem des éditions Gallmeister (On se demande bien pourquoi).

Traduction de Camille Fort-Cantoni avec le concours du centre national du livre.

Editions Gallmeister, 240 pages.

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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

Doug revient de la guerre du Vietnam avec un stress post-traumatique. Il n'y a plus de frontières entre la vie et la mort. Il est socialement inadapté. Il se lie d'amitié avec Ed Abbey, plus âgé, écologiste engagé et activiste. Il veut vivre mais ne trouve plus sa place dans ce monde.



Alors, il accompagne Ed dans ses randonnées, en fait seul aussi. Marcher le reconnecte à son corps. Il découpe l'année entre vie de famille et randonnées dans le désert américain, l'ouest ou le Népal.



Il y a beaucoup d'alcool, des compagnons de route, la solitude malgré tout, la dépression, la colère et la violence mais aussi le chemin vers la résilience, des paysages à couper le souffle. Les pieds ancrés dans la terre, Doug avance.



Malheureusement comme dans toute vie, il y a la mort, il accompagne Ed en fin de vie, résolu à respecter les dernières volontés de son ami.. Son père meurt également. Ses névroses s'aggravent et malgré tout leur amour, sa femme et ses enfants le quittent. Cette solitude mentale qui le poursuivait depuis des années, devient également physique. Doug reprend la route à l'envers, une sorte de pèlerinage en faveur de son ami. Une dernière marche sur un terrain militaire où une sorte de guerre refait surface. le soir, dans son camp, il relit le livre écrit par Ed sur le gang de la clé à molette, dont il est un personnage central. Dans des gestes simples, des endroits rudes et sauvages, il comprend que toute vie va vers la mort, c'est le cycle de la vie.



C'était une si belle journée pour se sentir vivant.



Merci Onee pour ce cadeau, jolie découverte. J'ai peiné à lire ce récit passionnant pour plusieurs raisons : la canicule qui sévissait dans ma région, la lecture sur mon ordinateur portable qui chauffait dangereusement, les moustiques qui attaquaient à la moindre petite lumière, les incendies liés à la canicule et à la connerie humaine, puis les orages, le sauvetage des oiseaux et des animaux, victimes de ce dérèglement climatique.



J'ai aimé le combat de ces hommes, le parcours de Doug et ces paysages grandioses.




Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Mes années grizzly

Pour les personnes qui ont lu le gang de la clef à molette, vous retrouverez le personnage de Hayduke en la personne de Doug Peacock qui a inspiré ce personnage à Edward Abbey. Un personnage haut en couleurs donc, plutôt rustre, solidaire, un brin alcoolique et provocateur mais surtout un fervent défenseur de l'environnement et des grizzly.



Ce livre autobiographique nous permet de comprendre le parcours d'un homme traumatisé par la guerre du Vietnam à laquelle il a participé en tant que soignant.

Son retour au pays est un long cheminement pour tenter d'oublier la guerre lors duquel il canalise son énergie et sa rancoeur dans la défense de l'environnement.



Le texte entremêle ses souvenirs déchirants avec ses réflexions et ses actions qui sont souvent situées en pleine montagne et lors desquelles il observe et filme les ours dans leur milieu naturel à la manière d'une longue thérapie.



Peacock à l'art de décrire la montagne et de nous faire aimer la nature à travers ses paysages sauvages. Il en va de même pour les ours dont son récits regorge de détails très documentés.



J'ai cependant été un peu perturbé par la construction du livre qui selon moi se répète trop et empêche une lecture claire. D'autre part, même si certains épisodes vécus au Vietnam s'inscrivent bien dans la linéarité du récit, pour d'autres je n'en ai pas saisit le sens. Dommage, mais cela ne retire en rien l'intérêt de ce texte militant qui s'inscrit dans une lute contre l'envahissement et la dégradation par l'homme de tous les milieux naturels.

C'est aussi un avertissement à ceux qui pensent que l'homme et au dessus de tout et que c'est dans la technologie qu'il trouvera le salut.
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Mes années grizzly

Au retour du Vietnam, Doug Peacock est meurtri. Comme de nombreux vétérans, il ne peut pas oublier les horreurs de cette guerre. C’est dans la nature, dans les derniers grands espaces sauvages d’Amérique qu’il cherche d’abord la sérénité, puis qu’il trouve une raison de continuer à vivre. De 1968 aux années 1980, Doug Peacock suit la trace des derniers grizzlys d’Amérique. « Je reviens sur ces lieux chaque année afin de suivre les ours à la trace et de tenir le journal de ma vie. Lorsque je suis rentré du Vietnam, alors que chaque année aurait pu se fondre dans la suivante, que j’aurais pu me perdre dans mes souvenirs sans que rien ni personne me fasse prendre conscience des années qui passaient, les ours m’ont fourni une sorte de calendrier. » (p. 15)



Le texte mêle les chroniques d’hiver de Doug Peacock et ses souvenirs du Vietnam. Sa découverte des grizzlys le renvoie à ses traumatismes de guerre qui ressurgissent sans crier gare. « Les dix années qu’a duré la guerre du Vietnam ont été perdues pour moi. » (p. 95) Mais, à mesure des étés dans les montagnes du Wyoming ou dans le parc du Yellowstone, Doug Peacock fait battre en retraite ces images d’un autre monde. Loin des hommes et de leurs crimes, il retrouve sa sérénité auprès des ours. « Je n’ai fait preuve d’aucune aptitude à réintégrer la société. » (p. 20) Loin des hommes, il ne perd pas son humanité, mais il cherche quelque chose de plus puissant que lui, une puissance qui ne soit ni nocive, ni destructrice comme peut l’être celle de l’homme. La force brute de la nature remporte le combat face au pouvoir néfaste de la guerre.



L’observation respectueuse des grizzlys est un vibrant plaidoyer pour cette espèce gravement menacée. C’est aussi le combat d’une vie : Doug Peacock a sauvé la sienne en suivant les grands ours et il la met au service d’un animal légendaire. « De mon point de vue, peut-être un peu tordu, sauvegarder les ours était une idée révolutionnaire : une tentative pour empêcher notre monde de devenir complètement dingue. » (p. 124) Doug Peacock dresse le portrait d’un animal dont la noblesse et la puissance ne sont pas vaines : le grizzly ne tue pas par facilité et il renvoie l’homme à ses propres instincts et à sa propre humilité. Mes années grizzly est un hymne à la nature et au monde sauvage. L’auteur exprime à mots à peine couverts sa haine de l’exploitation abusive des ressources naturelles et de l’extermination des grizzlys et autres espèces endémiques d’Amérique. Il ne cache pas un mépris certain pour les grands troupeaux d’élevage qui rappellent si malheureusement la disparition des hordes de bisons et, par là même, la disparition d’une richesse faunistique et floristique.



Cette autobiographie polymorphe parle d’hommes, d’un homme, de nature, de respect, de guerre et d’espoir. L’écriture est puissante, sans compromis : l’auteur lance son message et il n’entend pas cacher la réalité. Un texte essentiel pour les défenseurs de la nature, mais aussi pour ceux qui cherchent comment dépasser et transcender un traumatisme.

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Mes années grizzly

Comment un homme arrive à se sortir (à peu près) des traumatismes de la guerre du Vietnam grâce au grizzli ?

Durant dix ans Doug Peacock part à leurs rencontres au travers des grands espaces américains. Ce cercle d'écrivains nature-writing qui se connaissent me donne toujours un bien-être à les retrouver. Ce livre, acheté il y a six mois, je l'ai volontairement fait attendre en le regardant parfois. Un peu comme je rêve de le faire avec un grand cru. L'auteur s'est déjà retrouvé deux fois héros dans un roman, le gang de la clé à molette et impossible de me rappeler l'autre. J'ai toujours eu une fascination pour les ours, d'ailleurs un rêve me revient régulièrement : je descends boire un café et au milieu de la cuisine un ours est là debout. Donc cet autobiographie ne pouvait que me plaire, je m'y voyais. Mais aurais-je eu le courage de m'approcher d'eux aussi près que l'a fait Doug Peacock ? Mon admiration est sans limite. ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️
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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

Est-ce sa guerre du Vietnam qui l'a transformé en fou furieux, ruinant son ménage et engendrant des querelles avec son meilleur ami, Ed Abbey, l'auteur du 'Gang de la clé à molette'?



Ses grands moments de bonheur sont ceux qu'il passe dans les déserts du sud-ouest, les barrancas mexicaines, au Népal ou en compagnie des grizzlis mais désolé, sa manière de raconter, décousue et encombrée de détails désuets ne m'a pas séduit.

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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

Le plus grand traumatisme de l'écrivain durant cette guerre du Vietnam sera d'avoir tenu dans ses bras des bébés criblés de balles. Pour tenter d'estomper ses peurs et cauchemars, il marche et fait des ascensions. Ce récit est aussi, pour mon plus grand bonheur, un hommage à Edward Abbey. C'est la première fois qu'une lecture me fait l'effet d'être en compagnie de connaissances communes. Il y parle aussi de Jim Harrison et de Terry Tempest Williams à qui l'on droit le sublime roman ‘Refuge'. L'émotion est à son comble quand il raconte l'enterrement illégal d'Abbey dans le désert et ses derniers jours. Suis surprise qu'il n'est jamais question de Rick Bass comme le fait ce dernier. Unique fois aussi où je lis quelqu'un qui est le héros dans deux livres lus précédemment. Doug Peacock dit, je cite : ‘La seule chose pire que de lire ses propres écrits est de devenir le personnage de fiction d'un autre.'

Une belle balade au coeur de la nature et de l'homme tout en pudeur. Un homme, un vrai !



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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

Le hasard fait bien les choses : mon premier livre au cours de ces quatre derniers mois, qui ne soit pas lié de près ou de loin à l'enseignement, pédagogie, didactique... ou à ce fichu master à terminer. Premier livre en quatre mois. Une grande inspiration au terme de trop de temps sous l'eau. Une escapade pour se ressourcer.



Et donc pour en revenir au hasard heureux, retour auprès de l'un de mes héros, Doug Peacock, cette fois-ci dans "Walking it off", pour un voyage le long de trois sentiers essentiels de sa vie : le Vietnam, la fuite dans la nature sauvage à la recherche du noyau dur de son âme toute cabossée et le long deuil de son mentor, meilleur ami et figure paternelle, Edward Abbey.



Un voyage un peu différent du précédent, mais au cours duquel on retrouve, avec grand plaisir dans un épisode (un peu trop court), quelques ours au détour du Grizzly Hilton, mais également la relation jamais paisible de Peacock et Abbey, les dernières heures de ce dernier, les paysages étranges et inhospitaliers des contrées désertiques du sud ouest des USA et du nord du Mexique rendus magiques par les mots de l'auteur.



Un thème récurrent (je passe le traumatisme de la guerre et son absurdité, la réflexion Peacock étant plus intéressante sans remâchage-recrachage par un tiers) que l'on retrouve dans les écris d'autres Nature Writers, éco-écrivains et naturalistes, et que je trouve particulièrement intéressant, les notions de « wildness » et de « wilderness », l'un dans l'homme nourri par l'existence de l'autre qui doit être préservé afin de préserver le noyau dur de l'âme humaine... je m'exprime bien mal, et je m'embrouille pour le coup.



En bref, un livre que j'ai lu très rapidement et avec grand plaisir de retrouvailles de Doug Peacock, malgré des sujets difficiles, un récit très personnel, souvent touchant et parfois difficile à comprendre (sérieux, l'impact de la guerre sur la psyché, qui ne comprend pas les mots, mais qui comprend le traumatisme?), quelques touches d'humour et beaucoup d'humilité. Des passages à lire et relire, à travers les grands déserts sauvages et les contrées grizzlies. Mais sans doute en complément de Grizzly Years que je recommande plus chaudement.
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Mes années grizzly

Doug Peacock revient du Vietnam marqué par le souvenir des atrocités dont il a été témoin; Traumatisé par cette guerre « qui n’est pas la sienne », fatigué par la bêtise de ses congénères, il part sac au dos rechercher la solitude dans les forêts du Wyoming et du Montana. Mais la solitude ne suffit pas à chasser les cauchemars...

Jusqu’à ce que, au détour d’un sentier, il fasse une rencontre frappante : Un énorme ours, l’Ursus horribilis, ou grizzly pour les intimes, se tient à quelques mètres de lui.

Se retrouver devant un Grizzly, c’est un peu comme se retrouver face à sa propre mort : cet animal immense et puissant, en moyenne 250 kg pour 1,5 mètres au garrot, est connu pour son mauvais caractère.

Pour Doug Peacock, cet électrochoc est salutaire. Il se prend de passion pour l’animal et vouera sa vie à son observation et à sa protection, au point d’en devenir l’un des plus grands spécialistes au monde.

Un récit intelligent sur la guerre et ses ravages mais surtout sur l’immensité de la nature et de la vie sauvage. Des bienfaits qu’elle peut avoir sur l’homme jusqu’à l’urgence de sa protection, le discours de doug Peacock est celui d’un homme tombé amoureux de ces espaces sauvages du nord des États-unis, territoires d’un animal fascinant et méconnu, le Grizzly.

A mi chemin entre le récit de voyage et le documentaire animalier, on y apprend une multitude de choses sur cet animal emblématique. Quelques coups de gueules écolo de bon sens viennent ponctuer le récit, qui rappellent que le grizzly, plantigrade solitaire qui a besoin de beaucoup d’espace pour vivre, est aujourd’hui menacé par l’industrie du tourisme.

Une bouffée de grand air que j’ai beaucoup apprécié.

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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

Ce livre est parmi ceux qui m'ont le plus bouleversée.

Ce n'est pas le récit romancé d'une vie, ce n'est pas une biographie, ce serait plutôt le partage des réflexions les plus intimes avec Doug Peacock au terme d'une résilience.



Il invite le lecteur à cheminer en sa compagnie dans son passé (quand l'humeur s'obscurcit ), ou dans les déserts ou dans les montagnes...là où ses pas le mènent, on le suit.Et, chemin faisant, il parle au lecteur de son vécu, de ses deuils, de son ressenti,de ses doutes et ses désillusions, de ses émotions.

Le ton est juste, pudique mais derrière les mots se cache mal une sensibilité extrême, celle-là même qui a dressé un rempart entre les hommes et lui au retour de la guerre du Vietnam : " je n'étais plus sûr de rien ".

Il a souffert, douté, perdu pied, chuté,pour toujours se relever .

Sa force de survie, c'est à la nature qu'il la doit.

La nature et le monde animal, une force née de son extrême sensibilité, car,quel que soit l'état d'esprit du moment, il y a toujours une petite place pour l'espoir qui peut renaître face à la beauté ou à l'innocence.

Et cela,c'est la nature originelle qui va peu à peu contribuer le rééquilibrer.



Mais, arrive un moment où à nouveau il accepte l'autre, jusqu'à renouer avec l'amitié.

Le terrain est encore fragile, mais suffisamment fort pour que naisse une amitié indéfectible, jusqu'à la mort, celle de Edward Abbey...

"c'est avec Ed que j'ai vu la mort au plus près--en attendant mon tour...je me suis enfoncé dans ce qu'est la mort. J'ai vu dans ses yeux un autre monde: il a eu une si belle fin...son agonie fut le plus brave et le plus beau des dons qu'il m'ait faits ."

Car, cet homme qui fut brisé par l'horreur a permit à Abbey, son ami, de mourir dans la sérénité et la paix,en accord avec lui-même et les siens.

Ces funérailles font l'objet d'un chapitre du livre. .." je trouvai l'endroit idéal pour planter le corps de mon vieil ami. L'air du désert était lourd d'une pureté rare et vive.

Je me sentais bien...Nous portâmes le corps d'Ed au-dessus du sol accidenté et je fus choqué de constater combien il était léger, léger comme un nuage, comme la brume sur la colline. Comme s'il s'était envolé. "



Et son cheminement continue, la vie le rattrape.

Il reconstruit une famille Mais, jamais il n'oublie et reviendra quelques années plus tard se recueillir sur la pierre tombale de Abbey, (après avoir traversé à pied un champ de tir dans le désert, interdit au public bien sûr ! !)

" Eh bien Ed, me dis-je en m'allongeant près du feu... me voilà. Tu ne vas pas me croire dis-je à la fumée, mais je me suis plus ou moins calmé, je me suis remis dans une forme décente. J'ai canalisé mon appétit de vivre et j'essaie maintenant d'être un bon père. Et ma colère--le poing levé de Hayduke--Ed ? Eh bien , j'essaie de lâcher prise...en traversant le champ de tir, j'ai laissé derrière moi une grande partie de la guerre. "

Hayduke, personnage du "Gang de la clef à molette" est un anarchiste, écolo, un peu dingue,et Abbey dit que c'est Peacock qui lui aurait servi de modèle. Mais ,Peacock affirme que le véritable Hayduke, c'est bien Abbey himself !!!
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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

Pour moi, Doug Peacock était surtout l'homme qui a inspiré le savoureux Hayducke d'Edward Abbey dans Le gang du clan à molette.

Mais Doug Peacock gagne a être encore mieux connu, et son livre Une guerre dans la tête, permet de comprendre et cerner un peu cet homme exceptionnel.

Peacock, après avoir été un infirmier chez les bérets verts au Vietnam, revient cabossé par les horreurs de la guerre. A l’époque, on ne parle pas encore de syndrome post-traumatique.

Dans son livre Peacock va relater sans concession, mais avec beaucoup d’honnêteté des moments clefs de sa vie . Ses habitudes à chercher à se ressourcer au cœur de la nature sauvage, son amitié avec Abbey. J'ai d'ailleurs trouvé toute cette partie du livre très émouvante et pleine d’émotion.

Ce livre permet vraiment de mesurer le cheminement de Peacock du Vietnam jusqu'au défenseur de la nature.

La partie consacrée aux grizzlis m'a donné envie de me plonger très vite dans Mes années grizzlis.

L'auteur a une très belle plume, et ses descriptions des lieux qu'il a traversé étaient très imagées et fort bien écrites. Je me suis d'ailleurs empressée de regarder sur le net certains endroits qu'il a cité, et c'est vrai que la nature sauvage, en particulier les déserts sont vraiment magnifiques.

Une magnifique ode à la nature sauvage...
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Mes années grizzly

Amateurs de récits d'aventures, ne passez pas votre chemin, ce livre est beaucoup plus qu'un livre sur les ours !

Ce livre est avant tout un hymne à la nature et un vibrant plaidoyer pour sa protection et contre les violences que l'homme lui fait subir.

Douglas Peacock revient de la guerre du Vietnam laminé et incapable de se réinsérer dans la société.

La seule manière de reprendre pied est, pour lui, de se rapprocher de la nature et de s'y ressourcer.

Les grands espaces de l'Ouest américain et leurs grands parcs naturels lui permettent de se reconstruire grâce à la proximité qu'il entretient avec les éléments naturels.

Et c'est là qu'il va faire les rencontres qui décideront de sa vie : les grizzlys !

Pour nous un grizzly c'est un ours, pour lui c'est « l'OURS », magnifique, solitaire, maitre de la nature où il trouve les aliments qu'il lui faut à chaque saison, et les lieux où hiberner chaque hiver.

Peacock va développer une passion pour cet animal au point d'en devenir un grand spécialiste.

Son but, chaque année, sera de retrouver les grizzlys déjà repérés et de les voir évoluer et, si possible (il faut bien gagner de l'argent), les filmer pour des vidéos très appréciées.



Ce livre, un peu fourre-tout parfois, passe des récits de de camping sauvage aux souvenirs douloureux de la guerre du Vietnam, aux années postérieures où l'auteur va fonder une famille.

Peacock sera le modèle du personnage principal du « Gang de la clé à molette » d'Edward Abbey et des "Derniers grizzlys" de Rick Bass.

C'est un récit inoubliable autant sur le plan humain car l'auteur se livre beaucoup, que sur la défense de la nature et la nécessité de conserver des étendues complètement sauvages pour ne pas éliminer de la terre des espèces en danger.

Je vous engage à lire les billets des autres babeliotes qui partagent mon enthousiasme !

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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

Ami personnel de Jim Harrison et surtout d'Edward Abbey, celui qui a inspiré le personnage de Hayduke dans le Gang de la clé à molette et accessoirement spécialiste mondial du grizzly et celui qui a conseillé Jean-Jacques Annaud lorsqu'il a tourné l'Ours, tout ça, ça vous pose un bonhomme.

Son pote Harrison le disait bien, je ne sais plus dans quel livre ou peut-être dans le film de François Busnel : "le paysage peut emporter tous les chagrins".



Après avoir respecté les dernières volontés d'Edward Abbey, après avoir enterré son père, après avoir reçu sa notification d'une invalidité de 100% pour stress post traumatique (appelé aussi syndrome du vétéran), suite à la guerre du Vietnam, il est temps de se reconstruire, de se reconnecter à soi par la marche, la solitude et le contact avec la nature sauvage et de trouver un équilibre entre l'amour des proches et ce besoin irrépressible de partir marcher. "Marcher, marcher encore. Les pieds feront l'instruction de l'âme".



Même si leurs relations étaient quelquefois compliquées, on voit bien à quel point Doug Peacock est affecté par la mort de son ami : "Abbey n'est plus et je suis encore là. Pourquoi et à quelle fin ?"

Et quel sens donner à sa vie lorsque le monde est devenu fou à lier sinon en se retirant dans les terres sauvages et en défendant autant que possible ce qu'il y reste de nature.



Un récit passionnant qui devrait plaire aux inconditionnels d'Edward Abbey, aux militants écologistes, aux marcheurs, aux pacifistes, aux amoureux de l'ouest américain, aux fans de la collection totem de Gallmeister...



Pour une raison que j'ignore, cette réédition a été l'occasion de changer le titre de ce texte édité à l'origine sous le titre une guerre dans la tête.



Challenge Totem.
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Une guerre dans la tête (Marcher vers l'horiz..

«Plus jamais je ne tuerai un inconnu, mais je donnerai ma vie pour préserver une terre sauvage.»

Excellente découverte, une aventure que je ne suis pas prête d'oublier.

Un regard empreint de douleur et de sincérité pour décrire ce qui hante l'âme et l'esprit d'un vétéran, un vétéran déglingué à la démence bien établie.



«On ne quitte jamais vraiment un champ de bataille.»



Vous m'avez embarqué Mr Peacock dans vos balades, j'ai marché avec vous dans la nature sauvage , dans les grands déserts de l'Ouest américain. Des marches salutaires, des exutoires pour libérer l'esprit et tenter d'oublier ces sombres et dures images de la guerre, pour ne plus penser aux horreurs des combats. Observer la nature, l'apprécier dans toute sa splendeur, savourer la magie des lieux, toucher de ses yeux les plaisirs que la nature sauvage nous offre, se faire quelques frayeurs au contact des grizzlis, les suivre dans leur quotidien, leur déplacement, se faire tout petit pour ne pas les déranger et se repaître, en silence, à leur contact, se délecter des parfums de la nature, se retrouver, se ressourcer, s'émouvoir, retrouver un équilibre, simplement ...y retrouver de belles raisons de VIVRE, un second souffle, à la recherche d'une sagesse intérieure, nourrir son âme, être de retour dans son humanité.

«Âgé d'une cinquantaine d'années, je suis venu ici recouvrer ma santé à marché forcée. Perdre à pas cadencés la graisse qui s'est installée, m'éloigner à pied de la guerre, marcher encore et toujours [...], pénétrer dans un monde qui m'apparaît obscurément meilleur, connaître un nouveau départ. Je voulais un supplément de vie, j'attendais plus de l'existence que je m'étais choisie.»

Merci, un grand merci pour cette belle leçon de vie, et toutes les fortes émotions ressenties à la lecture de votre histoire; des larmes naquirent à la lecture de certains passages saisissants.



Une belle histoire d'amitié, orageuse souvent, un bel hommage rendu à son ami Edward Abbey, à qui l'on doit Désert solitaire (livre qui changeait des vies et qui a inspiré une grande partie du mouvement écologiste moderne, qui traite de la puissance de la nature, du rapport de l'homme à la terre, d'une certaine idée de la liberté, un appel aux armes), ou encore «Le Gang de la Clef à Molette». le héros de ce dernier, George Whashington Hayduke n'est autre qu'un personnage inspiré de Doug Peacock.

«Cela dit, Abbey me rendit sans doute service en créant une caricature de moi-même dont je percevais la nature obtuse quand la mienne m'échappait. Il avait dépeint l'ex-Béret vert Hayduke par touches précises, comme un homme pris dans un marécage émotionnel, et il me donna l'envie d'en sortir. La seule chose pire que de lire ses propres écrits est de devenir le personnage de fiction d'un autre.»

Un ami qui lui a légué un formidable instrument de survie : les grandes marches.

«J'étais sorti du Vietnam dégoûté du combat, tournant à vide. Moins d'un an plus tard, je rencntrai Ed. Ce n'était sûrement pas un hasard. Même s'il me fallut des années pour le comprendre, cette sale petite guerre asiatique fut à l'origine d'une amitié de vingt ans. C'était elle qui, les brassant dans un même bouillon, faisait le lien entre la violence, Hayduke, Peacock, Abbey et le combat pour les espaces sauvages.»

L'enterrement de ce grand monsieur est un beau moment, empreint d'une vive émotion, raconté avec beaucoup de pudeur et d'humilité.

«Ed voulait nourrir les plantes.»

Doug Peacock parle aussi de ses amis, Jim Harrison et Rick Bass, et évoque de grands noms de la littérature du Sud-Ouest américain, William Eastlake, Peter Matthiessen, et du mouvement écologique : Rick Ridgeway, Yvon Chouinard.



La mort s'insinue par petites touches au travers de ce récit, la mort : partie intégrante du cycle de la vie. Vivons pleinement, pour bien mourir, pour ne pas avoir peur de partir.

«Si tu as gâché ta vie, alors évidemment tu t'agrippes comme un noyé à la semi-existence que t'offre la technologie médicale. [...] La mort devrait toujours avoir un sens. Ceux qui redoutent le plus la mort sont ceux qui aiment le moins la vie. La mort est la critique ultime de chaque homme. Il faut avoir vécu courageusement pour bien mourir.»

Et protégeons notre nature, préservons la vie sauvage !



Ce roman est un petit chef d'oeuvre !

A savourer sans modération aucune.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Mes années grizzly

Doug Peacock mon héros. Doug Peacock, ours, colosse. Doug Peacock qui se retrouva en 1980 à prendre Arnie "The Barbarian" Schwarzenegger par la paluche pour un week-end camping viril à Yellowstone et accessoirement montrer de plus près (tout est relatif) un grizzli pour une émission des années 70-80, qui, en passant, était une émission "sportive" chasse et pêche avec des guest stars populaires comme victimes. Ne me demandez pas comment je suis tombée sur cette vidéo...

Doug Peacock? Mais comment est-il arrivé là? C'est d'autant plus étrange que c'est à mille années-lumières de Grizzly Years. La vidéo parle d'elle même. Il est à autant d'année-lumières dans ses explications de la voix-off de type commentaire de guerre-animalier rétro.



N'empêche, Doug Peacock est mon héros. Entraperçu dans The Monkey Wrench Gang d'Edward Abbey qui s'est en partie inspiré de lui pour le personnage de Hayduke, puis fil conducteur de The Lost Grizzlies de Rick Bass, Doug Peacock, atypique, profondément déchiré par son excursion au Vietnam, Peacock se matérialise lentement, sauvage, insaisissable, imprévisible et passionné.



À travers le récit de ses années 80, ponctuées de flash-backs au cœur de l'horreur et de l'absurdité de la guerre du Vietnam, et organisées comme une succession de saisons, il raconte sa passion pour les derniers grands prédateurs de l'Amérique du Nord à travers laquelle on découvre sa lente reconnexion à un monde qu'il ne comprend plus. Une sorte de reconstruction de valeurs qui font sens pour lui, celles de la nature et des grizzlis.



Un livre étrange qui se dévore comme une collection de genres littéraires tous réunis dans des aventures réelles. Tension, réflexion philosophique, historique, aventure, confrontations à des géants surpuissants et imprévisibles comme à lui-même et ses échecs malgré principes et résolutions, faits et observations scientifiques, le tout ponctué de moments tendres et d'une générosité surprenants.

Et Doug Peacock, un homme complexe et hors-norme, presque timide, dont les traumatismes ont été un facteur positif supplémentaire à un engagement qui a de quoi décourager les plus solides. Je me suis passionnée pour ses énumérations d'aliments préférés selon la saison par son grizzli (et oui, le contenu des crottes de grizzli est très intéressant), pour son retour annuel vers certains ours (Happy Bear !) et tremblé avec lui dans ses rencontres malencontreuses (The Black Grizzly !) au coin d'un buisson. Des descriptions d'ours et de familles d'ours, de leur comportement, leurs interactions, incroyables. Un homme qui marche, qui écoute, qui sent, qui observe. Un homme qui s'émerveille et se laisse surprendre.



Voilà un livre qui m'a touchée et quelque peu ébranlée dans ma passion tranquille (et monomaniaque) pour ces auteurs merveilleux du Nature Writing, du grand Ouest américain.

Mon regard naïf (sérieux, je suis de la campagne du sud-ouest, campagne ultra-contrôlée et ce tellement anciennement de notre vieux continent... comment saisir l'étendue de... l'étendue sauvage américaine et de ce que l'engagement de ces hommes implique ?!) et ma gourmandise sans borne pour la poésie de ces récits merveilleux ont ici pris une sacrée claque.

On ressent constamment les complications et impossibilités liées à la politique expansionniste américaine (Manifest Destiny, people, Manifest Destiny !!) qui teinte tout, jusqu'aux institutions censées protéger ce qu'ils nomment "Wilderness", concept qui en lui-même implique régulation et "management". L'impuissance qui pousse à l'action furtive et illégale que les lecteurs trouvent si drôle dans The Monkey Wrench Gang et qui a été une réalité, tout au moins dans ses actions réalistes, et non la démesure du fantasme du dynamitage de ponts et barrages sur le Colorado... et toujours la menace de l'extinction aux États-Unis mais surtout l'incapacité humaine de respecter un élément essentiel de son propre écosystème. L'homme, comme le grizzli, est un grand prédateur. Lorsqu'un écosystème meurt, le premier maillon à disparaître est le grand prédateur, grand régulateur de son environnement...



Peacock aujourd'hui âgé de 70 ans et des poussières a recadré ses actions, plus dans la perspective de l'écriture et de l'éducation, dans l'action à travers des associations (je peux attendre la dépêche "le Hoover Dam dynamité !", bah !). Je ne savais pas qu'il avait écrit plus de deux livres. Et bien voilà ma liste qui s'allonge. Et quelle liste ! Un bonheur ! Les pieds sur terre, la tête dans les nuages et en avant pour des lectures passionnantes et qui ont de quoi vous faire enfiler vos godillots et agir !
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Mes années grizzly

Doug Peacock, romancier et naturaliste américain, raconte ici de multiples souvenirs liés aux grizzlis. Depuis son retour de la guerre du Vietnam, Doug Peacock, revenu traumatisé, dédie une grande part de sa vie aux espaces sauvages américains, à sa faune et plus particulièrement aux grizzlis. L'aventurier organise son année selon la saisonnalité des grizzlis, période de réveil après l’hibernation, période de reproductions etc. Il les suit et les observe avec beaucoup de discrétion, retrouvant les mêmes petites familles ou les mêmes ours solitaires saison après saison.

Ce recueil de souvenirs sous formes de petites chroniques datées est un merveilleux document pour les amoureux des espaces sauvages et des ours. Il est tout à fait lisible par les non initiés car l'auteur évoque la vie et les caractéristiques des ours sans entrer dans des détails trop scientifiques et compliqués. Un vrai moment d'évasion où je me suis sentie bien petite et faible face aux espaces américains gigantissimes ( Montana, Yellowstone ... )et à ses ours impressionnants.
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Mes années grizzly

Pour tout savoir (ou presque) sur les grizzlis, par un spécialiste qui les a observés de près (de bien trop près parfois). Pour des balades sauvages au coeur des parcs du Yellowstone(Wyoming) et Glacier (Montana).



Doug Peacock, né en 1942, est revenu traumatisé de la guerre du Vietnam (les passages où il en parle, surtout au début du livre, sont extrêmement frappants -je suis mal remise de l'exploration du tunnel Vietcong) et s'en est sorti à grand peine grâce à des séjours en pleine nature sauvage et à l'étude des grizzlis. Il a servi de modèle à Edward Abbey (un de ses amis) pour le personnage (fêlé) de Hayduke. Sans avoir autant joué de la clé à molette, disons qu'il a été parfois borderline, restant plutôt dans l'intention que l'action. Pour la cause de la nature et des grizzlis, hein!



Au cours de ses récits s'étendant sur les années 70 et 80 principalement, on apprend sans effort une mine de renseignements sur les fascinants grizzlis, magnifiques animaux ayant chacun leur personnalité. Peacock choisit de les observer directement sur le terrain (pas de collier émetteur), finissant par en connaître une bonne quantité, tout en respectant leur territoire et leur mode de vie. Savoir reculer et contourner est de toute façon plus prudent.



Il milite pour laisser les grizzlis tranquilles, sur de vastes territoires, sans routes, sentiers de randonnée et autres aménagements.



Que faire face à un grizzli? Où s'installer pour la nuit dans les zones fréquentées par ces animaux? Lisez ce livre pour le découvrir!



"Les grizzlis communiquent au moyen de leur taille, de leurs postures, de leur gueule, de leurs oreilles et de leurs yeux.Lorsqu'ils se dressent sur leurs pattes de derrière en balançant la tête, ils essaient simplement de mieux voir et de mieux sentir. Un grizzli qui souffle des whoosh est inquiet mais ne représente pas une menace pour l'homme. Par contre, s'il lance des woof tout en restant sur place, il peut être dangereux. Quand il ouvre et ferme ses mâchoires tout en bavant, il est temps de prendre la fuite. S'il baisse la tête vers l'une de ses pattes de devant tout en regardant sur le côté, il vous indique qu'il aimerait s'éloigner paisiblement si vous en faites autant. Si sa tête est tournée vers le côté, vous pouvez encore vous en aller. Si elle est basse, mais bien droite, et que ses oreilles sont rabattues vers l'arrière, il est sur le point de charger. Si, au dernier moment, ses yeux deviennent fixes et froids, vous êtes vraisemblablement dans un beau merdier.(...) C'est certainement l'ultime signal que vous recevrez avant de voir une masse de fourrure fondre sur vous."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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