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Critiques de Driss Chraibi (109)
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La civilisation, ma mère !...

Magnifique roman qui raconte l histoire d une mère orpheline très tôt, adoptée pour servir de bonne et mariée trop tôt à un homme beaucoup plus vieux qu elle. Cette mère simple, menue, fragile, gardienne des traditions dans le maroc des années 30. Ce livre raconte le fulgurant changement de cette mère grâce à ses fils. Petit à petit des objets "magiques", radio, téléphone, vont entrer dans son quotidien de femme seule, le mari est souvent en déplacement et les fils à l école. Au début, ses fils pour ne pas la brusquer lui font croire que la radio fonctionne grâce à la magie, parce que parler d électricité serait trop brutal pour elle et de toute manière elle ne comprendrait pas. Comme une petite fille elle y croit, qu un homme, un magicien, habite la radio, elle lui donnera à manger, lui parlera. Ensuite par amour pour leur mère, ses fils vont petit à petit lui inculquer leur savoir, ce ne sera pas facile pour ses ados de retranscrire ce savoir en arabe mais ils y arrivent. Ils décident ensuite de la faire sortir de la maison, lui faire voir le monde, au début elle a peur, elle n ose pas parce que ça ne se fait pas et tout ça dans le dos du mari bien évidemment. Elle va apprécier cette liberté acquise que trop tardivement, elle devient insatiable, comme l aveugle qui recouvre la vue. Elle decide d aller à l école, plus rien ne l arrête. Elle prends tellement goût à sa nouvelle vie qu elle se met à transmettre son savoir à toutes les femmes qu elle côtoie, devient une féministe engagée au péril de sa vie. Elle se mêle de politique, elle veut changer le monde. C est un livre très bien écrit je regrette qu il ne soit pas plus connu. Lu après le livre d Albert Cohen le livre de ma mère, ce dernier m a paru très fade. Je préfère de loin cette histoire de deux fils qui par amour pour leur mère vont l affranchir et il est là le véritable amour.
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La civilisation, ma mère !...

Ce livre restera pour moi comme un pont entre 2015 et 2016 et dans ma mémoire un pont jeté entre Orient et Occident et à sa parution entre tradition et modernité. Petit récit de 150 pages balancé en son milieu entre Etre et Avoir, les deux fortement imprégnés en filigrane d'un avoir tété omniprésent dans la narration. Et si ce n'est point l'été, ce souffle chaud exhalé du Maroc m'aura réchauffé le coeur.



Dans une famille aisée marocaine, fin des années trentes, deux frères vont s'unir pour sortir leur mère de son enfermement. La première partie, racontée par le plus jeune, est pleine d'humour avec l'apparition d'un magicien dans une boîte qui parle, poignante aussi, avec la découverte, à près de trente ans, des arbres, de l'herbe et d'un ruisseau durant cette première sortie hors de la maison. Après le départ du petit loustic pour la France, la seconde partie retraçant l'émancipation de cette femme et la conquête de sa liberté nous est narrée par Nagib, l'aîné, avec beaucoup de tendresse et en attirant aussi, avec autant de délicatesse, notre attention sur le déchirement du père vivant l'effondrement des traditions sur lesquelles il avait bâti sa vie.



Par une triple mise en parallèle de la sortie de la seconde guerre mondiale, de la sortie du Maroc du concordat sous la tutelle de la France et de la prise en main de sa propre destinée par cette mère admirable, Driss Chraïbi nous invite à nous interroger sur les efforts, risques et renoncements nécessaires pour acquérir notre affranchissement. Sous un faux ton de légèreté, passé la distanciation d'un humour très présent, au-delà même de l'amour filial il y a beaucoup de profondeur et une main tendue à trouver des réponses aux questions que nous devrions nous poser.



Ainsi devrait se terminer ma chronique dans le ton léger, loin de tout pathos, propre à ce petit livre plein d'humanité et de bon sens. Hélas ! Quelques barbus disséminés s'arrogent le droit par l'usage des armes de vouloir nous faire faire le chemin à l'envers et reconduire les femmes à l'enclos, sous le joug. L'Histoire nous prouve que les hommes apportent l'amer, alors que, depuis toujours, chaque femme porte la mère. Lisez ce livre, car l'hiver est en train d'arriver ! Au moins vous mesdames, lisez-le et exercez ce qu'il vous reste temporairement de liberté, car le sang qui a commencé à couler est le vôtre à n'en point douter et encore et toujours sans qu'ils ne vous aient rien demandé. De Barbarie, je me souviens que ma grand-mère, qui endura deux guerres mondiales, n'aimait rien d'autre que les figues...
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Le passé simple

Je crois que ce livre est ma première incursion dans la littérature marocaine, et pour une première, je n’ai pas choisi le plus simple, quoi qu’en dise le titre.

Driss a six frères, un père très riche, très puissant, qu’il nomme Le Seigneur, et une mère qui a été totalement brisée par la vie qu’elle a menée. Ses seuls rôles consistaient à tenir parfaitement sa maison (son voyage, en compagnie de son fils, au milieu du livre, lui paraît presque irréel) et à mettre au monde tous les deux ans un nouvel héritier. Elle est quasiment la seule femme du roman, la seconde que nous croisons est répudiée pour une soupe froide, et ré-épouser le lendemain. Elles sont tellement résignées à leur sort que s’en est presque choquant, notamment la réaction de la mère, après le décès de son petit dernier, dans des circonstances plus que troubles. Il n’y aura pas d’enquêtes, cependant, le Seigneur est trop puissant. Puis, qui se soucie de la mort d’un petit marocain ?

La violence est omniprésente, que ce soit dans le récit ou dans le style d’écriture choisi. Driss a été choisi, parmi ses frères, pour recevoir une éducation à l’occidentale, et s’il montre son impossible intégration dans la société occidentale (ses condisciples ne le considèreront jamais comme leur égal), il se révolte également contre le poids des traditions marocaines, rejetant tous les "espoirs" qui ont été placés en lui.

La lecture de ce livre a provoqué chez moi une forte sensation d’étouffement – la liberté n’est qu’illusoire dans ce texte, et les pauses sont difficiles à trouver dans ces longs chapitres. Terminer ce livre, terminer la rédaction de cet avis est un soulagement.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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La civilisation, ma mère !...

Livre très drôle dans sa première partie où la mère découvre peu à peu la civilisation grâce à ses deux fils. Il y a dans ce roman des scènes d'anthologie sur l'utilisation du téléphone, l'apparition de l'électricité dans la maison ainsi que du "génie" de la télé à qui elle porte un repas chaque soir, pensant que le monsieur de la télé le mange !

Dans la seconde partie du livre, c'est à une femme libérée et cultivée qu'on a à faire, mais une femme qui est aussi consciente de tout ce qu'elle a raté dans sa jeunesse. Très beau portrait d'une mère marocaine.
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Le passé simple

L' écrivain marocain , Driss Chraibi , a publié son roman ,"Le Passé simple"en 1954 .Lors de sa publication , le livre a soulevé un tollé de protestations contre son auteur qui expose des thèmes jugés attentatoires à la religion ,la société marocaine en général et aux traditions séculaires du pays .Car pour juger ces protestations , il faut se placer dans le contexte de l' époque : le Maroc n' est pas encore indépendant car sous le Protectorat français . le héros du livre ,Driss , clame haut et fort sa révolte. l''auteur a écrit son livre pour exprimer sa révolte contre l' autorité parentale et contre la tradition . A cette époque , il est fortement influencé par la civilisation française , il a idéalisé l' Occident .

Driss Chraibi reste un des grands écrivains marocains .

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Le passé simple

Driss (même prénom que l'auteur), 19 ans, étudiant à l'école occidentale de Casablanca, écartelé entre deux cultures, tente de se révolter contre l'autorité de son père (appelé le Seigneur et qui ne s'exprime qu'à la 3ème personne du singulier) et le poids de la morale religieuse.

Écrit dans les années 50, on comprend le scandale à la parution de ce livre qui ose critiquer ouvertement l'hypocrisie de certains religieux et le sort réservé alors aux femmes marocaines.



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Le passé simple

Un livre poignant et noir qui porte sur la société marocaine durant la période du Protectorat français.

Driss, dix-neuf ans, fait partie de cette nouvelle génération qui doit trouver sa place entre deux cultures présentes dans le pays. D'origine marocaine, il porte peu à peu un regard critique sur la société dans laquelle il a grandi, notamment par le biais d'observations assez violentes : l'Islam règne mais personne ne la pratique comme il le faudrait. Son père bat son épouse, une pédophilie constante chez les hommes les plus prestigieux, une pauvreté omniprésente, des aumônes inexistantes... Cet œil critique lui vient de sa nouvelle éducation : une scolarité européenne. Elle lui offre de nouvelles voies, y compris une échappatoire à ce monde qui l’étouffe et le fait rager intérieurement. Plus les pages avancent, plus on comprend qu'une guerre ouverte s'est instauré entre le Seigneur son père et Driss. Un jeu d'échecs est mis en place. Qui en sortira vainqueur ?



La lecture est réellement difficile. Le roman comporte beaucoup de passage où le récit est coupé par des digressions très longues et dont il est difficile d'en connaître l'utilité. Mais surtout à suivre. Le vocabulaire est très riche mais pas forcément accessible à tout le monde. Et l'ambiance qui y règne dans ce Maroc au double visage est très pesante.

Je ne dirai pas que je n'ai pas aimé ce roman, mais je ne l'ai pas aimé non plus. Driss et le Seigneur m'ont beaucoup captivé. Ils sont deux personnalités fortes qui se ressemblent sur pas mal de points malgré leur divergence. Ils sont les éléments conducteurs de l'histoire et ce qui en fait toute la force. Néanmoins, cette relation malsaine m'a contaminé en plus de ce mal-être qui était présent dans ce Maroc des années 50. Alors lorsque j'ai refermé le roman sur ces dernières pages, j'en suis restée déboussolée.

Et c'est pour cette raison que je conclurai cette critique en écrivant ces quelques mots : J'ai trouvé à travers Le passé simple un roman prestigieux qui est loin de laisser indifférent son lecteur.
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La civilisation, ma mère !...

Pourquoi n'avais-je jamais vu ce livre ? pourquoi ne l'ai-je découvert qu'au hasard du commentaire d'une copine. C'est une merveille, grâce à cette délicieuse dame qui donne tous les soirs à dîner...au magicien qui parle dans son poste de radio, qui utilise la cuisnière comme coffret à maquillage, qui trouve génial le système qu'on a inventé pour suspendre les fers à repasser par la prise et par le fil... Lu un bon quart du livre en me disant : "Mon Dieu, mon Dieu, faites qu'il ne finisse jamais. C'est trop bien"

Dommage, la seconde partie est plus convenue

Que tous ceux qui ne l'ont pas lu l'achètent immédiatement. C'est trop poétique, c'est trop beau...Nous aurions tous aimé avoir cette mère, nous aurions toutes voulu avoir ses fils

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L'homme qui venait du passé

Inch Allah ! Voilà Ali. J'en suis baba. Je l'ai trouvé ! En chair et os, si je puis dire. Dans L'inspecteur Ali, souviens-toi (*), ami lecteur, il était le héro d'un roman dans le roman. Une espèce de faire-valoir car le véritable héro du véritable roman n'était autre que l'auteur. Je me rappelle fort bien, l'un des auteurs nous en promettait pure merveille dans Ali coït au Koweït : cela ne s'invente pas. Comme je n'ai trouvé nulle part, j'ai de suite pensé qu'il était une fiction, un mythe. Alors là, l'Ali,^^ dans l'Homme qui venait du passé, c'est bien lui. Il a vieilli ! Il est plus mûr, son ironie est plus sombre, ses réflexions parfois désabusées.



Et cette fois c'est un vrai policier : il y a des morts ! Mais c'est beaucoup plus simple car, somme toute, il suffit juste pour l'inspecteur (en chef !) d'officiellement enterrer le meurtre d'Oussama Ben Laden. Sous le manteau,^^ cependant ...



"- ... Vous plaisantez ?

- Tout à fait. Ma façon de plaisanter est de dire la vérité. Et je plaisante tout le temps. Cela me permet de m'instruire. Fractures ?" p.38 Bien oui, il va y avoir de la casse : l'humour est une arme redoutable. Rares sont ceux qui le manient avec la dextérité de l'inspecteur Ali, mais faut-il encore qu'en face quelqu'un sache parfaitement le décoder. Et ce n'est pas chose facile, pour le lecteur non plus, car l'humour de Driss Chraïbi a la douceur du sucre impalpable, c'est dire combien il est fin. L'humour c'est de l'intelligence au carré.



L'ironie a un rôle très important : elle sert à entourer la trop dure vérité d'un voile impudique. Elle permet de dire ce qui devrait rester caché. Connais-tu la lumière noire qui fait apparaître les pluches autrement invisibles ? Eh bien l'humour noir, c'est pareil. L'humour, l'inspecteur Ali s'en sert comme d'une grenade à fragmentation (**), pour déstabiliser son interlocuteur. Connais-tu Prigogine ? Quand je te dis que je suis ébahi devant l'inspecteur Ali. Il a compris, lui aussi, que derrière l'ordre apparent se cache le chaos, mais ce chaos lui-même renferme un certain ordre. Alors suis-moi très attentivement et fais bien attention de ne pas te perdre dans la médina. L'humour de Driss Chraïbi consiste souvent à parler de l'ordre caché dans le chaos comme s'il parlait de l'ordre apparent. Et à faire comme si il ne le faisait pas. "Il donna vie à la loi du marché qui veut que la drogue soit une monnaie forte dans un monde de concurrence et de libre-échange." p101



Et tout soudain, comme un violent atemi asséné au coin d'un bois, tu te prends une phrase hyper-sérieuse du type "L'univers a été créé par Dieu, selon des lois que l'homme suit plus ou moins. La religion a été créée par l'homme, selon des lois que Dieu doit suivre. Il ne faut pas confondre l'Islam et le Coran, n'est-ce pas ? L'inspecteur Ali l'approuva avec émotion." p.111 et il te faut bien réfléchir aussi. Ou alors, ce qui te montre l'étendue du talent, carrément décoller dans la poésie philosophique : "Et aussitôt, ce fut comme si le temps chevauchait le temps, faisait vivre intensément le passé dans le présent." p.100



Deux cent pages de très grande intelligence, beaucoup d'ouverture, de sensibilité et de finesse. Un véritable bijou, un collier de perles. Faites-vous le offrir Mesdames, empruntez-le, au besoin volez-le ! Dans son dernier livre l'auteur a pris ses responsabilités en défendant avec cran des positions très fermes et très personnelles. Il faut saluer son grand courage. On pourrait s'inquiéter pour lui, dans le climat actuel, mais ce n'est pas la peine. Il est déjà mort. Un premier avril, quand je vous disais son grand sens de l'humour et de l'ironie. "Les voies du passé sont aussi insondables que celles de la Providence chrétienne ou du Nasdaq." p.128 La grande littérature c'est celle qui parvient a exprimer l'indicible, si je l'ai lu quelque part, j'ai oublié où ce qui me permet de croire que c'est de moi ;). En tout cas ce qui suit l'est : même s'il est déjà trépassé, Driss Chraïbi ne sera jamais dépassé. Ce livre est en quelque sorte son testament, ce qui le rend plus précieux encore, d'où mon conseil, Mesdames.



"Pour bien préciser les faits, je vais mettre en majuscule la lettre "i" et souligner le point qui se trouve dessus." p.133 L'humour de Driss Chraïbi ce n'est rien d'autre que de l'amour. Et même s'il se cache, moi je me lève, j'applaudis et je crie pour l'inspecteur Ali, BIS !^^



(*) http://www.babelio.com/livres/Chraibi-Linspecteur-Ali/83523/critiques/946876

(**) Ouiiii comme Krout dans Certes Terces reste secret !

http://www.babelio.com/forum/viewtopic.php?p=177441#177441
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Succession ouverte

Un auteur que je ne connaissais pas et une intéressante découverte en lisant ce roman, qui met en avant différentes questions, politiques, sociétales ou familiales. A la période où le Maroc devient indépendant, un vieil homme riche décède. Les enfants sont alors confrontés à la succession qui se fait d'une façon moderne par la lecture d'une bande magnétique enregistrée par le défunt. C'est un dernier contact avec le père, et il diffère d'un enfant à l'autre, puisqu'ils ont tous évolué différemment, et ont aussi des caractères opposés. Cela va du fils demeuré, à celui qui s'est installé en France et à contracté un mariage mixte, jusqu'à celui qui ne pense qu'à la réussite sociale et à l'argent, en passant par la brute épaisse qui fait agir sa force plutôt que sa pensée, et celui qui a fait un mariage dégradant et vit comme un paria dans un bidonville... Pour cette famille la succession est ouverte, mais elle l'est aussi pour le pays qui tourne la page et doit s'émanciper.

Un style très particulier, un peu déroutant au début du roman, mais une lecture que j'ai appréciée.
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L'homme qui venait du passé

Le commissaire Ali est convoqué par sa hiérarchie après la découverte d'un corps dans le puits d'un riad de Marrakech. le commissaire, électron libre, commence à fureter autour du personnel du riad mais s'aperçoit rapidement que l'homme du puits était un des barons du terrorisme...Il doit démêler les fils de l'enquête et remonter les filières bancaires, politiques et terroristes de l'affaire.



Un roman policier court (heureusement) car le héros principal est particulièrement antipathique, avec ses blagues douteuses à deux francs six sous, ses manières désagréables lors d'interrogatoires, et sa façon de sauter du coq à l'ane. Il n'est pas le seul en cause Driss Chraïbi ne simplifie pas la tâche du lecteur, jamais il ne l'associe à la progression de l'enquête, car il sort le plus souvent de son chapeau, qui des indices, qui des témoins et arrange le tout à sa sauce sans véritable progression ou explication...

Seules, les dernières pages d'invectives politiques m'ont intéressées, l'ensemble du roman étant tellement confus que je suis restée sur ma faim avec cette enquête marocaine.
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L'inspecteur Ali

"- Aïe-aï-ïaille ! Ouillouilouille !" p.82*2 C'est par cette belle formule empruntée au banquier Abou Reg Reg que je me dois de commencer. Parce que Uno, il ne faut jamais hésiter à emprunter une bonne formule, surtout à son banquier, aux taux actuels, même si ce n'est pas pour acheter l'auto mentionnée. Parce que Deuxio je suis comme lui, Abou, d'avoir couru pendant les neufs dixièmes au moins de ce bouquin après cet inspecteur Ali, qui fraye avec un peu n'importe qui, Mikhail Gorbatchev, Saddam Hussein, et prétend connaître George Bush, mais qui m'évite. Absolument, c'est mon ressenti. On m'en promet monts et merveilles dans Ali coïte au Koweït. p.82 (je n'invente rien, moi). Je ne suis pas prêt de le lire celui-là ! J'interromps tout, Reg Reg, je suis essouflé. Parce que Tertio un policier, cela ? Pas de morts ? Même pas un voleur, hormis l'auteur ? J'en reste baba. Ronron pour ceux qui n'auraient pas compris et préfèrent le Chat. D'accord, il y a détournement, oui mais n'empêche, je me sens spoïlé. Puisque c'est comme cela, je vais le faire aussi, pour la toute première fois, pour votre bien.



Voilà je vais dérouler tous les éléments devant vos yeux ébahis comme lorsque vous vous êtes laissés embarquer chez un marchand de tapis. "- Aïe-aï-ïaille ! Ouillouilouille !" p.82*2

- C'est au Maroc, le téléphone vient d'être installé (ça commence fort) chez B. O'Rourke écrivain (oui c'est pas le même apparemment) dont on apprendra de la bouche du narrateur Brahim Orourke (là c'est le même que l'écrivain qui a un nom d'auteur dans le bouquin) qu'il pense en arabe et en berbère pour finalement écrire en français (beaucoup de lecteurs se laissent distraire par ce détail et n'ont du coup plus aucune chance ni de trouver Ali, ni de jouir du moment présent.)

- Il y a des phrases en anglais, certaines traduites d'autres pas, une phrase en allemand, non traduite, une belle phrase en latin p.164 , non traduite comme chez Umberto Eco. Je le mentionne car je sais que certains n'aiment pas. A mon avis, ils ont tort, cela fait partie de l'ouverture d'esprit et du voyage.

- Il y a aussi une blague sur le Coran, et une ou l'autre réflexion sur la religion musulmane qui demandent aussi à être interprétées. Je le mentionne pour les mêmes raisons.

- A défaut de vivre une aventure policière de l'inspecteur Ali, le narrateur nous présente toute sa famille, y compris ses beaux-parents écossais (rassurez-vous ils ne vendent ni tissu, ni tapis) et des scènes de la vie de tous les jours à El-Jadida.

- Brahim nous raconte sa vie, les conférences qu'il donne, les succés littéraires d'Ali, les réceptions dans la haute société marocaine (bref il se la pète), il disgresse sur la littérature avec beaucoup d'autodérision (moi j'aime énormément, mais j'en connais qui sont complètement allergiques et n'apprécient que la raillerie), ici c'est plutôt du sucre très fin (je dévoile mais cela reste impalpable) et il nous décrit des scènes empreintes (le policier se cache partout) de grande gaité avec ses enfants (là c'est plein de vie et très spontané, j'ai adoré) ou de grande tendresse avec sa femme (et vivre sans tendresse, non non non on ne le pourrait pas).

- Et puis, il y a la fin magique, annoncée par un clin d'œil d'Ali. Certains écrivains soignent particulièrement le début de leur livre, c'est tout à l'honneur de Driss Chraïbi, de terminer sur une note vibrante, qui emportera le lecteur encore longtemps après refermé la dernière page.



Et maintenant le vote du jury :

1 étoile pour le climat marocain, si agréable et bien rendu, je suis vraiment parti en voyage

1 étoile pour l'humour qui jailli parfois de façon très abrupte, (je me mords les lèvres pour ne rien dire à vous de trouver la scène p.158) ou qui parfois apparait aussi léger que le voile de la brume matinale (rien avoir avec celui de cette critique qui met en évidence l'importance du détournement)

1 étoile pour Tarik si vif, si espiègle et son frère Yassin plus responsable tous les deux tellement vivants

1 étoile pour remercier Ambage qui m'a conseillé de lire l'autobiographie de Driss Chraïbi La porte à côté et à qui j'avais expliqué préférer commencer par un roman, j'en ri encore de finalement m'être retrouvé avec une autre autobiographie d'auteur



Alors puisque cet inspecteur Ali est un énorme détournement et que je suis tombé médusé sur une artiste pratiquant, sur ce site, cette spécialité bien belge depuis René Magritte, Raymond Devos, Jean-Pierre Verheggen, Philippe Gelluk, Bruno Coppens et tant d'autres, je lui fais, à mon tour, un petit clin d'œil et lui recommande Les Folies-Belgères (1 critique, 1 citation). Voilà qui tissera un lien entre nous http://www.babelio.com/livres/Verheggen-Les-Folies-Belgeres/440693/critiques/818064

Pour ceux qui préfèrent des analyses plus précises, fouillées, détaillées, j'ai aussi deux liens pour aller à la recherche de l'inspecteur Ali.

http://www.limag.refer.org/Textes/Iti27/Dejean.htm

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00984272/document



Enfin pour ceux qui préfèrent les quizz : ils peuvent compter combien de fois 82 se cache dans cette critique, mais franchement il vaut mieux enquêter par vous-même sur l'inspecteur Ali.



Alors dis, il est pas beau mon tapis ? Et pas cher, tu sais.

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La civilisation, ma mère !...

Deux fils racontent leur mère découvrant l’écrit, le monde extérieur, la modernité… après être restée longtemps recluse dans la maison d’un homme, ni méchant, ni despote, mais ancré dans la tradition. La femme se libère peu à peu des préjugés et de l’ignorance… Tout en restant simple et drôle, elle s'intéresse au combat pour l’indépendance, adhère aux mouvements de libération des femmes et milite en faveur du Tiers monde… le parcours de cette femme est tout un symbole. Un livre imprégné des idées libératrices des années 1960-1970.
Lien : http://www.bibliomonde.com/l..
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La civilisation, ma mère !...

Je me suis longtemps interrogée sur le titre et sur sa signification. Elle vient assez vite, la mère de deux garçons qui a été maintenue toute sa vie de l'ignorance, redécouvre la vie par ses deux fils. Petit à petit, ils lui font connaitre la technologie de l'époque (dans les années 40) avec l'arrivée chez eux de l'électricité, de la radio, le téléphone... Chaque nouvel objet est l'occasion d'incompréhensions, d'étonnements de la part de la mère. On sent beaucoup d'amour et de tendresse des deux garçons pour leur mère. Dans la seconde partie, racontée par l'ainé, elle s'émancipe, elle a découvert la liberté et elle y a pris goût ! J'ai eu du mal avec les premières tournures de phrases mais j'ai beaucoup aimé ce texte-hommage sur les femmes marocaines, qui n'étaient que peu considérées à l'époque. Un peu d'amour et d'égards peuvent amener beaucoup. La transformation de cette femme est spectaculaire, un papillon qui sort de sa chrysalide.
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La civilisation, ma mère !...

Le roman "La civilisation, ma Mère !.." de Driss Chraïbi m'a plus et m'a beaucoup intéressé par de nombreux aspects.



Tout d'abord, j'ai trouvé le personnage de la mère très attachant. Suivre son évolution au cours de l'histoire permet de se rendre compte des multiples facettes que peuvent animer une seule personne. De plus, son ouverture au monde et sa "seconde naissance" montre l'importance du savoir, de la liberté et de l'ouverture au monde. Le personnage de Nagib m'a aussi fait sourire à plusieurs reprises par son esprit engagé et toujours de bonne humeur. Pour ce qui en est du père, l'attachement a été plus long puisque il a subit un grand changement avec l'ouverture de sa femme. Le narrateur de la première partie du livre m'a laissé quand à lui plus en retrait. En effet, je l'ai trouvé plus subjectif que Nagib dans l'évocation de l'histoire de sa mère. J'ai trouvais ses interventions dans l'histoire plutôt rares.



Ce roman m'a aussi fait ressentir plusieurs émotions. En premier lieu, j'ai apprécié le ton humoristique employé dans cette histoire engagée. Les passages qui m'ont le plus amusé étaient ceux où la mère découvrait la radio et apprenait à se servir du téléphone : "Tu veux dire qu'un magicien va venir et animer cette grande boite ?". En second lieu, j'ai ressenti de l'admiration pour cette mère qui s'est ouverte et a lutté de tout son être contre les guerres et l'absence de liberté des femmes. Le passage où elle parle au soldat est selon moi le plus beau passage du livre puisqu'il montre la volonté de tous les Hommes confondus d'être libre et surtout égaux. J'ai aussi éprouvé du dégout et de l'indignation pour les maris des amies à la mère. Ces hommes puérils et égoïstes qui n'arrivaient pas à comprendre l'importance des femmes m'ont révolté. Pour finir, j'ai ressenti de la joie, quand tous les efforts de la mère ont aboutis à sa délivrance complète et à sa renaissance.



J'ai trouvé le style de l'auteur facilement accessible même si il y a l’utilisation d'un langage plutôt recherché dans certains passages. L'histoire est également facilement compréhensible.



Ce roman m'a permis d'approfondir mes connaissances sur les conditions de vies au Maroc pendant la colonisation du pays mais aussi sur la vie restreinte des femmes dans ce pays où elles sont considérées dans tous les domaines comme inférieures aux hommes.



Ces connaissances ont entrainé une réflexion sur la condition et les stéréotypes auxquelles les femmes sont soumises depuis toujours. J'ai aussi réfléchi à l'égalité inexistante entre tous les Hommes.



J'ai trouvé ce livre intéressant et aussi important. Mon intérêt s'est porté sur le fait que ce livre engendre des réflexions sur plusieurs sujets. Je l'ai aussi trouvé important car les problèmes d'égalité existent encore et que je trouve important d'avoir des livres engagés comme celui-ci qui permettent de réfléchir et de se pencher sur les problèmes pour pouvoir peut-être enfin les élucider.



Pour l'ensemble de ces raisons, je conseille vivement ce livre, autant aux personnes qui aiment s'évader qu'à celles qui préfèrent s'instruire.

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Succession ouverte

Au début des années 60, Driss Ferdi rentre au Maroc. Voilà 15 ans qu'il n'y est pas retourné. Il aura fallu le télégramme et la mort du Seigneur pour qu'il fasse le voyage.

Le Seigneur c'est le Père, celui qu'il a fui. Peur, volonté d'indépendance, appétit d'Occident, rejet de l'Orient , ce voyage sera t'il pour Driss l'occasion de faire enfin le point, de découvrir qui il est , ce qu'il cherche, de faire la paix avec lui-même et le monde dans lequel il a choisi de vivre? Trouvera t'il enfin où creuser son puits?

Un roman publié en 1962, l'Indépendance du Maroc est encore récente, le monde a changé mais si peu semble t'il. Un roman qui permet à tout un chacun de mieux comprendre qui est celui qui vit à ses côtés , cadeau inestimable.
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Les boucs

Un jeune écrivain nord-africain qui vit en France décrit l'atroce et sauvage misère de ces "boucs" parqués dans des refuges sordides, luttant pour préserver un minimum de dignité humaine dans des conditions matérielles en dessous de toute dignité...

Comment vivre, comment aimer, comment écrire dans un monde qui ne propose que motifs d'humiliation ? Du talent, de la violence dans le ton et dans le style... Un peu trop pour moi, et un sentiment mitigé....
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L'Homme du livre

« Les larmes sont-elles des perles de la pensée, comme la rosée après une nuit noire : l'ultime de ce qu'un homme a pu ressentir et penser et que sa plume n'a pas pu traduire en mots ? »



Je crois. Je crois au pouvoir des mots quand ils sont écrits par Driss Chraïbi. Quand ils envoûtent votre esprit et enchantent vos sens d'une poésie chaude et vibrante. Quand ils vous font voyager dans le temps, dans l'espace pour vous faire ressentir jusqu'à l'indicible.



« Avez-vous déjà entendu chanter des chevaux ? 

Chaque cavalier et sa monture soudés en une seule entité vivante.

Vibrant en un seul et même chant.

Quelle mort les pousse vers la vie ?

Quelle vie les pousse vers la mort à l'envi ?

Déployées, claquent les oriflammes.

Dégainées, scintillent les lames.

Dénudées, étincellent les âmes.

Sécheresses. Montagnes. Vallées et plaine. Fleuves, mers. Des cieux ouverts parfois se déversent des pluies battantes, en pluies bénies. Elles lavent des corps, lavent les pensées et les débarrassent de leur gangue, lavent l'azur du lendemain. »



Il a ce pouvoir de faire sentir ce qui échappe à votre entendement, juste par l'amour qui l'inspire. Livre écrit à la mémoire de son père. Un livre cadeau, L'Homme du Livre.



« Toute mort ne laisse-telle pas derrière elle le souvenir amplifié de la vie ? C'est alors que les gestes et les paroles d'autrefois prennent une signification émotionnelle et assaillent, étreignent : on voudrait les entendre et les voir de nouveau, les extraire du domaine de la mémoire, les empêcher de vieillir, de ternir, de rejoindre le néant. Tous sont privilégiés. Que jamais rien ne meure ! »



Ce roman évoque la vie du Prophète Mohammed. J'ai retenu en particulier l'amour pour son épouse Khadija. « Je l'ai rêvée, je l'ai aimée. Et si demain m'était communiqué le don de l'écriture, serai-je capable de traduire en mots ce qui me lie à elle depuis plus de quinze ans ? Mais, même si cela était ainsi, même si la mer était remplie d'encre au lieu d'eau, toute cette encre-là ne suffirait pas à écrire le moindre de ses cils. »



C'est beau, non ?
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La civilisation, ma mère !...

C'est une déclaration d'amour de deux fils à leur mère.



Une mère, orpheline, épousée à treize ans, inculte, pétrie d 'habitudes et de superstitions , enfermée dans sa maison... Cette mère, ses deux fils auraient pu l'ignorer, se moquer d'elle et la laisser dans son univers, ils vont choisir une autre voie. Ils vont sortir leur mère, en cachette du père, lui montrer la ville, la vie, lui apprendre à lire et lui offrir la possibilité de devenir adulte, de grandir. Elle va s'emparer de tout ce qu'elle pourra avec ferveur, changer, s'instruire, s'émanciper au-delà de ce que l'on aurait pu imaginer.



C'est un très joli roman, plein de tendresse envers cette mère-enfant, rempli d'espoir et qui ouvre les portes pour une place différente pour les femmes.



Un auteur vers qui je reviendrai.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Une place au soleil

« Je n'espère rien du tout, rétorqua l'inspecteur Ali. Je ne vis pas d'espoir. J'agis. L'affaire est bouclée. A ma manière, suivant mes petites cellules grises de pitre. »

Pour qui ne connait pas l'inspecteur Ali, je dirai que c'est un pitre qui cache un cœur tendre. Une intelligence fine et rusée, une mémoire incroyable et un poète. « Xactement ! »

Je me suis régalée à la lecture de ce roman qui, au travers des blagues potaches et des réparties bien senties de l'inspecteur Ali, critique, notamment, les singeries de l'administration, la tartuferie des politiques (pour faire bonne mesure, les deux côtés de la Méditerranée sont visés) et la duplicité des religieux. Mais le spectre est plus large... je laisse des zones d'ombres pour qui voudrait découvrir les aventures de cet inspecteur impertinent et grossier, cocasse et truculent.

Inspecteur Ali vous n'épargnez personne, vous combattez l'hypocrisie sous toutes ses formes. Mais quand même, faire embastiller votre épouse parce qu'elle réclame un wonderbra..! Ah, vraiment, vous savez parler aux femmes ! Et puis.... vous me déclamez Amr ibn Qaïs « un poète retourné à l'état de poussière et d'oubli » et là, moi aussi je fonds...

« Je nous ai vus toi et moi ensemble,

Je nous ai entendus toi et moi ensemble,

A l'instant même où nous nous sommes rencontrés.

Ta prunelle de nuit était grande ouverte

Où pénétrait ardent mon regard du jour.

Et sur la même trace de nos pas,

Là où le désert nous avait réunis,

Nos pieds étaient joints, titubant

Sur nos corps debout et joints. »
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Ils ont écrit sur des écrivains....

Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

Emile Zola
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