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3.6/5 (sur 121 notes)

Nationalité : Croatie
Né(e) à : Kutina, Croatie , le 27/03/1949
Mort(e) à : Amsterdam , le 17/03/2023
Biographie :

Né d'un père croate et d'une mère bulgare, Dubravka Ugresic a suivi des études de langue et de littérature russes à l'université de Zagreb. Elle enseignera par la suite dans plusieurs universités américaines et européenne.

Parallèlement à sa carrière d'universitaire, Ugresic écrit : des nouvelles, des romans, des essais. En 1996, elle reçoit le prix Charles Veillon (prix du meilleur essai européen) pour La Culture du mensonge.

Depuis qu'elle a été accusée de "nuire aux intérêts" de la Croatie, en 1993, elle a choisi l'exil. Elle vit désormais aux Pays-Bas.

Son roman Le ministère de la douleur paraît en France dans le cadre de la rentrée littéraire 2008.

Chloé Billon remporte le Grand Prix de Traduction de la Ville d'Arles pour sa traduction du croate de "La renarde" novembre 2023.
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Source : livres.fluctuat.net
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Bibliographie de Dubravka Ugresic   (12)Voir plus

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Video et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo

[Dubravka Ugresic : Le ministère de la douleur]
Dans les locaux de la Fondation Deutsch de la Meurthe à la Cité Universitaire Internationale de Paris, Olivier BARROT présente le roman de Dubravka UGRESIC "Le ministère de la douleur". Dans ce livre, l'écrivain croate traite de la question de l'exil et du rapport à la langue maternelle dans un pays étranger.

Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Charles Bukowski, lui aussi, était au rendez-vous : de par son caractère rebelle, il leur en imposait, comme à tant d'autres générations. A leurs yeux, Bokowski était un type "cool", c'était une "pointure", un "mec canon", le représentant de la "vraie" littérature, la littérature qui a "des couilles".
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Elles roulent à côté de vous comme un tas de pommes fripées. Elles marmonent dans leur barbe, discutant avec leurs interlocuteurs invisibles comme des Indiens. Elles prennent le bus, le tram et le métro comme des bagages oubliés : elles dorment la tête posée sur la poitrine ou restent aux aguets, se demandant à quelle station il faut descendre et s'il faut descendre tout court. Parfois, vous vous arrêtez un instant devant les maisons de retraite et vous les observez à travers la baie vitrée : assises à table, elles passent les doigts sur des restes de miettes de pain comme sur du braille et envoient à quelqu'un leurs messages incompréhensibles.
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Avec la disparition de toutes les idéologies, l'imagination humaine n'avait plus que le corps comme refuge. Le corps humain est le seul territoire que son propriétaire peut contrôler, amaincir, réduire, agrandir, modeler, renforcer et conformer à son idéal...
Oui, Mr Shake trayait avec succès les mamelle d'une obsession.
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L'album et l'autobiographie, parce qu'ils sont par nature des activités qu'on pratique en amateur, sont condamnés d'avance à demeurer des oeuvres inabouties de second ordre. En effet, le désir de montrer la vie dans toute sa diversité qui nous pousse à classer des photos dans un album, et pourtant, la vie s'y réduit, en fin de compte, à une série de fragments inertes. On rencontre le même problème en ce qui concerne l'autobiographie, qui relève cette fois du fonctionnement de la mémoire : elle se préoccupe de ce qui a jadis été, mais ce qui a jadis été parle de la personne qui est maintenant.
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Ces derniers temps, le marché du livre aime les romans-fleuves, et de nombreux écrivains semblent faire la course à qui écrira le plus long. Soudain, tout le monde est impressionné par le nombre de pages, et proclame immédiatement que ces romans sont bons.
- Et beaucoup le sont.
- Peut-être. Mais cette admiration initiale devant le nombre de pages est trop rapidement devenue un critère esthétique et de valeur. Seul un roman de plus de mille pages serait donc un 'vrai' roman ? J'inclus là-dedans l'admiration pour les auteurs hyperproductifs ; et la cruelle proclamation de la mort créative d'un auteur si jamais il n'a pas réussi pendant un an ou deux à produire un nouveau livre. Sans parler des paris sur les prix littéraires ! Tout cela se rapproche davantage des catégories de l'endurance, de le force et de la performance de cirque que des critères esthétiques traditionnels.
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Le D. Topalanek, en créant son nouveau soin relaxant, s’était souvenu de sa grand-mère, chez qui ils allaient déjeuner tous les dimanches. La grand-mère, de peur de manquer de temps, commençait à préparer le déjeuner dès le matin, et quand la famille Topalanek arrivait, tout avait déjà refroidi sur la table. Chaque dimanche, sa grand-mère était dans tous ses états, et chaque dimanche, son père la consolait…
« Allons, Agneza, calme-toi, tu sais bien toi-même qu’il n’y a rien de meilleur que les boulettes froides et… la bière chaude ! »
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Moi, Aba Bagay, je fais partie des »prolétaires », de l’internationale des babas, oui, je suis ELLE LA-BAS !
Quoi, ne me dites pas que ça vous étonne ? Vous auriez pu vous y attendre, vous n’êtes pas sans savoir que les femmes sont passées maitres dans l’art de la dissimulation, enseigné par des siècles de vie dans la clandestinité, elles ont acquis toutes les compétences nécessaires à la survie : d’ailleurs, ne leur a-t-on pas dit dès le début qu’elles étaient nées de la cote d’Adam et n’étaient sur cette terre que pour porter les enfants d’Adam. Adieu, Monsieur l’éditeur. Bientôt je troquerai la langue des hommes pour celle des oiseaux…en signe de bonne volonté je vous laisse une de mes plumes. Prenez-en bien soin. Non en souvenir de moi mais pour qu’elle vous rappelle cette épée sous l’oreiller de Baba Yaga endormie…..
………………
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Nous sommes des barbares. Nous n'avons pas d'écriture, nous laissons notre signature dans le vent. Nous émettons des sons. Nous signons d'un cri, d'un bruit, d'un hurlement ou d'un crachat. C'est ainsi que nous marquons notre territoire. Nos doigts jouent du tambour sur tout ce qu'ils trouvent, les poubelles, les vitres, les tuyaux, le son du tambour proclame notre existence. Nous faisons du vacarme, notre vacarme est douloureux comme un mal de dent. Nous faisons les pleureuses pour les noces et les enterrements, et alors, les voix hululantes de nos femmes explosent en rafales sur les façades de béton. Nous cassons les vitres, l'explosion est notre affaire, les pétards sont notre distraction favorite. Le son est notre écriture, le bruit que nous produisons est la preuve unique de notre existence, les explosions la seule trace que nous laissons derrière nous. Nous sommes comme des chiens, nous aboyons, nous lançons nos aboiements vers le ciel bas et gris qui pèse sur nos crânes.
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La langue était notre traumatisme commun, mais il se manifestait parfois sous une forme tout à fait pervertie. J'avais été bouleversée par le cas de cette jeune Bosniaque qui avait, dit-on, appris par cœur l'histoire de son propre viol et la répétait chaque fois qu'on la lui demandait. Lorsque ces viols de guerre s'étaient retrouvés sous le feu des projecteurs, il s'était avéré qu'elle était la seule capable d'en faire un récit cohérent. Très vite, elle avait donc été assaillie par les journalistes étrangers et les organisations féministes. Les féministes américaines l'avaient même invitée aux Etats-Unis. Là, elle allait de localité en localité, en dévidant la bande de son humiliation. De surcroît, on raconte qu'elle l'avait également apprise en anglais. Elle répétait son histoire, maintenant doublement aliénée de son contenu, telle une pleureuse qu'on engage dans les villages pour égrener les mérites d'un défunt. En contant son histoire affreuse, elle émoussait sa douleur.
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Comment s'attendre à ce que les utilisateurs des nouvelles technologies, qui ont vécu une métamorphose physique et mentale, dont la langue se compose d'images et de symboles, soient prêts à lire quelque chose que l'on qualifiait il y a peu encore de 'texte littéraire', et qui porte aujourd'hui le nom généraliste de 'livre' ?
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« Alors que les hypocrites d’aujourd’hui, qui se scandalisent du caractère primitif des us et coutumes d’antan, terrorisent leurs vieux sans une once de remord. Ils ne sont capables ni de les tuer, ni de s’en occuper, ni de leur construire des institutions dignes de ce nom, ni de leur proposer un personnel spécialisé convenable. Ils les laissent dans des mouroirs, dans des maisons de retraite où, s’ils ont des relations, prolongent leur séjour dans les services de gériatrie, dans l’espoir que les vieux casseront leur pipe avant qu’on ne remarque que leur hospitalisation était superflue. Les Dalmate sont plus tendres avec leurs ânes qu’avec leurs vieux. Quand leurs ânes vieillissent, ils les emmènent en barque sur des îles inhabitées, où ils laissent mourir. »
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Oui, l’homme avait conçu un terrible appétit pour la vie. Depuis qu’il était devenu certain qu’aucune autre vie ne l’attendait dans les cieux, que les critères d’obtention d’un visa pour l’enfer ou le paradis était pour le moins fluctuant, et que se réincarner en sanglier ou en rat n’était pas précisément le gros lot, l’homme avait décidé de rester là où il était autant que faire se peut, ou, autrement dit, de mâcher le chewing-gum de sa vie le plus longtemps possible, en s’amusant à faire des bulles au passage. À en croire les statistiques, la différence était vraiment impressionnante au début du XXe siècle, la durée de vie moyenne tournait autour de quarante-cinq ans, à la moitié du siècle, elle avait grimpé à soixante-six ans, pour atteindre aujourd’hui, au tout début du vingt-et-unième siècle, le chiffre honorable de soixante-seize ans, en cent ans seulement, les êtres humains avaient prolongé leur durée de vie de presque cinquante pour cent.
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