L'équipe pédagogique a préparé cette entrevue avec l'auteure Annie Dubreuil à propos de son premier roman pour ados, « le supplice du cornichon ». Idéale pour la diffusion en classe et en accompagnement de la lecture du roman.
Questions abordées:
- Comment êtes-vous devenue auteure jeunesse?
- Quel type d'élève étiez-vous au secondaire?
- Comment est née l'idée d'écrire le supplice du cornichon?
- Comment avez-vous construit le personnage de Damien?
- Est-ce que c'était clair dès le départ que Damien aurait un frère handicapé et un ami d'origine étrangère?
- A-t-il été facile de trouver une maison d'édition?
- En quoi consiste le travail après l'acceptation du manuscrit?
- Avez-vous un conseil à donner à un jeune qui voudrait devenir auteur?
Fiche du livre : http://editionshurtubise.com/livre/le-supplice-du-cornichon/
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Au besoin, contactez la déléguée pédagogique Hélène Leclerc: helene.leclerc@distributionhmh.com
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Je repère au loin le maillot rouge de Lauriane. Une marche à la fois, elle grimpe l'échelle du tremplin de trois mètres. Autour de moi, le monde cesse de tourner. Il n'y a plus qu'elle, marchant sur la planche et s'élançant dans les airs. Même avec son casque de bain bleu, elle est tellement belle !... J'ai une "émotion".
Mince ! Il faut toujours que ce type de réaction se produise au mauvais moment !
A la seconde où elle touche l'eau en faisant un minimum d'éclaboussures, le prof annonce la fin de la période. Il n'a tellement pas le sens du synchronisme, lui !
Pour faire passer ma "raideur", je me mets à nager sur place.
Rien à faire.
- Pour un gars qui ne voulait pas se baigner, tu n'est pas pressé de partir ! déclare monsieur Guindon en montrant de légers signes d'impatience. Allez, aux vestiaires !
En m'approchant de l'échelle, je commence à craindre d'être aussi dur que la tour du CN. Dans l’urgence, je me mets à penser à une chose qui va assurément diminuer mon niveau d'excitation : les reportages du téléthon. Ce n'est pas politiquement correct, mais c'est efficace.
Si je n’avais pas travaillé aujourd’hui, j’aurais pu profiter de la montagne plus tôt. Mais un emploi, même étudiant, vient avec certaines responsabilités et obligations. Pour moi, c’est «no money, no candy», ou plutôt «no money, no texto»! Depuis que je dois rembourser la facture de mon téléphone cellulaire à mes parents, je n’ai d’autre choix que d’avoir une source de revenus si je ne veux pas être déconnecté du reste de la civilisation. Selon eux, je pourrais m’en passer. ALLÔ, on est au 21e siècle! Je ne peux pas attendre qu’un pigeon voyageur vienne cogner à ma fenêtre pour m’avertir à chaque fois qu’il y a quelque chose de nouveau qui apparaît sur mon compte Facebook!
Elle a beau être conseillère financière, elle ne sait vraiment pas de quoi elle parle. Déclarer faillite n’est pas une balade sur une plage dorée de Bora-Bora ni même partir à la chasse aux glands dans une forêt de chênes envahie d’une multitude d’écureuils. C’est du sérieux.
Pendant quelques mètres, je suis aux premières loges pour entendre les dessous d'une vraie conversation de filles. J'espère ne pas surprendre un échange sur le vernis à ongles ou les tampons. Je ne désire pas particulièrement approfondir mes connaissances sur un des deux sujets.
- Est-ce que tu vas en parler à Laurianne? demande Gaëlle.
Jackpot! Jackpot! Jackpot! De tous les propos qu'elles peuvent aborder, c'est le plus intéressant! Subtilement, je m'approche pour ne rien manquer.
- Il n'est tellement pas son genre. Il n'a aucune chance. C'est triste à dire mais la nature n'a pas avantagé Damien. C'est vrai qu'il ressemble à un cornichon.
Un cornichon? Ouch!
Seul dans ma chambre, j’ai le charisme et la prestance d’une vedette rock. Pas besoin de spectateurs pour le savoir, le reflet que me renvoie le miroir, fixé derrière la porte de mon placard, suffit à me le prouver.
Ce n’est pas toujours souhaitable de tomber en amour avec sa voisine de berceau. Encore moins de ne pas décrocher après la garderie. Et pire encore après l’université !
Il n’y a pas de doute à ce sujet. J’ai un problème, et c’est connu. Mes amis disent que je devrais consulter ! Je serais un cas rêvé pour une psychologue en quête d’une clientèle régulière et de stabilité financière.
Je dois l’avouer. Avec Marion, je ne parviens pas à me faire à l’idée. J’essaie de me faire croire que je suis passé à autre chose. Au fond, je me rabats sur les sites de rencontre en espérant l’oublier.
En même temps, ce n’est pas comme si je passais mes soirées à me morfondre en espionnant son profil Facebook ou en fantasmant qu’elle développe des sentiments pour moi avant d’avoir l’âge de toucher sa pension du gouvernement – encore là, il faudrait qu’elle travaille un peu pour y avoir un jour droit.
L’utilisation d’émoticônes ne fait certainement pas professionnelle, mais au moins ça nous donnerait une petite idée de la direction que prendra la conversation. Un message se terminant par une face de singe me ferait quitter ma chaise l’esprit un peu plus léger. À bien y penser, s’il maîtrise l’art de l’émoticône comme les autres personnes de sa génération avec qui j’échange des messages à l’occasion – c’est-à-dire ma mère –, la combinaison risquerait de créer de beaux malaises et beaucoup plus de confusion.
Dans le monde des affaires, mieux vaut dire n’importe quoi avec conviction que d’avouer qu’on est ignorant dans un domaine. Si j’étais invité à participer à un pool des séries, je crois que je baserais ma sélection d’équipes, en ordre, selon les villes présentes dans le top 50 des meilleurs bars à cocktail en Amérique sur le site Internet de Food & Wine.
J’étais certain que nous allions nous marier, fonder une famille et finir nos jours en nous berçant main dans la main. En sa compagnie, je devenais Cendrillon, Blanche-Neige ou name it ! Le pire est que j’étais convaincu que Marion avait les mêmes sentiments pour moi. Disney m’avait créé de fausses illusions.
Impossible de savoir si c’est sa joie de vivre ou la gaieté qu’elle dégage, il y a quelque chose dans sa façon d’être qui vient me chercher. Nos battements de cœur ne sont pas tout à fait synchronisés, mais j’ai l’impression de sentir quelque chose dans le ventre. Un petit papillon ?