Heureux les orphelins de naissance, heureux les comptes déjà réglés, les culpabilités éteintes au berceau, les douleurs limitées à un seul cri primal.
Je dois dire que je l’ai loyalement prévenue que tout ce qu’elle éprouvait pour moi n’était qu’un leurre, un piège de sa mauvaise conscience, une échappatoire pour éviter de s’aimer, elle. Je l’ai voulue esclave, tout en lui répétant qu’à tout moment elle pouvait rompre un lien de vassalité qui ne dépendait que d’elle. Que je voulais que ce soit sa volonté qui la donne à moi, et non sa faiblesse, ou ce qu’elle appelait son amour.
Pas un instant il ne m’est venu à l’idée de protester, parce que je me sentais étonnamment libre de tout refuser, et donc tout à fait libre d’accepter.
Merci, merci beaucoup.
De rien. Mais je sais que tu cours après un souvenir, un souvenir éteint, enfoui. Quelque chose dont tu te sens coupable – sans l’être, bien sûr, les vraies culpabilités s’ancrent dans l’innocence.