Pieter Bruegel (ca. 1525-1569) compte parmi les artistes les plus connus du 16e siècle. Des tableaux tels que Les Proverbes, Les Jeux d'enfants,
Dulle Griet ou La Danse paysanne sont reconnaissables entre tous et appréciés par un très large public. Bruegel est même devenu une référence populaire, pourtant son parcours et sa vie restent peu connus. S'il existe une grande quantité d'ouvrages consacrés à ses oeuvres, on ne connaît pas grand chose de l'homme qu'il a été. Magistrale, cette biographie parue d'abord en néerlandais fait l'objet d'une traduction en français par
Marie Hooghe. Si elle invite à mieux connaître un artiste majeur, elle plonge également le lecteur dans une époque charnière humaniste et passionnante.
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Serge choisit un livre consacré à l'oeuvre de Bosch et, installé à sa table habituelle, il l'ouvre à la page de "La Tentation de Saint-Antoine".
- C'était le tableau préféré de Blanche. Enfin, je crois...
Stu ne dit rien.
- Le jour de ses funérailles, tous ses élèves de l'Académie Royale des Beaux-Arts sont venus pleurer sur sa tombe. Moi, je n'avais même pas assisté à l'un de ses cours. Elle me l'avait proposé plus d'une fois. Je promettais et puis j'oubliais. Comment Blanche a-t-elle réussi à supporter un débile comme moi ? Elle ne se plaignait pas. Elle ne tirait pas la gueule. Elle comprenait.
Stu saisit deux grandes tasses.
- Tu t'es bien rattrapé depuis, fils. Avec tous les livres que tu dévores, tu vas bientôt en savoir autant qu'elle.
Serge ne lève pas le nez de son ouvrage. Il ne lève jamais le nez de ses livres le 17 novembre. C'est à peine s'il dit du bout des lèvres :
- ça lui fait une belle jambe, tiens !
Stu rallonge d'armagnac le café destiné à son ami ; c'est son remède spécial anniversaire de la mort de Blanche. (p.34)
Lilas le dévisage sans colère mais avec une expression de profonde déception.
- Parce que vous imaginez que c'est dans les livres que votre femme a appris à aimer la peinture ? Quelle pitié ! Après toutes ces années, vous n'avez encore rien pigé. Vous savez, un musée, c'est ce qu'on a inventé de mieux pour permettre à des béotiens comme vous d'approcher des chefs-d'oeuvre. Oh ! ce n'est pas l'idéal, j'en conviens. Pourtant, c'est en étudiant l'original qu'on arrive à apprécier les nuances des tons, la richesse des clairs et des obscurs, la finesse d'une texture, la subtilité de la matière...Bah, pourquoi je perds mon temps. c'est de l'hébreu tout ça pour vous, pas vrai ? Décidément, vous n'avez pas évolué d'un poil en cinq ans. Toujours aussi borné !
"Le Roy d'Espagne" est une véritable institution à Bruxelles. C'est l'une des brasseries les plus célèbres et, sans doute, la plus imposante de la Grand-Place, elle-même considérée comme l'une des plus belles places du monde. "Le Roy d'Espagne" a été construit en 1697 pour être la maison de la corporation des boulangers...C'est avec émotion qu'Arnaud Vanderbroeck se remémore ces détails et d'autres encore, en pressant le pas sur les pavés inégaux de la place. Quinze ans qu'il n'a rien vu d'aussi beau !
Aujourd'hui, Serge Zwanze n'ira pas passer la journée au Père Faro. Non pas qu'il tienne grief à Stu d'avoir allongé son café à l'armagnac. Etre déconnecté de la réalité est le mieux qui puisse lui arriver en cette journée de deuil. Serge n'ira pas voir son ami parce que, depuis cinq ans, le 18 novembre possède son rituel propre. Le matin, l'ex-inspecteur principal enfile le costume en tweed beige que sa femme aimait tant parce qu'il lui donnait l'allure rassurante d'un gentleman-farmer...Ainsi vêtu, il se rend au cimetière d'Ixelles, où Blanche lui avait, un jour, confié son désir d'être inhumée quand son heure aurait sonné.Serge se passe la main sur le visage en songeant qu'il lui avait répondu en riant, qu'elle devrait s'en occuper elle-même, parce qu'il ne serait pas là pour le faire, puisqu'il partirait le premier. La perspective de survivre à sa femme le terrifiait déjà.