Je suis immonde, n'est-ce pas ? Normal, je suis un méchant avec le physique de l'emploi. Je ne supporte pas les gens heureux. La bonté m'horripile. J'aime réduire les autres à mon niveau, celui du caniveau. Je suis dans la boue, la gadoue. Pourquoi supporterais-je que quiconque doive baisser les yeux pour me regarder ? La nuit des étoiles ? Foutaises ! Que me chaut les lunes de Jupiter ou les canaux de Mars ! Mon domaine c'est la nuit et l'obscurité, propices au crime. Tel Fantômas, je suis insaisissable, me surpassant toujours dans la médiocrité et le vice.
Ne confondons pas exécuter un budget et fusiller le comptable (surtout si la victime est avocate), reddition des comptes et capitulation de l'Etat de droit, le tas de gauche et la décomposition d'un parti politique (…) Différencions bien l'importance des décors au pied et la fouille au corps, l'export des porcs bretons et le port d'Amsterdam, le hamster de la dame en noir sans rapport avec son mystère, toucher terre et taire les détails, tailler dans le gras du bide et la corde du pendu orpheline du corps et s'attachant à la branche d'un hêtre.
Le cyon n°8 : où il convient de ne pas confondre l'inspiration de l'écrivain et l'expiration de ses victimes.
Choisir le roman policier pour démarrer votre carrière est des plus judicieux. En effet, il s'agit d'un genre populaire donc votre oeuvre s'adressera à un large lectorat potentiel. Par ailleurs, le cadre est déjà bien défini : un crime déjà commis ou à éviter ; un enquêteur extérieur à l'affaire ; l'opposition entre les apparences et la réalité et le rétablissement de la normalité sociale un temps perturbé, une fois éclairci l'identité inattendue du coupable, ses motivations, la façon dont il s'y est pris et son arrestation. Votre roman devra s'arrêter à ce niveau-là. Les années passées en prison ou sa mise à mort n'offrent aucun intérêt.